Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L'écologisme n'est pas un humanisme

arman_massacre_innocents.jpg

 

"Si par exemple les moyens de la science se trouvent insuffisants pour tout le monde et qu'on vive à l'étroit, alors on jettera les nouveau-nés aux latrines ou on les mangera. Cela doit arriver, surtout si la science le prescrit."
Dostoïevski, carnets des "Possédés", 1869-1872.

"L'accroissement démographique est la cause  de toutes nos crises environnementales. Ne faudrait-il pas d'abord contester les politiques natalistes et favoriser des mesures rigoureuses de contrôle de naissances ?"
" L'approche humaniste selon laquelle tous les hommes présents sur terre y ont leur place, personne n'est en trop, et tous ont des droits égaux constitue une valeur de référence essentielle. Cette vision n'est pas nécessairement compatible avec le modèle conscient ou inconscient qui guide une partie de l'engagement écologique : revenir autant que possible à l'état de la planète antérieur au développement des activités humaines, l'homme étant devenu un intrus dangereux dont il importe de minimiser l'impact."
Hervé Le Treut, "Nouveau climat sur la Terre", p207, éditions Flammarion, 2009

(Hervé Le Treut est spécialiste de la modélisation du climat, ayant participé aux rapports du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat, le GIEC).

 Voilà donc le vrai visage des écologistes : nous notons que l'auteur du "Nouveau Climat" se garde bien de porter explicitement une valeur morale sur ce fameux modèle d'engagement écologique. Pas plus qu'il ne prend explicitement position sur la proposition suivante dans ce même livre :

"[le lien à la Terre] prend une forme sacrée dans beaucoup de religions panthéistes, et la préservations des ressources animales ou végétales s'est inscrite depuis longtemps dans les règles de vie de ces sociétés (ndlr : l'auteur doit penser ici aux populations de l'Île de Pâques, ou à la technique du brûlis en divers endroits du globe).
Nos sociétés chrétiennes se sont au contraire  développées dans l'idée que Dieu a confié à l'homme la maîtrise de la planète, la domination du monde animal, et le monde végétal. Dans ce cadre, l'objectif majeur est d'administrer au mieux la planète  pour offrir des conditions de vie décentes  aux sept et bientôt neuf milliards d'individus qui s'y trouvent."

Trois points :

1) Il aurait été étonnant que le christianisme ne soit pas le bouc émissaire de service y compris dans le réchauffement climatique ! C'est tellement bouffon qu'on se demandera toujours, quand il s'agit du christianisme, comment des esprits aussi brillants peuvent s'empêtrer ainsi dans de telles niaiseries aussi crasses ?

2) La mise en opposition : religions panthéistes (gentilles, bien, préservent la planète) <-> religion chrétienne (méchante, pas bien, domine la planète) donne un indice implicite sur la proposition de l'auteur concernant l'approche humaniste vs écologiste du problème climatique. Il est clair, à la lumière de ce passage particulièrement élaboré intellectuellement sur les religions comparées, que l'auteur a pris le parti des seconds et cautionne donc l'engagement écologique tel qu'il le décrit plus haut. Qui ne dit mot consent ?

3) Pour mettre les choses au clair : la religion chrétienne ne sacralise, dans la Création, que l'homme fait à l'image de Dieu, mais sans oublier que toutes les créatures sont aussi créées par Dieu. La domination de l'homme sur la planète, objectivement constatable jusqu'à un certain degré, s'accompagne donc obligatoirement de respect et de responsabilité envers toute la création. Ceci est d'une logique toute limpide à la portée du moindre enfant analphabète. Le christianisme n'a donc, raisonnablement, aucun problème avec l'écologie. L'écologie en revanche a un problème avec le matérialisme et son âme damnée, la cupidité. Mais les écologistes, myopes, n'ont de problèmes apparemment qu'avec le christianisme. Les benêts servent en réalité le maître qui nuit à leur propre cause.

Commentaires

  • "Voilà donc le vrai visage des écologistes."
    Holà, doucement ! Vous en prenez 1 pour dire du mal de tous. Ce n'est pas très réglo. ;)
    Oui, ce courant existe au sein de la nébuleuse écologique, oui, il est dangereux, oui, il est peut-être celui qui a le plus d'audience car il surfe sur la vague de la haine de soi existentielle propre à notre époque ; mais, non, il n'est pas le seul. Loin de là. Les chrétiens et de nombreuses personnes de bonne volonté oeuvrent aussi pour la cohérence de cette cause parmi les plus importantes aujourd'hui.
    Le problème de la thèse que vous dénoncez est que ses tenants sont encore totalement engoncés dans cette dualité bien moderne (et complètement stérile) Homme vs Nature.
    "Le livre de la Création est un et indivisible", dit l'Eglise ; l'Homme en fait donc partie, même s'il a une place, un statut, particulier, qui fait sa grandeur et donc sa responsabilité. (Ce que, entre nous, quelques religions panthéistes avaient déjà noté ; ne leur retirons pas cette cohérence, même si...)
    Tout dommage fait à l'Homme a une répercussion sur son environnement, et vice-versa : écologie humaine et écologie environnementale ne sont qu'une ! Les théologiens et les papes ont un langage très clair là-dessus, et de plus en plus avec BXVI, qui nous a pondu des textes FONDAMENTAUX à ce sujet, et les bons petits cathos qui luttent "pour la vie" auraient tout intérêt à en comprendre la cohérence ; sinon ils ne sont que le miroir dans l'incohérence de ces tristes écolos que vous combattez à juste titre.
    La création toute entière est régénérée dans le sacrifice et la résurrection du Christ, la dimension cosmique et parousiaque du Salut est trop souvent occultée depuis l'avènement de l'ère moderne, alors qu'elle est très présente dans les Textes.

    Pardon de vous asséner tout cela tout de go, sans plus connaître vos avis sur la question (je tombe sur cet article, via un de vos commentaires sur KozToujours). Votre article me paraît d'ailleurs aller dans le sens qui est le mien. Je vous conseille par ailleurs, si vous avez le temps et la curiosité, de jeter un oeil sur le blog de Patrice de Plunkett, qui a un regard très radical (que je partage) sur le sujet. Ou sur les bouquins de Jean Bastaire, qui sont lumineux. Voilà, ma petite séance de "propagande" est terminée ! ;)
    Allez, un dernier lien pour la route :
    http://www.cairn.info/article_p.php?ID_ARTICLE=ETU_033_0203

  • Hello,
    Merci pour votre avis - il rejoint me semble-t-il ma petite réflexion. Néanmoins notez que je parle "d'écologisme" et d'écologistes", non d'écologie et d'écologues, donc de la vision idéologique de l'écologie (l'écologie prise en tant que fin ultime - où la place de l'homme demande par conséquent des éclaircissements).

    L'écologie est censée être un discours raisonnable sur la maison "Terre". Pour paraphraser Pascal, je dirais qu'on y trouve actuellement plus d'écologistes que de raison, y compris parfois sur certains blogs bien intentionnés que vous mentionnez...

  • Sur ces "certains blogs" que je mentionne, et quant à leur radicalité, j'ai dis entre parenthèses que je la partageais, alors attention, hein ! ;)
    J'ajoute même que le partage de cette radicalité avec certains m'a mené très loin dans la radicalité -justement- de mon choix de vie.

    Ce problème de l'écologie est un problème nouveau dans l'histoire de la pensée humaine ; nouveau non pas tant par les questions qu'il pose mais par l'urgence d'y répondre raisonnablement (non pas dans le sens amoindri de "raisonnable", mais "avec raison".) Il y a effectivement danger en la demeure ; et la demeure, même si elle a objectivement une valeur en elle-même (les Ecritures nous l'enseignent), en a encore plus parce que nous y habitons tous, et que nous n'en avons pas d'autre. Comment prêter une oreille sereine à ces délires de "terraformation" ou de "transhumanisme" ? Là, nous sommes effectivement dans le domaine de la déraison, ou plutôt dans le domaine de la raison coupée de toute réalité.
    Si on prend le problème par la racine, on se rend compte que notre monde moderne s'est en particulier construit sur ce paradigme -entre autres- de la dualité homme/environnement, depuis Descartes si on veut simplifier, son "animal-machine" et tout ce qui s'ensuivit : l'environnement naturel de l'homme n'a aucune valeur en soi et seul l'homme, par la transformation de cet environnement par son travail, lui donne de la valeur. Cela n'est certes pas entièrement faux (et a permis entre autres le formidable essor des sciences et des techniques), mais il faut le répéter, la matière et l'univers entier (dont l'homme) ont un sens et une valeur intrinsèques en tant que Création par (l')Amour. Jésus s'est incarné en Homme et dans la matière, et son Salut s'étend à toute la Création !
    Ce dualisme Homme/environnement nous a poussé très loin, trop loin. Il s'agit de rééquilibrer le tout, non pas en inversant ce paradigme en faveur de l'environnement (ce que font vos écolos décriés), mais en en sortant. Et par le haut s'il vous plaît.
    Il n'y a pas d'autre issue. Garder ce paradigme dans un sens ou dans l'autre (soit en s'en sortant par la technique uniquement, ce que clament nos chantres du "développement durable", soit en laissant la nature le plus possible à l'état sauvage et préservée de l'homme ; notez que ces deux issues s'articulent bizarrement très bien dans l'idéologie dominante) ne fera qu'aggraver la situation. La solution est anthropologique, philosophique, théologique. La science et les techniques ont bien sûr leur rôle à jouer, mais en second lieu !

    Cette radicalité de la pensée (prendre le problème à la racine) mène inéluctablement à des actions radicales (et non extrémistes, nuance fondamentale, je peux y revenir), question de cohérence. Forcément, parce que ça déménage, cela peut mener à des incompréhensions, comme celles que vous soulevez. Mais si vous suivez le raisonnement, vous verrez qu'il se tient, et qu'il est fondé dans la réalité. Ensuite, il reste à agir. A chacun de voir ce qu'il peut faire, il n'est pas demandé à tous de tout plaquer ; mais comme l'ont dit les papes, à chacun et à la société dans son ensemble de faire une "conversion écologique" (dixit JPII, si !) et à opérer une "révision radicale de [ses] modes de vie" (dixit BXVI, si !).

  • Et avez-vous lu le lien que je vous ai donné ?
    Suite à sa "n+1 ème" (pardon !) relecture, j'ai honte d'avoir écris ce que j'ai maladroitement tenté d'exprimer : tout y est, et c'est lumineux.
    Je peux aller me coucher.

Les commentaires sont fermés.