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Les trente pièces d'argent

Nos sociétés ont largement tort d'ignorer les témoignages des prêtres exorcistes. Le Diable n'est certes pas une métaphore, il n'est pas non plus de l'imagerie moyen-âgeuse. Mais le Diable est furieusement réel.
Les témoignages de ces prêtres sont rares, d'autant plus précieux. Aussi cette interview par CNN de Gabriele Amorth, exorciste principal du Vatican et de Rome, est-elle saisissante. Il rappelle une évidence, comme autrefois un célèbre général rappela que "le feu tue" : le Diable tente. Une première remarque toutefois : le père déclare à plusieurs reprises : "it's his job to tempt" (d'après la traduction en anglais de l'italien), ou : "c'est son boulot de tenter". Il convient sans doute de préciser : le Diable a pris la liberté de se donner à lui-même pour tâche de tenter. En aucun cas il ne faudrait imaginer que Dieu lui a confié un job de tentateur ; il serait impie de le penser - et simplement déraisonnable.
Une deuxième remarque : cette interview est donnée dans le contexte des affaires de pédophilie, qui tourmentent violemment l'édifice catholique. Le père dit : "les coupables ont été tentés par le Diable, mais ils ne sont pas possédés". N'imaginons pas un instant que les voilà ainsi dédouannés de leurs responsabilités. Tentés peut-être. Complices de la tentation et agents du mal, sûrement. Mais il n'y a pas de liens mécaniques entre la tentation et l'entrée en tentation. Il y a toujours moyen de ne pas céder. Le passage s'effectue par un acte de volonté propre, et ces actions sont troublantes, au sens évangélique, donc vigoureux, du terme :

"Mais si quelqu'un doit troubler l'un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d'être englouti en pleine mer. 
Malheur au monde à cause des scandales ! Il est fatal, certes, qu'il arrive des scandales, mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive ! 
Si ta main ou ton pied sont pour toi une occasion de péché, coupe-les et jette-les loin de toi : mieux vaut pour toi entrer dans la Vie manchot ou estropié que d'être jeté avec tes deux mains ou tes deux pieds dans le feu éternel. 
Et si ton œil est pour toi une occasion de péché, arrache-le et jette-le loin de toi : mieux vaut pour toi entrer borgne dans la Vie que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne de feu. 

Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits : car, je vous le dis, leurs anges aux cieux voient constamment la face de mon Père qui est aux cieux."  (Mt 18-6)

Qu'ajouter de plus ? Comment des prêtres ou des religieux peuvent-il être au moins triplement oublieux à la plus simple des lois, à la plus élémentaire morale, à la plus limpide des Paroles ? Il existe donc des prêtres et des religieux sans foi ni loi. Finalement rien de plus nuisible et stérile qu'une foi avariée, figuiers desséchés et candidats pour la cognée ; sacerdoce marron qui jette la suspicion et l'opprobre sur la véritable et magnifique. Comme un signe positif malgré tout, nous notons la presse et la société toute entière dénoncer la pédophilie d'une voix - même si pour la première, nous ne sommes pas naïfs au point de croire qu'il n'y a pas d'arrières-pensées guère plus reluisantes que l'acte dénoncé. Derrière le ton outragé, l'on ricane de la bouche, l'on hoche de la tête, l'on cligne de l'oeil : mais dans cette affaire, le bâton ne fut-il pas offert à nos ennemis ?

Alors, l'édifice va-t-il se ruiner ? Allons-nous abdiquer et capituler après une telle trahison ? Certains imprudents et irréfléchis se l'imaginent volontiers, prennent plus volontiers encore leurs désirs pour la réalité, mais ils ne connaissent pas le bâtisseur, celui qui posa les fondations. Quelques pierres branlantes basculent, quelques pans malséants, pourris et clandestins s'effondrent, mais la pierre d'angle restera, comme de toute éternité, immuable.

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