Mr Dieudonné M'Bala M'Bala, ayant comme tant de ses confrères (cf les Bedos & Cie) diffamé l'idée même d'humour en toute impunité pendant des années, se voit donc à juste titre censuré par notre ministre de l'Intérieur.
On attend du vaillant homme qu'il censure de même chez nous le phénomène le plus con du monde, appelé "Femen". Mais on a peut-être peur de froisser ici la première twitteuse de France.
Aius Locutius - Page 24
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Le Valls à quatre temps
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La Loge, Planning et le sondage
On connait le rôle de Pierre Simon dans la promotion de la contraception et de l'avortement en France :
"Il a cofondé en 1956 le Mouvement français pour le planning familial et présidé le collège des médecins de ce mouvement jusqu’à la fin des années 1960. Il a publié de nombreux ouvrages et articles scientifiques dont Le Comportement sexuel des Français (dit Rapport Simon) en 1972 et De la vie avant toute chose (1979) où sont exposés son parcours et ses orientations philosophiques. Il a été grand maître de la Grand Loge de France (1969-1971 et 1973-1975). Engagé politiquement (parti radical valoisien), il a travaillé dans les cabinets ministériels de Robert Boulin, Michel Poniatowski et Simone Veil. Il était chevalier de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du Mérite. Il est décédé le 11 mai 2008 des suites d'un cancer. In Guide des sources de l’histoire du féminisme, p. 264."
On peut également citer le document du "Fonds Pierre Simon, Répertoire numérique détaillé rédigé par Pauline CAILLAUD, étudiante stagiaire en Master 1 Histoire, Géographie Document, spécialité Patrimoine écrit option archives sous la direction de Bénédicte GRAILLES".
Extraits :
Il faut dès lors souligner le rôle joué par la franc-maçonnerie dans le mouvement pour le Planning familial. Elle assure la réflexion mais aussi le maillage sur le territoire français des centres de planification. En effet, une fraternelle maçonnique, dédiée au Planning familial, se consolide en France en 1965, avec Pierre Simon et Yvonne Dornès entre autres. Ses assemblées sont prévues pour se dérouler la veille de celles du MFPF. Les loges présentes dans les villes de province deviennent très souvent les épicentres des noyaux des centres de planification, qui s'ouvrent un peu partout. En outre-mer, où les loges sont particulièrement actives, le phénomène est identique. Contre les attaques catholiques, politiques et de l'Ordre des médecins, il faut trouver des relais.
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Le Monde devient, par le biais de sa journaliste spécialiste des questions médicales, Claudine Escoffier-Lambiotte, une tribune de premier choix pour sensibiliser l'opinion [pour l'introduction des nouveaux outils contraceptifs].
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En 1968, Pierre Simon publie Le Précis de contraception, premier livre officiel pour le monde médical, en France, édité par la maison d'édition catholique, Masson, référence pour les ouvrages de médecine.
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Nommé par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), il se rend entre 1971 et 1974 en Tunisie où un premier programme de planification a été lancé avant d'échouer faute d'argent, sans doute dispersé frauduleusement. La deuxième tentative est prise en main par la Banque Mondiale qui nomme Pierre Simon pour cinq ans. De son bureau au ministère tunisien de la santé, il va participer à l'implantation complète en Tunisie de la planification.
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Grand voyageur pour la planification, il se rend dans les laboratoires de recherche où il est invité à faire des conférences non seulement en tant que gynécologue mais aussi comme moraliste et spécialiste des religions, qui pratique à la fois l'hébreu, le grec et le latin.
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En 1953, attiré par la personnalité de Pierre Mendès France, il s'inscrit au parti radical, qui compte parmi ses membres nombre de francs-maçons. Il lui apparaît alors comme le seul parti libre de tout système de pression, qui revendique de bâtir la société en fonction des avancées de la science, dans une préoccupation humaniste et laïque et plaçant l'individu au centre.
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En 1965, lors de la campagne présidentielle, la contraception est devenue politique et est passée au premier plan dans le discours de Nevers, temps fort de la campagne de François Mitterrand. Ce dernier a fait de l'abrogation de la loi de 1920 son cheval de bataille. Une commission d'étude sur le thème du contrôle des naissances s'est mise en place. Finalement, Mitterrand est battu mais ses soutiens, au rang desquels on compte Pierre Simon n'en démordent pas et font pression auprès de Lucien Neuwirth, député gaulliste, proche du Général et qui accepte d'assumer la proposition de loi sur la contraception.En effet, en 1966, une commission parlementaire, à laquelle le docteur Simon participe, est mise en place et plusieurs groupes parlementaires déposent plusieurs projets dont celui de M. Neuwirth.
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Mais l'oeuvre législative de Pierre Simon ne s'arrête pas là. Membre du Commissariat au Plan de 1967 à 1969, il appartient à la commission « Population- Démographie » présidée par Pierre Laroque, dans le cadre du Ve plan. Pierre Simon rédige alors des articles relatifs aux questions démographiques, qui sont en pleine évolution avec les arrivées d'immigrés sur le sol français. Il essaie d'introduire par le biais de Pierre Laroque le concept de limitation des naissances. Un projet de loi est déposé au ministre de la Santé publique et de la Sécurité sociale, Robert Boulin, qui fait entrer le docteur Simon dans son cabinet, en 1969. Le vent qui souffle au gouvernement est celui de l'ouverture sur la gauche et justifie ainsi l'entrée, au titre de conseiller technique au cabinet du ministre, du radical qu'est alors Pierre Simon, parallèlement à sa nomination comme expert national clinicien du ministère de la Santé. Dans les premiers temps, il est le seul médecin présent au ministère. Il y restera jusqu'en 1979, sous Robert Boulin (1969-1972), Michel Poniatowski (1973-1974) et Simone Veil (1974-1979). Il travaille sur des projets de loi, notamment celle de 1975 relative à la libéralisation de l'avortement et il fonde l'IFRES (Institut de formation, de recherche et d'études sur la sexualité et la planification familiale), suite à la promulgation de la loi qui porte le même nom .
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Ainsi que le souligne Pierre Simon, on doit aux Etats-Unis une stratégie de sociologie politique, celle dite de « récupération », à la manière du Président Kennedy. Le principe en est simple : il consiste à faire absorber par l'idéologie dominante des schémas issus de la contre-culture. En d'autres termes, il s'agit, pour le gouvernement Chaban-Delmas, qui par ailleurs promeut une nouvelle société, de récupérer l'humeur contestaire qui est dans la rue en 1968, afin de faire évoluer la société. On crée ainsi une révolution silencieuse qui évite les tensions sociales.------
[c'est-à-dire qu'on voit ici surtout l'alliance d'une bourgeoisie terrifiée et capitulante, avec les idéologies dites subversives. Ou Lénine visionnaire][D'où les lavages de cerveaux à base de rapports, sondages etc. souvent bidonnés et truqués, censés démontrer l'évolution des mœurs de la société - parce qu'il faut bien "vivre avec son temps" - qu''on en jusge avec le passage suivant concernant le "Rapport sur le comportement sexuel des Français" dont l'auteur est précisément Pierre Simon: ]
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Pierre Laroque y apporte sa contribution, tout comme l'IFOP, qui construit les échantillons. Un questionnaire est réalisé pour sonder les Français le mieux possible, en évitant de les choquer mais tout en les contraignant à dire la vérité. Une partie de l'enquête, celle portant sur les moeurs et les caractéristiques individuelles se fait sur entretien direct avec les Français interrogés, une seconde partie portant sur les activités sexuelles devant être remplie par l'interrogé seul, loin du regard de l'enquêteur. 170 enquêteurs sont formés pour interroger 2600 personnes selon la pratique de l'échantillonnage représentatif de la société. Il s'agit de mettre en débat, dans l'opinion, des questions aussi diverses que les positions et la pratique sexuelles, la masturbation ou l'homosexualité dans une société qui refuse d'en discuter.
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La circulaire Fontanet encadre l'éducation sexuelle à l'école et, en 1974, le ministre de la Santé instaure le Conseil supérieur de l'information sexuelle, de la régulation des naissances et de l'éducation familiale, dont la commission « Recherche » est présidée par Pierre Simon.
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La sexualité est entrée dans le débat public et permet d'officialiser tous les thèmes de la contestation des années soixante-dix. Dorénavant, il faut, selon les termes de Pierre Simon, déculpabiliser le sexe et ses plaisirs puisque la vie sexuelle relève de la culture et qu'elle peut être arrachée des ténèbres, dans lesquelles on voulait la maintenir. L'impératif devient de vivre pleinement, aidé par une médecine qui supprime la douleur et peut également conduire au plaisir, et le Rapport Simon contribue à donner des clés d'accès au bonheur. Son succès est tel que les universités américaines se montrent intéressées par la méthode employée pour le sondage. Sa portée fait l'effet d'une révolution en proclamant que tout acte sexuel procède de la rencontre du physiologique, du psychologique et du sociologique à la fois et contribue à faire admettre qu'il faut ériger en discipline les techniques médicales traitant du rapport sexuel et de sa pathologie.
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Le succès et l'expérience reconnus à Pierre Simon et ses collaborateurs dans la voie du changement de la société vont permettre de mener la bataille pour l'avortement. L'Association nationale pour l'étude de l'avortement (ANEA) est fondée dès 1969 par Anne-Marie Dourlen-Rollier, Raoul Palmer, les docteurs Jean Dalsace, Pierre Simon et bien d'autres.
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La nouvelle association met le législateur devant le fait accompli dans la mesure où quelques médecins pratiquent des interruptions de grossesse, tout en déposant les dossiers des patientes chez des huissiers, pour prévenir d'éventuelles poursuites judiciaires. Le ministre Boulin accepte de se pencher sur le dossier et confie au docteur Simon la direction d'une commission d'études du problème de l'avortement. Il le charge également de suivre la proposition de loi du député Claude Peyret. [Comment dit-on... pippage des dés, dès le départ ?]
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Michel Poniatowski reprend le projet mais le Président Pompidou décède et c'est finalement sous Simone Veil qu'une issue est trouvée. Certains croient à un complot franc-maçon tant on sait le rôle joué par ces derniers dans le combat pour la contraception et il n'est pas faux de dire que la fraternelle parlementaire a, à nouveau, orienté le débat. [!!! va, je ne te hais point !!!]
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L'avortement, après l'accouchement sans douleur, la contraception et la sexualité, est une nouvelle étape vers l'autonomisation des femmes tout en promouvant le principe intangible de respect des vies humaines. [!!!]
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Pierre Simon est associé à la proposition de loi relative à l'insémination artificielle, du sénateur Henri Caillavet en 1979.
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La réflexion concernant la redéfinition du concept de vie s'achève logiquement, avec le combat pour le droit de mourir dans la dignité pour lequel Pierre Simon cofonde l'association du même nom (ADMD), dans les années quatre-vingt.
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Pierre Simon a participé, avec Henri Caillavet qui la préside, à la fondation de l'association Euro Mater, autour du docteur marseillais, Sacha Geller, en 1986. Cette association tente de faire avancer la cause des mères porteuses, sur laquelle la France fait blocage, contrairement aux Etats-Unis, par exemple. Pierre Simon est alors secrétaire d'Euro Mater, dont le but affiché est d'harmoniser les législations des différents Etats de la Communauté européenne dans le domaine de la procréation artificielle en général et du prêt d'utérus en particulier.
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Ce renouvellement de la définition de la vie que Pierre Simon veut promouvoir, lui vient de son engagement dans la franc-maçonnerie. Il faut mentionner à ce titre, le rôle qu'il y a joué. De 1969 à 1971 et à nouveau, de 1973 à 1975, il est élu Grand Maître de la Grande Loge de France. Ainsi, le militantisme de Pierre Simon prend forme dans son activité professionnelle, particulièrement en tant que chef du département d'orthogénie de l'hôpital Boucicaut.
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Il explique à la fin de son ouvrage, quasiment autobiographique, paru en 1979 [La Vie Avant Tout, Mazarine, 1979] qu'il existe une complémentarité essentielle entre « l'action philosophico-politique et l'action technico-scientifique ». La médecine du XXe siècle a en effet évolué, s'émancipant des interdits religieux. Elle peut désormais construire la vie et donc prendre part à sa définition.
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A l'écoute de la demande sociale, il s'est battu pour la contraception, pour sa dissociation d'avec la sexualité, ainsi que pour l'avortement, à la fois sur les plans scientifique, philosophique et législatif pour renouveler la définition de la vie vers la conquête de l'autonomie et de la liberté.
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Concernant sa carrière de gynécologue obstétricien, il est bon de noter qu'en tant que docteur spécialiste de ces questions, Pierre Simon mène des recherches médicales, dont le Mouvement français pour le planning familial bénéficiera par la suite.
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Les articles du Monde occupent une place importante, en raison des contacts dont Pierre Simon bénéficie parmi les journalistes.
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Une part importante du fonds témoigne de l'activité de Pierre Simon en faveur de la régulation des naissances au sein du Mouvement français pour le planning familial, qu'il a cofondé et dont le fonds recèle les premiers pas.
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Mais l'action de Pierre Simon en matière de Planning familial dépasse le cadre institutionnel du MFPF : il a en effet représenté la France auprès d'organismes à un niveau international et on a fait appel à lui en qualité de spécialiste reconnu. C'est notamment lors d'un déplacement dans la Chine communiste, que le gynécologue a découvert les moyens très organisés d'une planification familiale propre à la République populaire de Mao.- La Grande Loge de France (8 rue Puteaux, 75017 Paris, www.gldf.org) renferme une importante bibliothèque ainsi que des fonds d'archives que Pierre Simon devrait prochainement accroître en faisant don de ses papiers concernant la franc-maçonnerie.
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Image de l'année
Voilà, rien de tel parfois qu'un bon coup de pied au cul, siège de la pensée pour certain(e)s. On "like" moult fois.
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Humour
Guy Bedos quitterait la scène. Selon la presse, il s'agirait d'un humoriste - jusque là ce n'était qu'une rumeur.
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La grande fabrique IV - Max Weber 2nd partie
Sur la bureaucratisation :
Weber relève d'autres facteurs ayant favorisé le capitalisme moderne : le développement des villes aux Moyen-Âge, lieu de naissance des structures juridiques indispensables à son essor, lieu de la généralisation du travail libre - et surtout le développement de l'Etat moderne et le droit formel, à l'origine du phénomène de la bureaucratisation. Le capitalisme de fait nourrit la bureaucratie, bien qu'elle en sape les fondements libéraux.
Weber rappelle que le capitalisme a doublement besoin de l'Etat moderne, d'abord en tant que monopole de la violence physique légitime, garant de l'exécution des contrats et de la protection de la propriété privée. Le capitalisme a également besoin de l'Etat en tant qu'organe d'administration rationnelle, reposant sur le fonctionnariat expert et sur le droit rationnel (opposé à la notion de coutume). Le capitalisme a besoin de ce droit formel, positif "sur lequel on peut compter comme sur une machine". Le capital étant investit sur des périodes plus ou moins longues, il convient, pour le calcul du gain, de s'appuyer sur une structure juridique stable. La résurgence du droit romain pendant le Moyen-Âge, enseigné dans les universités (par ex l'université de Bologne fondée en 1088), qui fourniront la bases des hauts-fonctionnaires (cf Thomas More). Il y eut donc en Occident une alliance entre l'Etat et la jurisprudence formelle qui fut indirectement favorable au capitalisme, dans la mesure où elle créé un environnement politico-juridique propice. Cette alliance est l'acte de naissance de la bureaucratie.
La bureaucratie met en oeuvre un domination légale, qui ne tient pas compte de relations personnelles, mais de relations objectives (les lois, les règlements). Le travail administratif suivant des règles établies, il est donc prévisible, comme on peut prévoir la chute d'un corps en fonction de la loi de la gravité. Tout étant strictement délimité, les fonctionnaires ne font que des tâches précises et spécialisées ; l'administration ne peut donc fonctionner correctement qu'avec l'absolue obéissance de chaque rouage. La nécessité de contrôle fait naître la nécessité de centralisation.
Ce mouvement de domination fut initiée par les princes, s'appuyant sur des juristes bourgeois, afin de réduire le pouvoir de la noblesse, décentralisée (et partant de la coutume).
L'économie monétaire et marchande qui en découle favorise cette domination en sapant les communautés locales, et favorisant des règles communes ; de même, la nécessité d'administrer des territoires plus grands et plus peuplés. Enfin la démocratie, dont la première revendication est l'égalité politique et juridique de tous, "l'égalité de droit", renforce la nécessité d'une administration contre l'arbitraire de la coutume locale. Démocratie et bureaucratie se soutiennent mutuellement (et s'opposent en même temps). "La bureaucratie accompagne inévitablement la démocratie moderne, par opposition à l'auto-administration démocratique de petites unités homogènes." Notons que pour Weber, la bureaucratie n'est pas seulement une donnée de l'Etat moderne ; elle l'est aussi dans le secteur privé : y règne également la centralisation, la division du travail ou spécialisation des tâches, l'impératif d'efficacité (hum...), dépersonnalisation des relations, la discipline et l'expropriation des travailleurs.
Weber distingue trois types de dominations : la domination légale, traditionnelle, et charismatique. Pour lui la domination fut la forme la plus efficace. Cette domination repose, comme dans l'entreprise, sur l'expropriation : les individus sont dépossédés, par des organisations centralisées, des moyens qui assuraient leur autonomie. Les évolutions politique (l'Etat moderne centralisateur) et économique (le capitalisme moderne) sont donc isomorphes et convergentes. En ce sens la bureaucratisation de Weber, ce n'est pas seulement le règne des fonctionnaires, c'est aussi la salarisation des travailleurs indépendants (l'empire des employés).
Le travail du bureaucrate consistant à appliquer des directives, tout esprit critique et d'initiative est banni ; le bureaucrate obéit par devoir et habitude, mais aussi par calcul d'intérêt : son avancement est lié à l'obéissance. Le bureaucrate n'a plus, dans sa vie professionnelle, d'autonomie d'action et de pensée ; à force de n'avoir plus l'usage de sa liberté pratique au quotidien, le risque est qu'il en perde le goût et la faculté. Dans ce cadre, il n'est pas étonnant de voir préférer l'ordre à la justice.
Le point faible de la bureaucratie est son incapacité à définir des fins ; elle sait exécuter des décisions, non en prendre. D'où la tentation permanente de prendre les moyens pour une fin ; la bureaucratie devient alors sa propre fin, fonctionne en circuit fermé.
Machinisme dans la production et bureaucratie dans l'administration, telles sont donc les deux forces qui travaillent à fabriquer cette cage d'acier. Mais si ces deux forces sapent et détruisent les conditions externes de la liberté, elles se nourrissent et s'intoxiquent l'une et l'autre.
Rationalisation et reification : le règne des organisations.
Pour Weber, l'action "téléologiquement rationnelle" se concentre sur le rapport entre les fins, les moyens et les conséquences subsidiaires de l'action ; elle repose sur le calcul des moyens les plus adéquats pour parvenir aux fins proposés, tout en prenant en compte les conséquence prévisibles de ces moyens.
L'action axiologiquement rationnelle se concentre sur la valeur (éthique, religieuse, esthétique etc.) inconditionnelle des actes en eux-mêmes, indépendamment de leurs conséquences possibles. L'individu est au service d'une cause servie quel qu'en soit le résultat. Il cherche la cohérence des actes avec les valeurs qu'il se propose (ou la loi qu'il se donne à lui-même, cf la morale de Kant).
Pour Weber, l'action téléologiquement rationnelle est ce qui domine l'activité dans l'occident moderne.
Sur le plan des institutions Weber parle de rationalité formelle (ce qui donne prise au calcul et à la prévision : cf le droit romain, l'économie de marché), de la rationalité matérielle qui prend en compte des aspects éthiques (parvenir à l'équité, à la redistribution des richesses etc.)
La rationalité téléologique tend à dominer le modernisme : son monde institutionnel, formellement rationnel, tend à exclure les considérations de valeur.
L'administration bureaucratique et le marché capitaliste ont en commun de donner prise au calcul ; la rationalisation a pour condition l'objectivation des activités et la dépersonnalisation des relations sociales. Weber retrouve la question de l'aliénation et de la reification qui traversent toute la sociologie allemande, de Marx à la Théorie critique.
Avec l'objectivation des activités, les individus ne font plus intervenir de considérations personnelles dans la conduite de leurs activités : ils suivent les règles objectives qui les régissent. Ainsi pour le marché capitaliste :
"Lorsque le marché est laissé à sa propre logique, il ne laisse de place qu'à la considération de la chose, aucune à la considération de la personne, ni aux devoirs de fratzernité et de piété, ni naux relations humaines originelles, portées par les communautés de personnes." (E&S 2)
Et encore : "C'est le caractère des rapports purement commerciaux - caractère impersonnel, rationnel du point de vue économique, mais irrationnel du point de vue éthique - qui, dans les religions éthiques, se heurte à une méfiance.(...) L'objectivation de l'économie sur la base de la sociétisation de marché suit absolument ses propres lois objectives. L'univers réifié du capitalisme n'offre aucune place pour cette activité charitable.
Dans une civilisation moderne, l'on parlera donc d'acteurs et non plus sujets ; puisque l'individu agit au nom de normes objectives, hétérénomes. Leurs comportement est dès lors prévisibles et calculables.
La domination est ici organique et impersonnelle : c'est l'organisation et non le supérieur qui domine. Cette domination est la face caché de la libération des liens personnels et communautaires. Ainsi, derrière la dissolution des formes de vie communautaires, ce n'est pas le règne de l'individus mais celui des organisations.
L'individu doit ainsi simplement accomplir son devoir professionnel (cf éthique protestante), accomplir la mission que lui donne l'organisation. C'est ainsi que Weber annonce le diagnostic d'Arendt sur la "banalité" du mal. Eichmann : "Je n'ai fait que mon devoir."
Ainsi voit-on un glissement de valeur : la question n'est pas "ce que je fait est-il une bonne chose ?", mais "est-ce que je fait bien cette chose ?"
Le désenchantement du monde :
Entzauberung der Welt : désigne processus multi-millénaire d'élimination des moyens magiques dans la quête du salut = recul de la magie au sein du religieux.
"Plus l'intellectualisme refoule la croyance en la magie, de sorte que les processus de ce monde se désenchantent, plus le monde et la "conduite de vie" sont sommés d'être mis en ordre dans leur globalité, de manière à acquérir une signification et un sens.
Le désenchantement ne s'achève qu'au XVII°, avec le protestantisme ascétique (chasse aux sorcières ?) en abandonnant toute manipulation rituelle comme voie de salut.
Puis, portée par la raison contre les religions : progrès connaissances scientifiques, maîtrise technique.
Mais : "l'intellectualisation et la rationalisation croissante ne signifient donc pas une connaissance générale toujours plus grande des conditions de vie (...). Elles signifient ceci : le fait de savoir ou de croire que, si on le voulait seulement, on pourrait à tout moment l'apprendre, qu'il n'y a en principe aucune puissance mystérieuse et imprévisible qui entre en jeu, que l'on peut maîtriser toute chose par calcul. Mais cela signifie : "le désenchantement du monde."
Mais la connaissance scientifique (ie le scientisme ?) tue à la racine la croyance qu'il y a qqch comme un "sens du monde". Disqualification de la quête de sens. Ce désenchantement implique la sortie de l'éthique : la science n'a pas de réponse à la question de savoir ce que nous devons faire : "les valeurs les plus ultimes et les plus sublimes se sont retirées de la vie publique."
Possibilité de tout calcul => perte de ce qui faisait la magie de l'existence : étonnement, enthousiasme, simple joie d'être au monde.
Plus les ordres du monde, et avant tout les sphère politiques et économiques, se rationalisent, plus les humains prennent conscience de leurs logiques propres et s'y soumettent, plus les tensions avec les exigences éthiques deviennent insurmontables, renforçant la tentation de fuir le monde.
Plus l'économie se rationalise, plus elle devient impersonnelle. Plus l'Etat s'organise de façon rationnelle, moins il est accessible aux exigences éthiques.
Ainsi, plus les ordres du monde suivent leurs propres lois (ou fin), plus ils se rationalisent et sont de fait amoraux.
Capital et Etat se trouvent opposés à l'Ethique, à l'Art et à l'Eros (zones a-rationnelles). => résurrection des anciens dieux, polythéisme des valeurs : "la multitude des anciens dieux sortent de leurs tombes, désenchantés et par conséquent sous la figure de puissances impersonnelles." Le Leviathan étatique et le Béhémoth capitaliste sont deux dieux jaloux qui ne laissent pas de place au Dieu d'amour de l'éthique.
Opposition entre éthique de la responsabilité (calculer les conséquences de ses actes) et éthique de conviction (agir en fonction conviction, qqsoient les conséquences).
Il y a contradiction entre les prouesses techniques de la civilisation, et ses promesses éthiques (monde plus juste, libre, fraternel etc.)
Conclusion :
La société industrielle et la production de masse transforme fondamentalement les rapport sociaux et induit un nouveau type de société, caractérisé par la dissolution des formes de vie communautaires, monétarisation des biens et des liens, développement du travail mortifère et de l'hédonisme consumériste, bureaucratisation et rationalisation de la vie.
Grand récit de l'épopée de l'individualisme moderne : autrefois, l'individu était écrasé par la communauté, à laquelle il était subordonnée sur tous les plans.
Or, individu contemporain de plus en pus dépendant de la société ou collectivité. On ne vit plus dans une société des individus, mais des organisations : individu sur-socialisé. Attachement des individus à la société, tout en les détachant de leurs semblables.
Utilitarisme est un effet des structures sociales.
Le problème ne tient pas à l'excès de liberté dont bénéficieraient les individus, maus au caractère abstrait, négatif, voire illusoire de la liberté moderne.
Montesquieu, de L'Esprit des Lois, livre III, sur les ressorts éthiques des divers gouvernements -> la république s'appuie sur la vertu.
Théorie critique de l'école de Francfort.
Rationalisation croissante => perte de liberté : Tönnies comme perte de liberté commune, Simmel comme perte de liberté positive, Weber comme perte de liberté pratique (que dois-je faire?).