Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Des invasions barbares

    Ou du hara-kiri social.

    Cette semaine, une dépêche de l'AFP fut reprise avec des cris de triomphe par tous les media de France et de Navarre :

    "Mercredi 09 septembre 2009, 18h20

    Le film X n'est plus réservé à une minorité masculine et apparaît comme un phénomène intégré à la vie sexuelle des Français, au point que le visionnage n'est plus une expérience honteuse et solitaire, mais une vraie affaire de couple, selon une enquête de l'Ifop.

    "L'émergence des chaînes câblées et d'internet comme moyens d'accès au X, entraîne démocratisation et banalisation du genre. Le principal enseignement est que les Français sont aujourd'hui décomplexés vis-à-vis du X", a expliqué à l'AFP François Kraus, chargé de l'étude rendue publique mercredi et réalisée pour le groupe Marc Dorcel, leader français de la production pornographique.

    "On ne regarde plus un film X seulement en solitaire. Le X fait partie désormais des moyens d'activer la libido au sein du couple, en cassant la routine, toutes tranches d'âge et catégories sociales confondues", ajoute M. Kraus, précisant que cet "observatoire de la pornographie" est le premier réalisé en France."

    Vraiment il faut pavoiser : enfin la pronographie se démocratise, enfin les Français sont décomplexés, enfin la France s'est dotée d'un "observatoire de la pronographie" ; il était plus que temps. Inutile de chercher plus longtemps pourquoi la France était championne du monde des suicides et de la consommation d'anti-dépresseur : la pornographie ne s'était pas démocratisée, il n'y avait point d'observatoire de la pornographie. Nulle doute dès lors que tout ira pour le mieux : l’humanité convertie au culte de l'ordre obscène voit se lever une aube radieuse - une de plus.

    Trois remarques :

    1) Nous constatons très simplement, qu'alors que les signes ostensibles de religion sont impitoyablement traqués par notre bonne mère la république, les signes ostentatoires d'obscénité prennent quant à eux toute la place, sous son oeil maternant : "For in the fatness of these pursy times, virtue itself of vice must pardon beg."
    Voici une mère qui déshérite ses fils légitimes au profit de batards dégénérés.

    2) L'étude fut commanditée par le numéro 1 du porno en France. Il eut été étonnant qu'il n'y eut pas quelque intérêt fiducier derrière cette "démocratisation". Y a du pognon à se faire sur le dos du troupeau de ruminants ici ; quoi de plus de simple que de créer une norme de toute pièce (oracle du sondage), qui rapporte un max si possible évidemment, et de convaincre ensuite le bon peuple domestiqué de se plier à cette norme, c'est-à-dire, bêtement, de la consommer. Rien de plus facile : le peuple consomme comme la vache rumine. Le peuple pense sa consommation comme une vache pense sa rumination. Broute peuple, tu es fait pour brouter, puis bouser, puis re-brouter. Tu bouses donc tu existes économiquement, et tu n'as point besoin de cerveau pour une telle opération ; d'ailleurs, pour preuve qu'on s'occupe de tout, on te l'anesthésie. Il ne te sert à rien, et ce qui est inutile voilà ce qui est économiquement immoral.

    3) Les media, pièce maîtresse de la normalisation, se pressent de claironner l'oracle à tout bout de trompe : c'est que pour eux, la pensée même de laisser filer l'air du temps serait proprement insupportable. Non ici par goût du profit, ce serait pour le coup trop ostensiblement vulgaire, pas assez hypocrite, mais par simple vanité. Les idiots utiles se manipulent simplement par vanité.
    Stupéfiant d'entendre l'orchestration médiatique jouer, et avec quel entrain, sa partition pathétique alors que le paquebot sombre corps et biens ! Ainsi une équipe s'occupe-t-elle avec zèle d'affaiblir la coque à grands coups de massue, quand une autre couvre de leur cacophonie le crissements des fissures, le fracas de l'eau qui s'engouffre.
    Et n'est-il pas navrant de voir en Une de ces pauvres feuilles la litanie sans fin des crimes sexuelles, et en page deux leurs cris de triomphe devant, enfin, la "démocratisation de la pronographie" ?
    Car ils ne leur vient pas à l'esprit, à ces niais inconséquents, qu'il y a, peut-être, un lien entre les deux phénomènes : la "démocratisation" de la pornographie ET des crimes sexuels. Il est vrai que personne n'a commandé d'oracle à ce propos. Mais il serait pourtant plus que nécessaire de se poser, sans tabou, la question suivante : 
    - La courbe du nombre de déliquants et criminels sexuels en prison suit celle du chiffre d'affaire de la pornographie. Pourquoi ?
    Et en questions annexes :
    - Les Français se suicident en masse. Pourquoi ?
    - Les Français vivent sous prozacs. Pourquoi ?

    Mais il semble qu'on ne tienne pas vraiment à connaître la réponse vraie à ces questions. On préfère, de loin, la juteuse mélodie des turlusiphons médiatiques qui maintient les illusions ; la pilule bleue, celle des steaks virtuels et onéreux, plutôt que la pilule rouge.

    Chateaubriand nous écrit de sa tombe : "Le cynisme des moeurs ramène dans la société, en annihilant le sens moral, une sorte de barbares ; ces barbares de la civilisation, propres à détruire comme les Goths, n'ont pas même la puissance de fonder comme eux : ceux-ci étaient les enfants énormes d'une nature vierge; ceux là sont les avortons monstrueux d'une nature dépravée."

    La démocratie a décomissionné l'intelligence, la spiritualité et la probité devant une guilde de vulgaires boutiquiers ; des crevards marchand d'illusions. Elle se laisse à présent guider comme un gentil toutou par une bande de camés.

  • Du turlusiphon

    ... ou du moulin à prières.

    On s'étonnera toujours de la distance qu'il y a entre les paroles, les intentions ou la volonté, et les actes. On s'étonnera par là de cet être si dispersé et décousu qu'est l'homme, et on le plaindra sans doute. On comparera sa parole, vaine, avec celle de Dieu : Dieu dit, et cela est.
    On se félicitera toutefois que chez l'homme, la parole et l'agir soient ainsi découplés. Il n'est pas dans l'intérêt de tous que chaque parole (ou chaque pensée) se traduise immédiatement en faits, cela rendrait nos existences très aléatoires.

    Tout de même, lorsqu'il est écrit : "Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa.", nous pensons au verbe image du Verbe. Dès lors, quand nous voyons la perversion que peut faire l'homme de son usage du verbe, comment ne voyons-nous pas qu'il s'agit là de la distorsion la plus grave faite à cette image : "La parole est pour dire le monde, non pour le contrefaire", disait un rabbin à son chat menteur.

    Deux travers : soit l'homme sur-évalue son verbe, il le prend pour un verbe créateur alors qu'il n'est qu'un verbe énonciateur, soit il le dévalue, utilisant son verbe comme une planche à billets surchauffée. Les mots ont alors la valeur du papier-monnaie, non de la monnaie elle-même.

    Que vaut alors une parole de prière ? Rien, si celle-ci n'est qu'un simple débit sonore. Autant jouer avec une chasse d'eau comme enfant.

    "Ce peuple est près de moi en paroles et me glorifie de ses lèvres, mais que son cœur est loin de moi et que sa crainte n'est qu'une leçon apprise."
    Ainsi parle Dieu par la bouche d'Isaïe. Et aussi :
    "N'apportez plus d'oblation vaine : c'est pour moi une fumée insupportable! Néoménie, sabbat, assemblée, je ne supporte pas fausseté et solennité.  Vos néoménies, vos réunions, mon âme les hait; elles me sont un fardeau que je suis las de porter !" 

    Nos mots ne valent rien en soi, comme un billet de banque ne vaut rien en soi. Seul le Verbe de Dieu est efficace en soi. Pour l'homme, pour que son verbe soit efficace, il faut que la volonté, la parole et les actes soient unis en cohérence. Ainsi Jesus disait ce qu'il faisait, faisait ce qu'il disait, et mourut pour ce qu'il fit et dit. Il n'y a pas témoignage plus solide qu'une parole incarnée : "Je rends témoignage de moi-même, et le Père qui m'a envoyé rend témoignage de moi." (Jean)
    Le contraire, le faux témoignage, la parole fausse-monnaie, c'est, par exemple,l 'antéchrist auto-proclamé Nietzsche : il vécut et mourut l'exact inverse de qu'il dit.

    Et lorsqu'on se contente de paroles comme dans une incantation, on s'adresse à une idole et la croyance est superstition.

    - Medellin, Colombie, 2000 morts par an : «Je me confesse souvent, et Dieu pardonne mes péchés», confie l'un de ces tueurs de métier (Figaro, Medellin replonge dans la guerre des gangs le 28/08/2009) .

    Voici pour son "pardon" :
    "Vous avez beau multiplier les prières, moi je n'écoute pas. Vos mains sont pleines de sang :  lavez-vous, purifiez-vous! Otez de ma vue vos actions perverses! Cessez de faire le mal." (Isaïe)

    Plus lucide que ce tueur à gage, tout aussi coupable, Claudius, le roi fratricide et usurpateur dans Hamlet :
    "My words fly up, my thoughts remain below;
    Words without thoughts never to heaven go. "
    Et vous qui dites : "Dieu n'écoute pas ma prière !", dansez plutôt la danse de la pluie.

  • L'étranger

    Le plus difficile n'est pas de croire en Dieu. Le plus difficile est de croire que Dieu, tout en étant radicalement autre, ne nous est pas étranger.