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Société - Page 26

  • Le scandale

    garcimore.jpg L'Eglise est un scandale de tous les jours. Le dernier en date, restons-assis : avoir révélé à des enfants purs et innocents que le père Noël n'existe pas, que Noël fête la naissance du Christ, point barre. En pleine messe s'il vous plaît.

    Dans le même ordre, on a vu le directeur d'une agence de pub devoir s'excuser publiquement à propos d'une de ses créations qui aurait pu jeter le doute fallacieux.

    Toujours plus stupidissime, la mémé outrée qu'on puisse parler de l'existence du père Noël en classe élémentaire : pensez donc, à l'école publique, gratuite et républicaine, douter du dogme Coca-Cola ? Et pourquoi pas remettre en cause le dogme de la capote infaillible tant qu'on y est.

    On n'a pas fini de se poiler au tribunal de la laïcité : le risque de trépasser de ridicule simplement n'existe pas. Et pourquoi tout ce cirque ? Préserver la "magie" de Noël, mon petit monsieur. Je cite mémé dans l'article : ""elle [cette affaire] se situe au niveau des guirlandes de bonheur qui scintillent dans les yeux des enfants, pour la magie des cadeaux et des instants de partage." Parents qui croient acheter la joie de leurs enfants au supermarché ; quelle misère. Mais la force de ce système de consommation, c'est de miser toujours plus gros sur la bêtise crasse du peuple et sa faculté inépuisable à s'illusionner. Un directeur d'une grande chaîne TV disait que son job se limitait à trouver du temps de cerveau disponible pour ses annonceurs ; mais l'équation est fausse dès le départ : il eût fallu le cerveau.

    Ah, fameuse magie de Noël ! Faut-il être niais décidément ; illusion d'un instant vite parti en fumée. Les cadeaux de mémé se retrouvent aussi sec sur e-bay, sans baguette magique. La vraie magie est d'avoir réussi à convaincre le troupeau de se dépouiller de son oseille pour les larges poches des marchands de rêves. Nommer le mal, c'est déjà le vaincre à moitié ; appelons donc cette technique de tonte le potterisme. Je te fais un tour de magie, tu me files tout ton fric. Et on recommence tous les ans.

    Les usines à crétins fonctionnent à plein régime. Celles-ci produisent à la chaîne des consommateurs ruminant et bousant très docilement, pour la plus grande satisfaction des marchands de rêves.

  • Une question d'éternité

    munch_rep.jpg Quand l'homme évacue la question de Dieu, se bouchant les oreilles et poussant de grands cris, il évacue une éternité pleine et entière et se retrouve seul face à l'infini de son néant.

    Il est dès lors facile de comprendre pourquoi le désir devient la seule mesure de ces hommes : contrarier un désir revient à les priver éternellement d'une possibilité, à condamner un choix et une vie à perpétuité. La contrariété lèse donc, dans cette perspective de néant,  une personne d'une mesure infinie. Voilà une pensée légitimement intolérable pour qui la  vie est un sursis : aucune morale ne fait le poids face à l'infini du néant : qui saura réparer le tort d'une possibilité déniée à jamais, quand chaque seconde d'existence vaut son pesant d'éternité ?

    Sans Dieu tout est permis, et même, tout doit être permis ; l'impossibilité est un péché contre la vie d'un poids infini. Voilà  pourquoi la société est bien embarrassée lorsqu'elle tente de poser des limites à ce qui est possible : la réalité, c'est qu'elle ne peut plus y parvenir, ayant renié tout ce qui fondait la morale et donc la justice. La société est victime de sa neutralité : tolérant la croyance également à  l'incroyance, elle ne peut faire autrement que de se plier aux dictats du plus petit dénominateur, par obligation d'égalité. Elle se contraint donc de priver celui qui a plutôt que de forcer qui n'a pas, étant entendu qu'on ne saurait priver celui qui n'a pas de quoi que ce soit.

    A cause de sa neutralité voilà donc la société forcée de supporter tous les choix, sans possibilité pour elle-même de choisir le bien commun. Mais surtout, elle se voit contrainte de supporter toutes les conséquences sociales et donc financières des libres choix individuels. Alors, dans l'impossibilité de s'attaquer au coeur du problème, la voilà elle-même contrainte d'éponger toutes sortes de symptômes à coups de milliards et de budget toujours plus enflé et déficitaire. Voici : la société paye un loyer exorbitant à cette tyrannie du libre choix, obligée à perpétuité de réduire les symptômes quand elle est impuissante à neutraliser la racine du mal.
    Contraindre la nature provoque une dépense d'énergie proportionnelle à la force de cette contrainte ; de même contraindre la nature de l'homme. Faire comme si l'homme n'était pas créé à l'image Dieu et promis à une pleine éternité, c'est comme faire du maïs une plante de régions arides. Vivre dans cette illusion a un coût absolument ruineux.

    Les civilisations ne meurent pas, elles se suicident dit-on. Le plus pathétique, c'est qu'elles se voient mourir peu à peu, à la fois pleinement conscientes et impuissantes, la volonté anesthésiée par une logique qu'elles se sont librement donné comme un lent poison.

    Lire aussi : "Quand on perd de vue l’éternité, toute souffrance semble excessive."

  • Sainte Nitouche, oubliez-nous.

    guignol&gnafron.jpg C'est bientôt Noël. La saison apporte comme de juste sa ration de frimas frigorifiants, envoyant céans ses lots de petits bigots ergotants.

    « Que le ciel au besoin l’a céans envoyé / Pour redresser à tous votre esprit fourvoyé »

    C'est en effet la saison où les bégueules laïcards se mettent en chasse de tous signes ostentatoires de religion - surtout ceux où le risque de fatwa est limité. La pudibonderie de ces zélés dévots de la loi de 1905 observe de moins en moins de bornes, même pas celle du ridicule. Mais face à ce déferlement d'inepties, surtout pas d'indignation ! La raillerie est encore la meilleure des armes : tout ce qui blesse l'amour-propre et la vanité est dans ce domaine bien plus efficace que les hoquets d'âmes révoltées. Le ridicule peut tuer * , alors n'hésitons pas un seul instant et ridiculisons ces prudes. C'est le meilleurs moyen de refroidir la déferlante ubuesque, digne du meilleur théâtre de Ionesco et Beckett.

    Réservons l'indignation là où la dignité est attaquée. Pour le reste, c'est l'arme du pauvre, des sans ressources. S'il n'y a plus beaucoup d'esprit dans ce pays laminé par les usines à crétins, il ne faut pas craindre de le ressuciter.

    Note :
    * On parle bien ici du ridicule des situations...

  • Tout condamné à mort, etc.

     Nous sommes passés d'une morale culpabilisante à une morale de déculpabilisation tout aussi catastrophique. Là où il n'y avait pas culpabilité, l'on condamnait. A présent, là où il y a faute, on absout par déni de culpabilité - celle-ci étant au final plus condamnable que la faute elle-même.

    Il s'agit en fait de s'attaquer à l'un des attributs caractéristiques des derniers hommes : le sentiment de justice et son corollaire. Si la faute engendre la culpabilité, supprimons la culpabilité et ce sera la preuve qu'il n'y a point de faute.

    Le déni de culpabilité impose en réalité à l'homme le poids écrasant d'une charge parfois inhumaine. Au lieu de délier, elle recouvre une chaîne massive et pesante d'un voile pudique indigent. La raison de cette inefficacité est simple : supprimer le sentiment de culpabilité revient à supprimer en l'homme le sentiment de justice. C'est une pure lubie post-moderniste ; l'un des innombrables contes de fées que ce désastre écervelé aime tant se raconter à lui-même. Pour preuve : même la pire des crapules sait réclamer son dû. On ne peut nier ce sentiment de justice qui imprègne tant l'esprit humain - il serait tout aussi absurde de nier l'existence de son estomac ou de sa prostate.

    Bien de ces nouveaux médecins des âmes sont dans ce genre de dénégation. Autant leur rôle est utile lorsqu'ils libèrent d'une fausse culpabilité, autant ils sont néfastes et aggravent le mal lorsqu'ils persuadent d'une innocence falsifiée. Confondre les maux avec les symptômes, erreur funeste - mais c'est une grande tentation lorsqu'il semble qu'il n'existe point de remède. On préfère alors souvent le pire à l'impuissance.

    C'est l'une des inspirations les plus géniales de l'Église catholique. Là où l'homme s'enchaîne dans son injustice et semble impuissant à s'en libérer, où l'espérance semble alors se dessécher comme sur un sol devenu trop acide, l'Église seule sait réconcilier admirablement l'homme avec lui-même et sa propre justice. Il y  a un préalable son efficacité : la conversion, c'est-à-dire la reconnaissance de sa culpabilité. Il y a, avant la miséricorde divine réelle et efficace, nécessité pour l'homme de se rendre justice. Aussi, nous persuader de non-culpabilité quand nous sommes vraiment coupable, c'est ajouter le crime au crime ; condamner à perpétuité.
    Ce sacrement de réconciliation est vu par ceux qui ne savent pas comme une corvée de fardeau - qui s'ajoute à d'autres pesants. Mais il s'agit bien de l'inverse : ce sacrement nous débarasse d'un fardeau inhumain dont nous nous sommes chargé. C'est précisément parce que ce sacrement libère que tout complote à nous faire accroire l'inverse.

    Il serait vain de compter le nombre d'hommes ainsi enchaînés, l'espérance toute éteinte, que l'Eglise a délié et rendu à la vie.

  • Les marécages

    marecage.jpg Le problème des mass-media est celui de l'alliance de la médiocrité et du pouvoir ; en cela il est structurellement identique à tout pouvoir confié puis exercé par le médiocre. Il est donc tout à fait vain d'espérer être agréablement surpris de ce côté là.

     Eh bien pas tout à fait. Cet article de la BBC sur les récents propos du pape concernant le préservatif (probablement le seul sujet intellectuellement à la portée d'un journaliste... non, finalement même pas) : analyse assez fine et perspicace : il est vrai que son auteur ne pige pas à la BBC, mais est reporter au National Catholic. Notons aussi que l'article n'est resté sur une page visible du site que quelques heures. Il ne faudrait pas que la BBC donne une impression trop durable de sérieux dans le traitement des questions religieuses.  L'ethique est contagieuse, peut-être journalistiquement transmissible, préservons-en nous.

    Le journaliste John Allen commence ainsi : "Le discernement prudent est la marque de fabrique du raisonnement en morale catholique, ce qui est peu vendeur dans un monde qui n'a que peu de patience pour la subtilité."
    Le reste de l'article explique ensuite très bien pourquoi certains media (dont la BBC), triomphant d'une révolution sexuelle au Vatican, prennent seulement leur désir pour la réalité. Et aussi pourquoi ce scoop n'en est en absolument pas un dans le fond. Accordons leur la forme.

    Cette exception exceptée, la question se pose : est-ce que véritablement le journaliste du media de masse n'est jamais à la hauteur intellectuellement, ou est-ce que ses intentions sont à ce point méphitiques que sciemment il sème l'erreur et le trouble dans l'esprit de ses lecteurs, au mépris d'une criante vérité ? Est-il seulement humainement possible que ce fût les deux ?