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L'être et le néant

vie.jpg Chacun aura au moins l'intuition qu'il y a quelque chose de boiteux et d'inacceptable, dans la démonstration précédente  que la vie n'a pas de réalité et est un pur concept.

D'un point de vue logique, notons plusieurs choses : ce n'est pas parce qu'une définition est incomplète en l'état de nos connaissances qu'il n'y a pas de prédicats possibles. Par ailleurs la tentative nominaliste de nous refaire le coup de la querelle des universaux est tout bonnement grotesque : La vie est un donné à priori (elle précède la conscience et les sens) en même temps qu'une expérience immédiate ; elle n'a donc pas à être prouvée mais reconnue comme telle. Le terme universel "la vie" a bien une traduction singulière et concrète dans chaque vivant.

 Il y a ici probablement confusion des genres, et donc confusion des catégories : c'est-à-dire que l'auteur, trouble intellectuel bien répandu, cherche à définir physiquement ce qui relève de la méta-physique. L'effort est donc voué à l'échec et à la frustration. S'il fallait définir scientifiquement le temps j'imagine qu'on aboutirait au même résultat stérile.

Notre pseudo-philosophe est typique des neo-sophistes : ils veulent que la réalité colle au langage ; et si le langage est impuissant à dire la réalité, c'est qu'elle n'existe pas. Magnifique tour de prestidigitation. Il y a une inversion complète de la subordination : le langage doit dire le monde, et non le contrefaire. Nous sommes alors dans une anti-genèse et l'homme s'attribue ce qui revient à Dieu. La Création est oeuvre du Verbe de Dieu exclusivement : Dieu dit et cela est. L'homme s'imagine que son langage possède aussi une vertu opérante, jusqu'à ce qu'il s'aperçoive que les faits sont têtus.

 

Conclusion : nous proposerons à l'énergumène de prouver (ou non) la réalité de la notion de vie en lui faisant subir lui-même l'expérience du chat de Schrödinger. Néanmoins il est intéressant de constater l'impuissance de la science (pour les raisons données plus haut) à donner une définition complète de la vie ; comme aurait dit Chatov dans "Les Possédés de Dostoïoveski" : "Le secret de l’apparition d’un nouvel être est un grand mystère, M Ferris Jabr, et quel dommage que vous ne compreniez pas cela !" Il ne peut pas, car il s'est lui même dépouillé des outils qui lui permettraient de comprendre - et voilà les matérialistes allant jusqu'à nier la vie et bientôt la matière. Quelle haine furieuse peut bien les habiter ?

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