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De la tolérance

Voici un édit de tolérance voltairien (Extraits du "Traité sur la tolérance", 1763) :

CHAPITRE XII : Si l’intolérance fut de droit divin dans le judaïsme, et si elle fut toujours mise en pratique.

On ne trouve, dans toute l’histoire de ce peuple [juif], aucun trait de générosité, de magnanimité, de bienfaisance; mais il s’échappe toujours, dans le nuage de cette barbarie si longue et si affreuse, des rayons d’une tolérance universelle.

CHAPITRE XVIII : Seuls cas où l’intolérance est de droit humain.

Les Juifs sembleraient avoir plus de droit que personne de nous voler et de nous tuer: car bien qu’il y ait cent exemples de tolérance dans l’Ancien Testament, cependant il y a aussi quelques exemples et quelques lois de rigueur. Dieu leur a ordonné quelquefois de tuer les idolâtres, et de ne réserver que les filles nubiles ; ils nous regardent comme idolâtres, et, quoique nous les tolérions aujourd’hui, ils pourraient bien, s’ils étaient les maîtres, ne laisser au monde que nos filles. 
Ils seraient surtout dans l’obligation indispensable d’assassiner tous les Turcs, cela va sans difficulté: car les Turcs possèdent le pays des Éthéens, des Jébuséens, des Amorrhéens, Jersénéens, Hévéens, Aracéens, Cinéens, Hamatéens, Samaréens: tous ces peuples furent dévoués à l’anathème; leur pays, qui était de plus de vingt-cinq lieues de long, fut donné aux Juifs par plusieurs pactes consécutifs; ils doivent rentrer dans leur bien; les mahométans en sont les usurpateurs depuis plus de mille ans.

Si les Juifs raisonnaient ainsi aujourd’hui, il est clair qu’il n’y aurait d’autre réponse à leur faire que de les mettre aux galères. 
Ce sont à peu près les seuls cas où l’intolérance paraît raisonnable. 

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A peu près à la même époque (1759), le cardinal Lorenzo Ganganelli, le futur pape Clément XIV, écrivit un  rapport sur les accusations contre les Juifs de meurtres rituels. Ce rapport faisait suite à une réclamation des Juifs de Pologne qui subirent des pogroms sur le prétexte de ces accusations. Leurs doléances furent transmises à la Congrégation du Saint-Office (l'Inquisition romaine), qui chargea donc le cardinal de rédiger un rapport.
Voici ce qu'écrivit Cécil Roth, qui édita ce rapport dans les années 1930 (The Woburn Press, London), dans la préface :

"Avant de formuler ses conclusions, Ganganelli suggéra de demander au nonce pontifical de Pologne, Visconti, d'obtenir des dignitaires ecclésiastiques locaux des rapports détaillés sur les récents événements. Quand les informations demandées lui parvinrent, il se mit au travail, et en temps voulu produisit l'un des documents le plus remarquable, le plus humaniste et le plus tolérant de l'histoire de l'Eglise catholique - un document par lequel sa mémoire sera toujours chérie par le peuple juif en gratitude et affection.
(...) Ce document est tout empreint d'un humour subtile : la démolition de certains arguments avancés pour soutenir l'accusation [de meurtre rituel]  est un pur modèle de saracasme ecclésiastique."

Qu'on lise ce rapport.
Qu'on fasse ensuite la comparaison avec les écrits inspirés du sieur tolérant Voltaire sur les Juifs.
Qu'on se persuade ensuite de qui est tolérant, qui est raisonnable.

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