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Epître au cinquième imposteur

D'où vient que des fanatiques athées crurent bon d'enrôler un Voltaire ? Où ont-ils vu qu'il fut un seul jour leur porte-parole ? Mais ranger Voltaire avec le parti des athées, c'est d'une indécence sans pareille ! C'est l'oeuvre d'un parti de marauds ! Enrôler le cadavre de Voltaire pour ainsi dire par contrefaçon de signature, c'est une bassesse qui leur aurait valu, de la part de leur idole d'outre-tombe,  une litanie d'aigres invectives dans le meilleur esprit !
Les insipides, ils adulent une statue qui les vomit.

Voltaire adorait Dieu et méprisait les athées, tout autant que les curés ou les Juifs. Les sots, dans leur haine anticléricale et leur sens aigüe de la nuance, crurent qu'en méprisant les serviteurs, Voltaire méprisait par là le servi. Il n'en est rien, il suffit de le lire - ce que visiblement nos voltairolâtres ne crurent bon de faire.

Que ces imposteurs considèrent seulement "L'épître à l'auteur du livre des Trois Imposteurs" :

Insipide écrivain, qui crois à tes lecteurs
Crayonner les portraits de tes Trois Imposteurs,
D'où vient que, sans esprit, tu fais le quatrième ?
Pourquoi, pauvre ennemi de l'essence suprême,
Confonds-tu Mahomet avec le Créateur,
Et les oeuvres de l'homme avec Dieu, son auteur ?...
Corrige le valet, mais respecte le maître.
Dieu ne doit point pâtir des sottises du prêtre:
Reconnaissons ce Dieu, quoique très-mal servi.

...

Mais, de ce fanatisme ennemi formidable,
J’ai fait adorer Dieu quand j’ai vaincu le diable.
Je distinguai toujours de la religion
Les malheurs qu’apporta la superstition.

...

J’ai fait plus en mon temps que Luther et Calvin.
On les vit opposer, par une erreur fatale,
Les abus aux abus, le scandale au scandale.
Parmi les factions ardents à se jeter,
Ils condamnaient le pape, et voulaient l’imiter.
L’Europe par eux tous fut longtemps désolée;
Ils ont troublé la terre, et je l’ai consolée.
J’ai dit aux disputants l’un sur l’autre acharnés:
« Cessez, Impertinents; cessez, infortunés;
Très sots enfants de Dieu, chérissez-vous en frères,
Et ne vous mordez plus pour d’absurdes chimères. »

Voltaire priait Dieu et insultait des curés ; nous dirions de nos jours qu'il fut déiste - ou, si l'on voulait tenir un discours plus freudien, chrétien sans le Christ.

Il y a donc un cinquième imposteur, qui, à la suite de celui qui bafouilla  "Dieu n'existe pas, Dieu n'existe pas", affirma sans scrupule : "Voltaire était athée."

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