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Des hommes et Dieu

MantegnaChristMort.jpg On a beaucoup glosé sur le film de Xavier Beauvois, "Des hommes et des dieux." Inutile donc de s'attarder sur l'objet du film, seulement sur quelques scènes.

Il y a évidemment la dernière cène, chant du Cygne sur fond sonore du Lac des Cygnes, mise en abîme du film tout entier.

 Il y a aussi une scène scandaleuse, celle où l'on voit un cadre du GIA, un terroriste donc, en un mot un assassin, se faire soigner au monastère. Il est couvert de sang, surtout les mains : on l'a vu égorger un ouvrier croate sur un chantier de sang-froid. On a vu les images des attentats, on a entendu des nouvelles de jeunes filles exécutées pour avoir eu l'indécence de ne pas se voiler. Alors pourquoi soigner et sauver un type qui va sans doute récidiver ? La raison s'y oppose : n'est-ce pas criminel en vérité, et contre la loi ?
 Le plan qui montre le blessé sur son lit d'hôpital, crapule sanglante sous un drap immaculé, esquisse une explication. Le point de vue de la caméra est à peu de chose près le point de vue d'André Mantegna lorsqu'il peignit son "Christ mort" (oeuvre plutôt ratée esthétiquement - qu'importe). Ainsi le moine pose-t-il son regard : il voit le Christ dans chaque homme, fût-il le dernier des larrons. C'est incompréhensible si on ne croit pas que Jesus est Dieu, mort à cause des hommes et de leurs fautes. Le monastère n'est pas la cité des hommes, c'est déjà la cité de Dieu : on ne condamne pas, on sauve ce qui peut-être sauvé. N'empêche...

L'autre scène marquante est le survol du monastère par un hélicoptère de l'armée. Face à face étourdissant entre cet ange noir, inquiétant, écrasant tout du bruit de sa voilure tournante hurlante, et cette petite église un peu minable, entièrement vulnérable, mais si sereine et paisible. Vacarme contre chant. Intrusion démoniaque, viol de ce hâvre de paix ; image d'une armée censée protéger, mais au final aussi menaçante que les terroristes qu'elle combat (rappel, de fait, que le rôle de l'armée dans l'assassinat des moines de Thibhirines est des plus troubles). Mais les moines ne cédèrent pas à l'intimidation.

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