On reprochera à l'Eglise catholique, sans doute éternellement, le procès Galilée. C'est plutôt, après réflexion, un bon signe. Et cela est très peu de chose comparé aux incessants procès d'intentions intentés à l'Eglise catholique.
Parmi les innombrables notons, blasés, la déclaration du scientifique Stephen Hawkin dans son livre "Une brève histoire du temps" :
"[Le Pape Jean-Paul II rappela que] nous avons raison d'étudier l'évolution de l'univers depuis le Big Bang , mais nous ne devrions pas explorer le Big Bang car il s'agit de l'instant de la Création et donc l'oeuvre de Dieu".
Chacun jugera : il se trouve que le discours de Jean-Paul II à l'Académie des sciences, auquel fait référence Hawking, est disponible sur le site du Vatican. Il se trouve aussi qu'il n'y a nulle part cette assertion. Il se trouve par surcroît qu'aucun autre scientifique invité ne releva cette énormité. Il se trouve enfin qu'elle serait en contradiction avec le discours même que tint Jean-Paul II ce jour-là :
"La cosmogonie et la cosmologie ont toujours suscité un grand intérêt chez les peuples et dans les religions. La Bible elle-même nous parle de l’origine de l’univers et de sa constitution, non pas pour nous fournir un traité scientifique mais pour préciser les justes rapports de l’homme avec-Dieu et avec l’univers. L’Écriture Sainte veut simplement déclarer que le monde a été créé par Dieu, et pour enseigner cette vérité elle s’exprime avec les termes de la cosmologie en usage au temps de celui qui écrit. Le livre sacré veut en outre faire savoir aux hommes que le monde n’a pas été créé comme siège des dieux, comme l’enseignaient d’autres cosmogonies et cosmologies, mais qu’il a été créé au service de l’homme et à la gloire de Dieu. Tout autre enseignement sur l’origine et la constitution de l’univers est étranger aux intentions de la Bible: celle-ci ne veut pas enseigner comment a été fait le ciel, mais comment on va au ciel.*"
En revanche, Jean-Paul II ajoute ceci :
"Toute hypothèse scientifique sur l’origine du monde, comme celle d’un atome primitif d’où dériverait l’ensemble de l’univers physique, laisse ouvert le problème concernant le commencement de l’univers. La science ne peut par elle-même résoudre une telle question: il y faut ce savoir de l’homme qui s’élève au-dessus de la physique et de l’astrophysique et que l’on appelle la métaphysique; il y faut surtout le savoir qui vient de la révélation de Dieu."
Et il continue ainsi :
"J'ai une ferme confiance dans la communauté scientifique mondiale, et d’une manière toute particulière dans l’Académie pontificale des Sciences, certain que grâce à elles les progrès et les recherches biologiques, comme du reste toute autre recherche scientifique et son application technologique, s’accompliront dans le plein respect des normes morales, en sauvegardant la dignité des hommes, leur liberté et leur égalité. Il est nécessaire que la science soit toujours accompagnée et contrôlée par la sagesse qui appartient au patrimoine spirituel permanent de l’humanité et qui s’inspire du dessein de Dieu inscrit dans la création avant d’être ensuite annoncé par sa Parole."
Stephen Hawking est un brillant scientifique, à n'en pas douter. Il cherche donc, comme tout scientifique, quelque chose comme une consécration, une empreinte historique. Hawking écrit qu'il se sent une identité très proche avec Galilée : il ne rêva sans doute que d'une chose : finir comme lui au tribunal inquisitionel, le panthéon des fantasmes, et qu'ainsi il eut gravé sa statue de marbre pour l'éternité.
Il ne pardonnera probablement jamais à l'Eglise de ne pas lui avoir fait subir le même sort - il ne lui reste donc plus qu'à prendre ses désirs pour la réalité.
Cette sortie d'Hawking fut évidemment reprise à réplétion, et jusqu'à indigestion sonore, par toutes sortes de trompettes mal embouchées : ainsi sur un site dédié à Stephen Hawking, on peut y lire : "En posant sa théorie, comme tous les cosmologistes Hawking se met en porte-à-faux avec le dogme et la religion chrétienne."
Comme l'abbé Georges Lemaître, l'inventeur de ce qui sera appelé la théorie du Big-Bang ? D'où vient cette chimère que l'Eglise catholique serait hostile aux sciences, alors qu'en réalité l'Occident lui doit tout (qu'on songe seulement ici aux travaux des Jésuites) ? Il n'y a guère que les ignorants ou les malveillants pour affirmer de telles balivernes : qu'il suffise pourtant de regarder objectivement l'histoire de la science. N'y a t-til donc même pas la crainte du ridicule lorsque quelque bouffon morose s'échine à éreinter l'Eglise dans ce domaine ? Il croit donner le bâton; c'est seulement pour se faire battre.
* DISCOURS DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II Á L'ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES Samedi, 3 octobre 1981.
( «Spiritui Sancto mentem fuisse nos docere quomodo ad coelum eatur, non quomodo coelum gradiatur», mot attribué à Baronius.)
Note : paragraphe 159 du Catéchisme de l'Eglise Catholique :
Foi et science. " Bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de vrai désaccord entre elles. Puisque le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi a fait descendre dans l’esprit humain la lumière de la raison, Dieu ne pourrait se nier lui-même ni le vrai contredire jamais le vrai " (Cc. Vatican I : DS 3017). " C’est pourquoi la recherche méthodique, dans tous les domaines du savoir, si elle est menée d’une manière vraiment scientifique et si elle suit les normes de la morale, ne sera jamais réellement opposée à la foi : les réalités profanes et celles de la foi trouvent leur origine dans le même Dieu. Bien plus, celui qui s’efforce, avec persévérance et humilité, de pénétrer les secrets des choses, celui-là, même s’il n’en a pas conscience, est comme conduit par la main de Dieu, qui soutient tous les êtres et les fait ce qu’ils sont " (GS 36, § 2).