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De la contingence des continents ; de l'incontinence intellectuelle qui s'ensuit

Les continents - et plus généralement toutes frontières - sont de pures conventions : leurs définitions ne reposent sur aucun critère objectif, d'où un décompte variable, de trois à sept selon les époques et la géographie. Donc, puisque le critère est subjectif, rien n'empêcherait l'Union Européenne d'intégrer un pays traditionnellement non-européen comme la Turquie.

Rien sauf la cohérence d'une subjectivité geo-historique, sémantique, et culturelle :

=> subjectivité geo-historique : la Turquie est en Asie dite Mineure. D'aussi loin que date cette science qu'on appelle géographie, la partie orientale de l'actuel détroit des Dardanelles a toujours été appelée "Asie", et son côté occidental "Europe". Si l'on parle d'Europe, c'est donc obligatoirement pour la distinguer de l'Asie - autrement on dirait : "Eurasie" (par exemple).

=> subjectivité sémantique : les pères fondateurs de l'Europe moderne, dans leur esprit, ont voulu une union "européenne", non une Union Eurasienne.
Quel insensé voudrait faire l'Europe en Asie ? Si on la construit aussi de l'autre côté du détroit, alors il faut dissoudre l'Europe, car ce serait reconnaître de fait son inexistence. Ce n'est pas là le moindre des paradoxes de ces pro-asiates qui s'auto-proclament les plus européens du monde *. Ils cherchent en réalité sa destruction ; ils nient l'Europe qu'ils adulent fanatiquement de conserve (sans savoir d'ailleurs ce qu'ils adulent - je crains qu'ils n'adulent négativement ou par défaut) : qui trop embrasse mal étreint et étouffe très sûrement.

=> subjectivité culturelle : la Turquie, avant elle l'Empire Ottoman, n'a en rien - ou de façon insignifiante - contribué à faire l'Europe moderne. Ce n'est ni un blâme, ni un sarcasme, ni une affliction , c'est un simple constat  : quels sont les peintres, sculpteurs, philosophes, écrivains, intellectuels, scientifiques ottomans ou turcs qui ont influencé et fait progresser l'Europe vers sa modernité ? Citez moi à chaud le compositeur, le philosophe, le peintre ?
Au contraire, les Ottomans ont volontairement aboli tous les référents majeurs européens : grecs, latins, et judéo-chrétiens. Ils ont suivi leur propre chemin de civilisation, c'est à leur honneur et grand bien leur fit.

Si l'on veut continuer avec cette idée d'union européenne, il faut impérativement définir des limites qui soient cohérentes avec, précisément, ce mot "Europe" et toutes ses connations.
Sinon on parle d'autre chose. Et je ne suis pas sûr qu'on réussira davantage à inculquer aux citoyens une identité eurasienne (qui pourrait tout aussi bien dans la même logique inclure l'Afrique d'ailleurs) qu'une identité bêtement européenne.

* Voilà ce que voudraient ces négateurs : ils voudraient que nous soyons "européen en général ; or il n'existe pas d'européen en général." - disait Dostoïevski (par ailleurs grand euro-sceptique). 

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