Analyse pertinente d'un certain Thibaud Collin sur Atlantico.
Nous souscrivons.
"Thibaud Collin : La paix véritable est fondée sur la justice. L’apaisement digne de ce nom n’est donc pas le fruit d’un consensus ou de demi-mesures. Il est le signe du progrès de la justice dans les relations entre les différentes parties de la société. Or la justice est la vertu consistant à rendre ou à attribuer à chacun ce qui lui est dû. Le problème de la politique menée par le gouvernement est qu’elle ne respecte pas les articulations fondamentales de la vie humaine. Elle veut tout régenter, du mariage à la vie des entreprises alors qu’il est urgent de faire exactement l’inverse. Lorsqu’une société subit une telle agression de l’Etat, il est normal qu’il y ait une dégradation de la concorde et que les citoyens entrent en résistance. Des pigeons à la Manif pour tous, on assiste à un réveil de la société civile qui réclame que l’Etat s’occupe de ce qui le regarde. Non pas créer un homme nouveau, mais assurer les fonctions régaliennes et subsidiaires qui lui reviennent.
(...)
Thibaud Collin : Je ne suis pas devin mais je constate qu’au-delà de la pratique du mensonge, nous nous enfonçons toujours plus dans une crise du langage. Les mots ont perdu leur vrai sens ; ils sont des matériaux indéfiniment malléables au gré des rapports de force. De plus, il y a une telle prolifération de mots que ceux-ci perdent de leur consistance. Une cure de silence serait donc peut-être opportune pour retrouver la saveur des mots ! La véritable démocratie repose sur un usage respectueux des mots sinon on plonge dans l’idéologie qui manipule le sens des mots ; manipulation qui est une violence faite à l’intelligence en quête de vérité."
Nous ajouterons ceci : il y a deux façon de maintenir une vie sociale : par le langage de la force, et par le langage de la raison. Chez les êtres humains le langage de raison est possible, et celui-ci ne peut s'exprimer qu'avec des mots. Ceci présuppose que le corps social se mette d'accord sur la signification des mots ; si les mots perdent leur sens objectif, littéral, alors la communication raisonnable est impossible, et la vie sociale bascule alors dans l'autre langage possible, celui de la violence. Voilà pourquoi les totalitarismes, qui commencent toujours par une guerre contre le dictionnaire (Cf Victor Klemperer, LTI, la langue du IIIe Reich), sont toujours une violence sociale.
Ceci est légèrement différent du Novlangue : le Novlangue vise à restreindre le champ de la pensée, partant du principe qu'il n'y a pas de pensée sans mots : "Ne voyez-vous pas que le véritable but du Novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? A la fin nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n'y aura plus de mots pour l'exprimer." C'est ici où nous voyons une faille : s'il y a moins de mots pour exprimer une pensée (y compris les sentiments), alors elles s'exprimeront par la violence. Les crimes ne feront qu'augmenter au contraire.