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Athéisme - Page 2

  • Une question d'éternité

    munch_rep.jpg Quand l'homme évacue la question de Dieu, se bouchant les oreilles et poussant de grands cris, il évacue une éternité pleine et entière et se retrouve seul face à l'infini de son néant.

    Il est dès lors facile de comprendre pourquoi le désir devient la seule mesure de ces hommes : contrarier un désir revient à les priver éternellement d'une possibilité, à condamner un choix et une vie à perpétuité. La contrariété lèse donc, dans cette perspective de néant,  une personne d'une mesure infinie. Voilà une pensée légitimement intolérable pour qui la  vie est un sursis : aucune morale ne fait le poids face à l'infini du néant : qui saura réparer le tort d'une possibilité déniée à jamais, quand chaque seconde d'existence vaut son pesant d'éternité ?

    Sans Dieu tout est permis, et même, tout doit être permis ; l'impossibilité est un péché contre la vie d'un poids infini. Voilà  pourquoi la société est bien embarrassée lorsqu'elle tente de poser des limites à ce qui est possible : la réalité, c'est qu'elle ne peut plus y parvenir, ayant renié tout ce qui fondait la morale et donc la justice. La société est victime de sa neutralité : tolérant la croyance également à  l'incroyance, elle ne peut faire autrement que de se plier aux dictats du plus petit dénominateur, par obligation d'égalité. Elle se contraint donc de priver celui qui a plutôt que de forcer qui n'a pas, étant entendu qu'on ne saurait priver celui qui n'a pas de quoi que ce soit.

    A cause de sa neutralité voilà donc la société forcée de supporter tous les choix, sans possibilité pour elle-même de choisir le bien commun. Mais surtout, elle se voit contrainte de supporter toutes les conséquences sociales et donc financières des libres choix individuels. Alors, dans l'impossibilité de s'attaquer au coeur du problème, la voilà elle-même contrainte d'éponger toutes sortes de symptômes à coups de milliards et de budget toujours plus enflé et déficitaire. Voici : la société paye un loyer exorbitant à cette tyrannie du libre choix, obligée à perpétuité de réduire les symptômes quand elle est impuissante à neutraliser la racine du mal.
    Contraindre la nature provoque une dépense d'énergie proportionnelle à la force de cette contrainte ; de même contraindre la nature de l'homme. Faire comme si l'homme n'était pas créé à l'image Dieu et promis à une pleine éternité, c'est comme faire du maïs une plante de régions arides. Vivre dans cette illusion a un coût absolument ruineux.

    Les civilisations ne meurent pas, elles se suicident dit-on. Le plus pathétique, c'est qu'elles se voient mourir peu à peu, à la fois pleinement conscientes et impuissantes, la volonté anesthésiée par une logique qu'elles se sont librement donné comme un lent poison.

    Lire aussi : "Quand on perd de vue l’éternité, toute souffrance semble excessive."

  • L'athée, son discours et ses pinceaux

    Il est inutile de se lancer dans de grandes fresques apologétiques pour contrer le verbe des athées militants. Il suffit, comme avec les sots, de les laisser barboter dans le jus de leur discours.

    Ainsi lors d'un débat entre Tony Blair et Christopher Hitchens, ce dernier nous explique la religion (laquelle au juste ?) avec des arguments plutôt habiles : "And over us to supervise this is installed a celestial dictatorship. A kind of divine North Korea." On pourrait traduire ainsi : "Et au dessus de nous, pour superviser tout ceci [la création et le plan de Dieu], se trouve une dictature céleste. Une sorte de Corée du Nord divine."

    Appeler ainsi à la barre la dictature la plus athée du monde pour accuser la religion (mais laquelle bon sang ?), voilà qui pose un gros problème à la charité chrétienne ; on ne tire pas sur l'ambulance, c'est dans le décalogue au onzième article. Si donc à présent les athées posent d'un coup leurs arguments très théoriques, et leur réfutation des plus pratiques, ils font là preuve d'une charité qui ne figure même pas dans l'enseignement du Christ. Cela seul ferait vaciller notre foi !

    Puisque ceci est absolument énorme d'ânerie, la seule solution intellectuellement acceptable est que les athées de notre temps ne sont point de la race des Celse et autres polémistes des premiers siècles, mais bien les apologistes les plus doués de l'histoire du christianisme. Hitchens, vous êtes sans doute un don du ciel, en tout cas le meilleur avocat de Dieu - nous ne voyons pas d'autres explications.

    Ce genre d'individu est pour nous chrétiens, finalement très reposant. Et le XX° ayant définitivement consacré l'athéisme militant comme plus grande catastrophe humaine de tous les temps, le débat s'est clôt pour ainsi dire par les oeuvres. Ca n'est même plus une question de foi.

  • Si Dieu n'existait pas

    Si Dieu n'existe pas, alors il n'y a pire condition que celle de l'homme, à qui la nature donna la conscience et l'intelligence les plus aigües des choses.

    Pour_quoi ?

    Pour rien.

    Si donc l'existant n'a pas de sens, pourquoi l'homme (plutôt pourquoi toutes ses facultés) qui ne peut s'empêcher de donner un sens aux représentations ? Donner un sens à ce qui n'en a pas : quel est ce mauvais génie qui poussa le sadisme jusqu'à infliger l'homme des instruments de sa propre torture, dont il ne saurait pas ne pas user ?
    Ce génie s'appelle hasard et nécessité, disent les uns. Mais le hasard, qui est par essence non-sens, peut-il donner ce qu"il n'a pas, c'est à dire des instruments à percevoir un sens ? Quant à la nécessité, il suffit d'observer une simple vache dans les yeux pour constater qu'elle n'est que par la force des instruments de ceux qui en nient l'utilité/finalité, et que ce même animal s'en passe admirablement. 
    C'est dire que Hasard et nécessité ne sont qu'ersatz fadasses, idoles de prosternation de ceux qui ne croient pas en Dieu mais qui rechignent à renier le sens. Ils remplacent Dieu par Hasard, rustine de toutes leurs ignorances, conséquence de leur refus d'aller au bout de leur logique. Ils ne savent pas que pour renier Dieu, il leur faut aussi renier l'humain, le trop humain.

    Voilà bien pourquoi l'athéisme pleinement assumé n'est possible, comme le dit Nietzsche, que pour le surhomme. Supporter la logique du non-sens n'est possible qu'au surhumain. A moins, justement, qu'elle ne soit simplement qu'inhumaine, car niant toutes les facultés de l'homme.

    Mieux vaudrait être simple vache vautrée dans sa bouse et ruminant à longueur de temps plutôt qu'homme debout.

  • La raison du croyant

    Je ne vois pas en quoi, tant qu'il n'a pas été formellement démontré qu'il doit absolument y avoir quelque chose plutôt que rien, il serait déraisonnable de croire en Dieu plutôt qu'au néant, tant nous avons l'expérience de ce qui est plutôt que de ce qui n'est pas.

  • L'homme et la morale

    Sans Dieu tout est permis.
    Il est très intriguant d'observer, quand l'homme nie et rejette Dieu, jusqu'où il est capable de (se) détruire. De nombreuses personnes pensent : Dieu, la religion, tout cela n'engendre que la violence et est la source de tous nos maux. Mais il s'agit évidemment de l'inverse ! Ils disent, dans un sophisme qui en dit long sur leur clairvoyance, supprimons Dieu et les religions, alors nous vivrons un paradis sur terre. Fort bien. Ignorent-ils, ces insensés, que l'homme a déjà payé très cher cette expérience ? C'était par exemple dans les années trente et quarante, dans les camps d'extermination nazis : point de Dieu (ne disait-on pas : "mais où est Dieu ?"), point de religion, donc point de morale : juste la raison utilitariste et comptable, la loi du plus fort et ses millions de morts. Le XX° siècle en réalité n'a cessé de fournir la preuve expérimentale de cette ineptie d'athées bornés : Hitler, Staline, Mao, Pol-Pot, combien de centaines de millions de morts à cause de ces gens sans Dieu, idolâtre en définitive ? Ils furent les fléaux du siècle passé, mais des bonimenteurs voudraient encore nous refiler leur vieille camelote.
    Ainsi, ces personnes qui veulent la mort de Dieu et de la religion, soit le veulent par haine du genre humain, soit sont parfaitement naïfs - ce qu'on pourrait appeler en définitive les idiots parfaitement inutiles.

    L'homme n'existe que parce qu'il est moral : la preuve, c'est que lorsqu'il mit en place le programme amoraliste de Nietzsche, il créa de sa main les plus grands cataclysmes de l'histoire; Et la morale n'existe - ou n'est justifiée - que par Dieu. C'est paradoxalement le mérite de Nietzsche que de l'avoir démontré assez magistralement. De fait, la morale n'existe pas à l'état de nature : les bestioles n'ont pas de morale, même lorsqu'elles vivent en horde, meute, troupeau ou colonie. Elles agissent simplement selon leur espèce. Si donc on est persuadé que Dieu n'existe pas, alors il faut, pour rester cohérent, nier la morale. Pour reprendre la formule lapidaire de Dostoïevski : "Tous les principes moraux en l'homme abandonnés à ses propres forces sont conventionnels."
    Voilà pourquoi même nos philosophes des "Lumières" les plus acharnés contre l'Eglise, comme Voltaire ou Rousseau, n'ont jamais pu se défaire de l'idée de Dieu - tant leurs constructions politiques  reposaient sur la nécessité de la vertu.
    Or notre Constitution est largement fondée elle-même sur ces idées. Notre société, qui rejette ostensiblement Dieu, sape donc les fondements sur lesquels elle s'est bâtie, et en toute innocence.

    L'homme n'existe que parce qu'il est moral. Sans morale et la raison livrée à elle même, il se détruit aussi sûrement qu'un arbre privé de sève.