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  • Aius Locutius

    Caedicius est un jeune romain, inscouciant comme tous les jeunes romains (peut-être est-il jeune, peut-être est-il insouciant). Comme tous les jours, le gosier sec comme un oued, il a donné rendez vous à ses amis à la tarbernae du forum.

    Soudain une voix de nulle part surgit : si les fortifs de Rome ne sont pas renforcées, Rome tombera. De Gaule, des hordes se massent : là bas, on fourbit les épées, on astique les boucliers, on polit les cuirasses ! Je vois Rome, oui, mais une Rome brisée, une Rome outragée, une Rome martyrisée.

    Consciencieux, Caedicius, laissant là sa concupiscence, s'empresse vers ses chefs : édifions, leurs dit-il, étayons, étançonnons, en un mot comme en cent, fortifions.

    Eux de rire : vois ce mortier, hume ce ciment, tâte de ce moellon, goûte de ce joint !  Comment est-il possible que Rome, la grande Rome, l'Urbs, tombât ? 
    Oui, l'Urbs, ipsa.

    Le lendemain, la voix de ressurgir, et Caedicius derechef de prévenir, et eux, les chefs de signer et persister : non, Rome est solide, Rome est un roc, Rome ne s'enrhumera pas au premier vent mauvais.

    Une troisième fois la voix se fit entendre, puis encore.

    Nous sommes en 390 avant notre ère. Le chef gaulois Brennos déboule avec sa horde en Italie. Bientôt à la bataille d'Allia, les Romains sont déculottés. Bientôt Rome est assiégée. Bientôt c'est la fessée. Sur le Capitole, Les oies pérorent, et le bourgeois paie or.

    De regret et de dépit, les Romains édifieront un autel en l'honneur de cette voix qu'ils ont dédaignée. Le fait que, sans doute vexée, elle ne pipa plus.