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Des avortés et de la banalité du mal.

Ceux qui parlent de l'IVG en promotion se gardent bien de parler des avortés. Qu'ont-ils à dire sur les avortés ? Ont-ils seulement conscience qu'ils sont les agents d'un crime de masse devenu ordinaire ? En réalité ils n'en ont pas conscience. Ils sont englués dans ce que Hannah Arendt appelle la banalité du mal.
Je reprends, très paresseusement, l'article de Wikipédia à propos de cette notion :
1- Continuer à "penser" (c'est-à-dire s'interroger sur soi, sur ses actes, sur la norme) est la condition pour ne pas sombrer dans cette banalité du mal.
2- Dans un régime totalitaire, cela est rendu plus difficile par l'idéologie, la propagande et la répression.

Concernant le point numéro un, il n'est pas étonnant que les pro-IVG cherchent à taire le scandale. Rien ne doit empêcher le bon fonctionnement de la filière industrielle en place : "conseils" - médecins - déchets hospitaliers. Il faut faire en sorte que les syndiqués de cette machinerie ne réfléchissent pas à leur condition de pignon. Du moment qu'ils réfléchissent, la machine se gripperait ; c'en serait fini du trafic et du business des avortés.
Ce crime de masse est de plus facile à perpétrer car il est  parfaitement inhumain. Staline disait que la mort d'un homme est une tragédie. La mort d'un million d'hommes est une statistique. Un million est nombre très inhumain et très statistique.

Le deuxième point est insidieux ; il sous-entendrait :  puisque nous sommes en démocratie, nous sommes à peu près exemptés du point un qui n'est valable que sous un régime totalitaire.
En réalité la démocratie c'est aussi de l'idéologie, de la propagande, et de la répression. Il faudrait être d'une grande naïveté pour croire que ces attributs ne sont réservés qu'aux totalitarismes.  De fait le "continuer à penser" est sans doute plus compliqué encore  dans une démocratie, anesthésique plus puissant encore qu'un totalitarisme puisqu'elle offre le meilleur terreau au mimétisme. On nous fait croire en effet, dans un élan post-rousseauiste sans doute très romantique, que le peuple (ou la majorité) a par essence toujours raison. Il est donc très tentant de ranger sa conscience avec celle de la majorité. Voyez si vous en doutiez l'expérience de Ash.

L'IVG pose donc un problème de conscience. Et puisqu'on a mentionné Rousseau, continuons de l'invoquer : "le meilleur de tous les casuistes est la conscience; et ce n’est que quand on marchande avec elle qu’on a recours aux subtilités du raisonnement." Il existe pourtant un moyen assez simple pour reconnaître si une pratique est bonne ou mauvaise :il suffit de pointer ses contradictions.

1) La première contradiction vient de la durée légale de l'avortement - en France jusqu'à la douzième semaine de grossesse. Ailleurs la durée est autre, plus ou moins longue. Où l'on constate donc que cette durée est fixée de manière totalement arbitraire et non scientifique (pour rappel une loi scientifique est vraie aussi bien en France qu'en Chine ou en Zambie). Où l'on constate que pour le même acte, on relève ici de la sécurité sociale, là-bas des tribunaux... Cherchez la cohérence, il n'y en a plus dans nos sociétés dites civilisées. Ceci montre simplement que la loi dans nos pays démocratiques a fait du meurtre une simple variable culturelle. Elle place le meurtre au niveau des habitudes, comme dans certains pays il est d'usage de rouler à gauche, à droite ailleurs...

2) Dans la continuité de cette logique, il conviendrait donc, dans un souci rationnel, de légaliser l'abattage des nouveau-nés, c'est-à-dire redonner, comme sous la Rome antique, le droit de vie et de mort aux parents sur leur progéniture. Aussi entend-on des cris d'horreurs au gré des faits divers lorsque le peuple, toujours très émotif, apprend qu'une femme a mis à mort et congelé son bébé. Je m'oppose ici : elle ne fit que pratiquer une "IVG" tout juste avec un peu de retard - post-utéro dirons nous. Est-ce un crime d'être simplement en retard ?

Qu'est-ce qu'une pratique jugée  bonne et légale à un instant T, puis mauvaise et illégale à un instant T+1 ? Une incohérence. Je dis : ayons le courage de la logique dans laquelle nous nous sommes fourvoyés, rétablissons la cohérence et légalisons dans l'allegresse et les alleluia l'abattage des enfants.

=> contradictions spatiale et temporelle.

3)  La fausse couche est un avortement spontané de l'embryon ou du fœtus survenant avant la fin du sixième mois de grossesse.
Les mêmes experts médicaux nous expliquent que la fausse couche est toujours vécue "comme une épreuve traumatisante pour la mère comme pour le père."
Tiens ? On parle ici de père et de mère, comme si l'embryon ou le foetus étaient "enfant" - car on devient père ou mère par l'enfant - et c'est l'enfant qui fait de nous soit un père, soit une mère, non le désir d'enfant. Donc la fausse-couche est considérée, d'un point de vue médical, comme la perte d'un enfant.
Dans le cas d'une IVG, aucunement. Il s'agirait, à les entendre, d'une simple extraction de paquets de cellules, comme d'une tumeur.
Mais dans les deux cas, il s'agit de la mort ou de l'embryon, ou du foetus.
Mais dans un cas il s'agit d'une grossesse désirée, dans l'autre non.
Nous en  déduirions que la valeur de la vie d'un être humain est une notion purement subjective, puisqu'il suffit d'être désiré pour avoir de la valeur, et de n'être pas désiré pour n'en avoir aucune. Proposition inacceptable évidemment. On a payé la démonstration inverse de cette affirmation suffisamment cher au siècle dernier. Mais apparemment on n'a pas pas payé pour la leçon.

Contradiction de même sorte lorsque dans un service hospitalier des trésors d'efforts et de techniques sont mis en oeuvre pour sauver des prématurés de plus en plus prématuré, alors que dans celui d'à côté ce même trésors sert le but inverse, pour expédier la même vie de plus en plus avancée ad inquinamenta et par palettes. Où est la cohérence médicale ici ? Quelle logique suit-on ? J'exige que pour un sujet aussi grave, on rende raison des choix qui sont pris, car :
- Soit le foetus est considéré comme pleinement humain et cela justifie tous les investissements pour le sauver.
- Soit il ne l'est pas et rien de tout cela n'est justifié.
En dernier  lieu je vous laisse juge du service qui respecte le mieux la lettre et l'esprit du serment d'Hypocrate ("Je m'abstiendrai de tout mal et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. Je passerai ma vie et j'exercerai mon art dans l'innocence et la pureté.") - la réalité c'est que, vidé de sa substance par une dialectique byzantine, ce serment est devenu au fil de la "modernité" un sermon d'hypocrites.

=> contradiction médicale

4) Dans la suite logique du point trois, l'Etat, dans sa grande incohérence, permet d'inscrire l'enfant / une fausse couche dans les registres de l'état-civil ! Ceci pour permettre le fameux "travail de deuil" (le deuil est un travail, sachons le une bonne fois). Il reconnait donc comme un drame ce qu'il encourage par ailleurs ! Ce même Etat et ce même peuple qui s'indignaient il y a quelques années des conditions de stockage dans un hôptial parisien de foetus morts, invoquant la dignité comme des enfants qui s'amusent à rabâcher un mot qu'ils ne comprennent pas. Quelle société, qui se préoccupe plus de ses morts que de ses vivants !

=> contradiction civile

5) Le plus ahurissant vient du droit :
- Code civil Livre Ier : Des personnes / Titre Ier : Des droits civils / Chapitre II : Du respect du corps humain Article 16 :
La loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l'être humain dès le commencement de sa vie.

- Loi n° 75-17 du 17 janvier 1975 relative à l'interruption volontaire de la grossesse. TITRE Ier Art. 1er. -
La loi garantie le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu'en cas de nécessité et selon les conditions définies par la présente loi.

- Code de Santé Publique, article R. 4127-2 : "Le médecin, au service de l’individu et de la santé publique, exerce sa mission dans le respect de la vie humaine, de la personne et de sa dignité."
Avons nous bien lu ? Respect de la vie humaine - allons donc... C'est toujours un grand moment quand une loi énonce un grand principe philosophique ou humaniste. On sent de suite ce quelque chose qui sonne creux. Comme si on se payait de mots.

Le droit reconnait une diginité et une exigence de respect dès le commencement de la vie, reconnait implicitement que ce commencement se confond avec la conception, et les bafoue sans pudeur quelques articles plus loin. Quand on connait les conditions et les moyens utilisés pour pratiquer l'IVG, qui feraient hurler tous les membres de la SPA s'ils étaient appliqués à des animaux, je crois qu'il est aussi urgent que la loi définisse ce qu'elle entend par dignité et respect.

=> contradiction juridique.

Dans l'acte de l'IVG, nous constatons simplement que la société patauge en plein relativisme, s'empêtre en plein subjectivisme, d'où toute cette litanie d'incohérences. Ces incohérences apparaissent parce que l'IVG est basée sur un mensonge : elle se présente sous le fard outrageux de l'humanisme et de la justice, alors qu'elle est intrinsèquement inhumaine et injuste. Et ce mensonge est inévitable lorsqu'on sacrifie à la convenance au détriment de deux piliers sociaux : la justice, en obligeant des lois iniques, et la protection de la vie, en supprimant la promesse d'une nouvelle génération. La situation est tellement kafkaienne qu'il revient maintenant à une cours de justice de décréter, dans une frénésie de scolastique décadente, à qu'elle moment un être humain devient une personne ! Folie, obscurantisme. Au Moyen Age il y avait la fête des fous, mais elle ne durait qu'un jour...  Vraiment, rien de raisonnable, rien de rationnel, rien d'objectif, et il ne saurait y avoir rien d'objectif dans cette logique tant il est impossible à l'homme de donner l'instant scientifiquement exact où il devient une personne.
Pourtant point de principe de précaution dans ce domaine ; uniquement le principe tyrannique de la convenance personnelle, avatar d'un Moloch produit dans le méconium d'une société de consommateurs, à qui il faut tout sacrifier. Grande cohérence ici : la logique d'une société de consommation, c'est la destruction et la productions d'ordures... La société est incohérente lorsqu'elle se ment en n'assumant pas ce qu'elle est, se faisant passer pour autre chose. Conséquence : ce sont à présent d'obscurs petits juges déboussolés qui se mettent en tête de dire la dignité à coups de marteau.

Voilà la seule chose dont nous sommes sûrs : un embryon humain donnera un homme, non un mouton ou une poule. Il dispose donc dès le début de sa conception de toute sa potentialité d'homme. Et ne doutons pas que nous aussi depuis notre conception nous fûmes embryons, puis foetus, puis nouveau-né, sans interruption. Ne doutons pas non plus que si nous avions été interrompus, nous ne serions pas. Dès lors, puisque personne n'a jugé nécessaire que nous ne valions pas la peine d'être, le droit que nous extorquons de juger de la valeur de la vie d'autrui est exorbitant et usurpé.

Conclusion :

L'IVG n'est discutable que dans un cadre strictement médical, où la vie de la mère serait menacée par sa grossesse même. Point. Il s'agit bien de l'esprit de la loi, galvaudé par des promoteurs qui en ont fait une cause idéologique. L'IVG en tant que contraception simple est une quadruple peine et une double perversion : on punit un vivant de vivre, on punit sa génitrice, on punit la médecine en l'instrumentalisant, on punit la société en la sapant de son fondement de justice. La médecine et la loi s'en trouvent gravement peverties, métastasées.
Le mal est ainsi banalisé d'abord sous couvert de la légalité, ensuite par l'industrialisation d'un acte qui induit une division du travail donc une dilution de la responsabilité, et enfin par son échelle industrielle qui enlève tout humanité à l'acte. Qui s'émeut de 220 000 vie humaines interrompues et jetées dans les poubelles de nos hôpitaux ?

L'IVG est un écoeurement et une injustice qui se traduit par de multiples contradictions. Elles insultent la conscience et la raison de l'homme. Il existe pourtant d'autres  solutions aux problèmes des grossesses non désirées qui préservent la dignité de l'être humain. Il s'agit de se demander pourquoi elles ne sont pas proposées comme alternative - en bref : à qui profite ce crime ?

Alors il n'est pas étonnant que les fondateurs de cette pratique infernale fassent machine arrière, ou commencent de le faire. Ainsi Simone Weil :
 "L'IVG est une question éthique et pas seulement un geste médical."
" Il est de plus en plus évident scientifiquement que, dès la conception, il s'agit d'un être vivant."
 (Interview sur TV-Mag)
=> le fait même de poser la dimension éthique suffit à voir en l'IVG un problème et non une solution.
Aux Etats-Unis, Norma McCorvey, celle qui fut derrière le pseudonyme Jane Roe dans le jugement de la court suprême J.Roe v. Wade en 1973 et qui ouvrit la voix à la légalisation de l'IVG dans ce pays, est à présent une ardente militante anti-IVG.

Commentaires

  • Ben ça décoiffe !

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