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Banalité de l'orthogénie

Dans le meilleur des mondes, voici qu'on invente l'orthogénie, et le service correspondant dans les hôpitaux. Il y a donc des savants qui jugent de la droiture de vos gènes comme il y avait des théologiens qui vous jugeaient sur la droiture de votre foi. Etant entendu que si vos gènes ne correspondent pas aux dogmes médicaux du moment, vous êtes éxecutés sans possibilité de relapse.

Extraits d'un article de 20 minutes :

INTERVIEW - Caroline de Haas, porte-parole de Osez le féminisme, fait le point sur la situation en France, à la veille d'une manifestation nationale...
- Quel est l’Etat des lieux concernant l’IVG en France?
La loi en tant que telle est acquise. Le droit est acquis,* mais son application pose problème.**

- Pourquoi?
L’acte est trop peu valorisé financièrement. En mars 2010, la ministre de la Santé Roselyne Bachelot a promis une revalorisation de 50% du montant du forfait, actuellement fixé à 300 euros. Mais, alors que cette revalorisation devait intervenir au 1er juillet 2010, elle n’est toujours pas entrée en vigueur. Du coup, dans un contexte de rentabilité introduit par la réforme de l’hôpital, les services d’orthogénie, déficitaires, ferment les uns après les autres.***

- Vous êtes inquiète?
Oui, car de plus en plus de femmes sont en difficulté. En plus, ce sujet n’est pas si facile à aborder. Car on a le sentiment qu’il reste un tabou autour de l’IVG, un fond de culpabilité.**** Or, c’est un événement fréquent dans la vie d’une femme, même avec une contraception. Avec une moyenne de 400 cycles, il est normal qu’il y ait quelques ratés. Or, quand une femme est enceinte et qu’elle ne l’a pas voulu, il est normal qu’elle ait la possibilité de choisir.*****

Il vous prend d'un coup comme une nausée. Un telle haine féroce de la vie : l'embryon et le foetus sont de simples ratés, une banalité donc. Mais enfin,  tout le travail d'Hanna Arendt est-il donc vain ? Faut-il faire comme s'il n'avait jamais existé ?

Extraits : Banalité du mal et absence de pensée, in La vie de l’esprit, PUF. Introduction pp.21-23

"Les actes étaient monstrueux, mais le responsable - tout au moins le responsable hautement efficace qu'on jugeait alors - était tout à fait ordinaire, comme tout le monde, ni démoniaque ni monstrueux. Il n'y avait en lui trace ni de convictions idéologiques solides, ni de motivations spécifiquement malignes, et la seule caractéristique notable qu'on décelait dans sa conduite, passée ou bien manifeste au cours du procès et au long des interrogatoires qui l'avaient précédé, était de nature entièrement négative : ce n'était pas de la stupidité, mais un manque de pensée. Dans le cadre du tribunal israélien et de la procédure carcérale, il se comportait aussi bien qu'il l'avait fait sous le régime nazi mais, en présence de situations où manquait ce genre de routine, il était désemparé, et son langage bourré de clichés produisait à la barre, comme visiblement autrefois, pendant sa carrière officielle, une sorte de comédie macabre. Clichés, phrases toute faites, codes d'expression standardisés et conventionnels ont pour fonction reconnue, socialement, de protéger de la réalité, c'est-à-dire des sollicitations que faits et événements imposent à l'attention, de par leur existence même. On serait vite épuisé à céder sans cesse à ces sollicitations ; la seule différence entre Eichmann et le reste de l'humanité est que, de toute évidence, il les ignorait totalement.

C'est cette absence de pensée - tellement courante dans la vie de tous les jours où l'on a à peine le temps et pas davantage l'envie, de s'arrêter pour réfléchir - qui éveilla mon intérêt."

Deux femmes, deux dimensions intellectuelles opposées. L'une visiblement est outillée pour penser, l'autre ne serait sans doute pas ressortie indemne de son tribunal de l'orthogénie.

Note :
*  l'IVG n'est pas un droit : c'est une dérogation à la loi. Cf Loi n° 75-17 du 17 janvier 1975 relative à l'interruption volontaire de la grossesse. TITRE Ier Art. 1er
** Avec 200 000 IVG en France par an, il y a en effet un  problème.
*** Avec la revalorisation du forfait, la rentabilité n'est pas prête de s'améliorer... Mauvais pour le business, toute la filière est en danger.
**** le vieux fonds judéo-chrétien sans doute...
***** Pourquoi la société devrait assumer financièrement sa possibilité de choisir ? A-t-elle le droit de choisir pour un autre (l'enfant à naître), qui lui n'a rien choisi du tout ? A-t-on le droit de compromettre un tiers dans ces choix ?

Commentaires

  • Ah, on doit dire "orthogénie", maintenant. C'est vrai que "eugénisme", ça a déjà été utilisé.
    Que c'est beau, la novlangue.

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