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  • Dieu, les hommes, et les maths

    Hannah Arendt est loin d'être infaillible, mais ses écrits prêtent toujours à la réflexion.

    Son livre "La crise de culture", paru la première fois en 1961, tente d'analyser les ruptures culturelles et notamment historiques dont son siècle fut témoin. Faire une recension de cet ouvrage serait une gageure ; néamoins un passage sur l'émergence de la sécularité au XVII° retient l'attention :

    "Les théoriciens politiques du XVII° (ie Hobbes, Locke, Grotius etc.) accomplirent la sécularisation en séparant la pensée politique de la théologie, et en affirmant avec instance que les commandements de la loi naturelle fournissait une base pour le corps politique même si Dieu n'existait pas. ce fut la même pensée qui fit dire à Grotius que "même Dieu ne peut faire que deux et deux ne fassent pas quatre."

    Dieu non. Les hommes oui. La grande erreur de ces penseurs aura été de postuler que l'homme est un animal rationel ; en réalité la raison s'est révélée un piètre garde-fou, car pour l'idéologie maîtresse du XIX° et du XX°, l'homme est avant tout un animal qui agit. Dès lors le moindre obstacle à l'action (comprenons désir) est jugé insupportable. Que deux et deux fassent quatre est insupportable à l'homme post-moderne. C'est une atteinte intolérable à sa liberté d'agir.

  • Les études américaines

    Une étude visant à évaluer les conséquences sur l'enfant de parents homsexuels a été réalisée par Mark Regnerus de l'Université d'Austin. Accusé par les lobbies gays américains de trucage, celui-ci a été lavé de tout soupçon par son université.

    Le compte rendu de cette étude et sa méthodologie peut être consulté sur le site du journal Social Science Research.

    Sur la base d'un échantillon de 3000 jeunes adultes, les conclusions sont les suivantes :

    Les chercheurs en science sociale travaillant sur les transitions [de structures] familiales ont jusqu'à récemment souvent noté la stabilité élevée et les bénéfices sociaux des familles composées des deux parents (hétérosexuels) vivant maritalement, contrastant avec les familles mono-parentales, les couples vivant en concubinage, les parents adoptifs, et les ex-mariés partageant la garde d'enfants ( [Brown, 2004], [Manning et al., 2004] et [McLanahan and Sandefur, 1994]). En 2002, Child Trends - une organisation de recherche non-partisane et de bonne réputation, décrivit l'importance pour le développement des enfants de pouvoir grandir "en présence de leurs deux parents biologiques" (sic, Moore et al., 2002, p. 2). Les mères non mariées, le divorce, la cohabitation et les beaux-parents étaient largement perçus comme détrimentaux dans des domaines de développement significatifs (par ex. l'éducation, les problèmes de comportements, le bien-être affectif), dus en grande partie, comparativement [au couple marié], à la fragilité et instabilité de ces types de modèle familial. 

    (...)

    Conclusion de l'étude :

    Comparées aux enfants qui grandissent dans une famille (encore) intacte avec leur père et leur mère biologiques, les conséquences sur leurs enfants de femmes qui ont admis des rapports homosexuels divergent sur nombre de points, dont beaucoup aux détriments de ceux-ci (comme l'éducation, les dépressions, l'emploi, ou l'utilisation de marijuana).

    (...)

    Tandis qu'il certainement exact d'affirmer que l'orientation sexuelle ou le comportement sexuel des parents n'empêchent pas d'être un bon et efficace parent, les données évaluées dans cette étude utilisant un large échantillon de jeunes américains représentatifs du pays suggèrent que cela a un effet sur la réalité des expériences familiales parmi un nombre conséquent.

    (...)

    Est-ce que les enfants ont besoin d 'un père et d'une mère mariés pour faire de bons adultes ? Non, si nous observons les nombreux comptes-rendus anecdotiques dont tous les américains peuvent faire l'expérience. En outre, il y a beaucoup de cas dans cette étude où une certaine population a fait montre de résilience jusqu'à l'âge adulte en dépit de nombreuses transitions, que ce soit la mort, le divorce, des partenaires amoureux additionels ou divers, ou le remarriage. Mais l'étude montre également clairement que les enfants apparaissent plus aptes à réussir leur vie d'adulte  - en de multiples exemples et domaines variés - quand ils passent toute leur enfance avec leur père et mère mariés, et spécialement quand les parents restent mariés jusqu'à ce jour. Dans la mesure ou la part des familles avec le père et la mère biologique continue de diminuer aux Etats-Unis, cela augure  de nouveaux défis dans les familles, mais également d'une augmentation de la dépendance sur les organisations de santé publique, l'assistance fédérale, l'offre de psychothérapeuthie, les programmes de désintoxications, et le système judiciaire.

  • Rousseau et l'athéisme

    Mon fils, tenez votre âme en état de désirer toujours qu’il y ait un Dieu, et vous n’en douterez jamais. Au surplus, quelque parti que vous puissiez prendre, songez que les vrais devoirs de la religion sont indépendants des institutions des hommes ; qu’un cœur juste est le vrai temple de la Divinité ; qu’en tout pays et dans toute secte, aimer Dieu par-dessus tout et son prochain comme soi-même, est le sommaire de la loi ; qu’il n’y a point de religion qui dispense des devoirs de la morale ; qu’il n’y a de vraiment essentiels que ceux-là ; que le culte intérieur est le premier de ces devoirs, et que sans la foi nulle véritable vertu n’existe.

    Fuyez ceux qui, sous prétexte d’expliquer la nature, sèment dans les cœurs des hommes de désolantes doctrines, et dont le scepticisme apparent est cent fois plus affirmatif et plus dogmatique que le ton décidé de leurs adversaires. Sous le hautain prétexte qu’eux seuls sont éclairés, vrais, de bonne foi, ils nous soumettent impérieusement à leurs décisions tranchantes, et prétendent nous donner pour les vrais principes des choses les inintelligibles systèmes qu’ils ont bâtis dans leur imagination. Du reste, renversant, détruisant, foulant aux pieds tout ce que les hommes respectent, ils ôtent aux affligés la dernière consolation de leur misère, aux puissants et aux riches le seul frein de leurs passions ; ils arrachent du fond des cœurs le remords du crime, l’espoir de la vertu, et se vantent encore d’être les bienfaiteurs du genre humain. Jamais, disent-ils, la vérité n’est nuisible aux hommes. Je le crois comme eux, et, c’est, à mon avis, une grande preuve que ce qu’ils enseignent n’est pas la vérité [1].

     

    1. Si l’athéisme ne fait pas verser le sang des hommes *, c’est moins par amour pour la paix que par indifférence pour le bien : comme que tout aille, peu importe au prétendu sage, pourvu qu’il reste en repos dans son cabinet. Ses principes ne font pas tuer les hommes, mais ils les empêchent de naître, en détruisant les mœurs qui les multiplient, en les détachant de leur espèce, en réduisant toutes leurs affections à un secret égoïsme, aussi funeste à la population qu’à la vertu. L’indifférence philosophique ressemble à la tranquillité de l’État sous le despotisme ; c’est la tranquillité de la mort : elle est plus destructive que la guerre même.
    Par les principes, la philosophie ne peut faire aucun bien que la religion ne le fasse encore mieux, et la religion en fait beaucoup que la philosophie ne saurait faire.

    Par la pratique, c’est autre chose ; mais encore faut-il examiner. Nul homme ne suit de tout point sa religion quand il en a une : cela est vrai ; la plupart n’en ont guère, et ne suivent point du tout celle qu’ils ont : cela est encore vrai ; mais enfin quelques-uns en ont une, la suivent du moins en partie ; et il est indubitable que des motifs de religion les empêchent souvent de mal faire, et obtiennent d’eux des vertus, des actions louables, qui n’auraient point eu lieu sans ces motifs.
    (...)

    Nos gouvernements modernes doivent incontestablement au christianisme leur plus solide autorité et leurs révolutions moins fréquentes ; il les a rendus eux-mêmes moins sanguinaires : cela se prouve par le fait en les comparant aux gouvernements anciens. La religion mieux connue, écartant le fanatisme, a donné plus de douceur aux mœurs chrétiennes. Ce changement n’est point l’ouvrage des lettres ; car partout où elles ont brillé, l’humanité n’en a pas été plus respectée ; les cruautés des Athéniens, des Égyptiens, des empereurs de Rome, des Chinois, en font foi. Que d’œuvres de miséricorde sont l’ouvrage de l’Évangile ! Que de restitutions, de réparations, la confession ne fait-elle point faire chez les catholiques ! Chez nous combien les approches des temps de communion n’opèrent-elles point de réconciliations et d’aumônes ! Combien le jubilé des Hébreux ne rendait-il pas les usurpateurs moins avides ! Que de misères ne prévenait-il pas ! La fraternité légale unissait toute la nation : on ne voyait pas un mendiant chez eux. On n’en voit point non plus chez les Turcs, où les fondations pieuses sont innombrables ; ils sont, par principe de religion, hospitaliers, même envers les ennemis de leur culte.

    (...)

    Philosophe, tes lois morales sont fort belles ; mais montre-m’en, de grâce, la sanction.

    Rousseau, l'Emile, vol II livre IV.

     

    * Le démenti du XX° est cruel.