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  • Le second brigandage

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     Rarement un document officiel de l'Eglise - même si celui dont on parle n'a pas d'autorité magistérielle - n'aura été aussi bâclé et tendancieux que ce compte rendu (ou relatio) intermédiaire du synode sur la famille, au point qu'on n'hésitera pas à parler de "brigandage" : le cardinal Pell parle des trois quarts des Pères du synode ayant des réserves à formuler sur ce texte.

    Dans le rôle donc d'Eutychès, "vieillard ignorant, imprudent et obstiné" (selon les mots même du pape saint Léon le Grand, in "Tome à Flavien"), l'octogénaire cardinal Kasper adepte du grand chambardement.

    Et donc, reprenant la formule de saint Léon lui-même, nous osons dire : « Ce ne fut pas un jugement, mais un brigandage (latrocinium) ». Reste à savoir qui prendra le rôle de saint Léon dans cette histoire.

     

    Voir aussi la réaction du cardinal Burke, identique à celle du cardinal Pell.

  • Jésuitismes

    Le dernier rapport du Synode sur la famille comporte certaines formulations qui laissent perplexe.

    - Par exemple, le paragraphe 14 comporte le fameux passage de l'Evangile de Matthieu sur le mariage et le divorce (Mt 19,8 - cf aussi Mc 10,1)) ; voici pour rappel le passage complet - en rouge le passage cité.

    Des Pharisiens s'approchèrent de lui et lui dirent, pour le mettre à l'épreuve : " Est-il permis de répudier sa femme pour n'importe quel motif ? "
    Il répondit : " N'avez-vous pas lu que le Créateur, dès l'origine, les fit homme et femme,
    et qu'il a dit : Ainsi donc l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux ne feront qu'une seule chair ?
    Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Eh bien ! ce que Dieu a uni, l'homme ne doit point le séparer. " -
    " Pourquoi donc, lui disent-ils, Moïse a-t-il prescrit de donner un acte de divorce quand on répudie ? " -
    " C'est, leur dit-il, en raison de votre dureté de cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais dès l'origine il n'en fut pas ainsi.
    Or je vous le dis : quiconque répudie sa femme - pas pour " prostitution " - et en épouse une autre, commet un adultère. "

    Curieux, n'est-il pas, d'avoir omis la finale ? Il est vrai que, tout comme des Pères synodaux, certains apôtres s'en offusquèrent : 
    "Si telle est la condition de l'homme envers la femme, il n'est pas expédient de se marier. "
    Quelques uns s'obstinent donc, à cause de la mollesse de leur cœur, à ne pas comprendre le langage de Jésus...

    - Autre exemple, le flou artistique du paragraphe 17 qui établit des liens entre le concept de "gradualité du plan salvifique divin", des situations d'échec dans le mariage, et des autres formes "de réalités nuptiales".

    Il semble qu'ici le synode soit en plein travail de compromis Troetschien, où par le moyen d'une casuistique particulièrement fumeuse, on tenterait de mettre dans le même sac l'échec d'un mariage chrétien comme une variante des ces autres réalités nuptiales, qui seraient autant de "semina Verbi" :

    §20 "Un discernement spirituel étant donc nécessaire en ce qui concerne les cohabitations et les mariages civils ainsi que pour ce qui est des divorcés « remariés », il appartient à l'Église de reconnaître ces semina Verbi répandus hors des frontières visibles et sacramentelles. "

    Et hop ! Technique du nid de coucou, et procédé parlementaire bien connu qui vise à glisser une disposition ou un amendement dans un projet de loi qui n'absolument rien à voir. La situation des divorcés -remariés n'a rien à voir avec les situation de mariage civil ou de simple cohabitation ; il y a pour le coup ici un amalgame des plus malhonnêtes.

    Rappelons tout de même que ce concept de "gradualité", à savoir qu'une personne découvre graduellement ce qu'un commandement ou loi possède de perfection, mentionnée par Jean-Paul II dans l'exhortation Familias Consortio, §34 notamment, possède un sérieux avertissement :
    "C'est pourquoi ce qu'on appelle la "loi de gradualité" ou voie graduelle ne peut s'identifier à la "gradualité de la loi", comme s'il y avait, dans la loi divine, des degrés et des formes de préceptes différents selon les personnes et les situations diverses."
    Il nous semble que la parole du Christ en Mt 19 rappelle sans ambiguïté cette loi divine. Et il nous semble que ce rapport est ici également très éloquent par ses silences.

    - Le §48 possède une perle magnifique : "Suggérer de se limiter uniquement à la “communion spirituelle” pour un nombre non négligeable de Pères synodaux pose des questions." On relève avec admiration cette litote du "nombre non négligeable" ! Sérieusement, à partir de combien un nombre devient non-négligeable ?

    Conclusion :

    Mise à part ces réserves qui traduisent un <euphémisme>embarras</euphémisme> très réel du synode, (cf la prise très nette de distance de certains Pères du Synode vis-à-vis de ce document, qui n'hésitent pas à le qualifier de biaisé) et à mon avis théologiquement insurmontable sans graves conséquences pour l'unité de l'Eglise, son magistère et son autorité, saluons dans le principe la volonté de rénover profondément la pastorale du mariage.