Benoît XVI, à l'audience générale du 30 janvier 2008, cite abondamment saint Augustin :
La foi et la raison sont « les deux forces qui nous conduisent à la connaissance » (Contra Academicos, III, 20, 43).
Si l'Eglise catholique fait la distinction entre la foi et la raison, comme entre le spirituel et le temporel, elle ne rejette ni l'une, ni l'autre. Elle leur donne à chacune sa place, tous ses efforts étant de définir précisément la place de chacune, chacune ayant naturellement tendance à prendre la place de l'autre, comme une invincible volonté de puissance. Et la foi et la raison étant elles-mêmes sollicitées pour définir cette place, étant donc à la fois juges et partis, grande est la difficulté.
Beaucoup de penseurs se sont émerveillés sur la capacité de l'Eglise à traverser les siècles, tant bien que mal, souvent plus mal que bien. L'une des raisons est simple : son discours sur l'homme, son anthropologie, est la seule qui prenne en compte, dans sa juste mesure, toutes les dimensions de l'homme : c'est la seule qui l'affirme corps et âme, donne à chacun sa place sans renier l'une ou l'autre, et prenne en compte ses besoins respectifs : les gnostiques nièrent la chair, les marxistes nièrent l'esprit : ils disparurent par leur propre faute ; on ne vit pas indéfiniment dans une erreur, surtout anthropologique. Aussi bien les mécanistes et les spiritistes, prenant la partie pour le tout, ne voyant pas que ce tout est infiniment plus grand que la somme de ces parties, s'abusèrent et abusèrent les autres, les conduisant à un funeste destin, logique d'une logique fondamentalement erronée.
"Grande profundum est ipse homo, cuius etiam capillos tu, domine, numeratos habes et non minuuntur in te: et tamen capilli eius magis numerabiles quam affectus eius et motus cordis eius."
Profond abysse que l’homme, dont les cheveux mêmes vous sont comptés, Seigneur, sans qu’un seul s’égare; et il est encore plus aisé pourtant de les nombrer que les affections et les mouvements de son coeur!
saint Augustin, Confessions, Livre IV 14,22
"Factus eram ipse mihi magna quaestio et interrogabam animam meam."
J'étais devenu à moi-même un grande énigme, et j'interrogeais mon âme."
saint Augustin, Confessions, Livre IV 4,9
Enigme et abysse d'un être aux deux origines : de Deo et ex-nihilo. A chacun de voir vers quelle origine il veut retourner. L'homme est une grande énigme et un profond abysse : il faut la foi pour le comprendre, et le comprendre pour avoir la foi.