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  • Le vrai scandale ou la grande illusion

    billet-dollar-300x225.jpg Une bulle spéculative nait lorsque son objet n'est plus alimenté que par lui-même, se coupant par là de toute attache à la réalité :  "Once trade trade on itself, it becomes entirely abstracted from the real economy" *.

    Il en va de même avec le plus formidable attrape-couillon mis en scène par le matérialisme consumériste : la très fameuse "magie" de Noël. Voilà sans doute le plus grand escamotage dont le Christianisme est actuellement témoin. Il s'agit, très simplement, dans le désert spirituel nécessaire à la bonne marche des affaires, d'escamoter un mystère par de la magie. Et là où le mystère vécu suffit à combler l'homme, la magie quant à elle ne sait que  prévenir le manque ontologique par l'artifice d'une possession matérielle. Ceci est  excellent pour le business, mais ne donne que l'apparence de combler.

    Le troupeau donne bien volontier dans le panneau, par une sorte de processus auto-persuasif : le cerveau et la volonté ramollis par le discours de l'individu-roi, du culte de la gloutonnerie et de la flatterie des sens, l'on est que trop heureux d'écouter et de se persuader de grands discours : "vous avez besoin de spirituel, pas de souci, on vous le vend en grande surface". Le marché dicte alors : "il faut la magie de Noël" ; le balourd obtempère. On l'illusionne, et il se laisse illusionner, de façon perfide, par le plus innocent.

    Car le marché rebaptise ainsi Noël "fête des enfants". L'enfant est en effet plus que réceptif à la "magie" de Noël, grossière tringlerie de pompe à fric. Celui-ci s'illusionne en premier, les yeux écarquillés devant ce qu'il ne voit pas être une mesquine poudre aux yeux. Cette illusion cautionne en retour, vis-à-vis des parents écervelés, la réalité de la magie de Noël - et voici les parents contaminés qui eux-même s'illusionnent à propos de l'illusion de leurs enfants, et de la machine à illusion elle-même. D'autant qu'ils sont persuadés pouvoir acheter la joie de leur enfant au supermarché : une guirlande de bonheur qui scintille dans les yeux des chérubins, on est prêt à mettre un paquet de pognon pour ça. Même si ça ne dure qu'un temps.

    Voilà comment se crée cette bulle des illusions, où l'illusion vorace finit par s'alimenter d'elle-même.

    Si on récapitule :
    - 1) L'homme a un besoin ontologique spirituel.
    - 2) Le marché ne sait que vendre par flatterie et tentation du matériel ou du sensoriel : il va donc vendre de la magie.
    - 3) Il persuade l'homme qu'il est plus avantageux et facile de croire en la magie qu'au mystère, et qu'il est à même de répondre à son besoin. En échange d'une modique somme.
    - 4) Dans ce cadre le message est martelé que Noël est la fête des enfants - par ailleurs incapables de cerner le réel de l'irréel. Ils sont de fait les premiers à se persuader de la mise en scène de cette piteuse magie.
    - 5) Les parents habitués à n'être plus que consommateurs adhèrent à ce projet et s'illusionnent par contamination, enchantés des effets de l'illusion ainsi produite sur leurs enfants. Ils deviennent agent gracieux de la mise en scène, et clients précieux de la vaste kermesse.
    - 6) Proies ferrées : les parents n'ont plus qu'une crainte : que l'illusion de son rejeton s'évanouisse, et par entraînement la leur propre. Les deux illusions se soutiennent donc par solidarité et s'alimentent d'elles-mêmes par gloutonnerie.
    Cette structure est valable pour tous les mensonges.

    Doit-on rappeler que le Christ est né, à vécu, et est mort pour l'humanité - gratuitement ? Que certains chrétiens ne voient aucun inconvénient à la commercialisation de la fête de la naissance du Christ, voilà la seule vraie magie dans cette histoire.

    Note :
    * Phillip Blond, Red Tory p46

  • Le scandale

    garcimore.jpg L'Eglise est un scandale de tous les jours. Le dernier en date, restons-assis : avoir révélé à des enfants purs et innocents que le père Noël n'existe pas, que Noël fête la naissance du Christ, point barre. En pleine messe s'il vous plaît.

    Dans le même ordre, on a vu le directeur d'une agence de pub devoir s'excuser publiquement à propos d'une de ses créations qui aurait pu jeter le doute fallacieux.

    Toujours plus stupidissime, la mémé outrée qu'on puisse parler de l'existence du père Noël en classe élémentaire : pensez donc, à l'école publique, gratuite et républicaine, douter du dogme Coca-Cola ? Et pourquoi pas remettre en cause le dogme de la capote infaillible tant qu'on y est.

    On n'a pas fini de se poiler au tribunal de la laïcité : le risque de trépasser de ridicule simplement n'existe pas. Et pourquoi tout ce cirque ? Préserver la "magie" de Noël, mon petit monsieur. Je cite mémé dans l'article : ""elle [cette affaire] se situe au niveau des guirlandes de bonheur qui scintillent dans les yeux des enfants, pour la magie des cadeaux et des instants de partage." Parents qui croient acheter la joie de leurs enfants au supermarché ; quelle misère. Mais la force de ce système de consommation, c'est de miser toujours plus gros sur la bêtise crasse du peuple et sa faculté inépuisable à s'illusionner. Un directeur d'une grande chaîne TV disait que son job se limitait à trouver du temps de cerveau disponible pour ses annonceurs ; mais l'équation est fausse dès le départ : il eût fallu le cerveau.

    Ah, fameuse magie de Noël ! Faut-il être niais décidément ; illusion d'un instant vite parti en fumée. Les cadeaux de mémé se retrouvent aussi sec sur e-bay, sans baguette magique. La vraie magie est d'avoir réussi à convaincre le troupeau de se dépouiller de son oseille pour les larges poches des marchands de rêves. Nommer le mal, c'est déjà le vaincre à moitié ; appelons donc cette technique de tonte le potterisme. Je te fais un tour de magie, tu me files tout ton fric. Et on recommence tous les ans.

    Les usines à crétins fonctionnent à plein régime. Celles-ci produisent à la chaîne des consommateurs ruminant et bousant très docilement, pour la plus grande satisfaction des marchands de rêves.

  • Une question d'éternité

    munch_rep.jpg Quand l'homme évacue la question de Dieu, se bouchant les oreilles et poussant de grands cris, il évacue une éternité pleine et entière et se retrouve seul face à l'infini de son néant.

    Il est dès lors facile de comprendre pourquoi le désir devient la seule mesure de ces hommes : contrarier un désir revient à les priver éternellement d'une possibilité, à condamner un choix et une vie à perpétuité. La contrariété lèse donc, dans cette perspective de néant,  une personne d'une mesure infinie. Voilà une pensée légitimement intolérable pour qui la  vie est un sursis : aucune morale ne fait le poids face à l'infini du néant : qui saura réparer le tort d'une possibilité déniée à jamais, quand chaque seconde d'existence vaut son pesant d'éternité ?

    Sans Dieu tout est permis, et même, tout doit être permis ; l'impossibilité est un péché contre la vie d'un poids infini. Voilà  pourquoi la société est bien embarrassée lorsqu'elle tente de poser des limites à ce qui est possible : la réalité, c'est qu'elle ne peut plus y parvenir, ayant renié tout ce qui fondait la morale et donc la justice. La société est victime de sa neutralité : tolérant la croyance également à  l'incroyance, elle ne peut faire autrement que de se plier aux dictats du plus petit dénominateur, par obligation d'égalité. Elle se contraint donc de priver celui qui a plutôt que de forcer qui n'a pas, étant entendu qu'on ne saurait priver celui qui n'a pas de quoi que ce soit.

    A cause de sa neutralité voilà donc la société forcée de supporter tous les choix, sans possibilité pour elle-même de choisir le bien commun. Mais surtout, elle se voit contrainte de supporter toutes les conséquences sociales et donc financières des libres choix individuels. Alors, dans l'impossibilité de s'attaquer au coeur du problème, la voilà elle-même contrainte d'éponger toutes sortes de symptômes à coups de milliards et de budget toujours plus enflé et déficitaire. Voici : la société paye un loyer exorbitant à cette tyrannie du libre choix, obligée à perpétuité de réduire les symptômes quand elle est impuissante à neutraliser la racine du mal.
    Contraindre la nature provoque une dépense d'énergie proportionnelle à la force de cette contrainte ; de même contraindre la nature de l'homme. Faire comme si l'homme n'était pas créé à l'image Dieu et promis à une pleine éternité, c'est comme faire du maïs une plante de régions arides. Vivre dans cette illusion a un coût absolument ruineux.

    Les civilisations ne meurent pas, elles se suicident dit-on. Le plus pathétique, c'est qu'elles se voient mourir peu à peu, à la fois pleinement conscientes et impuissantes, la volonté anesthésiée par une logique qu'elles se sont librement donné comme un lent poison.

    Lire aussi : "Quand on perd de vue l’éternité, toute souffrance semble excessive."

  • Sainte Nitouche, oubliez-nous.

    guignol&gnafron.jpg C'est bientôt Noël. La saison apporte comme de juste sa ration de frimas frigorifiants, envoyant céans ses lots de petits bigots ergotants.

    « Que le ciel au besoin l’a céans envoyé / Pour redresser à tous votre esprit fourvoyé »

    C'est en effet la saison où les bégueules laïcards se mettent en chasse de tous signes ostentatoires de religion - surtout ceux où le risque de fatwa est limité. La pudibonderie de ces zélés dévots de la loi de 1905 observe de moins en moins de bornes, même pas celle du ridicule. Mais face à ce déferlement d'inepties, surtout pas d'indignation ! La raillerie est encore la meilleure des armes : tout ce qui blesse l'amour-propre et la vanité est dans ce domaine bien plus efficace que les hoquets d'âmes révoltées. Le ridicule peut tuer * , alors n'hésitons pas un seul instant et ridiculisons ces prudes. C'est le meilleurs moyen de refroidir la déferlante ubuesque, digne du meilleur théâtre de Ionesco et Beckett.

    Réservons l'indignation là où la dignité est attaquée. Pour le reste, c'est l'arme du pauvre, des sans ressources. S'il n'y a plus beaucoup d'esprit dans ce pays laminé par les usines à crétins, il ne faut pas craindre de le ressuciter.

    Note :
    * On parle bien ici du ridicule des situations...

  • Il n'y a de dieu que Dieu

    titien_sacrifice-isaac.jpg La culture religieuse est, en Occident, aussi fantomatique que sa pratique. Aussi n'est-il pas surprenant que l'on parle avec confusion de "la" religion, au lieu qu'il n'existe réellement que des religions. Sans refaire la querelle des universaux, si la religion existe, elle ne peut être qu'en rapport avec l'étant véritable de Dieu, et non tel qu'on se l'imagine ou tel que les religions se l'imaginent. Chaque religion proposant une représentation propre de Dieu et des relations qu'il faut établir avec lui, même si l'objet est le même, les sujets diffèrent grandement. Pour autant, si Dieu existe, il y a bien, parmi les religions, obligatoirement l'une plus proche de son objet que les autres. Si toutes y prétendent évidemment, cela ne signifie pas non plus qu'aucune ne le soit. Ainsi donc, si l'on peut parler de "la" religion en tant que concept, n'existent ici-bas que les religions, c'est-à-dire les différentes traductions du concept dans le réel.

    Ce n'est toutefois pas philosophiquement par souci d'universalité que l'on glose sur "la" religion, mais pour cacher une simple ignorance. Il est bien plus aisé de parler des fantasmes que l'on se fait à propos de "la" religion, plutôt que de se prononcer sur une religion particulière au risque d'exposer son ignorance en pleine lumière.

    Ainsi par relativisme et ignorance assimile-t-on sans pudeur aucune les trois religions monothéistes. Entendons par là le judaïsme, le christianisme et l'islam. Toutes trois ne sont-elles pas filles d'Abraham ? Eh bien erreur. Le judaïsme est d'entrée de jeu une religion à part, n'ayant dans sa forme même aucune vocation universelle : cette religion est l'histoire et l'affaire d'un peuple, ou plutôt du lien entre Dieu et un peuple mystérieusement choisi.  Ce peuple doit certes être la lumière des nations, mais ce peuple seul.

    Le christianisme se situe quant à lui dans l'accomplissement d'une des raisons de cette alliance, de cette ouverture aux nations. A la fois rupture et continuité dans l'histoire de cette révélation de Dieu aux hommes, le christianisme est l'oeuvre d'un scribe avisé qui puise dans le trésor de sa tradition du neuf et de l'ancien.  Le Christ, pourrait-on dire, ne fait rien sans les prophètes, mais fait toute chose nouvelle ; ainsi continuité dans ce que le judaïsme avait de prophétique, rupture pour le reste (notamment pour une grande partie des 613 articles de la loi mosaïque, embrassés par l'unique article de la loi d'amour de Dieu et du prochain).

    Autre chose l'islam. L'islam est en rupture radicale avec l'idée même de révélation. Il est vain d'y chercher une quelconque économie de la révélation, un Dieu qui se révèle peu à peu dans l'histoire, selon les capacités de l'homme à le comprendre et à se défaire de l'idôlatrie. L'islam se veut au contraire retour intègre à la religion des patriarches, principalement Abraham. Celui-ci est la  figure du parfait musulman, contrairement au judaïsme et au christianisme qui ont subi les outrages de la corruption du message divin, voire de sa falsification. Et certes Moïse n'est pas juif autant que Jésus-Issa n'est "chrétien" ; ils sont tout deux de bons musulmans, porteur eux-aussi du Coran, mais trahis par la fourberie de leurs successeurs.

    Ces gens qui parlent de "la" religion font la même erreur, par ignorance aussi, concernant les textes sacrés. Reprenant cette idiotisme aussi pratique qu'irréel des "Gens du Livre" cher à l'islam *, ils veulent là aussi se persuader que juifs, chrétiens et musulmans partagent une tradition scripturaire d'essence identique. Il n'en est rien ; mais cela leur permet de relativiser la violence génétique de l'islam : "certes, disent-ils, il y a des sourates appelant au meurtre et au massacre, et la tradition islamique fait de Mahomet un meurtrier et un chef de guerre - mais l'on retrouve cette violence également dans la bible."
    Cette affirmation n'est vraie qu'accidentellement. En essence, elle est gravement erronnée, et ceci s'explique précisément par la problématique de la révélation dans l'islam. Dans cette religion, la révélation est exclusivement verticale : Dieu charge un de ses anges de transmettre directement sa Parole à un homme choisi, son prophète. L'ange récite verbatim le contenu de ce livre, le Coran, co-éternel, incréé, inimitable, descente de la parole divine transmise intégralement et sans corruption. Aussi bien quand une sourate incite à combattre et à tuer l'infidèle, c'est la bouche même de Dieu qui parle - non celle d'un Mahomet qui serait plus ou moins bien inspiré. Non avons aussi parlé de la non-historicité de la révélation dans l'islam : il n'y a pas d'économie de la révélation : celle-ci est transmise  du haut vers le bas, sans intermédiaire humain, sans considération pour l'histoire (avec la nuance des versets dits médinois et mécquois). Certes la révélation et la constitution du Coran se construisent dans une durée, mais le contenu lui-même est bien uchronique.

    Il n'en va pas de même dans les religions juives et chrétiennes :
    1° - la révélation est à la fois certes verticale - Dieu en prend l'initiative, mais aussi horizontale : celle-ci à cours tout au long de l'histoire du peuple juif et chrétien - la révélation est mise en mouvement pour ainsi dire par la force du temps, de l'histoire, ce que traduit bien cette expression de peuple de Dieu en pélerinage sur terre.
    2° - cette révélation est transmise non directement, mais par des hommes sous l'inspiration de Dieu (de l'Esprit-Saint). La bible est donc une collection de livres inspirés, ce qui la rend ouverte aux interprétations. Et puisqu'elle s'ouvre progressivement à la révélation, jusqu'à son  sommet et sa clé d'interprétation qui est le Christ (pour les chrétiens évidemment), puisque la bible fut écrite par des hommes de leur temps, ceci exige à chaque fois discernement et contextualisation, pour en extraire une exégèse qui ne serait pas exclusivement théologique, mais aussi historico-culturelle. Donc, lorsque Dieu commande dans l'ancien testament l'anathème sur certaines tribus ennemies d'Israël, nous pouvons y voir non l'incitation à massacrer qui n'est pas Juifs en tout temps et tout lieu, mais un évènement bien circonscrit dans l'espace et le temps, dont la signification et la portée peuvent être sujets de réflexion, et en gardant à l'esprit que la révélation n'est alors pas aboutie mais partielle et en devenir.

    Conclusion :
    Cette différence essentielle dans la révélation et son mode de transmission change tout - et fait de l'islam une religion en rupture totale avec les traditions juives et chrétiennes. Il est impossible, pour faire simple, de mettre les trois monothéismes dans le même sac. L'islam est, par rapport au judaïsme et au christianisme, une sorte d'électron libre qui, en voulant s'incruster d'autorité sur la tradition juive et chrétienne, en a modifié radicalement la structure atomique au point d'en faire un autre élément.

    Il y a des appels au meurtre dans l'Ancien testament. Il n'y en a pas dans les évangiles. Il y en a à nouveau dans le Coran. Mais si l'on garde en tête la différence essentielle de la révélation dans l'islam, on est obligé d'admettre que cette violence est de nature très différente : la cause première et les effets, tout diffèrent radicalement, ce qui fait que la violence du Coran ne peut en aucun cas être mis sur le même plan que celle de l'Ancien Testament.

    Note :
    * Juifs et chrétiens sont des gens avec des livres - et ne s'en tiennent d'ailleurs pas seulement à une seule source qui serait exclusivement scripturaire dans leurs Traditions. Cf texte constitutif de l'Eglise catholique "Dei Verbum" par ex.