Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Société - Page 23

  • Le syndrome du boxeur thaïlandais

    "Cinquante Millions de Consommateurs" en rêvait, "Science & Vie Junior" l'a fait. Dans le numéro 260 de mai 2011, page 92, un test et comparatif sur les préservatifs avec classement et notation. S&V ne fournit pas le protocole des tests : sans doute ont-ils fait appel à quelque boxeur thaïlandais. Nous ne voyons pas d'autres alternatives.

    Ce magazine a un gros problème avec la partie "Vie" de son titre. Il devrait se limiter à "Science".

  • De la provoc

     Deux affaires culturelles s'entrechoquent :l'une à Avignon, bien connue à présent, l'autre à Leeds, en Angleterre. Ce qui est intéressant, c'est qu'elles utilisent à peu de chose près le même schéma. L'objectif (inavoué) est d'obtenir une résonnance médiatique, et le parfum de scandale nécessaire au couronnement (entendez la cote) d'une oeuvre contemporaine. La différence avec le XIX° notamment : le scandale est délibéré, prémédité, et s'inscrit dans une fin en soi - c'est la rançon de la médiocrité.

    1) On provoque la controverse (de préférence avec l'Eglise catholique, l'excommunication étant moins risquée qu'une fatwa).
    2) On attend les réactions légitimement indignées
    3) On proteste de sa bonne foi (et éventuellement de sa bonne catholicité) - insistant que l'oeuvre en question a été mal intrépétée par la partie adverse.
    3b) On se place dans le camp des victimes (face à l'obscurantisme de Talibans qui ne comprennent rien à l'art). Ce dernier point est le plus important ; toute la com repose sur ce statut de victime qui permet d'inverser la charge.

    Il est extraordinairement compliqué de s'opposer à ce schéma, les média ayant pour la plupart choisi leur camp à l'avance. Il est par exemple  primordial, lorsque l'on veut dérégler ce mécanisme, de faire achopper le point n°3b.

    Voici le dilemme, bien connu : si l'on se tait, on risque de se faire complice. Si l'on agit radicalement, on est d'autant plus complice qu'on contribue au succès du schéma. Il y a donc une stratégie très fine à adopter, qui, je dois l'avouer, reste à déterminer. Probablement que le flegme, l'esprit conjugué à l'ironie et au sarcasme dans la réponse à donner (qui aura pour but de ridiculiser sans le faire ouvertement, et de mettre l'adversaire dans l'embarras de ses contradictions *) sont des pistes inévitables.

    Ainsi j'aime beaoucoup la réponse de cet évêque anglais :
    "I feel sure that such a profound insult to people of Christian faith and sensibilities was not intended by your company, but I would urge you now as a matter of courtesy to remove the offensive advertisement from public view.”

    La première proposition est un régal d'antiphrase. La seconde fait appel à la bonne foi - et piège l'intercoluteur dans sa contradiction.
    Voilà : ce qu'il faut dans ces cas, ce sont des rhéteurs hors norme sachant manier les figures de style comme personne. C'est bien ainsi qu'on confondra tous ces escrocs sans talent qui n'ont plus que la provoc comme argument de vente.
    Ainsi est-il écrit :"Tu es pur avec qui est pur, mais habile avec le fourbe (toi qui sauves le peuple des humbles, et rabaisse les yeux hautains." (Ps17,27)

    * L'intention de la provocation étant avéré, sauf à faire preuve d'une naïveté pathologique, et la protestation de bonne foi également, c'est là-dessus qu'il est possible de les piéger et de les démasquer, à l'image de la réponse habile de l'évêque anglais.

  • Laid d'honneur

    john-isaacs_matrix-of-amnesia.jpg Dostoïevski martèle dans son oeuvre : "C'est la beauté qui sauvera le monde", parole d'idiot. Il est en conséquence inquiétant de voir comment le beau fut expulsé, par coups d'état successifs, du domaine où il s'épanouissait le mieux. L'art contemporain est un sans-culotte ; de cette piétaille médiocre qui se revêt des frusques de son pillage, pour jouer au petit marquis en se pavanant comme un coq. Je suis médiocre, sans génie, sans talent, mais je sais habiller tout mon néant des mots les plus prétentieux. Je suis un imposteur ; je ne sais qu'imiter un vague langage pédant et creux ; comme si un perroquet recrachant des lignes de Kant pouvait se prétendre philosophe.

    Et bien voilà : il y a autant entre l'art et les dits artistes contemporains qu'entre le perroquet et la philosophie. Une imposture à l'image de toutes les impostures que proposent ces derniers siècles : impostures économiques, sociales, anthropologiques - tout est imposture, habillage verbal de néant.

    L'homme s'émerveille face au beau, mais est fasciné par le laid (c'est-à-dire, la corruption des formes et des couleurs). Il se fascine devant un cadavre en putréfaction, mais s'émerveille devant les oeuvres de Michel-Ange. Il en a toujours été ; ce qui change, c'est le langage : on appelle à présent beau (quand on ose ce terme) ce qui est laid, et laid  ce qui est beau, comme si le langage savait conférer une essence aux choses. Cela n'est qu'une prétention de créature qui se prend pour le Créateur ; ce n'est que l'expression, au fond, de l'éternel frustration de l'être conscient de sa finitude.

    Il n'y a quasiment plus d'éducation au beau : le beau a été jugé par la bourgeoisie aussi obscène que la morale (incluons dans cette bourgeoisie tous ces bourgeois refoulés qui parlent au nom du peuple). Mais le beau est autant ancré dans les gènes de l'homme que la morale : si l'homme moderne n'a plus les moyens d'exprimer ni le beau, ni la morale, du moins en garde-t-il une intuition au plus profond de lui.

    Comment expliquer les vagues de millions de touristes qui déferlent sur cette vieille Europe ? Viennent-ils pour s'extasier devant les oeuvres du XX° ? En vérité ils viennent pour le parthénon, les cathédrales et la chapelle Sixtine. Quant aux autres millions qui vont aux US, ils y vont pour faire du shopping.

    Si la beauté doit sauver le monde, il n'est dès lors pas étonnant de la voir traquée dans tous les recoins. C'est là assurément la marque de fabrique de la pseudo-modernité et de sa culture de mort.

  • Le bon roi de Prusse

    "Faire la guerre pour le roi de Prusse" est une spécialité bien française, inaugurée par Louis XV, portée jusqu'au paradigme sous Napoléon III, remise au goût du jour par nos deux derniers présidents sémillants.

    On connaît l'objection :

    " Il est très mauvais, votre jeu de mots, très spirituel, mais très injuste (...). Nous ne faisons pas la guerre pour le roi de Prusse, sachez-le bien, mais pour les bons principes."
    (Léon Tolstoï, Guerre et Paix, I,5)

    Ah ! le méchant Courtlaïus ! Comment a-t-il pu négliger ces fameux principes? Mais au nom de quel principe est-on tenu de se couvrir de ridicule ? Nous pensions que c'était là le privilège de BHL seulement.

    (L'ironie de l'histoire voulut que Mme Merkel refusât absolument qu'on la fît, cette guerre.)

  • Le grand Syrte du soleil

    chaplin_cirque.jpg Cette guerre civile en Libye a des aspects bouffons et pantalonnades rarement vus sous d'autres cieux. Cela est sans doute préférable aux tragédies des autres guerres, mais là où la plaisanterie ne fait plus rire, c'est lorsque les Occidentaux parlent d'armer cette légion de clowns. Ceux-là vont au front comme les parisiens en week-end, paradant de toute une quincaillerie dont aucun n'a lu le mode emploi russe, s'égaillant comme des étourneaux à la moindre volée de plomb. Ca rappelerait sans doute aux plus anciens l'armée des résistants de la dernière heure. Et, à tout le moins, cela nous rappelle à nous que seul le feu tue, et non le ridicule.

    On voudrait armer les rebelles qu'on armerait, au mieux, l'armée de Kadhafi. Mais on peut toujours offrir une selle de course à son bourricot - c'est juste jeter son argent par la fenêtre.

    Nos dirigeants sont dans cette humeur : ne craignant pas l'hyperbolisme et l'empathie, ils félicitent les pilotes pour leur admirable courage ; personne ne doute de leur courage, ni qu'ils ne courent aucun risque, mais reposons nous une seconde : lâcher son arme à des dizaines de kms d'objectifs passablement périmés, c'est prendre un risque, comment dire, bien calculé. A peu près le même qu'au tir au pigeon.