Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

De la provoc

 Deux affaires culturelles s'entrechoquent :l'une à Avignon, bien connue à présent, l'autre à Leeds, en Angleterre. Ce qui est intéressant, c'est qu'elles utilisent à peu de chose près le même schéma. L'objectif (inavoué) est d'obtenir une résonnance médiatique, et le parfum de scandale nécessaire au couronnement (entendez la cote) d'une oeuvre contemporaine. La différence avec le XIX° notamment : le scandale est délibéré, prémédité, et s'inscrit dans une fin en soi - c'est la rançon de la médiocrité.

1) On provoque la controverse (de préférence avec l'Eglise catholique, l'excommunication étant moins risquée qu'une fatwa).
2) On attend les réactions légitimement indignées
3) On proteste de sa bonne foi (et éventuellement de sa bonne catholicité) - insistant que l'oeuvre en question a été mal intrépétée par la partie adverse.
3b) On se place dans le camp des victimes (face à l'obscurantisme de Talibans qui ne comprennent rien à l'art). Ce dernier point est le plus important ; toute la com repose sur ce statut de victime qui permet d'inverser la charge.

Il est extraordinairement compliqué de s'opposer à ce schéma, les média ayant pour la plupart choisi leur camp à l'avance. Il est par exemple  primordial, lorsque l'on veut dérégler ce mécanisme, de faire achopper le point n°3b.

Voici le dilemme, bien connu : si l'on se tait, on risque de se faire complice. Si l'on agit radicalement, on est d'autant plus complice qu'on contribue au succès du schéma. Il y a donc une stratégie très fine à adopter, qui, je dois l'avouer, reste à déterminer. Probablement que le flegme, l'esprit conjugué à l'ironie et au sarcasme dans la réponse à donner (qui aura pour but de ridiculiser sans le faire ouvertement, et de mettre l'adversaire dans l'embarras de ses contradictions *) sont des pistes inévitables.

Ainsi j'aime beaoucoup la réponse de cet évêque anglais :
"I feel sure that such a profound insult to people of Christian faith and sensibilities was not intended by your company, but I would urge you now as a matter of courtesy to remove the offensive advertisement from public view.”

La première proposition est un régal d'antiphrase. La seconde fait appel à la bonne foi - et piège l'intercoluteur dans sa contradiction.
Voilà : ce qu'il faut dans ces cas, ce sont des rhéteurs hors norme sachant manier les figures de style comme personne. C'est bien ainsi qu'on confondra tous ces escrocs sans talent qui n'ont plus que la provoc comme argument de vente.
Ainsi est-il écrit :"Tu es pur avec qui est pur, mais habile avec le fourbe (toi qui sauves le peuple des humbles, et rabaisse les yeux hautains." (Ps17,27)

* L'intention de la provocation étant avéré, sauf à faire preuve d'une naïveté pathologique, et la protestation de bonne foi également, c'est là-dessus qu'il est possible de les piéger et de les démasquer, à l'image de la réponse habile de l'évêque anglais.

Les commentaires sont fermés.