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Société - Page 38

  • De Nietzsche et du "travailler plus"

    Qui eut pensé que Nietzsche fut, un bon siècle plus tôt, un ardent opposant au sarkozisme ? Facile à prouver :

    "La plus ardente au travail de toutes les époques - notre époque - ne sait rien faire de son immense ardeur au travail et de son argent, sinon encore plus d'argent et encore plus d'ardeur au travail ; il faut plus de génie pour dépenser que pour amasser !" (Le Gai Savoir, 1er Livre, 21)

    (J'émettrai une réserve sur l'homme russe qui, lui, n'a jamais éprouvé aucune panne d'imagination pour dépenser grassement l'amassement.)

    Notons que chez nous  les publicitaires se chargent bien volontier d'être les mauvais génies de la dépense. Constatant les lacunes béantes de l'homo economicus sur la façon de brasser son argent amassé, ils prennent à charge notre lassitude et notre imagination. En effet l'esprit tout gras, tout pesant, tout empoté de consommation ne se meut plus - il est comme ces individus odieusement obèses qui ne peuvent plus se retourner sans faire appel à une armée de péones.
    Ces messies de la dépense nous expliquent donc comment il faut se vêtir, se shampouiner, se raser, manger, boire - ils nous disent  les types cools qu'on doit fréquenter, et ceux qu'on doit imiter pour être soi-même cool et fréquentable.
    Surtout, écoutez-les, ils veulent tous notre bien et notre bonheur, voilà le plus remarquable. Je l'affirme sans risquer de jamais me tromper, nulle époque n'eut autant d'âmes aussi professionellement charitables - qui se dévouent aux heures ouvrées au bonheur d'autrui.
    Pourvu qu'on puisse se le(s) payer.
    Faux-monnayeurs. Les marchands d'élixirs miracles, ne les appelait-on pas charlatan ? Ne les couvrait-on pas de goudron et de plumes ?
    Nunc ecce homo : cocu, battu, content de l'être, l'idiot utile engraisse ces sansonnets pour qu'ils lui pépient continuellement leurs gentilles sornettes à dormir debout, auxquelles il a déjà soldé son âme.

    Nietsche, encore une fois :

    "Que de fois je vois que la rage aveugle de travail procure certes richesses et honneur, mais qu'elle prive simultanément les organes de la finesse qui permettrait de prendre plaisir à la richesse et à l'honneurs."
    "Il y a une sauvagerie à l'indienne dans la manière dont les Américains courent après l'or : et leur course effrénée - le vice propre au Nouveau Monde - commence déjà, par contagion, à rendre la vieille Europe sauvage, et à répandre sur elle une absence d'esprit absolument stupéfiante. On a déjà honte, aujourd'hui, du repos ; la méditation prolongée provoque presque des remords. On pense la montre en main, comme on déjeune, le regard rivé au bulletin de la bourse."
    "Faire n'importe quoi plutôt que rien - ce principe aussi est une corde qui permet de faire passer de vie à trépas toute éducation et tout goût supérieur."

    "Travaillez plus pour gagner plus"... Dire que c'est le projet de société d'un parti politique. Confusion intellectuelle classique où l'on prend la fin pour les moyens. Travailler pour vivre décemment en accord avec la dignité de l'homme, voilà la seule finalité du travail.

    La conséquence de ce sophisme, de ce coup de force contre la hiérarchie des valeurs qui place le travail au-dessus de tout, c'est qu'il nous faut sacrifier à leur nouveau petit dieu. Et comme le jour consacré à Dieu est, dans nos sociétés aux racines indéracinablement chrétiennes, le dimanche, et bien il faut honorer ce petit dieu en travaillant ce jour-là,  même au prix de tous les contre-sens économiques.

    Ainsi :

    - Comment pourra-t-on se payer le dimanche ce qu'on a pas pu se payer les autres jours de la semaine ? En d'autres termes, le pouvoir d'achat ne va pas mécaniquement et comme par miracle s'allonger pour satisfaire à la  frénésie de consommation d'une journée supplémentaire (d'autant que les achats sur internet se font 24H/24...)

    - le travail du dimanche est profitable à quelques commerces précisément parce qu'ils ne sont que "quelques". Le moment où tous ouvriront le dimanche, la part du gâteau étant partagée entre un plus grand nombre, la chose sera évidement beaucoup moins  alléchante. Voire indigeste si l'on considère les frais supplémentaires qu'engendrent ce jour ouvré supplémentaire. Voilà un gâteau qui risque fort de rester sur l'estomac.

    - si l'on pousse la logique au bout et que tout le monde travaille le dimanche, qui à part les retraités et les nourrissons pour fréquenter tous ces commerces ? mais ces oisifs n'ont-ils pas tous les autres jours de la semaine de libre ?

    - pendant les Trente Glorieuses, le taux de croissance atteignait les 5%. Et pourtant on ne travaillait pas le dimanche. Etonnant non ?

    => le travail du dimanche n'a aucun sens économique. Sans compter le coût social d'une telle mesure, ce sera en définitive un appauvrissement plutôt qu'un enrichissement.

    Le visage cynique du capitalisme libertaire se dévoile enfin : "le travail du dimanche ne se fera que sur la base du volontariat." Qu'on m'explique quelle liberté quand votre concurrent ouvrira le dimanche ? Qu'on m'explique quelle  liberté pour le salarié quand son patron va lui annoncer que son affaire ouvrira le dimanche ?

    Un marché de dupes. voilà ce qu'est cette fumeuse idée du travail du dimanche.
    A ce titre, une fausse bonne idée libérale vaut sans doute autant qu'une fausse bonne idée socialiste : on  vous fait miroiter la cacahuète et on se retrouve à en machouiller les pelures .

  • Du philosophe contemporain

    Le croiriez vous, notre époque comporte encore des philosophes. Cette blague  ! (en effet, c'en est une.)

    Pour le prouver, nous déterrons et appelons à la barre l'un de ceux qui se pencha sur l'essence des choses : Platon.

    Il semble en effet que de nos jours, est philosophe celui qui simplement aime à se désigner comme tel au regard de tous. Voilà qui nous semble un critère un peu juste : est-ce qu'un médecin n'est médecin que par sa détermination à se désigner ainsi ? Ne serait-il pas accusé par le sens commun d'être tout bonnement un charlatan ?

    Il est ainsi de nos écrivaillons, qui, par le simple fait de leur écriture et parce qu'ils ne se démènent qu'en vraisemblance, usurpent le nom de philosophe au lieu qu'ils ne sont que de vulgaires rhéteurs, ne convaincant que le vulgaire.

    Or, "ce n'est point leur activité d'écrivain mais le souci de la vérité qui leur vaudra ce nom."
    Et il faut bien constater que chez nos anguilles, le souci de complaire l'emporte de beaucoup. Car la vérité fait peu vendre, et c'est là un gros défaut pour qui se vante d'être philosophe de profession.
    Les sophistes, les rhéteurs et les prostituées se font payer. Socrate lui pensait que la vérité ne pouvait se marchander. Une sorte d'exception cultuelle.

    Le nom, puisqu'à l'exemple de tous les Phèdre on nous presse de le donner : "Celui de sage me semble bien sublime et ne convient qu'à Dieu. Ami de la sagesse leur conviendrait mieux."

    Quand à nos "philosophes" contemporains, nommons les plutôt "indignologues, sermonnaires, logographes, brasseurs de pathos..." Ami de l'esbrouffe et des paillettes leur conviendrait mieux.

  • De lois scélérates en incubation

    On en finit plus depuis une poignée de décennies de rafistoler des liens sociaux putréfiés comme un lépreux qu'on soignerait à coup d'onguents.
    Dans cette fuite en avant, on essaie ainsi de se faire croire qu'on peut substituer des liens biologiques par des liens de droit . De nos jours en effet, il semble que le législateur ait reçu un mandat sur le réel, fond soldé sans doute de la prétention marxiste que la nature devait se soumettre à la volonté de l'homme.

    Question : la loi doit-elle toujours courir derrière et valider à son détriment tous les problèmes qu'une société déliquescente s'inflige à elle-même ?
    Ici nous voyons bien jusqu'à quel point d'absurdité se précipite benoîtement l'homme incohérent, race mise en pot fin XVIII° et en plein bourgeonnement en ce début XXI°. Voici donc que notre homme incohérent nie le biologique dans un élan d'obscurantisme assez peu commun dans notre histoire : on pourra toujours se lamenter qu'au Grenelle de l'environnement, on y eut à ce point négligé l'homme tout court.


    Nier l'importance des liens biologiques chez l'homme, c'est en effet se fabriquer aujourd'hui un gentil conte de fée et se préparer pour demain une génération de nihilistes enragés.
    L'être humain, quoique certains matérialistes fondamentalistes pensent nous expliquer le contraire, mais curieusement aucun psychiatre ne pense une seconde à valider leur thèse, a un impérieux besoin de connaître sa genèse pour se contruire, cela du simple fait de sa raison qui le conduit à s'interroger sur sa place dans le monde des vivants. Nier cette capacité de raison et la légitimité de questions existentielles sur l'origine et l'identité, c'est nier la nature même de l'homme, c'est méconnaître la réalité de l'homme, et c'est rabaisser l'homme au niveau d'un vulgaire mouton cloné. L'ovin c'est certain ne se préoccupera pas de sa place dans l'histoire de la moutonité. L'ovin n'a pas de crise identitaire : il bêle et broute.
    On trouvera bien des exemples de personnes apparemment équilibrées se construisant parfaitement sans racines. On trouvera bien plus sûrement la réalité inverse. Risquer délibérement d'handicaper une personne est alors criminel et procède d'une conception de l'homme profondément inhumaniste (notez qu'en parallèle on ne prendra aucun "risque" si une anomalie est diagnostiquée chez un foetus : on supprime. Ici on parait en revanche prêt à assumer tous les risques !)

    Le débat sur "l'homoparentalité*" se situe sur ce plan. Il n'est pas de savoir si les couples homosexuels savent mieux ou moins bien aimer les enfants. Comme d'habitude avec l'homosexualité,  on se hâte de téléporter le sujet sur le plan du pathos. Comme s'il suffisait d'aimer ses enfants pour en faire des hommes et des femmes ! Si c'est bien le moindre, c'est très loin de suffire.
    Sans même mentionner ici l'incohérence à la fois sémantique et sexuelle et de l'homoparentalité*, qui contestera ce que le bon sens et tous les spécialistes de l'enfant affirment ? que celui-ci se construit idéalement avec la figure du père ET de la mère, tout imparfaite qu'elle soit : Ceux-ci et seulement eux, puisque c'est ainsi que la nature procède chez les mammifères, lui donne toute sa place dans la généalogie humaine. Nier soit la mère, soit le père est une dénaturation. Déconnecter les termes de père et de mère de leur genre qui leur est propre est du charlatisme et de la désubstantation pure et simple (certains échappés de l'asile pensent en effet que le père ou la mère est un concept purement culturel et subjectif, déconnecté du genre homme/femme...)

    Il y a en vérité une aspiration naturelle chez l'homme à assurer sa descendance et la pérennité de l'espèce, dans les limites de son espèce.
    Il n'existe donc que le droit légitime de donner la vie, dans le respect de ce qui fonde ce droit même.
    Il existe sur ce même fondement un droit de l'enfant, qui, par le fait de sa nature même, a droit à une parentalité. Ces deux droits, celui de donner la vie et celui à la parentalité, ne peuvent être disjoints sous peine de saper ce qui les fonde.  Et ce qui les fonde, on l'aura compris, c'est la nature même de l'homme, notamment dans sa dimension biologique. Voilà ce que crie la raison.
    Un enfant qu'on aurait délibérement et volontairement privé de père ou de mère avant même sa conception, c'est là un attentat délibéré contre son identité.
    Mais voilà une barbarie qui est finalement très digne de notre temps, qui décidément n'aime pas les enfants.

     Note : nous entendons "parents" au sens strictement etymologique, à savoir du latin parens - le père ou la mère, au pluriel désignant le père et la mère.

    * je voudrais bien que dans la classe des vivants qu'on nomme mammifère et de la sous classe placentaire dont l'homme fait partie, on m'explique la réalité de "l'homoparentalité". Les mots disent le monde, ils sont bien incapables de le re-créer sauf dans le domaine de l'illusion et du fantasme, en bref dans le domaine du néant.

  • De l'impérieuse innécessité "de vivre avec son temps"

    Nos oreilles sont navrées par la récrimination suivante : "l'Eglise ne vit pas avec son temps". Quel crédit pour ce reproche rabâché par une volée de faux pâtres azimutés ? Que dire de leur tintamarre repris en fanfare par un bétail s'accordant à leur pipeau à trente-six trous ? Entendons que ces mugissements visent d'abord l'enseignement morale de l'Eglise, et qu'il ne s'agit pas ici de discuter de l'opportunité de relier toutes les paroisses du monde et de Navarre en réseau fibres multiplexées ultra-haut débit - ou de mettre en peer-to-peer la dernière homélie du padre au format mp3.

    Or donc, selon la logique de ces ruminants bariolés, il aurait fallu que l'Eglise :

    - exposât avec les exposeurs d'enfants,

    - baissât le pouce avec la populace des jeux,

    - traitât avec les traites,

    - fût stalinienne avec Staline, nazie avec les nazis, maoïste avec Mao,

    - avortât à présent avec les infanticides.

    Bref, il aurait fallu toute soutane dehors qu'elle se laissât balloter avec les vents mauvais du moment. Elle se laissa parfois, et les mêmes récrimineurs ne manquent pas alors  d'incriminer : ils lui reprochent donc hier d'avoir été dans l'air du temps, à présent ne plus l'être... Où est leur cohérence ? Incohérences de caprices d'enfants, savent-ils seulement ces pâtres errants ce qu'ils veulent et où ils vont  ?
    Ils errent, largués, déboussolés, mais avec quelle assurance ils prétendent donner au monde la direction à suivre ! Quoi de plus nuisible que le charlatan convaincu d'être un vrai médecin.

    Soyons lucide et observons que, souvent, l'Eglise n'a jamais été si mauvaise et peu inspirée que lorsqu'elle fut "de son temps". Elle n'a jamais été aussi prophétique que lorsqu'elle ne le fut point.
    D'ailleurs la personne honnête voit bien que la question shakespearienne n'est pas d'être ou de ne pas être de son temps, mais d'être toujours juste plutôt qu'injuste. Et la justice n'a absolument rien à voir avec l'air du temps - le plus souvent irrespirable.

    Cette musique contre l'air du temps nous est donc à nous d'une résonnance très agréable et réconfortante. Indice précieux que l'Eglise est dans le juste.
    Car le réflexe de celui qui se noie est d'entraîner tous les autres dans son cloaque, et du corps malade de pester contre les biens-portants.

    "Il est devenu un blâme pour nos pensées, sa vue même nous est à charge;
    "car son genre de vie ne ressemble pas aux autres, et ses sentiers sont tout différents.

  • Des autistes et de l'Eglise, où comment il vaut mieux être un peu moins bien portant.

    Récemment, l'un de nos meilleurs politiciens qualifia l'Eglise "d'autiste" à propos de la polémique ultra médiatique sur le préservatif. Que 25 à 30% des établissements de soins s'occupant des malades en Afrique soient tenus par des organisations autistes, voilà qui devrait susciter la curiosité ! Nous aurions ainsi moultement souhaité que le chorus des orfraies fut plus autistes en Afrique et peu moins bien portant en Europe. 
    Il se serait rendu grandement utile à bavasser moins et agir plus - car tel serait le mot d'ordre chez nos autistes : agir et parler peu. Les autistes parlent peu. Sans doute en conséquence réfléchissent-ils plus.

     Ainsi de l'autiste frère Giusti, médecin colombien en Ouganda depuis 30 ans. Faut-il qu'on soit autiste pour rester 30 ans dans un tel pays !

    Donc ce frère autiste explique comment, en Ouganda, des autistes ont fait passer la fréquence d'infection de 15% en 1991 à 5% en 2001.
    Lire son interview très instructive :
    http://www.zenit.org/article-20598?l=french

    C'est que l'Ouganda ne fait pas  les choses à moitié : elle a nommé un autiste en chef à la tête de la Commission Ougandaise de lutte contre le SIDA, monseigneur Barnabas R Halem' Imana, évêque à la retraite.

    Ces autistes ont si bien réussi que le Bostwana et le Swaziland ont décidé de copier leur programme de prévention basée sur la méthode ABC (Abstain, Be Faithful, or else use Condom).
    En revanche l'Afrique du Sud ou la Thaïlande, sans doute à cours d'autistes, basent leur prévention uniquement sur la distribution de préservatifs. Celui-ci est en effet dans notre civilisation une sorte de saint sacrement laïque dont on doit révérer l'infaillibilité, sous peine de procès inquisitoire et d'excommunication pénale.
    Ces pays voient leur taux de prévalence au SIDA exploser. Un esprit mal tourné y verrait là un rapport de cause à effet.
    Or donc, lorsqu'on suit le marketing - oups - les conseils éclairés de l'Occident, phare éblouissant de l'univers, sentiers lumineux du bonheur de l'homme - sous prozac - on a bien toutes les raisons de s'en féliciter chaudement.

    Chercher l'erreur.
    Chercher les criminels.

    Heureux êtes vous, autistes ; nous avons grandement besoin de vous.