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  • Les dictionnaires de l'imposture

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    Larousse :

    imposture
    nom féminin (bas latin impostura, du latin classique imponere, tromper)

    Définitions de imposture
    Action de tromper par de fausses apparences ou des allégations mensongères, de se faire passer pour ce qu'on n'est pas : Dénoncer les impostures d'un escroc.
    Caractère de tromperie, de supercherie que revêt quelque chose : Imposture d'une publication.

     

     

     

    Voilà bien quelque chose d'inouïe : des législateurs, sans aucun mandat pour cela, redéfinissent le sens des mots courants de la langue française.
    Et nous voyons, sous nos yeux incrédules, des dictionnaires leur emboîter le pas comme une bête de somme fatiguée son péone.

    Il nous semblait à nous, pauvres naïfs, que les définitions étaient la prérogative de l'Académie française. Cette loi contre le mariage décidément bouffonne appelle la bouffonnerie à plein poumon. En tous cas la guerre contre le dictionnaire est bien déclarée. Ce n'est jamais le signe d'une démocratie en bonne santé.

  • Qu'est ce qu'une nation

    "Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. 

    La nation, comme l'individu, est l'aboutissant d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j'entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans la passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a soufferts. On aime la maison qu'on a bâtie et qu'on transmet. Le chant spartiate : «Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes» est dans sa simplicité l'hymne abrégé de toute patrie. 

    Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. 

    L'existence d'une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de vie.

    Les nations ne sont pas quelque chose d'éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européenne, probablement, les remplacera. Mais telle n'est pas la loi du siècle où nous vivons. À l'heure présente, l'existence des nations est bonne, nécessaire même. Leur existence est la garantie de la liberté, qui serait perdue si le monde n'avait qu'une loi et qu'un maître. "
    Renan, Qu'est-ce qu'une nation ?

     

    Que penser donc de cet acharnement à effacer le passé, de sorte qu'il n'en reste plus rien de glorieux mais plus que de la mortification sans fin ? La taubiration des esprits ne détruira pas une nation plus sûrement. 

  • Regis.com

    Régis Debray, comme dirait ma mère à propos de BHL, dit parfois des choses intéressantes. Quelques extraits :

    C'est dans la Silicon Valley que les chamans prospèrent. L'archaïsme, c'est ce qui est non pas derrière, mais devant nous.

    En 2025, le PIB de la Chine sera supérieur à celui des États-Unis, le reste est pipeau. Le problème, c'est l'évanouissement de l'Europe comme alternative. Voyez l'obamania de nos provinces. Faire d'un patriote américain juste milieu un bon Européen de gauche relève d'une incroyable perte de sens historique. Et géographique. Nous n'avons même plus la force de produire nos propres champions. On s'enamoure en midinette. On dirait qu'en vieillissant l'Europe n'est plus que fleur bleue. Elle regarde l'Oncle d'Amérique en prince charmant, lequel regarde ailleurs, là où les choses se passent : Asie et Pacifique.

    Le handicap de la gauche, en matière d'art, c'est la morale. Le surmoi est assez peu créatif. La droite doit à un certain cynisme d'avoir les coudées franches. Il m'arrive d'avoir plus de plaisir à lire le Journal de Morand, politiquement immonde, que celui de Leiris, moralement impeccable.

    (...) c'est ce que j'appelle la gauche divine qui se croit sous garantie progressiste, autrement dit : demain sera mieux qu'aujourd'hui parce que nous irons plus vite, nous aurons plus de moyens technologiques. Cela se termine dans le bougisme, qui est une sorte de progressisme décapité ; tel un canard qui continue de marcher, on ne sait pas où on va mais on y va. Cela, je dirais que c'est le progrès zéro du progressisme dans lequel nous sommes aujourd'hui.

     
    Il me semble avoir lu dans un numéro du Point qui commence à dater, un aphorisme politique de Régis Debray qui m'avait semblé fort juste, ça disait globalement que le drame de la gauche, c'est qu'elle ne croit pas au péché originel ; et le drame de la droite, c'est qu'elle ne croit pas en la rédemption.