Il faut reconnaître à Nietzsche un don certain pour l'observation et un talent unique pour les dire. Ainsi sur les célébrités de son temps dont on voit qu'elles sont de tout temps :
"Les hommes célèbres qui ont besoin de leur célébrité, comme par exemple tous les politiciens, ne choisissent plus jamais leurs alliés et leurs amis sans arrières-pensées : ils veulent emprunter à celui-là un peu de l'éclat et du reflet de sa vertu (...), à tel autre ils volent sa réputation d'oisif (...), parce que cela sert leurs propres buts de passer momentanément pour distrait et indolent : - cela cache le fait qu'ils sont aux aguets ; ils ont besoin d'avoir à leur côté, comme s'il était leur moi du moment, tantôt le rêveur, tantôt le connaisseur, tantôt le méditatif, tantôt le pédant, mais presque aussitôt, ils n'ont plus besoin d'eux ! Et ainsi, leur entourage et leur façade demeurent continuellement tandis que tout semble se presser vers cet entourage et veut devenir leur "caractère" (Comédie des célébrités, Gai Savoir, 1er Livre 30.)
D'un autre côté c'est une observation plutôt banale. Peut-être que ce qui change de nos jour, c'est que même les célébrités qui n'ont pas vraiment besoin de leur célébrité font exactement de la sorte.
Ce n'est, en définitive, pas très grave. La vanité est un puissant moteur qu'on aurait grand tort de ne pas exploiter.