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Des choses qui ne durent pas

Un homme politique américain disait : "Things that cannot last, don't." Ou :  "Les choses qui ne peuvent pas durer - ne durent pas."
D'un bon sens positivement navrant, n'est-il pas ?

Et pourtant : si tous les axiomes philosophiques ou économiques avaient été passés au crible de cette sentence, il est probable que bien des naufrages nous eussent été épargnés.

Chaque modèle en effet s'écroule par la logique même qui s'en induit, car l'homme ne sait pas faire autrement que :
1) poser un modèle qui ne donne qu'une vue partielle de son objet.
2) pousser la logique induite de ce modèle à l'extrême.

Il est impossible pour l'homme de proposer un modèle qui épouse exactement la réalité de son objet. C'est tout simplement au-dessus de ses forces, tant qu'il n'aura pas la connaissance absolue de l'objet. Ainsi des diverses idéologies qui traversèrent le XIX° : toutes ne proposèrent au mieux qu'une vision partielle de l'homme. Aucune ne fut capable d'en donner une vision intégrale (sinon il est très probable qu'on ne les confondît avec le christianisme).

Au début la logique, balbutiante, encore en proie à des forces inertielles, s'écarte peu de la réalité de son objet. Il y a donc toujours moyen de faire illusion qu'elle est dans le vrai, car l'erreur n'a pas de conséquences flagrantes. Ainsi encouragé, un rapport de force favorable à l'extrême et contraire à la modération pousse irresistiblement cette logique à aller au bout d'elle-même. Pour finir la logique se nourrit d'elle-même dans une sorte de boulimie : c'est le syndrome de la purge (on ne pratique pas suffisamment la purge, voilà pourquoi le patient se meurt ; plus de purges !) L'écart avec le réel se creusant, les conséquences se font de plus en plus néfastes : impossible de mentir avec le réel - tout au plus peut-on se mentir. Le symptôme de ces excès se nomme "crise". La crise est une correction du réel.

Cela ne signifie pas que tous les modèles se valent. Certains modèles sont plus proches du réel de leur objet que d'autres : ceux-là dureront plus longtemps - c'est à dire qu'ils mettront plus de temps à s'écarter significativement du réel pour atteindre leur point de crise.

Marxisme, libéralisme, nazisme, tous, par le modèle incomplet (voire carrément erroné) qu'ils font de l'homme, proposent une logique systémique non-viable - c'est à dire une logique qui, poussée à son extrême, la conduit en définitive à sa propre ruine - et celle de l'homme.

Tous ce qui ne peut pas durer, ne dure pas.

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