L'histoire de Joseph Fadelle est proprement biblesque : c'est l'histoire du fils de Jacob, à peine revisitée. A la différence pourtant que ce musulman converti au catholicisme est vendu non seulement par ses frères, mais aussi par son propre père.
Lui, le fils chéri, le petit dernier, l'héritier, celui qui, pour éviter les champs de batailles de la guerre Iran-Irak, ira se planquer dans une caserne de l'arrière, risquera sa peau pour une messe.
Le prix à payer fut de tout quitter : parents, amis, terre, héritage, nom. Comme Abraham, son compatriote lointain, répondit un jour à l'appel de Dieu : "quitte - va - je te ferai".
Et comment ne pas entendre en écho :
"Je suis venu opposer l'homme à son père, la fille à sa mère et la bru à sa belle-mère :
- on aura pour ennemis les gens de sa famille.
- Qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi. Qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi.
- Qui ne prend pas sa croix et ne suit pas derrière moi n'est pas digne de moi.
- Qui aura trouvé sa vie la perdra et qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera."
Voilà bien en cet homme la mesure de la foi, à qui la comparer : et nous sommes honteux et piteux. Et nous nous découvrons humiliés une foi de rentier.
Voici une autre leçon :
Dis : "Ô gens de la récitation, vous qui nous accusez d'avoir falsifié les Écritures, vous qui nous confessez, sur la foi d'un pilleur de caravane, que Dieu lui fit descendre une récitation : as-tu le Coran ? L'as-tu vraiment lu, et non récité ?"
Dis : "Dois-je réciter votre récitation comme une contine d'enfants ? Comme des écoliers récitent les fables ou les maximes ?"
Et dis : "Ne nous enseignent-ils pas au moins, les moralistes, une morale ?"