Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Stat Crux dum volvitur orbis. Aux défaitistes.

"Il n'y a pas, et il n'y eut jamais sur terre, d'institutions humaines qui méritent autant d'être étudiées que l'Eglise catholique romaine. L'histoire de cette Eglise relie les deux grands âges de la civilisation humaine. Aucune autre institution n'est encore debout pour nous parler de l'époque où de la fumée s'élevait du Panthéon en sacrifice, et où des girafes et des tigres bondissaient dans l'amphitéâtre flavien. Les plus prestigieuses des maisons royales ne datent que d'hier comparées à la lignée des souverains pontifes. On peut ainsi remonter sans interruption cette lignée depuis le pape qui couronna Napoléon au XIX° siècle jusqu'à celui qui couronna Pépin au VIII° ; et cette auguste dynastie se prolonge bien au-delà de Pépin, jusqu'à ce qu'elle ne se perde dans le brouillard des légendes.

La République de Venise en comparaison d'ancienneté se positionnerait bien derrière. Mais la République de Venise est une création récente au regard de la papauté ; et la République de Venise n'est plus ; et la papauté subsiste. La papauté subsiste, non en ruine, non  une  simple antiquité, mais pleine de vie et de vigueur. L'Eglise catholique envoie toujours aux quatre coins du monde des missionnaires aussi zélés que ceux qui arrivèrent dans le Kent avec Augustin*, se confronte toujours aux rois hostiles avec le même esprit qui prévalu contre Attila.

Le nombre de ses enfants n'a jamais été aussi élevé. Ce qu'elle gagna dans le nouveau monde a plus que compensé ce qu'elle perdit dans l'ancien. Son ascendance spirituelle s'étend sur de vastes pays allant des plaines du Missouri jusqu'au Cap Horn, pays dont il est probable que la population d'ici un siècle soit aussi nombreuse que celle de l'Europe actuelle. Les membres de sa communion ne sont certainement pas moins de 150 millions ; et il sera difficile de prouver que tous les autres mouvements chrétiens réunis en totalisent plus de 120 millions.

Nous ne voyons pas non plus de signe que le terme de sa domination arrive bientôt. Elle vit le commencement de tous les gouvernements politiques et ecclesiastiques qui existent dans le monde ; et nous n'avons pas d'indices qu'elle n'est pas destinée à être le témoin de la fin de tout ceux-là. Elle était grande et respectée avant que les Saxons ne posent le pied en Bretagne, avant que les Francs n'aient franchi le Rhin, quand l'éloquence grecque florissait encore à Antioche, quand des idoles étaient encore adorées dans le temple de la Mecque. Et il se peut bien qu'elle existe encore dans toute sa splendeur quand quelque voyageur de Nouvelle-Zélande, au milieu d'une vaste solitude, se tiendrait debout sur l'une des arches brisé du pont de Londres pour dessiner les ruines de la cathédrale Saint-Paul**."

Macaulay, Thomas Babington. "Van Ranke." 1840


Thomas Babington Macauley, ce qui est assez inhabituel pour un évangélique, fut fasciné par l'Eglise romaine dont il admirait bien des aspects, et dans son "essai sur l'Histoire des papes" de Ranke, publié en 18410 dans l'Edinburgh review, il affirme qu'elle s'avéra de toutes les insitutions occidentales, la plus ancienne et la plus brillante - et elle le fut parce que - et ce point sans doute dû paraître bien étrange aux protestants de l'ère victiorienne - elle sut gérer les dissidents de façon bien plus positive que [les Eglises] qui se sont séparées d'elle.

Related Material
The Catholic Church's Approach to Dissent
References
Macaulay, Thomas Babington. "Van Ranke." 1840. Project Gutenberg text viewed 16 November 2006.

Ranke, Leopold. The Ecclesiastical and political History of the Popes of Rome, during the Sixteenth and Seventeenth Centuries. Translated from the German, by SARAH AUSTIN. 3 vols. 8vo. London: 1840.

Texte original :
http://www.victorianweb.org/authors/macaulay/ranke1.html

Notes :
* Il s'agit d'Augustin de Kent,  qui évangélisa la Bretagne au VI°
** Cathédrale anglicane, pour rappel.

Commentaires

  • Tombé par hasard sur ce texte en recherchant la formule "stat crux.." que je croyais commencer par Dum volvitur.. inscrit au fronton d'un certain nombre de chapelles, j'apprécie en tant que Catholique Romain de voir non pas défendre mais constater la pérennité de cette Eglise voulue par NSJC ,contre vents et marées et Dieu sait s'il y en eut et il y en aura encore.

  • Vous avez très raison Jean-François : n'importe quelle autre institution humaine aurait sombré corps et âmes si elle n'avait subit qu'un dixième de pourcentage de ses avanies à travers son histoire mouvementée, passionnante, pas toujours sans reproche...
    Mais l'Eglise est encore là, et bien vivante : il semble que la mort n'a pas de prise sur elle. Et toutes ces vicissitudes traversées sont finalement la preuve éclatante de sa dimension "surnaturelle", au sens théologique du mot.
    Certes la traversée est mouvementée, certes la force des vents et de la houle peut paraître invincible, et certes l'envie nous tenaille d'aller réveiller le maître, qu'il leur donne enfin l'ordre de se taire.

Les commentaires sont fermés.