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¡ Viva la Revolución ?

revolution_culturelle.jpg Extrait du "DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS ECCLÉSIAL DU DIOCÈSE DE ROME"
Salle Paul VI, Lundi 17 juin 2013

 "Le baptême, ce passage de « sous la Loi » à « sous la grâce », est une révolution. Il y a eu beaucoup de révolutionnaires dans l’histoire, beaucoup. Mais personne n’a eu la force de cette révolution que nous a apportée Jésus : une révolution pour transformer l’histoire, une révolution qui change en profondeur le cœur de l’homme. Les révolutions de l’histoire ont changé les systèmes politiques, économiques, mais aucune d’elles a véritablement modifié le cœur de l’homme. La vraie révolution, celle qui transforme radicalement la vie, c’est Jésus Christ qui l’a accomplie à travers sa Résurrection. Et Benoît XVI disait de cette révolution qu’elle est « la plus grande mutation de l’histoire de l’humanité ». Mais pensons à cela : c’est la plus grande mutation de l’histoire de l’humanité, c’est une véritable révolution et nous sommes les hommes et les femmes révolutionnaires de cette révolution, parce que nous marchons sur ce chemin de la plus grande mutation de l’histoire de l’humanité. Si un chrétien n’est pas révolutionnaire, à notre époque, ce n’est pas un chrétien ! Il doit être révolutionnaire pour la grâce ! C’est précisément la grâce que le Père nous donne à travers Jésus Christ crucifié, mort et ressuscité qui fait de nous des révolutionnaires parce que — et je cite à nouveau Benoît XVI — « c’est la plus grande mutation de l’histoire de l’humanité »."

Il est sans doute utile de rappeler la signification originel du terme "révolution" (TLFI) :

RÉVOLUTION, subst. fém.

I.  Mouvement en courbe fermée autour d'un axe ou d'un point, réel ou fictif, dont le point de retour coïncide avec le point de départ. 

On voit donc bien ici qu'il n'y a pas de terme plus incorrect pour définir le christianisme, et que son emploi est pour le moins ambiguë et maladroit (même si tout le monde aura compris l'esprit du discours du pape).
Jésus-Christ n'a fait aucune révolution. Il n'a pas renversé le pouvoir romain en place ; il n'a pas même eu l'once d'un iota de pensée de changer l'ordre politico-social établi (pas d'appel aux esclaves à  se révolter par ex.). Il n'est pas revenu à quelconque point départ ; au contraire, il a fait toute chose nouvelle (Apo 21,5). On ne trouve ce mot de révolution nulle part dans les Évangiles ou dans la Tradition. On parle d'accomplissement, de conversion, d'homme nouveau, mais sûrement pas de révolution ou de retour à un point de départ. Ainsi, il ne s'agit pas pour le Christ de seulement restaurer la Création à son état initial d'avant le péché de l'homme ; il s'agit de la rendre encore plus parfaite avec la coopération de l'homme régénéré par le baptême.

Que dit le Christ exactement ?
"Vous êtes le sel de la terre
et
"Vous êtes la lumière du monde (Mt 5,13)

Le sel ne change pas les aliments. Il se fond dans l'aliment pour bonifier. De même peu importe  le système politique en place - la mission des chrétiens reste la même : rendre meilleur. Non pas changer le système, ce dont ils n'ont cure car leur espérance n'est pas de ce monde, mais rendre meilleur.
D'autre part, si le sel ne se montre pas de façon tonitruante dans un aliment, la mission du chrétien est néanmoins de témoigner. Il s'agit donc d'être visible, mais sans tapage.
Prenons l'épître à Diognète (Alexandrie, vers 200) : 
"Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les vêtements (...) ; ils se conforment aux usages locaux pour le vêtement, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle." Voilà. Sel et lumière : ni plus, ni moins. Le christianisme exclut tout messianisme politique - il le laisse à l'islam et son prophète et autres illuminés. 

Le chrétien n’idolâtre aucun système politique, car il sait parfaitement que ceux-ci passeront, mais que la croix reste.

 Le christianisme n'est pas un mouvement révolutionnaire, mais un chemin de croix - c'est à dire à la fois plan horizontal avec le mouvement en arrière de conversion pour mieux s'engager de l'avant en mission, et plan vertical qui considère à la fois le Verbe fait chair, et l'exaltation de cette même chair.

Donc : 

1° une révolution n'est pas une transformation ou une mutation, mais un retour au point départ. Ainsi la révolution française n'a guère substitué qu'un despote à un autre, et la révolution russe un Tsar rouge à un tsar blanc.
2° le chrétien n'est donc sûrement pas révolutionnaire ; il est convertissionaire ; il sait qu'il n'a pas besoin de changer le monde ; il suffit pour cela qu'il se change lui-même, puis qu'il témoigne. L'intendance suivra.
3° le baptême n'est pas une révolution ; c'est un passage nécessaire en forme de mort d'un point A vers un point B. C'est un passage de "sous à loi" à "sous la loi de la grâce". Comme d'habitude dans le christianisme, il s'agit de tenir le paradoxe sous peine de tomber dans l'hérésie.
4° La révolution n'est en fait qu'un vain mot pour masquer un conservatisme des plus stricts et des plus bigots.

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