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Religion - Page 4

  • Jésuitismes

    Le dernier rapport du Synode sur la famille comporte certaines formulations qui laissent perplexe.

    - Par exemple, le paragraphe 14 comporte le fameux passage de l'Evangile de Matthieu sur le mariage et le divorce (Mt 19,8 - cf aussi Mc 10,1)) ; voici pour rappel le passage complet - en rouge le passage cité.

    Des Pharisiens s'approchèrent de lui et lui dirent, pour le mettre à l'épreuve : " Est-il permis de répudier sa femme pour n'importe quel motif ? "
    Il répondit : " N'avez-vous pas lu que le Créateur, dès l'origine, les fit homme et femme,
    et qu'il a dit : Ainsi donc l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux ne feront qu'une seule chair ?
    Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Eh bien ! ce que Dieu a uni, l'homme ne doit point le séparer. " -
    " Pourquoi donc, lui disent-ils, Moïse a-t-il prescrit de donner un acte de divorce quand on répudie ? " -
    " C'est, leur dit-il, en raison de votre dureté de cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais dès l'origine il n'en fut pas ainsi.
    Or je vous le dis : quiconque répudie sa femme - pas pour " prostitution " - et en épouse une autre, commet un adultère. "

    Curieux, n'est-il pas, d'avoir omis la finale ? Il est vrai que, tout comme des Pères synodaux, certains apôtres s'en offusquèrent : 
    "Si telle est la condition de l'homme envers la femme, il n'est pas expédient de se marier. "
    Quelques uns s'obstinent donc, à cause de la mollesse de leur cœur, à ne pas comprendre le langage de Jésus...

    - Autre exemple, le flou artistique du paragraphe 17 qui établit des liens entre le concept de "gradualité du plan salvifique divin", des situations d'échec dans le mariage, et des autres formes "de réalités nuptiales".

    Il semble qu'ici le synode soit en plein travail de compromis Troetschien, où par le moyen d'une casuistique particulièrement fumeuse, on tenterait de mettre dans le même sac l'échec d'un mariage chrétien comme une variante des ces autres réalités nuptiales, qui seraient autant de "semina Verbi" :

    §20 "Un discernement spirituel étant donc nécessaire en ce qui concerne les cohabitations et les mariages civils ainsi que pour ce qui est des divorcés « remariés », il appartient à l'Église de reconnaître ces semina Verbi répandus hors des frontières visibles et sacramentelles. "

    Et hop ! Technique du nid de coucou, et procédé parlementaire bien connu qui vise à glisser une disposition ou un amendement dans un projet de loi qui n'absolument rien à voir. La situation des divorcés -remariés n'a rien à voir avec les situation de mariage civil ou de simple cohabitation ; il y a pour le coup ici un amalgame des plus malhonnêtes.

    Rappelons tout de même que ce concept de "gradualité", à savoir qu'une personne découvre graduellement ce qu'un commandement ou loi possède de perfection, mentionnée par Jean-Paul II dans l'exhortation Familias Consortio, §34 notamment, possède un sérieux avertissement :
    "C'est pourquoi ce qu'on appelle la "loi de gradualité" ou voie graduelle ne peut s'identifier à la "gradualité de la loi", comme s'il y avait, dans la loi divine, des degrés et des formes de préceptes différents selon les personnes et les situations diverses."
    Il nous semble que la parole du Christ en Mt 19 rappelle sans ambiguïté cette loi divine. Et il nous semble que ce rapport est ici également très éloquent par ses silences.

    - Le §48 possède une perle magnifique : "Suggérer de se limiter uniquement à la “communion spirituelle” pour un nombre non négligeable de Pères synodaux pose des questions." On relève avec admiration cette litote du "nombre non négligeable" ! Sérieusement, à partir de combien un nombre devient non-négligeable ?

    Conclusion :

    Mise à part ces réserves qui traduisent un <euphémisme>embarras</euphémisme> très réel du synode, (cf la prise très nette de distance de certains Pères du Synode vis-à-vis de ce document, qui n'hésitent pas à le qualifier de biaisé) et à mon avis théologiquement insurmontable sans graves conséquences pour l'unité de l'Eglise, son magistère et son autorité, saluons dans le principe la volonté de rénover profondément la pastorale du mariage.

  • Paganisme d'Etat

     

    gay-pride-2014.jpg

    Pour célébrer la Marche des fiertés LGBT, Anne Hidalgo a fait dresser les couleurs arc-en-ciel sur l'Hôtel de Ville de Paris.

    Anne Hidalgo a voulu marquer les esprits pour sa première Gay pride en tant que maire de Paris. Pour le défilé [ saturnales post-modernes] qui doit se tenir samedi, l'édile a fait hisser, vendredi, deux larges drapeaux arc-en-ciel sur l'édifice de l'Hôtel de Ville de Pairs. Ces «kakémonos» mesurent 27 mètres de haut et 2,70 mètres de large.

     

     

    Qu'on se le dise, le paganisme est devenu religion officielle ; quid "des signes ostentatoires" de notre laïcité tant célébrée ? En réalité, la laïcité n'est pas tant un athéisme officiel - intenable - qu'un paganisme institutionnalisé. Enlevez Dieu, ils adoreront des bêtes.

  • Journée de la femme

     

    Embrassons donc de plus en plus cette obéissance salutaire; livrons-nous tout entiers au Seigneur; attachons-nous fortement aux cordages du vaisseau de la foi, et soyons bien persuadés que les vertus qu'elle nous ordonne de suivre sont l'égal apanage de l'homme et de la femme. S'ils ont, en effet, un seul et même Dieu, ils ont aussi un seul et même Pédagogue, une seule et même Église. La modération, la tempérance, la pudeur sont des vertus communes aux deux sexes. Ils se nourrissent des mêmes aliments, ils s'unissent par le mariage ; la respiration, la vue, l'ouïe, l'intelligence, l'espérance, la disposition à écouter les commandements de Dieu, la charité, tout leur est commun.

    Si l'homme et la femme ont le même genre de vie, ils ont également part aux mêmes grâces et au même salut. Ils sont aimés de Dieu avec le même amour, instruits avec les même soins.

    « Les enfants de ce siècle, nous dit le Seigneur, épousent des femmes, et les femmes des maris; c'est la seule différence qu'il y ait entre eux. Mais après la résurrection, cette différence n'existera plus dans le ciel. »

     Les récompenses, destinées aux vertus qui font de la société chrétienne une sainte communauté, ne sont pas plus promises à l'homme qu'à la femme ; elles le sont à l'homme en général, et on peut dire qu'il n'y a aucune différence entre l'un et l'autre, si ce n'est celle qu'établit la concupiscence.

    Clément d'Alexandrie (150-220), Le Pédagogue, Livre I, chp IV.

  • Eν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος

    1 Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος.
    2 οὗτος ἦν ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν θεόν.
    3 πάντα δι’ αὐτοῦ ἐγένετο, καὶ χωρὶς αὐτοῦ ἐγένετο οὐδὲ ἕν. ὃ γέγονεν 
    4 ἐν αὐτῷ ζωὴ ἦν, καὶ ἡ ζωὴ ἦν τὸ φῶς τῶν ἀνθρώπων·

    ---

    1 In principio erat Verbum, et Verbum erat apud Deum, et Deus erat Verbum.  
    2 Hoc erat in principio apud Deum. 
    3 Omnia per ipsum facta sunt, et sine ipso factum est nihil, quod factum est; 
    4 in ipso vita erat, et vita erat lux hominum.
    (Traduction Vulgate)

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    1 Au commencement était le Logos et le Logos était auprès de Dieu et le Logos était Dieu. 
    2 Il était au commencement auprès de Dieu. 
    3 Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut. 
    4 Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes,
    (Traduction Bible de Jérusalem)

     

    Le logos, invention philosophique grecque, est la parole ordonnée, raisonnable - cf Héraclite, Platon, Aristote (L'homme est un animal doué de raison - Livre I "Politique") - qui trouve son élaboration la plus aboutie dans le stoïcisme. Le perroquet peut parler, mais son discours n'a aucun sens coco. L'homme parle et son discours sait être cohérent avec le réel, à condition de bonne volonté.
    Le prologue de saint Jean, avec le concept christianisé et revisité de Logos, est la fenêtre des évangiles sur la philosophie. Tous les Pères de l'Eglise apologètes eurent recours au Logos dans leurs discussions avec les païens, en particulier ceux qui reçurent une formation philosophiques avant de se convertir au Christianisme (Saint Justin de Naplouse, saint Clément d'Alexandrie, Origène etc.) : logos sera le mot-crochet entre la philosophie païenne et la révélation chrétienne, la foi et la raison.

    Evidemment le contenu du Logos chrétien diffère en bien des points du Logos des philosophes. Il est le principe créateur, non un simple principe organisateur. Et surtout il est Dieu, il est une personne, et  il aime les hommes.
    La philosophie fut purifiée par le Logos chrétien, comme la Tohra fut purifiée par les nouveaux commandements du  Christ. Une révolution (c-à-d retour au point de départ) eut cependant lieu pendant la fameuse époque dite des Lumières, avec le retour en force du dieu des philosophes, qui se voulait débarrassé de toute forme de révélation. Rationaliste, impersonnel, simple outil métaphysique, ce petit dieu inconsolable fut balayé comme fétus, la conséquence lointaine et logique du dieu des philosophes étant l'athéisme. L'homme-individu, comme Laplace et ses hypothèses, n'a pas besoin d'un tel dieu. Nietzesche a raison, et le logos a tort.

    Mais Nietzsche est mort, et les philosophes aussi ; seul le Logos demeure.

  • ¡ Viva la Revolución ?

    revolution_culturelle.jpg Extrait du "DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS ECCLÉSIAL DU DIOCÈSE DE ROME"
    Salle Paul VI, Lundi 17 juin 2013

     "Le baptême, ce passage de « sous la Loi » à « sous la grâce », est une révolution. Il y a eu beaucoup de révolutionnaires dans l’histoire, beaucoup. Mais personne n’a eu la force de cette révolution que nous a apportée Jésus : une révolution pour transformer l’histoire, une révolution qui change en profondeur le cœur de l’homme. Les révolutions de l’histoire ont changé les systèmes politiques, économiques, mais aucune d’elles a véritablement modifié le cœur de l’homme. La vraie révolution, celle qui transforme radicalement la vie, c’est Jésus Christ qui l’a accomplie à travers sa Résurrection. Et Benoît XVI disait de cette révolution qu’elle est « la plus grande mutation de l’histoire de l’humanité ». Mais pensons à cela : c’est la plus grande mutation de l’histoire de l’humanité, c’est une véritable révolution et nous sommes les hommes et les femmes révolutionnaires de cette révolution, parce que nous marchons sur ce chemin de la plus grande mutation de l’histoire de l’humanité. Si un chrétien n’est pas révolutionnaire, à notre époque, ce n’est pas un chrétien ! Il doit être révolutionnaire pour la grâce ! C’est précisément la grâce que le Père nous donne à travers Jésus Christ crucifié, mort et ressuscité qui fait de nous des révolutionnaires parce que — et je cite à nouveau Benoît XVI — « c’est la plus grande mutation de l’histoire de l’humanité »."

    Il est sans doute utile de rappeler la signification originel du terme "révolution" (TLFI) :

    RÉVOLUTION, subst. fém.

    I.  Mouvement en courbe fermée autour d'un axe ou d'un point, réel ou fictif, dont le point de retour coïncide avec le point de départ. 

    On voit donc bien ici qu'il n'y a pas de terme plus incorrect pour définir le christianisme, et que son emploi est pour le moins ambiguë et maladroit (même si tout le monde aura compris l'esprit du discours du pape).
    Jésus-Christ n'a fait aucune révolution. Il n'a pas renversé le pouvoir romain en place ; il n'a pas même eu l'once d'un iota de pensée de changer l'ordre politico-social établi (pas d'appel aux esclaves à  se révolter par ex.). Il n'est pas revenu à quelconque point départ ; au contraire, il a fait toute chose nouvelle (Apo 21,5). On ne trouve ce mot de révolution nulle part dans les Évangiles ou dans la Tradition. On parle d'accomplissement, de conversion, d'homme nouveau, mais sûrement pas de révolution ou de retour à un point de départ. Ainsi, il ne s'agit pas pour le Christ de seulement restaurer la Création à son état initial d'avant le péché de l'homme ; il s'agit de la rendre encore plus parfaite avec la coopération de l'homme régénéré par le baptême.

    Que dit le Christ exactement ?
    "Vous êtes le sel de la terre
    et
    "Vous êtes la lumière du monde (Mt 5,13)

    Le sel ne change pas les aliments. Il se fond dans l'aliment pour bonifier. De même peu importe  le système politique en place - la mission des chrétiens reste la même : rendre meilleur. Non pas changer le système, ce dont ils n'ont cure car leur espérance n'est pas de ce monde, mais rendre meilleur.
    D'autre part, si le sel ne se montre pas de façon tonitruante dans un aliment, la mission du chrétien est néanmoins de témoigner. Il s'agit donc d'être visible, mais sans tapage.
    Prenons l'épître à Diognète (Alexandrie, vers 200) : 
    "Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les vêtements (...) ; ils se conforment aux usages locaux pour le vêtement, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle." Voilà. Sel et lumière : ni plus, ni moins. Le christianisme exclut tout messianisme politique - il le laisse à l'islam et son prophète et autres illuminés. 

    Le chrétien n’idolâtre aucun système politique, car il sait parfaitement que ceux-ci passeront, mais que la croix reste.

     Le christianisme n'est pas un mouvement révolutionnaire, mais un chemin de croix - c'est à dire à la fois plan horizontal avec le mouvement en arrière de conversion pour mieux s'engager de l'avant en mission, et plan vertical qui considère à la fois le Verbe fait chair, et l'exaltation de cette même chair.

    Donc : 

    1° une révolution n'est pas une transformation ou une mutation, mais un retour au point départ. Ainsi la révolution française n'a guère substitué qu'un despote à un autre, et la révolution russe un Tsar rouge à un tsar blanc.
    2° le chrétien n'est donc sûrement pas révolutionnaire ; il est convertissionaire ; il sait qu'il n'a pas besoin de changer le monde ; il suffit pour cela qu'il se change lui-même, puis qu'il témoigne. L'intendance suivra.
    3° le baptême n'est pas une révolution ; c'est un passage nécessaire en forme de mort d'un point A vers un point B. C'est un passage de "sous à loi" à "sous la loi de la grâce". Comme d'habitude dans le christianisme, il s'agit de tenir le paradoxe sous peine de tomber dans l'hérésie.
    4° La révolution n'est en fait qu'un vain mot pour masquer un conservatisme des plus stricts et des plus bigots.