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La métaphysique de Nietzsche, ou pourquoi Nietzsche est mort

Nietzsche se défend, s'il faut en croire ses écrits, d'être métaphysicien. Il se disait anti-métaphysicien et fustigeait la métaphysique, comme il se disait "immoraliste" et fustigeait la morale (chrétienne en fait). Mais, sauf faiblesse de traduction, être "immoraliste" n'est guère qu'une autre façon d'affirmer l'existence de la morale (puisqu'on croit qu'il existe une anti-morale) ; il en est de même pour la métaphysique.

Or donc :
1° postulat métaphysique : Dieu est mort.
2° postulat métaphysique : le monde est cyclique, de toute éternité. Nous sommes donc amenés à revivre la même vie indéfiniment.

Où l'on voit que Nietzsche ne peut nier - même à son corps défendant - qu'il fait parti génétiquement de la même famille des métaphysiciens. Peut-être fut-il même l'un des  tout premiers 'pataphysicien.

Sur ses deux postulats, et de son système d'outre-homme qui en découle, Nietzsche nous demande de le croire sur écrit, an ihm Glaube zu haben. Pour être plus précis, de croire que son corps et en conséquence son instinct sont parfaitement sains, performants, en forme olympique, fiables, et donc que ses fameux aphorismes sont justes, à défaut d'être vrai.

Le problème est que cet homme, qui se prenait pour un messie athée, vécu malade. En 1889, le philosophe sombre dans la folie et bientôt la prostration la plus totale. Le destin le tint coi, estimant peut-être qu'il avait trop abusé du verbe et de ses tympans ainsi martyrisés. "Tais-toi, conjura le destin, tu as suffisamment vomit d'insanités pour le siècle fou qui va suivre."

Toujours est-il que sa maladie fatale infirme toute son oeuvre : comment faire foi aux instincts et pulsions d'un homme au corps malade (sans même parler de son esprit) ? Comment être sûr que ses ouvrages n'aient pas été écrits sous l'influence non d'un instinct infaillible à son grand midi, mais de la maladie dégénérescente ? Les prédateurs recherche la bête malade aux instincts affaiblies, celle qui commettra le plus d'erreurs de jugement. Peut-être l'aurions nous cru, ou au moins aurions-nous eu de l'estime, s'il avait vécu comme il écrivit. Il n'en fit rien. Il aurait au moins pu vivre en Verbrecher, voire en Gewalttäter (en créateur comme il disait), et nous épargner à nous, société, le fardeau de sa maladie. Voilà qui eut été noble, aristocrate. Mais il vécut finalement comme la plèbe (comprendre le commun, vous et moi).

Le messie des athées, qui proposa une religion de l'homme parfaitement inhumaine, est pourtant encore cru alors qu'il n'a jamais validé lui-même ce qu'il écrivit, par sa mort ou par sa vie. Il vécut l'opposé de ses écrits, tel le dernier et le plus petit des hommes. Humain, trop humain dirions nous.
A contrario le messie des chrétiens valida toujours ce qu'il proclama, par sa vie et bien plus par sa mort. On en déduira en qui il faut avoir foi.

Il s'ensuit que ce philosophe n'a probablement jamais pris au sérieux sa philosophie ; qu'il trouvât sans doute, sur un coup à la tête,  amusant de jouer quelque bon tour à quelques uns suffisamment nigauds pour prendre son oeuvre au sérieux.
Mais c'est de la pure philosophe d'école qu'il proposa, un pressage de jus de cerveau en soi d'assez bon cru. Son crime est d'avoir laissé penser qu'on pouvait le prendre au sérieux.

Bref, si on vous demande pourquoi vous réfutez Nietzsche, dites : "en vertu de Nietzsche et de ses coliques néphrétiques."

Note : un jour il faudra que je rende le marteau que j'ai emprunté par distraction - me souvenir à qui le rendre...

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