"Certes la tentation est puissante de souhaiter à la société ici décrite une chute digne des atrocités dont elle se montre féconde, inlassablement et sur tous les terrains.; mais que cette perspective semble futile, par rapport au désir de la voir continuer à entasser cauchemar sur cauchemar, turpitude sur turpitude, fléau sur fléau, échec sur échec, saccage sur saccage, niaiserie sur niaiserie, pertes, fracas, naufrages et tribulations ; et, sans relâche aussi, inventer les procédés rhétoriques destinés à chanter l'ensemble de ces désastres ; tout en offrant aux romanciers comme aux penseurs, à supposer qu'il en reste dans de telles conditions, du pain sur la planche, et même de la brioche, pour les non-siècles à venir."
Philippe Muray, "Happy End", Fevrier 2000
Oui la tentation est puissante entre le désir de faire cesser cette époque de carnaval des pitres, et la jubilation de la voir s'enfoncer dans sa propre souille. D'un côté la fatigue et la lassitude de l'intelligence sans cesse insultée, de l'autre le rire sans retenue ni vergogne d'une "shadenfreude" bien frappée. Epoque résolument nulle, verbeuse, abyssalement prétentieuse, ne reculant devant aucun ridicule, ne lésinant sur aucune médiocrité, érigeant la bêtise en art de vivre là ou il vous aurait sûrement tué il n'y a pas un siècle.