Au début, l'objet du féminisme était visiblement politique et social : il s'agissait de conquérir une place plus grande dans la vie de la cité.
A présent que tout est acquis au moins formellement, le féminisme se trouve atteint de tous les symptômes de la cause orpheline. Il ne s'agit plus maintenant que de revendiquer des droits imaginaires, comme un vulgaire syndicat se crispant pour un treizième mois et demi. Ce ne sont plus des Dona Quichotta se battant contre de vrais moulins à vent. Ce ne sont plus que des moulins à parole se battant contre des mirages.
Aussi le nouvel objet du féminisme ne concerne aujourd'hui visiblement plus que le corps : je fais ce que je veux de mon corps, parce que je le vends bien. Donc, à force de nous trompetter depuis des décennies que l'unique objet de leur préoccupation est leur corps, que leur corp est leur objet (j'allais dire : leur nouvel ustensile de cuisine), et bien voilà que ces mêmes féministes liftées s'insurgent contre l'exploitation de la femme-objet - sans se rendre compte une seule seconde qu'elles furent les complices actives de ce hold up marchand, c'est à dire les dindons de la farce.
Qui peut empêcher de marchander un objet ? Elles ont soldé le corps de la femme, elles se plaignent ensuite d'avoir des acheteurs.
(Voir pour s'en convaincre Elisabeth Badinter à propos de la gestation pour autrui - ou des truies en gestation, je ne sais plus très bien après avoir lu son interview.)