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Religion - Page 10

  • Foi, science, et déraison - suite

    ecole-athene-raphael.jpg   L'insensé dit dans son coeur : "Dieu n'existe pas". Et il n'est jamais avare d'aphorismes, le décalogue des sentencieux, qui lui tient lieu de Révélation.
    Il s'en suffit, l'insuffisant.

    Ainsi nous assène-t-il sans vergogne :
    "Les religions (et il faut bien entendre : y compris et surtout la religion catholique) sont un obstacle au progrès et à la science ; elles maintiennent l'homme dans l'obscurantisme et la servitude de l'ignorant. Il faut d'ailleurs nécessairement être parfaitement athée et débarrassé de tous préjugés religieux pour faire un honnête scientifique."

    Voilà parmi les contes de fée qu'il aime tant se raconter. Il nous faut le désenchanter, combien même cela nous transperce l'âme d'avoir à le ramener dans un univers à quatre dimensions - seulement.

    La proposition de ces insensés est en effet fausse tant dans son principe matériel que formel :

    1)- Le monothéisme judéo-chrétien, en séparant de manière nette la créature de son créateur, dédivinise et désacralise l'univers : cette distinction implique l'autonomie ; l'univers peut alors devenir objet d'étude sans risque de profaner quoi que ce soit, avec pour seule limite l'éthique (l'homme est à l'image de Dieu, qui lui confie la Création). Le judéo-christianisme, avec la conviction que la Création n'est pas l'inconséquence d'un Dieu arbitraire, mais procède au contraire d'une raison supérieure, d'une Sagesse, justifie l'effort persévérant et obstiné de la recherche. Notre monde est accessible à la raison humaine ; ses lois ne changeront pas sous le caprice d'un esprit ou d'un dieu cyclothymique, sous l'arbitraire d'un panthéisme, et son étude n'est donc pas vaine. S'il est difficile d'atteindre la vérité, l'homme a toujours les facultés et capacités de s'en approcher le plus possible. Aussi cette conviction rejette-t-elle le scepticisme, le doute pyrrhonien qui paralyse la science et la recherche.

    Ce monde créé, distinct de Dieu mais portant son empreinte comme un objet d'argile celle de son potier, est pour le judéo-christianisme l'autre livre de Dieu : de même que l'étude de la Vérité révélée enseigne qui est Dieu aux hommes, de même l'étude de la Création. De même la prière, de même le savoir - l'intelligence - permet à l'homme de s'approcher de Dieu.
    Voici en essence les raisons qui font que le monothéisme judéo-chrétien, libèrant la recherche scientifique et la connaissance de toutes superstitions et de toute idolâtrie, constitua de fait un terreau unique et fertile.

    2) La nature même des textes sacrés, inspirés et non dictés, laisse une large place à l'interpétation et ne constitue pas en soi un obstacle à la science. Le christianisme développe très tôt une herméneutique basée sur les quatre sens des Écritures : littéral, allégorique, tropologique, et anagogique. "la lettre tue, l'esprit vivifie" répétait saint Ambroise au IV°. Songeons simplement à l'utilisation des paraboles, dans l'Ancien comme le Nouveau Testament : "J'ouvrirai la bouche pour dire des paraboles, je clamerai des choses cachées depuis la fondation du monde (Matthieu 13,35). Ou encore : "j'ouvre la bouche en paraboles, j'évoque du passé les mystères" (Psaumes 78,2).
    C'est ainsi que saint Augustin peut écrire :
    "S’il arrive que l’autorité des Saintes Écritures soit mise en opposition avec une raison manifeste et certaine, cela veut dire que celui qui [interprète l’Écriture] ne la comprend pas correctement. Ce n’est pas le sens de l’Écriture qui s’oppose à la vérité, mais le sens qu’il a voulu lui donner. Ce qui s’oppose à l’Écriture ce n’est pas ce qui est en elle, mais ce qu’il y a mis lui-même, croyant que cela constituait son sens» (S. Augustin, Epistula 143, n. 7; PL 33, 588)
    De reste, l'interprétation fondamentale ou littérale, là où elle n'a après discernement aucune raison d'être, n'est dans le christianisme qu'une -dangereuse- tentation. Elle ne fut, n'est et ne sera jamais un dogme dans le catholicisme.

    3) Il n'y a donc pas d'obstacle primordial à la connaissance scientifique dans le judéo-christianisme. Tous les points soulevés plus haut se retrouvent d'ailleurs comme positivés dans les Écritures :
    - Tu as tout réglé avec mesure, nombre et poids (Sagesse 11, 20).
    - Mais la Sagesse, d'où provient-elle ? où se trouve-t-elle, l'Intelligence  ? (...) Lorsque Dieu voulut donner du poids au vent, jauger les eaux avec une mesure; quand il imposa une loi à la pluie, une route aux roulements du tonnerre, alors il la vit et l'évalua, il la pénétra et même la scruta (Job 28, 20).
    - Il a disposé dans l'ordre les merveilles de sa sagesse (Siracide 42,21).
    - Le Très-Haut a donné à l'homme le savoir pour être glorifié dans ses merveilles (Siracide 38, 6).
    - Le manque de science n'est bon pour personne (Proverbes 19.2).

      Ainsi, dès les premiers siècles le christianisme a justifié l'usage de la raison dans la théologie même, et essayant d'articuler foi et raison avec harmonie. Ceci est enseigné par les pères de l'Eglise, jamais avares de polémiques contre certaines écoles philosophiques - ou certains de leurs pairs :
    - Tertullien (150-230): "Au surplus, ils [les incroyants]  sont aussi loin d'en avoir une notion raisonnable qu'ils sont loin de l'auteur même de la raison. La raison est en effet la chose de Dieu : il n'est rien que Dieu, créateur de toutes choses, n'ait réglé d'avance, n'ait disposé, n'ait ordonné rationnellement, rien qui ne doive, selon sa volonté, être traité et compris rationnellement. [De la pénitence, chp1]"
    - saint Augustin (354-430) : "Mais si vous [Consentius] avez droit de demander, à moi ou à quelque docteur que ce soit, de comprendre ce que vous croyez, exprimez-vous autrement, non pas pour refuser de croire, mais pour chercher à voir avec la lumière de la raison ce que vous tenez déjà avec la fermeté de la foi. Loin de nous la, pensée que Dieu haïsse dans l'homme ce en quoi il l'a créé supérieur aux autres animaux ! A Dieu ne plaise que la foi nous empêche de recevoir ou de demander la raison de ce que nous croyons, puisque nous ne pourrions pas croire si nous n'avions pas des âmes raisonnables ! [Lettre 120,3]
    (Nous remarquons déjà la célèbre  formule : "crede ut intelligas, intellege ut credas", prononcée dans un de ses sermons (43,9) : "Il est donc vrai sous un rapport  que l'on doit comprendre pour croire, et il est vrai aussi de dire avec le prophète, que l'on doit croire pour comprendre. Donc entendons-nous : oui, il faut comprendre pour croire et croire pour comprendre. Voulez-vous que j'explique en deux mots et qu'il n'y ait plus de contestation possible ? Je dirai à chacun : Comprends ma parole, pour croire, et crois la parole de Dieu pour comprendre."
    - On retrouve cette dialectique foi et raison dans une sorte de roman chrétien du III°, mettant en scène saint Clément et d'autres personnages comme saint Pierre ou Simon le Magicien :
    Saint Pierre : "Ne crois donc pas que nous disons que ces choses-là [l'existence des Cieux] ne doivent être reçues que par la foi ; elles doivent l'être aussi par la raison. Car en vérité il n'est point prudent que ces choses soient reçues par la foi seule sans la raison, puisque assurément la vérité ne peut être sans la raison. En conséquence, celui qui reçoit ces choses fortifiées par la raison ne peut jamais les perdre, tandis que celui qui les reçoit sans preuve, par simple assentiment, ne peut jamais être sûr de les garder, non plus qu'il peut être certain qu'elles soient vraies ; parce que celui qui croit facilement renie aussi facilement. Mais celui qui a cherché les raisons de ces choses qu'il a reçues et crues, ainsi lié par la chaîne de la raison elle-même, ne peut jamais être détaché de  ces choses qu'il croit. Et par conséquent, plus l'anxiété de demander raison est forte, plus grande la fermeté de sa foi." (Reconnaissances, pseudo-Clément, LII, chp69)
    On pourrait également citer la formule de saint Anselme (1033-1106) : "fides quarens intellectum", la foi cherchant l'intelligence, Proslogion, préambule - et, pour s'assurer que l'Eglise n'a décidément rien contre la raison, simplement relire l'oeuvre de saint Thomas d'Aquin, sans doute l'un des théologiens le plus cité par celle-ci.

    Dans son principe matériel, la religion chrétienne, dont évidemment la religion catholique, ne saurait par conséquent faire obstacle à la science ou la raison (autre chose ses modalités applicatives). La seule limite est éthique.
    Voyons la traduction formelle et parlons plus précisément de l'Eglise catholique et du savoir. Voici ce qu'écrit Henri-Irénée Marrou : "Le christianisme est une religion savante, il ne peut pas se passer d'un certain niveau de culture, de savoir, de lettres; nous l'avons vu, en Orient, civiliser les barbares, de l'Ethiopie au Caucase : il ne pouvait, sans se mettre en péril, laisser se barbariser l'Occident" (L'Eglise de l'Antiquité tardive, Points, Histoire, p241).
    Le dogme catholique en effet, dans sa volonté (et la nécessité) de donner des définitions positives, fait un large usage de notions philosophiques complexes. Que l'on songe à la définition de la divinité, Une et Trine à la fois, ou à la Christologie. L'instruction de ses clercs est donc une nécessité vitale ; avec l'effondrement des institutions classiques sous les coups des invasions barbares, l'école épiscopale apparaît dès le VI° siècle, suivie de l'école presbytérale, "de façon à pouvoir se préparer de dignes successeurs". Continuons avec Henri-Irénée Marrou : "le fait historique important à souligner est que cette école chrétienne, création besogneuse des siècles obscurs, fut pour de longs siècles la seule que connut l'Occident. D'où l'ambiguïté caractéristique que revêt au Moyen-Âge le terme de clerc : cléricus signifie tour à tour, et presque toujours à la fois, membre du clergé et homme cultivé" (op cit, p243) 
     Impossible pour l'Eglise catholique de se laisser aller à l'ignorance. Lorsqu'elle le fit parfois, elle prit très vite conscience que sa survie même était en jeu. Et puisque la fonction sacerdotale n'est pas héréditaire dans l'Eglise catholique, impossible de confisquer le savoir. L'ouverture est nécessaire pour trouver les "dignes successeurs." C'est ainsi qu'un simple berger put devenir à la fois l'homme le plus érudit de son temps, et pape.
     La Tradition, le dépôt de la foi, que l'Eglise a pour mission essentielle de transmettre, nécessite l'intelligence et le savoir. Autrement le dépôt et la transmission meurent de concert. Le savoir fut donc tour à tour entretenu par les monastères (écoles et scriptorium), puis les écoles cathédrales au XI° et XII° (Chartres, Orléans, Reims, Paris et Laon, pour citer les plus reconnues en France). Apparaissent en parallèle les universités : elles sont pure invention de l'Eglise catholique (la première à Bologne en 1080 ; en 1289 est créée la faculté de médecine de Montpellier, par une bulle du pape Nicolas V, "Quia  sapienta" ) pour former des clercs aptes à comprendre et transmettre parfaitement la foi, mais aussi pour défendre les droits de l'Eglise face aux pouvoirs séculiers : "Dieu n'a pas dit : mon nom est coutume" asséna le pape Grégoire VII. C'est une conséquence de ce qui fait une des spécificités de la religion chrétienne : la séparation du pouvoir temporel et spirituel.
    De fait, la chrétienté du Moyen-Âge, lorsque furent réglés les épisodes des invasions, eut une soif inextinguible de savoirs et de sciences ; elle fut matrice : pour preuves ces témoignages * :

    "Il y avait à Paris trente mille étudiants qui s'occupaient de l'étude des livres ecclésiastiques d'instruction (...) et aussi de savoir profane ; ils étudiaient la sagesse, c'est à dire la philosophie, la géométrie, l'arithmétique, et l'astronomie ; ils étaient continuellement occupés à écrire, et tous ces élèves recevaient du roi de l'argent pour subsister."
    Rabban Sâwmâ, 1287, ambassadeur des Mongols, en visite à Paris.

    "J'ai remarqué que les sciences véritables sont très répandues parmi les nations sous la domination desquelles et sur les terres desquelles nous vivons, bien plus qu'elles ne sont répandues en terre d'Ismaël."
    Samuel Ibn Tibbon (+ 1232), in Ma'amar Yiqqawu ham-maim.

    "Nous avons appris que, à notre époque, les sciences philosophiques connaissent une grande prospérité dans le pays des Francs, dans la région de Rome et dans les contrés voisines de la rive nord. On y assiste, dit-on, au renouvellement des sciences, qui sont enseignées dans de nombreux cours, font l'objet de traités systématiques, comptent de nombreux connaisseurs et attirent de nombreux étudiants."
    Ibn Khaldun (1332-1406), in Muqaddina

    De fait, la vocation d'éducation et d'enseignement de l'Eglise catholique n'est pas compliquée à démontrer : que l'on songe aux ordres salesiens, oratoriens, jésuites, assomptionistes etc. Qui instruisit Voltaire et les philosophes des "Lumières" ? Qui croit encore aux générations spontanées ? 

    Rien de plus grotesque donc que d'affirmer que l'Église catholique s'oppose par essence et structurellement à la science, au savoir et  la raison. C'est grossièrement faux et exactement l'inverse : la dette de l'Occident concernant son patrimoine scientique envers le christianisme et l'Église catholique est simplement exorbitante.
    Rien, dans cette religion, n'est un obstacle à la science : nature divine, Écritures Saintes, herméneutique, tout, en essence, la favorise. Aussi bien, si l'on trouva dans l'histoire pluri-millénaires de l'Église des hommes opposés à la science et à la raison, ce fut toujours accidentel et ponctuel.

    * Rémi Brague, "Au moyen du Moyen-Âge", édition Champs essai, p72-73

  • Foi, science, et déraison.

    galilee-vincenzo-viviani.jpg  On reprochera à l'Eglise catholique, sans doute éternellement, le procès Galilée. C'est plutôt, après réflexion, un bon signe. Et cela est très peu de chose comparé aux incessants procès d'intentions intentés à l'Eglise catholique.

    Parmi les innombrables notons, blasés, la déclaration du scientifique Stephen Hawkin dans son livre "Une brève histoire du temps" :
    "[Le Pape Jean-Paul II rappela que] nous avons raison d'étudier l'évolution de l'univers depuis le Big Bang , mais nous ne devrions pas explorer le Big Bang car il s'agit de l'instant de la Création et donc l'oeuvre de Dieu".

    Chacun jugera : il se trouve que le discours de Jean-Paul II à l'Académie des sciences, auquel fait référence Hawking, est disponible sur le site du Vatican. Il se trouve aussi qu'il n'y a nulle part cette assertion. Il se trouve par surcroît qu'aucun autre scientifique invité ne releva cette énormité. Il se trouve enfin qu'elle serait en contradiction avec le discours même que tint Jean-Paul II ce jour-là :

    "La cosmogonie et la cosmologie ont toujours suscité un grand intérêt chez les peuples et dans les religions. La Bible elle-même nous parle de l’origine de l’univers et de sa constitution, non pas pour nous fournir un traité scientifique mais pour préciser les justes rapports de l’homme avec-Dieu et avec l’univers. L’Écriture Sainte veut simplement déclarer que le monde a été créé par Dieu, et pour enseigner cette vérité elle s’exprime avec les termes de la cosmologie en usage au temps de celui qui écrit. Le livre sacré veut en outre faire savoir aux hommes que le monde n’a pas été créé comme siège des dieux, comme l’enseignaient d’autres cosmogonies et cosmologies, mais qu’il a été créé au service de l’homme et à la gloire de Dieu. Tout autre enseignement sur l’origine et la constitution de l’univers est étranger aux intentions de la Bible: celle-ci ne veut pas enseigner comment a été fait le ciel, mais comment on va au ciel.*"


     En revanche, Jean-Paul II ajoute ceci :
    "Toute hypothèse scientifique sur l’origine du monde, comme celle d’un atome primitif d’où dériverait l’ensemble de l’univers physique, laisse ouvert le problème concernant le commencement de l’univers. La science ne peut par elle-même résoudre une telle question: il y faut ce savoir de l’homme qui s’élève au-dessus de la physique et de l’astrophysique et que l’on appelle la métaphysique; il y faut surtout le savoir qui vient de la révélation de Dieu."

    Et il continue ainsi :
    "J'ai une ferme confiance dans la communauté scientifique mondiale, et d’une manière toute particulière dans l’Académie pontificale des Sciences, certain que grâce à elles les progrès et les recherches biologiques, comme du reste toute autre recherche scientifique et son application technologique, s’accompliront dans le plein respect des normes morales, en sauvegardant la dignité des hommes, leur liberté et leur égalité. Il est nécessaire que la science soit toujours accompagnée et contrôlée par la sagesse qui appartient au patrimoine spirituel permanent de l’humanité et qui s’inspire du dessein de Dieu inscrit dans la création avant d’être ensuite annoncé par sa Parole."

    Stephen Hawking est un brillant scientifique, à n'en pas douter. Il cherche donc, comme tout scientifique, quelque chose comme une consécration, une empreinte historique. Hawking écrit qu'il se sent une identité très proche avec Galilée : il ne rêva sans doute que d'une chose : finir comme lui au tribunal inquisitionel, le panthéon des fantasmes, et qu'ainsi il eut gravé sa statue de marbre pour l'éternité.
    Il ne pardonnera probablement jamais à l'Eglise de ne pas lui avoir fait subir le même sort - il ne lui reste donc plus qu'à prendre ses désirs pour la réalité.

    Cette sortie d'Hawking fut évidemment reprise à réplétion, et jusqu'à indigestion sonore, par toutes sortes de trompettes mal embouchées : ainsi sur un site dédié à Stephen Hawking, on peut y lire : "En posant sa théorie, comme tous les cosmologistes Hawking se met en porte-à-faux avec le dogme et la religion chrétienne."

    Comme l'abbé Georges Lemaître, l'inventeur de ce qui sera appelé la théorie du Big-Bang ? D'où vient cette chimère que l'Eglise catholique serait hostile aux sciences, alors qu'en réalité l'Occident lui doit tout (qu'on songe seulement ici aux travaux des Jésuites) ? Il n'y a guère que les ignorants ou les malveillants pour affirmer de telles balivernes : qu'il suffise pourtant de regarder objectivement l'histoire de la science. N'y a t-til donc même pas la crainte du ridicule lorsque quelque bouffon morose s'échine à éreinter l'Eglise dans ce domaine ? Il croit donner le bâton; c'est seulement pour se faire battre.

    * DISCOURS DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II Á L'ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES Samedi, 3 octobre 1981.
    ( «Spiritui Sancto mentem fuisse nos docere quomodo ad coelum eatur, non quomodo coelum gradiatur», mot attribué à Baronius.)

     Note : paragraphe 159 du Catéchisme de l'Eglise Catholique :
    Foi et science. " Bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de vrai désaccord entre elles. Puisque le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi a fait descendre dans l’esprit humain la lumière de la raison, Dieu ne pourrait se nier lui-même ni le vrai contredire jamais le vrai " (Cc. Vatican I : DS 3017). " C’est pourquoi la recherche méthodique, dans tous les domaines du savoir, si elle est menée d’une manière vraiment scientifique et si elle suit les normes de la morale, ne sera jamais réellement opposée à la foi : les réalités profanes et celles de la foi trouvent leur origine dans le même Dieu. Bien plus, celui qui s’efforce, avec persévérance et humilité, de pénétrer les secrets des choses, celui-là, même s’il n’en a pas conscience, est comme conduit par la main de Dieu, qui soutient tous les êtres et les fait ce qu’ils sont " (GS 36, § 2).

  • Djihad, Croisade, Saucissonnade

    carnaval-remiremont-230789.jpgQuelques mots sur cette action d'Agit-Prop invincible : on ne neutralise pas l'islam en s'en prenant aux musulmans. Cette stratégie est perdue d'avance, car ici l'homme ne triomphera point par la force.

    On neutralisera l'islam en premier lieu avec les armes de l'intelligence, la science et la raison.  Archéologie, analyses contextuelles, co-textuelles, inter-textuelles (à savoir les rapports du Coran avec la Bible hébraïque, le Talmud, l'évangile, les écrits gnostiques ou messianistes) ; sans oublier les autres disciplines comme la philologie, la linguistique, la rhétorique etc.

    Bref, tout ce par quoi les textes sacrés du christianisme furent passés au crible, à leur plus grand profit en définitive, il est probable que l'islam n'y résiste point, et que, détricoté de la sorte, il ne révèle plus que sa nudité.  Si le Coran accuse les autres de recouvrir et de falsifier, tout laisse à penser, à mesure que s'accroissent nos connaissances, que le vrai recouvreur et le faux-monnayeur, c'est lui - et voilà bien l'une des raisons* de sa détestation de l'Occident raisonnable. Quiconque dissimule hait la lumière.

    Et plus le mensonge sera patent, plus il se déchaînera en violence ; l'islam est un mensonge sous assistance respiratoire depuis sa fondation, et le mensonge ne combat la lumière que par un autre mensonge, ou bien par la violence et la coercition. Voilà son principe de survie, d'autant plus excessif ici que nul ne se résout à mourir de soif. A moins, en second lieu, que ne soit proposée une parole d'eau vive.

    C'est pourquoi l'Occident, en se dépossédant du christianisme qui l'a engendré, se prépare une détonation comme elle n'en a pas entendu depuis longtemps. Car autant les musulmans en Islam peuvent être tenu à l'écart du discours raisonnable et scientifique, autant les musulmans en Occident ne pourront pas faire autrement que d'y être confrontés - et autant les musulmans, où qu'ils se trouvent, ne sont pas prêts à accepter le système de non-valeurs occidentales : c'est-à-dire qu'il va falloir proposer autre chose que du néant et de l'absurde si l'on veut que le choc de la vérité ne soit pas un séisme. Les musulmans n'échangeront pas leur baril d'erreur pour deux barils de contre-vérités.

    "Lorsque vient le vrai, le faux périt, car le faux est périssable." Mahmoud Hussein, Al-Sira.

    * Il s'agit d'une double détestation : d'une part détestation des non-valeurs occidentales (ou de l'anthropologie occidentale), qui sont mensonges, et de l'autre détestation de l'épistémologie occidentale qui menace le mensonge "islam". Il s'agit de se préserver d'un mensonge et de préserver un mensonge.
    L'occidental quant à lui tient simplement à préserver son mensonge anthropologique : il sait parfaitement que la plus grande menace vient du christianisme, d'où son obstination à le détruire, quoiqu'il en coutât même de ridicule, elle plus que les autres religions. Dans sa rage, il ne voit même pas qu'il s'affaiblit, se faisant, lui-même.

  • Dialogue byzantin

    Il est beaucoup question, avec la visite du pape à Chypre, de dialogue avec l'islam. Mais il n'y a pas de dialogue possible avec l'islam, même s'il est souhaitable et nécessaire avec l'Islam. Prenons la querelle byzantine du discours de Ratisbonne : cette citation de Manuel II Paléologue (1350-1425), l'empereur Byzantin, n'a toujours pas été digérée six siècles plus tard :
    «Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu ne trouveras que des choses mauvaises et inhumaines, telles que son ordre de répandre par l'épée la foi qu'il prêchait.»
    On a bien tort de se focaliser sur cette abrupte demande. Il serait beaucoup plus intéressant de s'interroger sur la façon dont ce savant perse lui a répondu.

    Eh bien réjouissons-nous : si nous n'avons pas la réponse de ce savant perse, nous avons la lettre ouverte de trente-huit (cent ?) intellectuels musulmans * en réponse au discours de Ratisbonne, et, avec un peu de retard, au Paléologue.

    manuel_II.gifA la question : "Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau", ces lettrés répondent : "rien", selon le dogme du Coran incréé, livre mère descendu sur les prophètes successifs (Noë, Abraham, Moïse, Jésus etc.), et que des impies juifs et chrétiens auraient sournoisement falsifié (thème du "tahrif" dans l'islam, à partir du X° siècle).
    A quoi donc sert leur prophète, s'il n'annonce rien de nouveau que ce qui fut dit avant lui ? Ils répondront vraisemblablement : à rétablir le vrai Coran, unique, incréé et inimitable, contre le message truqué de la Torah et des évangiles. Voilà qui pose d'emblée de sérieuses limites au fameux dialogue.

    A l'affirmation "tu ne trouveras que des choses mauvaises", ils répondent par un hadith, c'est-à-dire une loggia de leur prophète :
    "Le Prophète Muhammad (ç.) a dit : « Aucun d’entre vous n’est croyant tant que vous n’aimerez pas pour votre frère ce que aimez pour vous-mêmes. » (Sahih Al-Bukhari, Kitab al-Iman, Hadith no.13)
    Et aussi : « Aucun d’entre vous n’est croyant tant que vous n’aimerez pas pour votre prochain ce que vous aimez pour vous-mêmes. » (Sahih Muslim, Kitab al-Iman, 67-1, Hadith no.45).

    Dont acte. L'islam préconise donc l'amour du prochain, même si en cherchant ce mot "amour" dans le Coran, les doigts d'une seule main seraient déjà de trop. Vrai : pourquoi citent-ils une Hadith ? Le Coran n'a-t-il rien à dire sur l'amour du prochain ? Ou serait-ce que le Coran n'aime que les soumis ?

    Au juste, qu'entend leur prophète par "prochain" ? S'agit-il du frère [musulman], ou de l'humanité ?
    S'il s'agit du frère, Jésus a déjà la réponse pour Mahomet :
    Mt 5:46- "Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n'en font-il pas autant ? 
    - Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant ?"

    A la question : "mais qui est mon prochain ?", Jésus répond par la parabole du bon Samaritain. Ton prochain, commande-t-il, c'est l'humanité tout entière. Tu as donc l'obligation d'aimer non seulement ton frère, mais ton ennemi : ton ennemi est ton frère."
    Mt 5:43- " Vous avez entendu qu'il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. 
    - Eh bien ! moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes."

    Or si Mahomet entendait "humanité" par frère, il avait une façon de l'aimer pour le moins curieuse, lui qui, selon la tradition, pillait et trucidait sans vergogne, en bon bédouin. Musulman, qui est ton prochain ? Si c'est l'humanité, pourquoi la persécutes-tu ?

    Ces intellectuels disent encore : "ll est clair que les deux plus grands commandements représentent un terrain d’entente, ainsi qu’un lien entre le Coran, la Torah et le Nouveau Testament."
    Non messieurs, c'est un terrain de discorde puisque vous dites péremtoirement : la Torah et l'Evangile, "ils" l'ont falsifiés et seul le Coran est intègre. Ainsi le prophète commande d'aimer son prochain (?) et le Coran de l'occire. En vérité, vous êtes des hypocrites de bonne volonté. Votre exégèse pour les insoumis n'est pas la même que celle du musulman : c'est une exégèse selon la technique de l'anaglyphe : un islam lu au travers d'un filtre rouge, pour les soumis, un autre lu au travers d'un filtre bleu, pour les insoumis.

    L'islam n'apporte rien, il retranche. Il nous fait régresser en religion et en révélation jusqu'aux patriarches et leur loi du talion. Et lorsque ces intellectuels concluent avec aplomb :
    "En  tant que musulmans, et par obéissance au Coran, nous demandons aux chrétiens de s’accorder avec nous sur ce que nos deux religions ont essentiellement en commun : … à savoir de n’adorer que Dieu Seul, de ne rien Lui associer ** et de ne pas nous prendre les uns les autres pour des maîtres en-dehors de Dieu. (Aal ‘Imran, 3:64)."
    - ils n'exigent rien moins des chrétiens qu'ils renoncent à Jésus Christ le Fils de Dieu, et qu'ils disent : "Il n'y a de Dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète."
    Non possumus :
    Votre dialogue, c'est notre soumission. Vous embrouillez par amalgames sémantiques : l'écorce des mots est la même, leur essence radicalement différente. Ainsi votre prochain n'est pas le prochain, votre Issa n'est pas Jésus, votre Evangile n'est pas l'Evangile et votre Dieu n'est pas davantage le Dieu des chrétiens. 

     * CW-Total-Final-French.pdf
    ** Dans le Coran les associateurs sont tour à tour les idolâtres (si tant est qu'il en existât encore du temps de Mahomet) et les chrétiens, ces derniers associant à Dieu son Fils et, apparemment, sa mère Marie (peut-être un avatar des conflits mariologiques des V° siècles - Marie Théotokos, Mère de Dieu ?)
    cf Sourate 5 :
    72. Ce sont, certes, des mécréants ceux qui disent : "En vérité, Dieu c'est le Messie, fils de Marie." Alors que le Messie a dit : "Ô enfants d'Israël, adorez Dieu, mon Seigneur et votre Seigneur". Quiconque associe à Dieu (d'autres divinités) Dieu lui interdit le Paradis; et son refuge sera le Feu. Et pour les injustes, pas de secoureurs !
    73. Ce sont certes des mécréants, ceux qui disent : "En vérité, Dieu est le troisième de trois." Alors qu'il n'y a de divinité qu'Une Divinité Unique ! Et s'ils ne cessent de le dire, certes, un châtiment douloureux touchera les mécréants d'entre eux.
    116. (Rappelle-leur) le moment où Dieu dira : "Ô Jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux gens : "Prenez-moi, ainsi que ma mère, pour deux divinités en dehors de Dieu ?" Il dira : "Gloire et pureté à Toi ! Il ne m'appartient pas de déclarer ce que je n'ai pas le droit de dire ! Si je l'avais dit, Tu l'aurais su, certes. Tu sais ce qu'il y a en moi, et je ne sais pas ce qu'il y a en Toi. Tu es, en vérité, le grand connaisseur de tout ce qui est inconnu.
    117. Je ne leur ai dit que ce Tu m'avais commandé, (à savoir) : "Adorez Dieu, mon Seigneur et votre Seigneur". Et je fus témoin contre eux aussi longtemps que je fus parmi eux. Puis quand Tu m'as rappelé, c'est Toi qui fus leur observateur attentif. Et Tu es témoin de toute chose. "

  • Biblesque

    L'histoire de Joseph Fadelle est proprement biblesque : c'est l'histoire du fils de Jacob, à peine revisitée. A la différence pourtant que ce musulman converti au catholicisme est vendu non seulement par ses frères, mais aussi par son propre père.

    Lui, le fils chéri, le petit dernier, l'héritier, celui qui, pour éviter les champs de batailles de la guerre Iran-Irak, ira se planquer dans une caserne de l'arrière, risquera sa peau pour une messe.

    Le prix à payer fut de tout quitter : parents, amis, terre, héritage, nom. Comme Abraham, son compatriote lointain, répondit un jour à l'appel de Dieu : "quitte - va - je te ferai".
    Et comment ne pas entendre en écho :
    "Je suis venu opposer l'homme à son père, la fille à sa mère et la bru à sa belle-mère : 
    - on aura pour ennemis les gens de sa famille. 
    - Qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi. Qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi. 
    - Qui ne prend pas sa croix et ne suit pas derrière moi n'est pas digne de moi. 
    - Qui aura trouvé sa vie la perdra et qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera."

    Voilà bien en cet homme la mesure de la foi, à qui la comparer : et nous sommes honteux et piteux. Et nous nous découvrons humiliés une foi de rentier.

    Voici une autre leçon :
    Dis : "Ô gens de la récitation, vous qui nous accusez d'avoir falsifié les Écritures, vous qui nous confessez, sur la foi d'un pilleur de caravane, que Dieu lui fit descendre une récitation : as-tu le Coran ? L'as-tu vraiment lu, et non récité ?"
    Dis : "Dois-je réciter votre récitation comme une contine d'enfants ? Comme des écoliers récitent les fables ou les maximes ?"
    Et dis : "Ne nous enseignent-ils pas au moins, les moralistes, une morale ?"