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Révolution culturelle
Sous la condition que les Tories restent suffisamment longtemps au pouvoir, on verra probablement en Grande-Bretagne une sorte de révolution culturelle dont on a pas ici la moindre idée. Il est clair dès à présent que David Cameron et son parti puisent une bonne part de leur inspiration chez Phillip Blond, dont le livre "Red Tory" peut fournir une clé de compréhension pour ce qui se produira là-bas :
"Nous assistons au désastre du libéralisme économique et culturel. Nous avons besoins d'une alternative."
"Le Torisme Rouge combinera l'équité économique avec le conservatisme social. Il appelle à la fin des monopoles de l'Etat et du marché. Il veut renforcer les économies et communautés locales, mettre fin à la culture de l'assistanat, à l'économie de dépossession, redistribuer le fardeau fiscal et restaurer la famille en tant que source de la stabilité sociale."
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L'excentrique albion
Edito stupéfiant du blog de Peter Oborne, directeur du service politique du Daily Telegraph :
Extraits :
"S'adressant à l'association Relate, Mr Duncan Smith [actuel ministre du Travail et des Pensions, NDT] se lança dans une vigoureuse apologie du mariage, soulignant qu'aucun ministre n'avait jamais osé s'y pencher depuis l'initiative moquée et malheureuse de John Major "Back to Basics" (Retour aux Fondamentaux). Il énonça un fait simple et connu de tout le monde, mais que peu en dehors de quelques groupes de réflexion (et ce journal - le Daily Telegraph) avaient osé exprimer clairement : qu'il y a un lien puissant entre l'augmentation des crimes et de la pauvreté, et l'effondrement du mariage en tant qu'institution. "Les familles mono-parentales", indique courageusement Mr Duncan, "ont deux fois plus de chance qu'une famille unie de se trouver sous le seuil de pauvreté." Plus dérangeant, il révéla aussi que les enfants de foyers brisés sont neuf fois plus susceptibles de s'orienter sur une voie criminelle.
Ces faits, sans lesquels il serait vain de vouloir comprendre les problèmes de société infligés à la Grande-Bretagne actuelle, étaient considérés comme hérétique sous les Travaillistes, et par conséquent évacués. De fait, Mr Duncan Smith révéla dans un aparté des plus saisissants que les ministres travaillistes avaient délibérément supprimé toute référence au mariage des formulaires officiels, l'abolissant effectivement officiellement.
Malheureusement, son discours ne contenait pas de propositions concrètes pour réaffirmer l'institution du mariage. Tout de même, ce serait une erreur de sous-estimer sa signification. Si cette remarque avait été formulée ne serait-ce qu'il y a un an ou deux, cela aurait provoqué une émeute : mr Duncan Smith aurait été accusé de bigoterie et de stigmatiser les mères esseulées. Mais son discours ne s'attira ni contradiction sérieuse, ni même la critique."
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Pour paraphraser un disciple taquin : "De Grande-Bretagne, peut-il sortir quelque chose de bon ?" En cuisine certainement pas. Mais sur des sujets de société, tout espoir n'est peut-être pas perdu.
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La gai savoir II
Benoît XVI, Saint-Jacques de Compostelle, 06-11-2010 :
« Il est nécessaire que Dieu recommence à carillonner joyeusement sous le ciel de l'Europe »Puisqu'on vous dit et qu'on vous rabâche que le christianisme est un gai savoir ! Si vous n'en êtes pas convaincus : tolle, lege ! Prends et lis ! Ne serait-ce qu'une page, au hasard*.
Benoît XVI critique les philosophes du XIX° qui ont vu en Dieu un ennemi de l'homme ; il faut pourtant leur concéder que le catholicisme doloriste et austère de l'époque, adepte d'une morale d'obligation suffocante, n'a pas aidé ces philosophes à y voir très clair. Mais d'un fils de pasteur, on est en droit d'attendre un peu plus de discernement.
Note :
* Entendu que le hasard n'a aucune réalité ontologique. Expression consacrée. -
Banalité de l'orthogénie
Dans le meilleur des mondes, voici qu'on invente l'orthogénie, et le service correspondant dans les hôpitaux. Il y a donc des savants qui jugent de la droiture de vos gènes comme il y avait des théologiens qui vous jugeaient sur la droiture de votre foi. Etant entendu que si vos gènes ne correspondent pas aux dogmes médicaux du moment, vous êtes éxecutés sans possibilité de relapse.
Extraits d'un article de 20 minutes :
INTERVIEW - Caroline de Haas, porte-parole de Osez le féminisme, fait le point sur la situation en France, à la veille d'une manifestation nationale...
- Quel est l’Etat des lieux concernant l’IVG en France?
La loi en tant que telle est acquise. Le droit est acquis,* mais son application pose problème.**- Pourquoi?
L’acte est trop peu valorisé financièrement. En mars 2010, la ministre de la Santé Roselyne Bachelot a promis une revalorisation de 50% du montant du forfait, actuellement fixé à 300 euros. Mais, alors que cette revalorisation devait intervenir au 1er juillet 2010, elle n’est toujours pas entrée en vigueur. Du coup, dans un contexte de rentabilité introduit par la réforme de l’hôpital, les services d’orthogénie, déficitaires, ferment les uns après les autres.***- Vous êtes inquiète?
Oui, car de plus en plus de femmes sont en difficulté. En plus, ce sujet n’est pas si facile à aborder. Car on a le sentiment qu’il reste un tabou autour de l’IVG, un fond de culpabilité.**** Or, c’est un événement fréquent dans la vie d’une femme, même avec une contraception. Avec une moyenne de 400 cycles, il est normal qu’il y ait quelques ratés. Or, quand une femme est enceinte et qu’elle ne l’a pas voulu, il est normal qu’elle ait la possibilité de choisir.*****Il vous prend d'un coup comme une nausée. Un telle haine féroce de la vie : l'embryon et le foetus sont de simples ratés, une banalité donc. Mais enfin, tout le travail d'Hanna Arendt est-il donc vain ? Faut-il faire comme s'il n'avait jamais existé ?
Extraits : Banalité du mal et absence de pensée, in La vie de l’esprit, PUF. Introduction pp.21-23
"Les actes étaient monstrueux, mais le responsable - tout au moins le responsable hautement efficace qu'on jugeait alors - était tout à fait ordinaire, comme tout le monde, ni démoniaque ni monstrueux. Il n'y avait en lui trace ni de convictions idéologiques solides, ni de motivations spécifiquement malignes, et la seule caractéristique notable qu'on décelait dans sa conduite, passée ou bien manifeste au cours du procès et au long des interrogatoires qui l'avaient précédé, était de nature entièrement négative : ce n'était pas de la stupidité, mais un manque de pensée. Dans le cadre du tribunal israélien et de la procédure carcérale, il se comportait aussi bien qu'il l'avait fait sous le régime nazi mais, en présence de situations où manquait ce genre de routine, il était désemparé, et son langage bourré de clichés produisait à la barre, comme visiblement autrefois, pendant sa carrière officielle, une sorte de comédie macabre. Clichés, phrases toute faites, codes d'expression standardisés et conventionnels ont pour fonction reconnue, socialement, de protéger de la réalité, c'est-à-dire des sollicitations que faits et événements imposent à l'attention, de par leur existence même. On serait vite épuisé à céder sans cesse à ces sollicitations ; la seule différence entre Eichmann et le reste de l'humanité est que, de toute évidence, il les ignorait totalement.
C'est cette absence de pensée - tellement courante dans la vie de tous les jours où l'on a à peine le temps et pas davantage l'envie, de s'arrêter pour réfléchir - qui éveilla mon intérêt."Deux femmes, deux dimensions intellectuelles opposées. L'une visiblement est outillée pour penser, l'autre ne serait sans doute pas ressortie indemne de son tribunal de l'orthogénie.
Note :
* l'IVG n'est pas un droit : c'est une dérogation à la loi. Cf Loi n° 75-17 du 17 janvier 1975 relative à l'interruption volontaire de la grossesse. TITRE Ier Art. 1er
** Avec 200 000 IVG en France par an, il y a en effet un problème.
*** Avec la revalorisation du forfait, la rentabilité n'est pas prête de s'améliorer... Mauvais pour le business, toute la filière est en danger.
**** le vieux fonds judéo-chrétien sans doute...
***** Pourquoi la société devrait assumer financièrement sa possibilité de choisir ? A-t-elle le droit de choisir pour un autre (l'enfant à naître), qui lui n'a rien choisi du tout ? A-t-on le droit de compromettre un tiers dans ces choix ?