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  • Le bâton de la morale, ou comment l'intellect corrige l'affect

    signorelli_Jugement_dernier.jpg   Que des évêques prennent position sur des sujets de société voire politiques, quoi de plus normal : après tout, par la grâce même de la séparation de l'Église et de l'Etat, l'Église n'est tenue à aucun devoir de réserve vis-à-vis de qui que ce soit. Et un évêque est aussi citoyen : sa parole est autant légitime que celle d'un Besancenot ou d'un Coluche.

    Cependant, un évêque ne parle pas seulement pour lui-même, ni pour son diocèse ; il est un visage de l'Eglise catholique aux yeux du monde. Aussi sa parole doit-elle être scrupuleusement pesée.

    Il y a peu (vendredi 27 apparemment) , selon les media, l'évêque de Toulouse, dressa une comparaison entre l'expulsion des camps illégaux de Roms en France, et les déportations de Juifs pendant la seconde Guerre Mondiale. Le CRIF a réagit aussitôt, se disant consterné par un tel amalgame.
    Quant à nous, si ces propos sont avérés, nous les trouvons simplement anachroniques, non pertinents, improductifs, en bref  bassement stupides, comme l'est tout propos qui n'a pas fait l'objet d'un discernement préalable sur une question morale.
    Bref, cet évêque a manqué une occasion de se taire ; sans doute faut-il y voir l'expression d'un malaise, qui tiendrait pour bonne part aux reproches médiatiques de l'attitude des évêques de France face aux déportations pendant l'Occupation. Il leur est reproché d'avoir été trop discret, voire inerte, et il est probable que nos évêques, hantés par ce passé et ces reproches, soient attentifs à ne pas s'offrir en deuxième repentance, et même enclin à l'excès inverse. Encore faut-il, lorsqu'on se prétend pasteur, donner au moins l'apparence que l'on s'est exercé au discernement préalable, et pas seulement à la grandiloquence. Le bavardage, sauf rajouter son petit bruit de fond, n'a jamais clarifié le signal de la vérité.

    Pourtant, les outils de discernement à disposition du pékin que nous sommes ne manquent pas. Il suffit, lorsqu'on est catholique et que l'on se trouve face à un cas de conscience, d'ouvrir son catéchisme, chose que d'aucuns négligent apparemment. Faute professionnelle.

    Puisqu'il faut tout faire soi-même dans cette maison, ouvrons-le à sa place,  directement à la troisème partie, première section.

    Tout procède de l'art 6, la conscience morale :

    - 1776 "Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal, au moment opportun résonne dans l’intimité de son cœur ... C’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme. La conscience est le centre le plus intime et le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre" (GS 16).

    Prélude de tout, en rien aboutissement, nous aurions aimé que notre évêque soit informé de la suite :

    - 1778 "La conscience morale est un jugement de la raison par lequel la personne humaine reconnaît la qualité morale d’un acte concret qu’elle va poser, est en train d’exécuter ou a accompli. En tout ce qu’il dit et fait, l’homme est tenu de suivre fidèlement ce qu’il sait être juste et droit. C’est par le jugement de sa conscience que l’homme perçoit et reconnaît les prescriptions de la loi divine."

    Qu'on prenne garde : le jugement n'est pas le jugement de n'importe quelle faculté. Un enfant juge par les sensations, en fonction du plaisir ou de la douleur. Un adolescent juge par l'affect, en fonction des émotions. Mais nous demandons à un évêque de faire disparaître ce qu'il était de l'enfant (pour ce qui est du jugement), ainsi saint Paul : "Lorsque j'étais enfant, je parlais en enfant, je pensais en enfant, je raisonnais en enfant ; une fois devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant." (1 Cor 13,11).
    De fait, la capacité à être affecté est bien nécessaire pour amorcer le jugement (la prise de conscience), mais la faculté qui doit être sollicitée dans le domaine de la conscience morale est bien la raison - en vue du bien - telle que disposée par le CEC : l'on parle bien ici du "jugement de la raison".

    Poursuivons :

    1780 "La dignité de la personne humaine implique et exige la rectitude de la conscience morale. La conscience morale comprend la perception des principes de la moralité (" syndérèse "), leur application dans les circonstances données par un discernement pratique des raisons et des biens et, en conclusion, le jugement porté sur les actes concrets à poser ou déjà posés. La vérité sur le bien moral, déclarée dans la loi de la raison, est reconnue pratiquement et concrètement par le jugement prudent de la conscience. On appelle prudent l’homme qui choisit conformément à ce jugement."

    A ce regard, notre évêque paraît quant à lui bien imprudent, comme un enfant qui traverserait une route sans tenir compte des feux.

    Le discernement de l'homme, dans les questions où la loi morale doit s'appliquer, fait appel largement à la raison. Mais la raison n'est ici qu'un agent : face à des situations complexes où l'intuition du bien et du mal ne suffit plus, il est nécessaire de disposer de critères objectifs sur lesquels la raison appuie avec sûreté son jugement, c'est-à-dire un référent immuable ; l'un des critères avancés par le CEC est la "loi naturelle" (chp 3, loi morale) :
    - 1954 "L’homme participe à la sagesse et à la bonté du Créateur qui lui confère la maîtrise de ses actes et la capacité de se gouverner en vue de la vérité et du bien. La loi naturelle exprime le sens moral originel qui permet à l’homme de discerner par la raison ce que sont le bien et le mal, la vérité et le mensonge."

    La loi naturelle (loi inscrite au coeur de tout homme, indépendamment de sa culture ou de sa position spatio-temporelle, et qui précède la loi écrite ou positive)  n'est pas une invention de l'Eglise catholique : on la retrouve chez les Grecs, notamment chez Xenophon dans "les Mémorables", Livre IV 4,19 :
    - Connais-tu, Hippias, reprit Socrate, des lois qui ne sont pas écrites?
    - Oui, celles qui sont les mêmes dans tous les pays et qui ont le même objet.
    - Pourrais-tu dire que ce sont les hommes qui les ont établies ?
    - Comment cela serait-il, puisqu'ils n'ont pu se réunir tous et qu'ils ne parlent pas la même langue?
    - Qui donc, à ton avis, a établi ces lois?
    - Moi, je crois que ce sont les dieux qui les ont inspirées aux hommes ; car chez tous les hommes la première loi est de respecter les dieux.
    - Le respect des parents n'est-il pas aussi une loi universelle?
    - Sans doute.
    - Et les mêmes lois ne défendent-elles pas la promiscuité des parents avec les enfants et des enfants avec les parents?
    - Pour cette loi, Socrate, je ne la crois pas émanée d'un dieu.
    - Pourquoi donc?
    - Parce que j'en vois certains qui la transgressent.
    - On en transgresse bien d'autres; mais ceux qui violent les lois établies par les dieux subissent un châtiment auquel il est impossible à l'homme de se soustraire, tandis que ceux qui foulent aux pieds les lois humaines échappent quelquefois à la peine, soit en se cachant, soit en employant la violence.

    Les stoïciens, comme Cicéron ou Sénèque, expliciteront davantage, ainsi que le mentionne le CEC :
    - 1956 Présente dans le cœur de chaque homme et établie par la raison, la loi naturelle est universelle en ses préceptes et son autorité s’étend à tous les hommes. Elle exprime la dignité de la personne et détermine la base de ses droits et de ses devoirs fondamentaux : "Il existe certes une vraie loi, c’est la droite raison ; elle est conforme à la nature, répandue chez tous les hommes ; elle est immuable et éternelle ; ses ordres appellent au devoir ; ses interdictions détournent de la faute ... C’est un sacrilège que de la remplacer par une loi contraire ; il est interdit de n’en pas appliquer une seule disposition ; quant à l’abroger entièrement, personne n’en a la possibilité" (Cicéron, rép. 3, 22, 33).
    Ou encore : "Dieu est l’inventeur d’une loi qui n’a pas besoin d’interprétation ou de correction puisqu’elle est présente en tous les êtres rationnels ; elle est la même à Athènes ou à Rome, hier et demain. Celui qui ne la respecte pas se fuit lui-même pour avoir méprisé la nature de l’homme".
    Et ensuite :
    - 1959 Œuvre très bonne du Créateur, la loi naturelle fournit les fondements solides sur lesquels l’homme peut construire l’édifice des règles morales qui guideront ses choix.

     Or donc, quelle est-elle cette loi naturelle ? Elle reprend les cinq aspirations fondamentales de tout être humain :

    1) Aspiration au bien et au bonheur.
    2) Instinct de conservation de l'être.
    3) Inclination à la vie affective et l'union sexuelle.
    4) Inclination à la connaissance de la vérité.
    5) Inclination à la vie en société
    +> aucune de ces aspirations ne peut se réaliser au détriment d'une autre (concrètement l'aspiration à l'union sexuelle ne valide pas le viol, l'aspiration au bonheur le vol, ou l'instinct de conservation la mise en danger de la vie d'autrui). Il est nécessaire d'avoir une approche en quelque sorte "holiste" de ces aspirations.

    Cette loi naturelle se retrouve explicitée dans le décalogue, incluse et débordée dans le commandement d'amour du Christ. La loi positive DOIT procéder de cette loi naturelle, autrement elle se condamne et se rend illégitime.

    Lors donc que l'on s'interroge si l'expulsion d'une communauté étrangère, en l'occurrence les Roms, est immorale ou non, il faut prendre en compte dans le jugement final :
    - le respect ou non  de la loi  naturelle - donc de la dignité de ces personnes (nous disons le bien ou le mal).
    - le satut des personnes, étrangères ou citoyens - c'est à dire ce qui leur est dû en terme de droit (c'est-à-dire de la loi positive : nous disons le juste ou l'injuste, sachant qu'il n'y a point de justice dans le mal).

    L'Etat en effet a des exigences et des contraintes que n'a pas l'individu : ce qui est possible et souhaitable pour l'un ne l'est pas pour l'autre, puisque l'Etat doit prendre en compte l'intérêt général, assurer la cohésion et la solidarité entre les sociétaires, et bien sûr leur sécurité, AVANT TOUT. C'est le pilier du contrat social, ce qui fait que l'individu accepte les contraintes d'un Etat. Dès lors qu'un Etat se préoccupe davantage d'un étranger au détriment d'un sociétaire, c'est son principe d'existence qui est remis en question.
    Ainsi un individu peut-il obéir à des commandements ou des principes auxquels n'est pas tenu un Etat : par exemple aucun Etat ne peut traduire en droit les commandements suivants du Christ : "A qui te frappe sur une joue, présente encore l'autre ; à qui t'enlève ton manteau, ne refuse pas ta tunique, à quiconque te demande, donne, et à qui t'enlève ton bien, ne le réclame pas." (Lc 6:29-30) 
    Chacun voit bien qu'un Etat qui autorise ses concitoyens à se dépouiller les uns les autres  ne survivra pas longtemps. Même la papauté, au plus fort de sa domination temporelle, n'a jamais validé de telles lois en termes positifs. En revanche, qu'un individu suive ces préceptes à la lettre est tout à fait envisageable.
    Il faut donc prendre garde, lorsqu'on juge l'action morale d'un Etat, de bien avoir conscience de son essence même, sous peine de rester improductif. L'Etat est tenu à la loi naturelle, pour tous, mais il n'est pas tenu à la loi de l'amour.

    Donc, puisque dans ce cas il nous faut distinguer le citoyen de l'étranger (pour juger précisément ce qui est dû à chacun), et l'Etat de l'individu (pour juger ce qui est possible du souhaitable), nous voyons parfaitement que :
    1° - les expulsions ou reconduites dans leur modalité actuelle n'enfreignent ni la loi naturelle, ni la loi positive. Si oui, nous attendons une démonstration du contraire (par exemple que les Roms risquent leur vie s'ils retournent dans leur pays, ou que les enfants sont séparés de leurs parents, où que la dignité des Roms en tant que personne est bafouée, ceux-ci étant convoyés par avions de ligne, ou par d'autres façons).
    2° - que si un pays de tradition chrétienne se doit d'être accueillant, il appartient à l'accueilli, qui vient librement et sans contrainte, de respecter à la fois l'accueillant et les lois du pays d'accueil, et ne pas constituer un fardeau social insurmontable ; il n'y a certes rien de déraisonnable dans ces exigences, dans la mesure où les citoyens sont eux-mêmes tenus au respect de la loi - pour autant qu'elle se conforme à la loi naturelle. Que d'autre part, l'on ne peut exiger d'un Etat qu'il soit plus généreux envers les étrangers que ses propres citoyens, et qu'en période de chômage de masse, de crise du logement, de déficit sociaux et autres, l'Etat est en droit d'ordonner soigneusement sa charité, de même que le Christ ordonna soigneusement sa prédication aux enfants d'Israël dans sa vie terrestre.

    Nous ne voyons donc, après réflexion, ni atteinte à la dignité ou l'intégrité de l'homme, ni injustice, puisque l'Etat français ne dénie pas l'accès au droit à ces personnes.

    En revanche, nous nous souvenons que, selon le CEC :

    - 1750 La moralité des actes humains dépend :
    de l’objet choisi ;
    de la fin visée ou l’intention ;
    des circonstances de l’action.

    Si l'objet choisi et les circonstances ne posent après réflexion pas de problèmes, il n'en va pas de même pour l'intention, et mon intuition est qu'il s'agit précisément de la source de toutes ces confusions et de ces malaises, très maladroitement et peu raisonnablement exprimés.
    En effet l'intention du gouvernement ne semble ici inspirée que par un souci sécuritaire de seconde main. L'impression retirée est bien que l'intention soit ici principalement électoraliste, puisqu'il a lui-même choisi de médiatiser ces reconduites ; or cette médiatisation n'a aucun caractère de nécessité.

    Voilà qui jette en définitive le doute sur le caractère morale de ces mesures de reconduites. Encore faut-il que l'Eglise, pour être audible, ne soit pas dans la posture mais dans la pastorale, et ne tape pas à côté de la plaque. On ne convainc pas des non-chrétiens à coups de versets de Bible plus ou moins pertinents, mais par une droite raison guidée par l'enseignement du Christ.
    Nous attendons donc de la part de ces évêques qu'ils nous expliquent, raisonnablement, pourquoi ils jugent les explusions de Roms immorales et comparables aux déportations des Juifs, par les outils mêmes qu'ils proposent à leurs fidèles.
    Ne nous avertissent-ils pas avec la régularité d'un coucou suisse que l"enfer est pavé de bonnes intentions" ? Luca Signorelli l'a même peint dans leurs cathédrales !

    Conclusion : nous avons insisté sur la méthode de la reconnaissance du caractère morale ou non d'une action. Il faut aussi insister sur l'obligation d'éclairer sa conscience par la connaissance la plus vaste possible du sujet de réflexion. Par exemple en prenant garde de ne pas prendre le Rom pour le bon sauvage maltraité par l'homme civilisé, mais en ayant conscience de toute la face cachée de cette misère apparente : en l'occurrence un business de la misère de type maffieux.
    Dans toutes ces opérations de prise de conscience, c'est bien l'intellect qui doit prendre le relai de l'affect.
    Nous nous étonnons également que les ténors de la morale (et nous aurions préféré entendre la voix des docteurs, des casuistes) se fassent entendre sur un pseudo-scandal des reconduites, quand ils se tenaient bien coi sur le scandale des conditions de vie -  et d'exploitation - des Roms. Voici la réalité : ces ténors sont le vrai scandale. Ils sont les idiots utiles des exploitants de la misère.

    Note : nous conseillons vivement la lecture des ouvrages de Servais Pinckaers (notamment "La morale catholique", cerf).

  • Useful idiots

    gericault-alienes.JPG  "The age of useful idiots is not over yet."
      "Le temps des idiots utiles n'est pas encore révolu." (John Sweeney, BBC, "The useful idiots", 07/07/2010)
    ¨
    Passionnant reportage de la BBC sur les idiots utiles, des thuriféraires de Staline à ceux d'Ahmadinejad en passant par ceux de Mao, Pinochet, Saddam Hussein.
    Avec cette grande question : comment des gens supérieurement éduqués et intelligents peuvent-ils faire preuve d'une niaiserie dépassant l'humainement possible ?
    Au moins quatre réponses sans doute :
    - L'intelligence prend plusieurs formes, parmi lesquelles la capacité de spéculation et d'abstraction n'en est qu'une. On peut donc être très intelligent par certains côtés, et très niais par d'autres.
    - La vanité, moteur inépuisable et jamais surestimé du genre humain.
    - La morale, à laquelle tout le monde ce réfère mais à laquelle plus personne n'est capable de rendre proprement compte. Non seulement la morale n'est plus enseignée, mais plus grave encore elle a perdu tout fondement (par la faute d'autres idiots utiles, se gargarisant d'avoir tué Dieu). Il s'ensuit de grandes difficultés de discernement, même chez des brillants intellectuels.
    - La capacité de résilience du fantasme sur la réalité. L'homme est corps et âme, et la croyance en une métaphysique est une nécessité (y compris pour le messie-athée Nietzsche pae ex. - on développera ceci peut-être dans une future note).

    Dommage que la BBC n'en ait pas profité pour faire son auto-critique, son procès d'amertume : en tant que propagandiste quasi-officielle de toute l'idéologie dite progressiste, servante docile, obséquieuse et obscène de la culture de mort, c'est-à-dire de tous ces remèdes qui accélèrent invariablement la décomposition d'une société juste, qu'avait-elle besoin de chercher des exemples d'idiots utiles au bout du monde et au bout de l'histoire ? Elle ne se serait jamais aussi bien servie que par elle-même.

     

  • La raison, le curé d'Ars et l'écologie : tout ça.

    cure-d-ars.jpg  Benoît XVI est un prophète étonnant : peut-être parce qu'il ne supporte que la vérité. Voici ce qu'il écrivit le 16 juin 2009 :

    "Il existe aussi malheureusement des situations, jamais assez déplorées, où l'Église elle-même souffre de l’infidélité de certains de ses ministres. Et c’est pour le monde un motif de scandale et de refus. Ce qui, dans de tels cas peut être surtout profitable pour l'Église, ce n’est pas tant la pointilleuse révélation des faiblesses de ses ministres, mais plutôt une conscience renouvelée et joyeuse de la grandeur du don de Dieu"*

    On ne pouvait pas mieux anticiper la tourmente qui allait secouer l'Eglise quelques mois plus tard. Mais il a raison : la vérité ne pourra jamais nuire à l'Eglise, seulement la purifier et la renforcer.

    Les accusations pleuvèrent donc, le plus souvent sans discernement aucun. La raison fut en définitive - avec les victimes de pasteurs indignes- l'une des grandes perdantes de ce délire médiatique, tant dans nos sociétés dites sécularisées (entendons athées), l'irrationnel prend sans vergogne la place laissée par Dieu, expulsé comme un vagabond. La vérité devient alors chose très secondaire au regard de l'émotion, seule juge qui ne nécessite aucun jugement.
    Clownerie d'une époque qui se targue de raison (elle la confond avec la technique, la sotte) alors que jamais elle ne fut aussi peu pratiquée. la raison demande une pratique et une culture qui ne sont plus enseignées, probablement parce que si elles l'étaient, le risque de démasquer tous ces charlatans serait trop fort. Avec une touchante naïveté, l'époque se vante d'avoir chassé superstitions et obscurantisme, comme s'il suffisait de s'en convaincre pour que ce fut, tandis qu'elle adore, l'inconséquente, des bêtes, et qu'elle tâtonne dans la pénombre. Vierge folle ayant épuisé l'huile de sa lampe.

    "Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre : on y adorera les bêtes" **, avait dit le curé d'Ars.  C'est devenue plus qu'une théorie, un paradigme scientifique, un principe toujours vérifiable. C'est que l'homme, ici-bas, est corps et âme, ce que nie absolument et obstinément l'époque. Mais la vérité n'a que faire et existe indépendamment des convictions des uns et des autres, et cette vérité fait que, ignorée, l'âme de l'homme se meurt de d'inanition. Et l'homme est prêt à se ruer sur n'importe qu'elle nourriture pour apaiser cette faim.
    En réalité c'est toujours autre chose que l'âme qu'il nourrit. La plupart du temps ses fantasmes.

    C'est ainsi qu'on assiste au grand retour du paganisme : on vénère des arbres, des animaux. On les sacralise, on est même prêt à leur sacrifier des êtres humains pour calmer la fureur de dame nature outragée. On assiste au grand retour des prophètes de malheurs, vaticinateurs millénaristes qui nous prédisent des cataclysmes de toutes sortes : des grands froids aux grandes chaleurs, des sècheresses aux déluges : au moins, qu'ils se mettent d'accord.
    L'âme affamée délire. Elle dresse un totem à l'écologie (mais vous connaissez, vous, des écologistes qui peuvent tenir un discours raisonné sur la nature ? On les trouve surtout dans les villes, avouez que c'est mal parti ), nature déifiée qui devient la mesure de toute chose.
    En réalité pour la raison et la science, c'est là un coup fatal et parfaitement inutile : c'est bien parce que le Christianisme fait la distinction entre création et Créateur que la science fut rendu possible.
    L'écologie, comme Baal-Moloch, veut la peau de l'homme. Mais sans l'homme, la nature n'a absolument plus aucun intérêt. Il n'y a plus de différences entre le désert de la planète rouge et les mers de la planète bleue, puisque c'est l'homme seul qui peut faire cette différence.

    * & ** : in LETTRE DU SOUVERAIN PONTIFE BENOÎT XVI POUR L’INDICTION D’UNE ANNÉE SACERDOTALE À L’OCCASION DU 150e ANNIVERSAIRE DU DIES NATALIS DU SAINT CURÉ D’ARS

  • Voici l'homme

    B-Gozzoli_-Augustin-1.jpg  Benoît XVI, à l'audience générale du 30 janvier 2008, cite abondamment saint  Augustin :
    La foi et la raison sont « les deux forces qui nous conduisent à la connaissance » (Contra Academicos, III, 20, 43).

    Si l'Eglise catholique fait la distinction entre la foi et la raison, comme entre le spirituel et le temporel, elle ne rejette ni l'une, ni l'autre. Elle leur donne à chacune sa place, tous ses efforts étant de définir précisément la place de chacune, chacune ayant naturellement tendance à prendre la place de l'autre, comme une invincible volonté de puissance. Et la foi et la raison étant elles-mêmes sollicitées pour définir cette place, étant donc à la fois juges et partis, grande est la difficulté.

    Beaucoup de penseurs se sont émerveillés sur la capacité de l'Eglise à traverser les siècles, tant bien que mal, souvent plus mal que bien. L'une des raisons est simple : son discours sur l'homme, son anthropologie, est la seule qui prenne en compte, dans sa juste mesure, toutes les dimensions de l'homme : c'est la seule qui l'affirme corps et âme, donne à chacun sa place sans renier l'une ou l'autre, et prenne en compte ses besoins respectifs : les gnostiques nièrent la chair, les marxistes nièrent l'esprit : ils disparurent par leur propre faute ; on ne vit pas indéfiniment dans une erreur, surtout anthropologique. Aussi bien les mécanistes et les spiritistes, prenant la partie pour le tout, ne voyant pas que ce tout est  infiniment plus grand que la somme de ces parties, s'abusèrent et abusèrent les autres, les conduisant à un funeste destin, logique d'une logique fondamentalement erronée.

    "Grande profundum est ipse homo, cuius etiam capillos tu, domine, numeratos habes et non minuuntur in te: et tamen capilli eius magis numerabiles quam affectus eius et motus cordis eius."
    Profond abysse que l’homme, dont les cheveux mêmes vous sont comptés, Seigneur, sans qu’un seul s’égare; et il est encore plus aisé pourtant de les nombrer que les affections et les mouvements de son coeur!
    saint Augustin, Confessions, Livre IV 14,22

    "Factus eram ipse mihi magna quaestio et interrogabam animam meam."
    J'étais devenu à moi-même un grande énigme, et j'interrogeais mon âme."
    saint Augustin, Confessions, Livre IV 4,9

    Enigme et abysse d'un être aux deux origines : de Deo et ex-nihilo. A chacun de voir vers quelle origine il veut retourner. L'homme est une grande énigme et un profond abysse : il faut la foi pour le comprendre, et le comprendre pour avoir la foi.

  • Foi, science et déraison (fin)

    Tableau_Louis_Pasteur.jpg  Voici une anecdote dont nous ne saurons vraiment si elle participe de la légende ou de la vérité :
    Un jeune homme, frais et moulu de diplômes, pénètre dans le wagon d'un train en partance pour Paris. Il avise une place au fond, auprès d'un vieil homme somnolant. Le wagon tangue soudain brutalement au cours du trajet, et un rosaire tombe des mains du patriarche. Le jeune homme le ramasse, le lui rend et fait cette remarque :
    - Je suppose que vous priiez ?
    - C'est parfaitement exact, je priais.
    - Il est surprenant, reprit le jeune homme, de trouver encore de nos jours des gens croyant à toutes ces superstitions et obscurantismes. Tous nos professeurs à l'université ne croient plus à ces genres de choses.
    Le vieil homme parut surpris et amusé.
    - Mais oui, poursuivit le jeune homme, de nos jours,  les gens éclairés ne croient plus en toutes ces fadaises !
    - Pas possible ? répliqua le vieile homme.
    - Si fait, et si vous le souhaitez, je peux bien vous envoyer quelques livres qui sauront éclairer votre lanterne.
    - Eh parfait, dit le vieil homme alors que le train arrivait à bon quai. Envoyez-les moi à cette adresse - lui tendant sa carte de visite :
    "Louis Pasteur, Directeur de l'Institut Pasteur, Paris.

    Voici le discours très éclairant qu'il prononça le jour de sa réception à l'Académie Française. Il fait l'éloge de son prédécesseur, Mr Littré :

    "Le principe fondamental d’Auguste Comte est d’écarter toute recherche métaphysique sur les causes premières et finales, de ramener toutes les idées et toutes les théories à des faits et de n’attribuer le caractère de certitude qu’aux démonstrations de l’expérience. Ce système comprend une classification des sciences et une prétendue loi de l’histoire qui se résume dans cette affirmation : que les conceptions de l’esprit humain passent successivement par trois états : l’état théologique, l’état métaphysique, l’état scientifique ou positif.

    M. Littré ne tarissait pas en éloges au sujet de celte doctrine et de son auteur. Pour lui, Auguste Comte était un des hommes qui devaient tenir une grande place dans la postérité, et la « philosophie positive une de ces œuvres à peine séculaires qui changent le niveau ». Interrogé sur ce qu’il estimait le plus dans l’emploi de sa laborieuse vie, nul doute que sa pensée ne se fût portée avec complaisance sur son rôle d’apôtre sincère et persévérant du positivisme.

    Il n’est pas rare de voir les plus savants hommes perdre parfois le discernement de leur vrai mérite. C’est ce qui me fait un devoir d’un jugement personnel sur la valeur de l’ouvrage d’Auguste Comte. Je confesse que je suis arrivé à une opinion bien différente de celle de M. Littré. Les causes de cette divergence me paraissent résulter de la nature même des travaux qui ont occupé sa vie et de ceux qui sont l’objet unique de la mienne.

    Les travaux de M. Littré ont porté sur des recherches d’histoire, de linguistique, d’érudition scientifique et littéraire. La matière de telles études est tout entière dans des faits appartenant au passé, auxquels on ne peut rien ajouter ni retrancher. Il y suffit de la méthode d’observation qui, le plus souvent, ne saurait donner des démonstrations rigoureuses. Le propre, au contraire, de l’expérimentation, c’est ne pas en admettre d’autres.

    L’expérimentateur, homme de conquêtes sur la nature, se trouve sans cesse aux prises avec des faits qui ne se sont point encore manifestés et n’existent, pour la plupart, qu’en puissance de devenir dans les lois naturelles. L’inconnu dans le possible et non dans ce qui a été, voilà son domaine, et, pour l’explorer, il a le secours de cette merveilleuse méthode expérimentale, dont on peut dire avec vérité, non qu’elle suffit à tout, mais qu’elle trompe rarement, et ceux-là seulement qui s’en servent mal. Elle élimine certains faits, en provoque d’autres, interroge la nature, la force à répondre et ne s’arrête que quand l’esprit est pleinement satisfait. Le charme de nos études, l’enchantement de la science, si l’on peut ainsi parler, consiste en ce que, partout et toujours, nous pouvons donner la justification de nos principes et là preuve de nos découvertes.

    L’erreur d’Auguste Comte et de M. Littré est de confondre cette méthode avec la méthode restreinte de l’observation. Étrangers tous deux à l’expérimentation, ils donnent au mot expérience l’acception qui lui est attribuée dans la conversation du monde, où il n’a point du tout le même sens que dans le langage scientifique. Dans le premier cas, l’expérience n’est que la simple observation des choses et l’induction qui conclut, plus ou moins légitimement, de ce qui a été à ce qui pourrait être. La vraie méthode expérimentale va jusqu’à la preuve sans réplique.

    Les conditions et le résultat quotidien du travail de l’homme de science façonnent, en outre, son esprit à n’attribuer une idée de progrès qu’à une idée d’invention. Pour juger de la valeur du positivisme, ma première pensée a donc été d’y chercher l’invention. Je ne l’y ai pas trouvée. On ne peut vraiment attribuer l’idée d’invention à la loi dite des trois états de l’esprit humain, pas plus qu’à la classification hiérarchique des sciences qui ne sont l’une et l’autre que des à peu près, sans grande portée. Le positivisme, ne m’offrant aucune idée neuve, me laisse réservé et défiant.

    La foi de M. Littré dans le positivisme lui vint également des apaisements qu’il trouvait sur les grandes questions métaphysiques. La négation comme le doute l’obsédaient. Auguste Comte l’a tiré de l’un et de l’autre par un dogmatisme qui supprimait toute métaphysique.

    En face de cette doctrine, M. Littré se disait : Tu n’as à te préoccuper ni de l’origine ni de la fin des choses, ni de Dieu, ni de l’âme, ni de théologie, ni de métaphysique ; suis ton penchant de chercheur « inquiet ou charmé » ; fuis l’absolu ; n’aime que le relatif. Quelle quiétude pour cette tête ardente, ambitieuse de parcourir tous les champs du savoir !

    On s’est pourtant trompé sur cette quiétude et l’on s’est payé de fausses apparences en prétendant faire de M. Littré un athée résolu et tranquille. Les croyances religieuses des autres ne lui étaient pas indifférentes. « Je me suis trop rendu compte, dit-il, des souffrances et des difficultés de la vie humaine pour vouloir ôter à qui que ce soit des convictions qui le soutiennent dans les diverses épreuves. » Il ne nie pas plus l’existence de Dieu que celle de l’immortalité de l’âme ; il en écarte a priori jusqu’à la pensée, parce qu’il proclame l’impossibilité d’en constater scientifiquement l’existence.

    Quant à moi, qui juge que les mots progrès et invention sont synonymes, je me demande au nom de quelle découverte nouvelle, philosophique ou scientifique, on peut arracher de l’âme humaine ces hautes préoccupations. Elles me paraissent d’essence éternelle, parce que le mystère qui enveloppe l’univers et dont elles sont une émanation est lui-même éternel de sa nature.

    On raconte que l’illustre physicien anglais Faraday, dans les leçons qu’il faisait à l’Institution royale de Londres, ne prononçait jamais le nom de Dieu, quoiqu’il fût profondément religieux. Un jour, par exception, ce nom lui échappa et tout à coup se manifesta un mouvement d’approbation sympathique. Faraday s’en apercevant interrompit sa leçon par ces paroles : « Je viens de vous surprendre en prononçant ici le nom de Dieu. Si cela ne m’est pas encore arrivé, c’est que je suis, dans ces leçons, un représentant de la science expérimentale. Mais la notion et le respect de Dieu arrivent à mon esprit par des voies aussi sûres que celles qui nous conduisent à des vérités de l’ordre physique. »

    La science expérimentale est essentiellement positiviste en ce sens que, dans ses conceptions, jamais elle ne fait intervenir la considération de l’essence des choses, de l’origine du monde et de ses destinées. Elle n’en a nul besoin. Elle sait qu’elle n’aurait rien à apprendre d’aucune spéculation métaphysique. Pourtant elle ne se prive pas de l’hypothèse. Nul, au contraire, plus que l’expérimentateur, n’en fait usage ; mais c’est seulement à titre de guide et d’aiguillon pour la recherche et sous la réserve d’un sévère contrôle. Il dédaigne et rejette ses idées préconçues, dès que l’expérimentation lui démontre qu’elles ne correspondent pas à des réalités objectives.

    M. Littré et Auguste Comte croyaient et firent croire, aux esprits superficiels que leur système reposait sur les mêmes principes que la méthode scientifique dont Archimède, Galilée, Pascal, Newton, Lavoisier sont les vrais fondateurs. De là est venue l’illusion des esprits, favorisée encore par tout ce que présentaient de garantie la science et la bonne foi de M. Littré."

    ...

    Il est absolument piquant d'observer que Pasteur réfuta en son temps la théorie de la génération spontanée de ces mêmes positivistes avec rage et acharnement, et eut contre lui un certain journaliste nommé Georges Clémenceau. Il est vrai que Pasteur eut alors le tort d'être ouvertement catholique.  Voilà donc les pseudo-lumières : plus obscurantistes que l'obscurantisme qu'ils dénoncent : il est en vérité une lumière qui pique des yeux habitués aux ténèbres : parce qu'ils sont incapables de regarder cette lumière en face, qu'ils ne savent soutenir plus qu'un pâle reflet, ces myopes  traitent les autres d'aveugles. Pensent-ils ainsi gagner en acuité ?

    Nons avons démontré dans la note précédente qu'il n'y a pas d'obstacles structurels entre le christianisme (dont le catholicisme) et la science. Les obstacles qui furent réels comme l'affaire Galilée (en 2000 ans d'existence, une institution ne peut-elle souffrir le moindre errement ?) ne furent que conjoncturels.

    Nous avions aussi esquissé une traduction formelle en signalant le rôle de l'Eglise catholique dans la conservation et la dispensation du savoir. Plus de factuels :

    - En 2003 fut célébré le 400ème anniversaire de la création de l'Accademia dei Lincei, l'Académie des Lynx, l'ancêtre de l'Académie des sciences pontificales. Cette Accadémia fut fondée à Rome en 1603, sous le règne du pape Clément VIII, par Frederico Cesi. Il s'agit de la première académie exclusivement scientifique. Parmi d'anciens membres : Max Planck, Louis de Broglie, Niels Bohr, Louis Leprince-Ringuet, Georges Lemaître, Werner Heisenberg, Erwin Schrödinger, Paul Dirac.

    - Citons un extrait de l'ouvrage de James Walsh, "Catholic churchmen in science"
    "Le "Dictionnaire Biographique des sciences exactes" de Poggendorff (Biographisch-literarisches Handwörterbuch zur Geschichte der exacten Wissenschaften, enthaltend Nach-weisungen über Lebensverhältnisse und Leistungen von Mathematikern, Astronomen, Physikern, Chemikern, Mineralogen, Geologen... aller Völker und Zeiten (Leipzig, 1863, 2 vol. gr. in-8)) contient dans ses deux premiers volumes les noms de 8847 savants de la haute antiquité jusqu'à 1863. Parmi ces noms, un peu plus de 10% sont membres du clergé catholique.
    (...) Parmi les quelques 1000 ecclésiastiques distingués dans le domaine des sciences exactes, les Jésuites comptent pour 50%. En l'espace de deux siècles et demi d'existence, les Jésuites ont réussi à placer un de leur membre sur vingt [scientifiques] dont les futures générations se souviendront pour leur contribution à la science.
    Pour une société fondée avec l'objectif de suivre les volontés du pape aussi exactement que possible, qui s'est toujours dévouée à remplir cette objectif avec une fidélité exemplaire, d'avoir donné un aussi grand nombre d'hommes à la science est la meilleure réponse possible à ceux qui prétendent que les papes ou l'Eglise se sont opposés de toutes les façons au développement scientifique."
    (James Walsh, "Catholic churchmen in science",  chp7, The Jesuit astronomers)

    Si l'on veut se persuader de l'influence des Jésuites dans l'histoire de la science, une brève visite sur cette page  wikipedia suffira.
    On peut aussi se contenter de mentionner les quelques 35 cratères de la lune portant le nom de jésuites, ou que, parmi les 303 personnalités mentionnées par l'abbé Charles Bossut (géomètre, élu en 1768 à l'Académie des sciences) dans son livre "Histoire générale des mathématiques" publié en
    en 1810, on compte bien seize jésuites. Si l'on veut se persuader plus généralement de l'influence du christianisme et du catholicisme dans l'histoire de la science, un autre saut sur une autre page suffira également.

    N'hésitez pas à ouvrir un commentaire ci-dessous avec une brève biographie d'un ou plusieurs hommes d'Eglise ou laïcs chrétiens, penseurs ou scientifiques. Ceci achèvera bien de consummer cette légende noire aussi inepte que ceux qui la propagent. En vrai notre siècle est bien prétentieux : nous ne sommes que nains sur épaules de géants, et ces géants furent pour bonne part chrétiens et catholiques, n'en déplaise.