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  • Foi, science, et déraison - suite

    ecole-athene-raphael.jpg   L'insensé dit dans son coeur : "Dieu n'existe pas". Et il n'est jamais avare d'aphorismes, le décalogue des sentencieux, qui lui tient lieu de Révélation.
    Il s'en suffit, l'insuffisant.

    Ainsi nous assène-t-il sans vergogne :
    "Les religions (et il faut bien entendre : y compris et surtout la religion catholique) sont un obstacle au progrès et à la science ; elles maintiennent l'homme dans l'obscurantisme et la servitude de l'ignorant. Il faut d'ailleurs nécessairement être parfaitement athée et débarrassé de tous préjugés religieux pour faire un honnête scientifique."

    Voilà parmi les contes de fée qu'il aime tant se raconter. Il nous faut le désenchanter, combien même cela nous transperce l'âme d'avoir à le ramener dans un univers à quatre dimensions - seulement.

    La proposition de ces insensés est en effet fausse tant dans son principe matériel que formel :

    1)- Le monothéisme judéo-chrétien, en séparant de manière nette la créature de son créateur, dédivinise et désacralise l'univers : cette distinction implique l'autonomie ; l'univers peut alors devenir objet d'étude sans risque de profaner quoi que ce soit, avec pour seule limite l'éthique (l'homme est à l'image de Dieu, qui lui confie la Création). Le judéo-christianisme, avec la conviction que la Création n'est pas l'inconséquence d'un Dieu arbitraire, mais procède au contraire d'une raison supérieure, d'une Sagesse, justifie l'effort persévérant et obstiné de la recherche. Notre monde est accessible à la raison humaine ; ses lois ne changeront pas sous le caprice d'un esprit ou d'un dieu cyclothymique, sous l'arbitraire d'un panthéisme, et son étude n'est donc pas vaine. S'il est difficile d'atteindre la vérité, l'homme a toujours les facultés et capacités de s'en approcher le plus possible. Aussi cette conviction rejette-t-elle le scepticisme, le doute pyrrhonien qui paralyse la science et la recherche.

    Ce monde créé, distinct de Dieu mais portant son empreinte comme un objet d'argile celle de son potier, est pour le judéo-christianisme l'autre livre de Dieu : de même que l'étude de la Vérité révélée enseigne qui est Dieu aux hommes, de même l'étude de la Création. De même la prière, de même le savoir - l'intelligence - permet à l'homme de s'approcher de Dieu.
    Voici en essence les raisons qui font que le monothéisme judéo-chrétien, libèrant la recherche scientifique et la connaissance de toutes superstitions et de toute idolâtrie, constitua de fait un terreau unique et fertile.

    2) La nature même des textes sacrés, inspirés et non dictés, laisse une large place à l'interpétation et ne constitue pas en soi un obstacle à la science. Le christianisme développe très tôt une herméneutique basée sur les quatre sens des Écritures : littéral, allégorique, tropologique, et anagogique. "la lettre tue, l'esprit vivifie" répétait saint Ambroise au IV°. Songeons simplement à l'utilisation des paraboles, dans l'Ancien comme le Nouveau Testament : "J'ouvrirai la bouche pour dire des paraboles, je clamerai des choses cachées depuis la fondation du monde (Matthieu 13,35). Ou encore : "j'ouvre la bouche en paraboles, j'évoque du passé les mystères" (Psaumes 78,2).
    C'est ainsi que saint Augustin peut écrire :
    "S’il arrive que l’autorité des Saintes Écritures soit mise en opposition avec une raison manifeste et certaine, cela veut dire que celui qui [interprète l’Écriture] ne la comprend pas correctement. Ce n’est pas le sens de l’Écriture qui s’oppose à la vérité, mais le sens qu’il a voulu lui donner. Ce qui s’oppose à l’Écriture ce n’est pas ce qui est en elle, mais ce qu’il y a mis lui-même, croyant que cela constituait son sens» (S. Augustin, Epistula 143, n. 7; PL 33, 588)
    De reste, l'interprétation fondamentale ou littérale, là où elle n'a après discernement aucune raison d'être, n'est dans le christianisme qu'une -dangereuse- tentation. Elle ne fut, n'est et ne sera jamais un dogme dans le catholicisme.

    3) Il n'y a donc pas d'obstacle primordial à la connaissance scientifique dans le judéo-christianisme. Tous les points soulevés plus haut se retrouvent d'ailleurs comme positivés dans les Écritures :
    - Tu as tout réglé avec mesure, nombre et poids (Sagesse 11, 20).
    - Mais la Sagesse, d'où provient-elle ? où se trouve-t-elle, l'Intelligence  ? (...) Lorsque Dieu voulut donner du poids au vent, jauger les eaux avec une mesure; quand il imposa une loi à la pluie, une route aux roulements du tonnerre, alors il la vit et l'évalua, il la pénétra et même la scruta (Job 28, 20).
    - Il a disposé dans l'ordre les merveilles de sa sagesse (Siracide 42,21).
    - Le Très-Haut a donné à l'homme le savoir pour être glorifié dans ses merveilles (Siracide 38, 6).
    - Le manque de science n'est bon pour personne (Proverbes 19.2).

      Ainsi, dès les premiers siècles le christianisme a justifié l'usage de la raison dans la théologie même, et essayant d'articuler foi et raison avec harmonie. Ceci est enseigné par les pères de l'Eglise, jamais avares de polémiques contre certaines écoles philosophiques - ou certains de leurs pairs :
    - Tertullien (150-230): "Au surplus, ils [les incroyants]  sont aussi loin d'en avoir une notion raisonnable qu'ils sont loin de l'auteur même de la raison. La raison est en effet la chose de Dieu : il n'est rien que Dieu, créateur de toutes choses, n'ait réglé d'avance, n'ait disposé, n'ait ordonné rationnellement, rien qui ne doive, selon sa volonté, être traité et compris rationnellement. [De la pénitence, chp1]"
    - saint Augustin (354-430) : "Mais si vous [Consentius] avez droit de demander, à moi ou à quelque docteur que ce soit, de comprendre ce que vous croyez, exprimez-vous autrement, non pas pour refuser de croire, mais pour chercher à voir avec la lumière de la raison ce que vous tenez déjà avec la fermeté de la foi. Loin de nous la, pensée que Dieu haïsse dans l'homme ce en quoi il l'a créé supérieur aux autres animaux ! A Dieu ne plaise que la foi nous empêche de recevoir ou de demander la raison de ce que nous croyons, puisque nous ne pourrions pas croire si nous n'avions pas des âmes raisonnables ! [Lettre 120,3]
    (Nous remarquons déjà la célèbre  formule : "crede ut intelligas, intellege ut credas", prononcée dans un de ses sermons (43,9) : "Il est donc vrai sous un rapport  que l'on doit comprendre pour croire, et il est vrai aussi de dire avec le prophète, que l'on doit croire pour comprendre. Donc entendons-nous : oui, il faut comprendre pour croire et croire pour comprendre. Voulez-vous que j'explique en deux mots et qu'il n'y ait plus de contestation possible ? Je dirai à chacun : Comprends ma parole, pour croire, et crois la parole de Dieu pour comprendre."
    - On retrouve cette dialectique foi et raison dans une sorte de roman chrétien du III°, mettant en scène saint Clément et d'autres personnages comme saint Pierre ou Simon le Magicien :
    Saint Pierre : "Ne crois donc pas que nous disons que ces choses-là [l'existence des Cieux] ne doivent être reçues que par la foi ; elles doivent l'être aussi par la raison. Car en vérité il n'est point prudent que ces choses soient reçues par la foi seule sans la raison, puisque assurément la vérité ne peut être sans la raison. En conséquence, celui qui reçoit ces choses fortifiées par la raison ne peut jamais les perdre, tandis que celui qui les reçoit sans preuve, par simple assentiment, ne peut jamais être sûr de les garder, non plus qu'il peut être certain qu'elles soient vraies ; parce que celui qui croit facilement renie aussi facilement. Mais celui qui a cherché les raisons de ces choses qu'il a reçues et crues, ainsi lié par la chaîne de la raison elle-même, ne peut jamais être détaché de  ces choses qu'il croit. Et par conséquent, plus l'anxiété de demander raison est forte, plus grande la fermeté de sa foi." (Reconnaissances, pseudo-Clément, LII, chp69)
    On pourrait également citer la formule de saint Anselme (1033-1106) : "fides quarens intellectum", la foi cherchant l'intelligence, Proslogion, préambule - et, pour s'assurer que l'Eglise n'a décidément rien contre la raison, simplement relire l'oeuvre de saint Thomas d'Aquin, sans doute l'un des théologiens le plus cité par celle-ci.

    Dans son principe matériel, la religion chrétienne, dont évidemment la religion catholique, ne saurait par conséquent faire obstacle à la science ou la raison (autre chose ses modalités applicatives). La seule limite est éthique.
    Voyons la traduction formelle et parlons plus précisément de l'Eglise catholique et du savoir. Voici ce qu'écrit Henri-Irénée Marrou : "Le christianisme est une religion savante, il ne peut pas se passer d'un certain niveau de culture, de savoir, de lettres; nous l'avons vu, en Orient, civiliser les barbares, de l'Ethiopie au Caucase : il ne pouvait, sans se mettre en péril, laisser se barbariser l'Occident" (L'Eglise de l'Antiquité tardive, Points, Histoire, p241).
    Le dogme catholique en effet, dans sa volonté (et la nécessité) de donner des définitions positives, fait un large usage de notions philosophiques complexes. Que l'on songe à la définition de la divinité, Une et Trine à la fois, ou à la Christologie. L'instruction de ses clercs est donc une nécessité vitale ; avec l'effondrement des institutions classiques sous les coups des invasions barbares, l'école épiscopale apparaît dès le VI° siècle, suivie de l'école presbytérale, "de façon à pouvoir se préparer de dignes successeurs". Continuons avec Henri-Irénée Marrou : "le fait historique important à souligner est que cette école chrétienne, création besogneuse des siècles obscurs, fut pour de longs siècles la seule que connut l'Occident. D'où l'ambiguïté caractéristique que revêt au Moyen-Âge le terme de clerc : cléricus signifie tour à tour, et presque toujours à la fois, membre du clergé et homme cultivé" (op cit, p243) 
     Impossible pour l'Eglise catholique de se laisser aller à l'ignorance. Lorsqu'elle le fit parfois, elle prit très vite conscience que sa survie même était en jeu. Et puisque la fonction sacerdotale n'est pas héréditaire dans l'Eglise catholique, impossible de confisquer le savoir. L'ouverture est nécessaire pour trouver les "dignes successeurs." C'est ainsi qu'un simple berger put devenir à la fois l'homme le plus érudit de son temps, et pape.
     La Tradition, le dépôt de la foi, que l'Eglise a pour mission essentielle de transmettre, nécessite l'intelligence et le savoir. Autrement le dépôt et la transmission meurent de concert. Le savoir fut donc tour à tour entretenu par les monastères (écoles et scriptorium), puis les écoles cathédrales au XI° et XII° (Chartres, Orléans, Reims, Paris et Laon, pour citer les plus reconnues en France). Apparaissent en parallèle les universités : elles sont pure invention de l'Eglise catholique (la première à Bologne en 1080 ; en 1289 est créée la faculté de médecine de Montpellier, par une bulle du pape Nicolas V, "Quia  sapienta" ) pour former des clercs aptes à comprendre et transmettre parfaitement la foi, mais aussi pour défendre les droits de l'Eglise face aux pouvoirs séculiers : "Dieu n'a pas dit : mon nom est coutume" asséna le pape Grégoire VII. C'est une conséquence de ce qui fait une des spécificités de la religion chrétienne : la séparation du pouvoir temporel et spirituel.
    De fait, la chrétienté du Moyen-Âge, lorsque furent réglés les épisodes des invasions, eut une soif inextinguible de savoirs et de sciences ; elle fut matrice : pour preuves ces témoignages * :

    "Il y avait à Paris trente mille étudiants qui s'occupaient de l'étude des livres ecclésiastiques d'instruction (...) et aussi de savoir profane ; ils étudiaient la sagesse, c'est à dire la philosophie, la géométrie, l'arithmétique, et l'astronomie ; ils étaient continuellement occupés à écrire, et tous ces élèves recevaient du roi de l'argent pour subsister."
    Rabban Sâwmâ, 1287, ambassadeur des Mongols, en visite à Paris.

    "J'ai remarqué que les sciences véritables sont très répandues parmi les nations sous la domination desquelles et sur les terres desquelles nous vivons, bien plus qu'elles ne sont répandues en terre d'Ismaël."
    Samuel Ibn Tibbon (+ 1232), in Ma'amar Yiqqawu ham-maim.

    "Nous avons appris que, à notre époque, les sciences philosophiques connaissent une grande prospérité dans le pays des Francs, dans la région de Rome et dans les contrés voisines de la rive nord. On y assiste, dit-on, au renouvellement des sciences, qui sont enseignées dans de nombreux cours, font l'objet de traités systématiques, comptent de nombreux connaisseurs et attirent de nombreux étudiants."
    Ibn Khaldun (1332-1406), in Muqaddina

    De fait, la vocation d'éducation et d'enseignement de l'Eglise catholique n'est pas compliquée à démontrer : que l'on songe aux ordres salesiens, oratoriens, jésuites, assomptionistes etc. Qui instruisit Voltaire et les philosophes des "Lumières" ? Qui croit encore aux générations spontanées ? 

    Rien de plus grotesque donc que d'affirmer que l'Église catholique s'oppose par essence et structurellement à la science, au savoir et  la raison. C'est grossièrement faux et exactement l'inverse : la dette de l'Occident concernant son patrimoine scientique envers le christianisme et l'Église catholique est simplement exorbitante.
    Rien, dans cette religion, n'est un obstacle à la science : nature divine, Écritures Saintes, herméneutique, tout, en essence, la favorise. Aussi bien, si l'on trouva dans l'histoire pluri-millénaires de l'Église des hommes opposés à la science et à la raison, ce fut toujours accidentel et ponctuel.

    * Rémi Brague, "Au moyen du Moyen-Âge", édition Champs essai, p72-73

  • Foi, science, et déraison.

    galilee-vincenzo-viviani.jpg  On reprochera à l'Eglise catholique, sans doute éternellement, le procès Galilée. C'est plutôt, après réflexion, un bon signe. Et cela est très peu de chose comparé aux incessants procès d'intentions intentés à l'Eglise catholique.

    Parmi les innombrables notons, blasés, la déclaration du scientifique Stephen Hawkin dans son livre "Une brève histoire du temps" :
    "[Le Pape Jean-Paul II rappela que] nous avons raison d'étudier l'évolution de l'univers depuis le Big Bang , mais nous ne devrions pas explorer le Big Bang car il s'agit de l'instant de la Création et donc l'oeuvre de Dieu".

    Chacun jugera : il se trouve que le discours de Jean-Paul II à l'Académie des sciences, auquel fait référence Hawking, est disponible sur le site du Vatican. Il se trouve aussi qu'il n'y a nulle part cette assertion. Il se trouve par surcroît qu'aucun autre scientifique invité ne releva cette énormité. Il se trouve enfin qu'elle serait en contradiction avec le discours même que tint Jean-Paul II ce jour-là :

    "La cosmogonie et la cosmologie ont toujours suscité un grand intérêt chez les peuples et dans les religions. La Bible elle-même nous parle de l’origine de l’univers et de sa constitution, non pas pour nous fournir un traité scientifique mais pour préciser les justes rapports de l’homme avec-Dieu et avec l’univers. L’Écriture Sainte veut simplement déclarer que le monde a été créé par Dieu, et pour enseigner cette vérité elle s’exprime avec les termes de la cosmologie en usage au temps de celui qui écrit. Le livre sacré veut en outre faire savoir aux hommes que le monde n’a pas été créé comme siège des dieux, comme l’enseignaient d’autres cosmogonies et cosmologies, mais qu’il a été créé au service de l’homme et à la gloire de Dieu. Tout autre enseignement sur l’origine et la constitution de l’univers est étranger aux intentions de la Bible: celle-ci ne veut pas enseigner comment a été fait le ciel, mais comment on va au ciel.*"


     En revanche, Jean-Paul II ajoute ceci :
    "Toute hypothèse scientifique sur l’origine du monde, comme celle d’un atome primitif d’où dériverait l’ensemble de l’univers physique, laisse ouvert le problème concernant le commencement de l’univers. La science ne peut par elle-même résoudre une telle question: il y faut ce savoir de l’homme qui s’élève au-dessus de la physique et de l’astrophysique et que l’on appelle la métaphysique; il y faut surtout le savoir qui vient de la révélation de Dieu."

    Et il continue ainsi :
    "J'ai une ferme confiance dans la communauté scientifique mondiale, et d’une manière toute particulière dans l’Académie pontificale des Sciences, certain que grâce à elles les progrès et les recherches biologiques, comme du reste toute autre recherche scientifique et son application technologique, s’accompliront dans le plein respect des normes morales, en sauvegardant la dignité des hommes, leur liberté et leur égalité. Il est nécessaire que la science soit toujours accompagnée et contrôlée par la sagesse qui appartient au patrimoine spirituel permanent de l’humanité et qui s’inspire du dessein de Dieu inscrit dans la création avant d’être ensuite annoncé par sa Parole."

    Stephen Hawking est un brillant scientifique, à n'en pas douter. Il cherche donc, comme tout scientifique, quelque chose comme une consécration, une empreinte historique. Hawking écrit qu'il se sent une identité très proche avec Galilée : il ne rêva sans doute que d'une chose : finir comme lui au tribunal inquisitionel, le panthéon des fantasmes, et qu'ainsi il eut gravé sa statue de marbre pour l'éternité.
    Il ne pardonnera probablement jamais à l'Eglise de ne pas lui avoir fait subir le même sort - il ne lui reste donc plus qu'à prendre ses désirs pour la réalité.

    Cette sortie d'Hawking fut évidemment reprise à réplétion, et jusqu'à indigestion sonore, par toutes sortes de trompettes mal embouchées : ainsi sur un site dédié à Stephen Hawking, on peut y lire : "En posant sa théorie, comme tous les cosmologistes Hawking se met en porte-à-faux avec le dogme et la religion chrétienne."

    Comme l'abbé Georges Lemaître, l'inventeur de ce qui sera appelé la théorie du Big-Bang ? D'où vient cette chimère que l'Eglise catholique serait hostile aux sciences, alors qu'en réalité l'Occident lui doit tout (qu'on songe seulement ici aux travaux des Jésuites) ? Il n'y a guère que les ignorants ou les malveillants pour affirmer de telles balivernes : qu'il suffise pourtant de regarder objectivement l'histoire de la science. N'y a t-til donc même pas la crainte du ridicule lorsque quelque bouffon morose s'échine à éreinter l'Eglise dans ce domaine ? Il croit donner le bâton; c'est seulement pour se faire battre.

    * DISCOURS DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II Á L'ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES Samedi, 3 octobre 1981.
    ( «Spiritui Sancto mentem fuisse nos docere quomodo ad coelum eatur, non quomodo coelum gradiatur», mot attribué à Baronius.)

     Note : paragraphe 159 du Catéchisme de l'Eglise Catholique :
    Foi et science. " Bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de vrai désaccord entre elles. Puisque le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi a fait descendre dans l’esprit humain la lumière de la raison, Dieu ne pourrait se nier lui-même ni le vrai contredire jamais le vrai " (Cc. Vatican I : DS 3017). " C’est pourquoi la recherche méthodique, dans tous les domaines du savoir, si elle est menée d’une manière vraiment scientifique et si elle suit les normes de la morale, ne sera jamais réellement opposée à la foi : les réalités profanes et celles de la foi trouvent leur origine dans le même Dieu. Bien plus, celui qui s’efforce, avec persévérance et humilité, de pénétrer les secrets des choses, celui-là, même s’il n’en a pas conscience, est comme conduit par la main de Dieu, qui soutient tous les êtres et les fait ce qu’ils sont " (GS 36, § 2).

  • L'exo-tropisme ou la haine de soi

    "Les partisans du multiculturalisme sont très souvent des séparatistes éthnocentriques qui ne voient dans l'héritage occidental que les crimes de l'Occident.
    Ils veulent débarrasser les américains d'un héritage européen honteux et cherchent la rédemption dans les cultures non-européennes."

    (Arthur Schlesinger : The disuniting of America : reflexion on a multicultural society. cité in Le Choc des Civilisations, Samuel P. Huntington, p338)"

    On a les même en Europe et bien sûr en France : le plus caricatural était imbattable sur la dynastie Ming, mais était incapable de donner la la date du baptême de Clovis. Il haïssait l'histoire de son pays, s'abîmait en repentances obscènes et cherchait le réconfort dans une érudition exotique.  On lui doit aussi le musée des "Arts premiers" (Sexe, mort et sacrifice dans la religion Mochica, absolument palpitant).
    On l'a élu président, sur un énième malentendu.
    Reste que nos multiculturalistes sont bien plus dangereux que ceux des Nouvelles Terres : à ceux-là qui renient l'héritage européen, il ne leur reste plus rien : ils en sont réduits à rêver à de nouvelles tours de Babel qui ne manqueront pas de s'effondrer - ils contruisent en faisant semblant de croire que la gravité n'existe pas. Ces pauvres idiots seraient simplement pathétiques s'ils ne risquaient d'entaîner tout le reste dans leurs éboulements intellectuels.

  • Les canards décapités

    daffy-duck.jpg

     

      Il est très drôle de voir la société civile en appeler à l'éthique et rappeler le bien commun (c'est-à-dire, pour employer un mot obscène, la morale), tandis qu'elle fit tout pour la détruire il y a quelques années, et tandis qu'elle ne cesse elle-même d'en donner le contre-exemple depuis toujours. Encore un exemple d'ineptie bien propre à notre époque, qui dénonce un fait encouragé et promu à toute force par ailleurs.
    La société reconnait donc une nécessité qu'elle rejette absolument pour elle. Ces contradictions permanentes sont dûes à une fausse image de l'homme : pour être plus précis, son anthropologie, sorte d'anthropologie chrétienne athée, est fausse. Aucune chance que ça marche, puisque l'anthroplogie chrétienne est à l'image de Dieu et découle de Dieu - on fait donc comme si. Et on se contente de pousser des hurlements quand ça marche pas (ie, quand on s'aperçoit qu'une société ne peut fonctionner sans éthique, sans morale - sans foi en résumé).

    Canards décapités.

  • Clysterium donare, Postea seignare, Ensuita purgare.

    clystère.jpgBienheureux ceux qui auront le privilège d'étudier nos sociétés agonisantes, et le soin particulier qu'elles prennent à se suicider méthodiquement, dans un état de conscience stupéfiant.

    Prenons l'exemple des paris et jeux en ligne, libéralisés depuis peu : la société est parfaitement consciente, avant même l'ouverture de ce marché, que ces activités entraînent de l'addiction, et au final un coût inhumain. D'où les pieux messages d'avertissements devant accompagner les publicités fleurissant avec la coupe du monde de foot : il s'agit d'encourager les paris, et de les décourager incessamment. On encourage donc en exhibant des gens qui jouent, et, le hasard faisant bien les choses, gagnent, tandis qu'un vague bandeau décourage par ailleurs : "jouer comporte des risques de (se) perdre."
    Efficacité et cohérence garanties. Où l'on ne craint pas de superposer la thèse et l'antithèse (on fait de la pub pour jouer en donnant toutes les bonnes raisons de ne pas jouer), en s'épargnant toute synthèse.
    Même chose pour l'industrie agro-alimentaire, qui nous excitent avec leurs produits saturés de sucre et de graisse, tout en nous déconseillant fortement de manger trop gras, trop salé ou trop sucré. Donc de ne surtout pas toucher à leur vaccin pro-diabétique.
    Même chose pour la cigarette.
    Même chose pour l'alcool.
    "Le vice ? Ah pouah ! Achetez le."
    La pornographie quant à elle dispose d'une singulière impunité : on cligne de l'oeil, on affecte l'air entendu du "ah, galopin !" Que la courbe des déliquants sexuels puisse suivre celle du chiffre d'affaire de cette industrie, qu'importe ? Et les victimes, qu'importe ? On leur laissera quelque première page à l'année pour les crimes les plus odieux. On se laissera en transports, on criera vengeance et au lynchage ; au final, simple haussement d'épaule.

    Singulière société, qui connaît mieux que personne les maux qui la ronge, et qui les encourage et les développe comme bouillon de culture, avec la rage et la constance de celle qui se hait. Ses remèdes sont : "toujours plus de maux, ils effaceront bien les précédents."

    Sçavantissimi doctores :
    Clysterium donare,
    Postea seignare,
    Ensuita purgare.

    Chorus :
    Bene, bene, bene, bene respondere.
    Dignus, dignus est intrare
    In nostro docto corpore.
    ...

    Chirurgus :
    Puisse-t-il voir doctas
    Suas ordonnancias,
    Omnium chirurgorum
    Et apothicarum
    Remplire boutiquas!

    Chorus :
    Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat,
    Novus doctor, qui tam bene parlat!
    Mille, mille annis, et manget et bibat,
    Et seignet et tuat!

    Chirurgus :
    Puissent toti anni
    Lui essere boni
    Et favorabiles,
    Et n'habere jamais
    Quam pestas, verolas,
    Fievras, pluresias,
    Pluxus de sang, et dysenterias!

    Chorus
    Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat,
    Novus doctor, qui tam bene parlat!
    Mille, mille annis, et manget et bibat,
    Et seignet et tuat!

    Le clystère, puis la saignée, ensuite la purge. Que le grabataire mette aussi longtemps à crever, voilà le plus grand mystère. C'est pourtant ce traitement que l'Occident entend répandre sans vergogne de par le monde.