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La Loge, Planning et le sondage

On connait le rôle de Pierre Simon dans la promotion de la contraception et de l'avortement en France :

"Il a cofondé en 1956 le Mouvement français pour le planning familial et présidé le collège des médecins de ce mouvement jusqu’à la fin des années 1960. Il a publié de nombreux ouvrages et articles scientifiques dont Le Comportement sexuel des Français (dit Rapport Simon) en 1972 et De la vie avant toute chose (1979) où sont exposés son parcours et ses orientations philosophiques. Il a été grand maître de la Grand Loge de France (1969-1971 et 1973-1975). Engagé politiquement (parti radical valoisien), il a travaillé dans les cabinets ministériels de Robert Boulin, Michel Poniatowski et Simone Veil. Il était chevalier de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du Mérite. Il est décédé le 11 mai 2008 des suites d'un cancer. In Guide des sources de l’histoire du féminisme, p. 264."

On peut également citer le document du "Fonds Pierre Simon, Répertoire numérique détaillé rédigé par Pauline CAILLAUD, étudiante stagiaire en Master 1 Histoire, Géographie Document, spécialité Patrimoine écrit option archives sous la direction de Bénédicte GRAILLES".

 

Extraits :

Il faut dès lors souligner le rôle joué par la franc-maçonnerie dans le mouvement pour le Planning familial. Elle assure la réflexion mais aussi le maillage sur le territoire français des centres de planification. En effet, une fraternelle maçonnique, dédiée au Planning familial, se consolide en France en 1965, avec Pierre Simon et Yvonne Dornès entre autres. Ses assemblées sont prévues pour se dérouler la veille de celles du MFPF. Les loges présentes dans les villes de province deviennent très souvent les épicentres des noyaux des centres de planification, qui s'ouvrent un peu partout. En outre-mer, où les loges sont particulièrement actives, le phénomène est identique. Contre les attaques catholiques, politiques et de l'Ordre des médecins, il faut trouver des relais.
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Le Monde devient, par le biais de sa journaliste spécialiste des questions médicales, Claudine Escoffier-Lambiotte, une tribune de premier choix pour sensibiliser l'opinion [pour l'introduction des nouveaux outils contraceptifs].
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En 1968, Pierre Simon publie Le Précis de contraception, premier livre officiel pour le monde médical, en France, édité par la maison d'édition catholique, Masson, référence pour les ouvrages de médecine.
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Nommé par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), il se rend entre 1971 et 1974 en Tunisie où un premier programme de planification a été lancé avant d'échouer faute d'argent, sans doute dispersé frauduleusement. La deuxième tentative est prise en main par la Banque Mondiale qui nomme Pierre Simon pour cinq ans. De son bureau au ministère tunisien de la santé, il va participer à l'implantation complète en Tunisie de la planification. 
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Grand voyageur pour la planification, il se rend dans les laboratoires de recherche où il est invité à faire des conférences non seulement en tant que gynécologue mais aussi comme moraliste et spécialiste des religions, qui pratique à la fois l'hébreu, le grec et le latin. 
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En 1953, attiré par la personnalité de Pierre Mendès France, il s'inscrit au parti radical, qui compte parmi ses membres nombre de francs-maçons. Il lui apparaît alors comme le seul parti libre de tout système de pression, qui revendique de bâtir la société en fonction des avancées de la science, dans une préoccupation humaniste et laïque et plaçant l'individu au centre. 
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En 1965, lors de la campagne présidentielle, la contraception est devenue politique et est passée au premier plan dans le discours de Nevers, temps fort de la campagne de François Mitterrand. Ce dernier a fait de l'abrogation de la loi de 1920 son cheval de bataille. Une commission d'étude sur le thème du contrôle des naissances s'est mise en place. Finalement, Mitterrand est battu mais ses soutiens, au rang desquels on compte Pierre Simon n'en démordent pas et font pression auprès de Lucien Neuwirth, député gaulliste, proche du Général et qui accepte d'assumer la proposition de loi sur la contraception. 

En effet, en 1966, une commission parlementaire, à laquelle le docteur Simon participe, est mise en place et plusieurs groupes parlementaires déposent plusieurs projets dont celui de M. Neuwirth. 
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Mais l'oeuvre législative de Pierre Simon ne s'arrête pas là. Membre du Commissariat au Plan de 1967 à 1969, il appartient à la commission « Population- Démographie » présidée par Pierre Laroque, dans le cadre du Ve plan. Pierre Simon rédige alors des articles relatifs aux questions démographiques, qui sont en pleine évolution avec les arrivées d'immigrés sur le sol français. Il essaie d'introduire par le biais de Pierre Laroque le concept de limitation des naissances. Un projet de loi est déposé au ministre de la Santé publique et de la Sécurité sociale, Robert Boulin, qui fait entrer le docteur Simon dans son cabinet, en 1969. Le vent qui souffle au gouvernement est celui de l'ouverture sur la gauche et justifie ainsi l'entrée, au titre de conseiller technique au cabinet du ministre, du radical qu'est alors Pierre Simon, parallèlement à sa nomination comme expert national clinicien du ministère de la Santé. Dans les premiers temps, il est le seul médecin présent au ministère. Il y restera jusqu'en 1979, sous Robert Boulin (1969-1972), Michel Poniatowski (1973-1974) et Simone Veil (1974-1979). Il travaille sur des projets de loi, notamment celle de 1975 relative à la libéralisation de l'avortement et il fonde l'IFRES (Institut de formation, de recherche et d'études sur la sexualité et la planification familiale), suite à la promulgation de la loi qui porte le même nom .
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Ainsi que le souligne Pierre Simon, on doit aux Etats-Unis une stratégie de sociologie politique, celle dite de « récupération », à la manière du Président Kennedy. Le principe en est simple : il consiste à faire absorber par l'idéologie dominante des schémas issus de la contre-culture. En d'autres termes, il s'agit, pour le gouvernement Chaban-Delmas, qui par ailleurs promeut une nouvelle société, de récupérer l'humeur contestaire qui est dans la rue en 1968, afin de faire évoluer la société. On crée ainsi une révolution silencieuse qui évite les tensions sociales.

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[c'est-à-dire qu'on voit ici surtout l'alliance d'une bourgeoisie terrifiée et capitulante, avec les idéologies dites subversives. Ou Lénine visionnaire]

[D'où les lavages de cerveaux à base de rapports, sondages etc. souvent bidonnés et truqués, censés démontrer l'évolution des mœurs de la société - parce qu'il faut bien "vivre avec son temps" - qu''on en jusge avec le passage suivant concernant le "Rapport sur le comportement sexuel des Français" dont l'auteur est précisément Pierre Simon: ]
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 Pierre Laroque y apporte sa contribution, tout comme l'IFOP, qui construit les échantillons. Un questionnaire est réalisé pour sonder les Français le mieux possible, en évitant de les choquer mais tout en les contraignant à dire la vérité. Une partie de l'enquête, celle portant sur les moeurs et les caractéristiques individuelles se fait sur entretien direct avec les Français interrogés, une seconde partie portant sur les activités sexuelles devant être remplie par l'interrogé seul, loin du regard de l'enquêteur. 170 enquêteurs sont formés pour interroger 2600 personnes selon la pratique de l'échantillonnage représentatif de la société. Il s'agit de mettre en débat, dans l'opinion, des questions aussi diverses que les positions et la pratique sexuelles, la masturbation ou l'homosexualité dans une société qui refuse d'en discuter.
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La circulaire Fontanet encadre l'éducation sexuelle à l'école et, en 1974, le ministre de la Santé instaure le Conseil supérieur de l'information sexuelle, de la régulation des naissances et de l'éducation familiale, dont la commission « Recherche » est présidée par Pierre Simon. 
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La sexualité est entrée dans le débat public et permet d'officialiser tous les thèmes de la contestation des années soixante-dix. Dorénavant, il faut, selon les termes de Pierre Simon, déculpabiliser le sexe et ses plaisirs puisque la vie sexuelle relève de la culture et qu'elle peut être arrachée des ténèbres, dans lesquelles on voulait la maintenir. L'impératif devient de vivre pleinement, aidé par une médecine qui supprime la douleur et peut également conduire au plaisir, et le Rapport Simon contribue à donner des clés d'accès au bonheur. Son succès est tel que les universités américaines se montrent intéressées par la méthode employée pour le sondage. Sa portée fait l'effet d'une révolution en proclamant que tout acte sexuel procède de la rencontre du physiologique, du psychologique et du sociologique à la fois et contribue à faire admettre qu'il faut ériger en discipline les techniques médicales traitant du rapport sexuel et de sa pathologie. 
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Le succès et l'expérience reconnus à Pierre Simon et ses collaborateurs dans la voie du changement de la société vont permettre de mener la bataille pour l'avortement. L'Association nationale pour l'étude de l'avortement (ANEA) est fondée dès 1969 par Anne-Marie Dourlen-Rollier, Raoul Palmer, les docteurs Jean Dalsace, Pierre Simon et bien d'autres.
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La nouvelle association met le législateur devant le fait accompli dans la mesure où quelques médecins pratiquent des interruptions de grossesse, tout en déposant les dossiers des patientes chez des huissiers, pour prévenir d'éventuelles poursuites judiciaires. Le ministre Boulin accepte de se pencher sur le dossier et confie au docteur Simon la direction d'une commission d'études du problème de l'avortement. Il le charge également de suivre la proposition de loi du député Claude Peyret. [Comment dit-on... pippage des dés, dès le départ ?]
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Michel Poniatowski reprend le projet mais le Président Pompidou décède et c'est finalement sous Simone Veil qu'une issue est trouvée. Certains croient à un complot franc-maçon tant on sait le rôle joué par ces derniers dans le combat pour la contraception et il n'est pas faux de dire que la fraternelle parlementaire a, à nouveau, orienté le débat. [!!! va, je ne te hais point !!!]
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L'avortement, après l'accouchement sans douleur, la contraception et la sexualité, est une nouvelle étape vers l'autonomisation des femmes tout en promouvant le principe intangible de respect des vies humaines. [!!!]
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Pierre Simon est associé à la proposition de loi relative à l'insémination artificielle, du sénateur Henri Caillavet en 1979.
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La réflexion concernant la redéfinition du concept de vie s'achève logiquement, avec le combat pour le droit de mourir dans la dignité pour lequel Pierre Simon cofonde l'association du même nom (ADMD), dans les années quatre-vingt.
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Pierre Simon a participé, avec Henri Caillavet qui la préside, à la fondation de l'association Euro Mater, autour du docteur marseillais, Sacha Geller, en 1986. Cette association tente de faire avancer la cause des mères porteuses, sur laquelle la France fait blocage, contrairement aux Etats-Unis, par exemple. Pierre Simon est alors secrétaire d'Euro Mater, dont le but affiché est d'harmoniser les législations des différents Etats de la Communauté européenne dans le domaine de la procréation artificielle en général et du prêt d'utérus en particulier. 
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Ce renouvellement de la définition de la vie que Pierre Simon veut promouvoir, lui vient de son engagement dans la franc-maçonnerie. Il faut mentionner à ce titre, le rôle qu'il y a joué. De 1969 à 1971 et à nouveau, de 1973 à 1975, il est élu Grand Maître de la Grande Loge de France.  Ainsi, le militantisme de Pierre Simon prend forme dans son activité professionnelle, particulièrement en tant que chef du département d'orthogénie de l'hôpital Boucicaut.
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Il explique à la fin de son ouvrage, quasiment autobiographique, paru en 1979 [La Vie Avant Tout, Mazarine, 1979] qu'il existe une complémentarité essentielle entre « l'action philosophico-politique et l'action technico-scientifique ». La médecine du XXe siècle a en effet évolué, s'émancipant des interdits religieux. Elle peut désormais construire la vie et donc prendre part à sa définition.
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A l'écoute de la demande sociale, il s'est battu pour la contraception, pour sa dissociation d'avec la sexualité, ainsi que pour l'avortement, à la fois sur les plans scientifique, philosophique et législatif pour renouveler la définition de la vie vers la conquête de l'autonomie et de la liberté.
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Concernant sa carrière de gynécologue obstétricien, il est bon de noter qu'en tant que docteur spécialiste de ces questions, Pierre Simon mène des recherches médicales, dont le Mouvement français pour le planning familial bénéficiera par la suite.
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Les articles du Monde occupent une place importante, en raison des contacts dont Pierre Simon bénéficie parmi les journalistes.
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Une part importante du fonds témoigne de l'activité de Pierre Simon en faveur de la régulation des naissances au sein du Mouvement français pour le planning familial, qu'il a cofondé et dont le fonds recèle les premiers pas.
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Mais l'action de Pierre Simon en matière de Planning familial dépasse le cadre institutionnel du MFPF : il a en effet représenté la France auprès d'organismes à un niveau international et on a fait appel à lui en qualité de spécialiste reconnu. C'est notamment lors d'un déplacement dans la Chine communiste, que le gynécologue a découvert les moyens très organisés d'une planification familiale propre à la République populaire de Mao

- La Grande Loge de France (8 rue Puteaux, 75017 Paris, www.gldf.org) renferme une  importante bibliothèque ainsi que des fonds d'archives que Pierre Simon devrait prochainement accroître en faisant don de ses papiers concernant la franc-maçonnerie.

 

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