... et la défaite du réel. Il est intéressant de noter que les Lumières, en réfutant toute possibilité de surnaturel, ont dans les faits poignardé la raison comme nulle autre époque auparavant. La raison s'est mise à errer comme une folle depuis, amenant l'homme à nier la loi de la gravitation universelle.
Voilà le paradoxe : notre siècle est des plus techniques, et de moins en moins matériel. Le réel est trop limité et trop imprévisible.
Cela a commencé avec l'économie, où il s'agit de s'affranchir des impondérables pour garantir aux placements financiers des revenus stables quelques soient les aléas systémiques. On créé donc des produits dérivés, voire dérivés de dérivés, de manière à réduire le risque tout en maintenant des rendements acceptables. Virtualisation de l'économie,
Cela se remarque en ce moment dans le secteur de l'informatique, où il s'agit de virtualiser les infrastructures de façon à s'affranchir de ses contraintes techniques, et de l'espace. La machine physique n'est plus qu'un support anonymisé, capable d'héberger n'importe quelles applications.
Le plus patent est l'humain : le volontarisme au bout de sa logique dégénérée veut s'affranchir du corps, devenus l'ennemi numéro un car contraignant la volonté. Le corps n'est donc plus qu'un support physique anonyme censé accueillir n'importe quelle identité (sexuelle ou que sais-je), n'importe quel moi et sur-moi.
Le hic est que toutes ces virtualisations tendent à faire oublier qu'à la base, il y a la matière. De l'oubli de la matière, du réel, vient tous les désastres économiques, informatiques et humains. Car le fait est têtu.