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De la science, du SIDA, et des préservatifs

Lors du voyage du pape Benoît XVI au Cameroun et en Angola, une hystérie médiatique a saisi l'Europe, ce vieil incontinent qui n'en fini pas de fuiter une sanie putride dès qu'il s'agit de près ou de loin de religion.

Cela concernait évidemment des paroles du pape à propos du préservatif. Car notre Europe n'est absolument plus capable de débats théologiques, ou même d'idée, d'un niveau plus élevé. Fini le temps ou le boulanger du coin débattait de la divinité de la personne du Christ :

"Tous les lieux de la ville sont remplis de tels propos : les ruelles, les carrefours, les places, les avenues? Ce sont ceux des marchands de vêtements, des changeurs, des épiciers. Si tu demandes au changeur le cours d'une monnaie, il te répond par une dissertation sur l'engendré et l'inegendré. Si tu te renseignes sur la qualité et le prix du pain, le boulanger répond : "Le Père est plus grand et le Fils lui est soumis." Quand tu demandes aux thermes si le bain est prêt, le gérant déclare que le Fils est issu du néant. Je ne sais de quel nom il faut nommer ce mal, de la frénésie ou de la rage." (Grégoire de Nysse, in Sur la divinité du Fils et du Saint-Esprit)

 Heureuse époque. Enfin, retenons la frénésie et la rage, cela au moins ne change pas.
Voici donc ce qui eut le malheur d'être dit, selon les media :

Philippe Visseyrias, France 2 : Saint-Père, parmi les nombreux maux dont souffre l’Afrique, il y a en particulier la propagation du sida. La position de l’Eglise catholique sur les moyens de lutter contre le sida est souvent considérée irréaliste et inefficace. Allez-vous aborder ce thème durant votre voyage ?

Benoît XVI : Je dirais le contraire. Je pense que l’entité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est justement l’Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses réalités diverses. Je pense à la communauté de Sant’Egidio qui fait tellement, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, je pense aux Camilliens, à toutes les sœurs qui sont au service des malades…
« Je dirais qu’on ne peut pas vaincre ce problème du sida uniquement avec de l’argent, qui est nécessaire. S’il n’y a pas l’âme, si les Africains ne s’aident pas, on ne peut le résoudre en distribuant des préservatifs. Au contraire, ils augmentent le problème. »

Evidemment, tempête médiatique. De tout côté stridulèrent les cris impudiques d'orfraies plumées vives :

- "très vive inquiètude"  : Quaie d'Orsay - allusion subliminale à l'encyclique "Mit Brennender Sorge" ?
- "paroles gravissimes quand on voit l’impact que ce type de message peut avoir en Afrique. " : Médecin du Monde
- "je suis  catastrophé par ce type de message extrêmement contre-productif alors même que le pape arrive dans le continent africain, le continent le plus touché par l’épidémie" : Jean-François Delfraissy : l’Agence nationale de recherches sur le sida
-  "Je suis vraiment stupéfait" des déclarations du pape. "Il y a une immense honte autour du problème du sida et les malades du sida souffrent de discriminations aiguës. Le pape ne fait qu'empirer les choses", "Il a perdu le sens des réalités" : Bert Koenders, ministre hollandais du développement.
-  Les déclarations du pape lors d'un déplacement en Afrique, un continent ravagé par cette pandémie, sont "irresponsables et dangereuses" : Jon O'Brien, président du groupe Catholics for Choice.
- "Ce pape commence à poser un vrai problème" : Alain Juppé (ze best among us)

C'est tout ? Ah, petite voix dissonante :

Edward C. Green, directeur du  AIDS Prevention Research Project (Harvard)  :

"Le pape a raison :  ou pour être plus précis, les preuves les plus patentes dont nous disposons vont dans le sens des propos du pape."
"Il a été démontré que les préservatifs ne sont pas efficaces au niveau d'une population."
"Il y a dans les études les plus avancées, y compris celles d'organismes subventionnés par les Etats-Unis comme le Demographic Health Surveys, une correlation systématique entre une plus grande disponibilité et utilisation des préservatifs, et un taux d'infection HIV plus élevé. Cela pourrait être du en partie à un phénomène bien connu de compensation du risque, c'est-à-dire lorsque l'on utilise une technologie réduisant un risque, on en perd souvent le bénéfice - y compris dans le cas des préservatifs - en "compensant" ou en prenant plus de risques que si l'on ne disposait pas de cette technologie.
"Les dernières et plus probantes preuves empiriques montrent en effet que la réduction de partenaires multiples et concurrents est le changement de comportement le plus important associé avec la réduction du taux d'infection HIV (l'autre facteur majeur étant la circoncision).
"De plus en plus d'experts sur la question du Sida en viennent à accepter ces données. Les deux pays les plus touchés par l'épidémie du HIV, le Swaziland et le Bostwana, ont tous deux lancés une campagne pour décourager la multiplication des partenaires et encourager la fidélité."
National Review Online, le 19 mars 2009.

Ref :
- http://article.nationalreview.com/?q=MTNlNDc1MmMwNDM0OTEzMjQ4NDc0ZGUyOWYxNmEzN2E=
- http://www3.interscience.wiley.com/journal/122220955/abstract?CRETRY=1&SRETRY=0
- http://www.harvardaidsprp.org/

Contentons nous ici de constater qu'une étude d'une université réputée émet un doute sur l'efficacité de la prévention basée sur le monopole du préservatif.

Allez hop, jouons les journaleux :
Scoop ! Des scientifiques disent : "Le préservatif aggrave le problème du sida."
Nous attendons à présent le déchaînement médiatique. La frénésie et la rage.
...
Allons allons !
...
Alors ?
Tiens, rien.


Nous assistâmes donc à une magnifique chaîne de réactions préconditionnées. Comme si dès que le mot préservatif est prononcé, un réflexe pavlovien s'éveillait chez certains mammifères ayant usurpé l'espèce humaine (c-est-à dire supposée douée de raison). Comment ? On touche au dogme de l'infaillibilité du préservatif ? Hérésie ! Hérésie ! Convoquez la laïque Inquisition, dressez les bûchers médiatiques !


Faits :
- lors de rapports sexuels dit à risque, il vaut mieux utiliser un préservatif que pas du tout.
- aucune étude ne démontre une fiabilité totale du préservatif.
- l'efficacité du préservatif dépend en grande partie de sa bonne utilisation. Plutôt aléatoire donc, a fortiori dans les pays pauvres dont l'immense majorité des gens ne peuvent s'offrir ces préservatifs tant vantés, produits, et vendus par l'Occident.
- les préservatifs ne sont pas disponibles urbi et orbi.
=> il suffit d'une fois pour se faire infecter.
- toutes les études montrent que là où les pouvoirs publiques promeuvent une prévention principalement basée sur l'abstinence et la fidélité, les taux de prévalence au sida diminuent significativement.
- elles  montrent au contraire que là où la prévention est basée uniquement sur le préservatif, le taux ne baisse pas, voire il augmente.


Donc effectivement, dans certains cas le préservatif aggrave le problème et ne le résoud pas. Voilà les faits ; les nier et se voiler la face en criant en se bouchant les oreilles comme des enfants,  voilà qui est irresponsable. Le problème c'est qu'il s'agit ici d'une simple question de bon sens ; aussi a-t-elle peu de chance d'être correctement comprise dans une société désertée par l'intelligence et tyrannisée par le pathos. Car il est bien moins fatiguant de s'indigner que de raisonner.
Mais proclamer sur les places publiques "continuez vos comportements à risque du moment que vous mettez  mon bout de latex", n'est ce pas aussi irresponsable et criminel qu'un résponsable de la prévention routière qui dirait: "continuer à écraser l'accélérateur comme vous voulez,  mais de grâce mettez la ceinture."

Celui-là ne devraient-il pas être enfermés dans une unité de soin psychiatrique ?

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