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Philosophie - Page 6

  • Le nouvel obscurantisme

    On ne laisse pas de s'étonner (et en quelque sorte de s'émerveiller) à quel point l'obscurantisme de notre temps prend sa source dans les fameuses "lumières" du XVIII. Cette lumière aveugle tellement qu'elle ne fit que plonger l'homme dans des ténèbres toujours plus profondes. L'homme est à marche forcé vers le néant, en roue libre vers le précipice - et, parfaitement conscient par ailleurs qu'il accélère son destin funeste, sabote avec une minutie de maniaque les derniers freins qui éviteraient la catastrophe.

    Ainsi en est-il de tous ces mouvements qui prétendent déconstruire, et qui en fait, simplement détruisent. Si ces pensées en étaient restées au stade d'un gentil exercice intellectuel de oisifs, personne n'y trouverait à redire. Le problème est que certains se sont mis en tête de les expérimenter, ou de s'en servir pour arriver à des fins de pures convenances, comme un détrousseur se sert de l'objet pied-de-biche pour dépouiller le quidam.

    Ces détrousseurs qui déconstruisent par pure construction idéologique - et on aimerait le rappeler la formule "médecin, guéris-toi toi-même", ou : "déconstructeur, déconstruis-toi toi-même" - ont un obstacle de taille : la réalité, ou la nature des choses. Qu'importe, ils votent des lois qui contraindront bien celles de la nature. Les voici donc dans la prestidigitation, dans le bagout de charlatan ; mais le principal pour eux est bien sauver les illusions, et même les apparences d'illusions.

    Ainsi en est-il de toutes ces théories comme celle dite "du genre" : nouvelles superstitions, gri-gri d'une bande d'incontinents intellectuels qui masquent leurs insuffisances sous un tampon de verbosité. Gangsters à qui l'on a appris à lire et écrire, ils braquent la pensée et maintiennent la raison au bout de leurs flingues.

    Pour démonstration ils suffit de se reporter à la conclusion de Mgr Tony Anatrella, à propos des revendications sociétales de certains groupes "sexuellement orientés"  :

    "Il est dans l'intérêt de la société de se référer à la différence sexuelle au lieu de s'installer dans l'indistinction sexuelle.
    La négation de la différence sexuelle et l'affirmation de l'indistinction sexuelle développent un sentiment de toute-puissance handicapant qui empêche l'enfant d'accéder à une vision juste de la réalité et de ses limites. La seule question qui se pose est de savoir dans quelle structure relationnelle l'enfant doit s'inscrire ? La réponse est dans le donné du réel. L'enfant ne procède pas d'un seul sexe auto-suffisant. Il a besoin que sa mère soit une femme et son père un homme. Chacun est ainsi situé dans son identité et permet à l'enfant de se différencier subjectivement et socialement. L'homosexualité complique et ne permet pas ces processus. Elle est une singularité personnelle fondée sur une sexualité étrangère à la conception, à la transmission de la vie et à l'éducation des enfants. Il n'y a pas d'altérité sexuelle dans la vie intrapsychique des adultes avec lesquels un enfant partage son existence. Socialement elle n'est pas une différence comme on le prétend, elle est la négation de toutes les différences conjugales et parentales. On ne peut donc pas définir rationnellement la parenté et la filiation simple ou plénière, et encore moins l'éducation des enfants à partir de l'homosexualité, quelle qu'en soit l'origine, sous le seul prétexte d'un hypothétique bien être affectif.
    Les droits et l'intérêt de l'enfant sont premiers face aux exigences subjectives des adultes. L'intérêt de l'enfant est d'être engagé dans une relation qui s'inscrit dans la continuité de sa conception entre un homme et une femme. Le droit et l'intérêt de l'enfant sont les critères de discernement qui viennent limiter le droit à l'enfant des adultes."

    L'article complet ici :  http://www.zenit.org/article-23483?l=french

    Inutile de dire que ce brave homme prêche dans un désert intellectuel : il n'a absolument aucune chance d'être entendu de la masse : elle n'a d'oreilles que pour le pathos, qui ne nécessite aucune ressource d'intelligence.

  • Maladie

    "Ce n’est pas un signe de bonne santé que d’être bien adapté à une société profondément malade", expliquait un penseur indien.
    Je ne vois pas bien comment contredire ce point.
    Société profondément malade, qui prend soin de mettre l'homme sain en quarantaine, en clignant de l'oeil. Sa santé pourrait être contagieuse, et il pourrait être un remède : mais s'il n'y a pas de remède, c'est qu'il n'y a pas de maladie.

  • Cas de possessions

    Ce n'est pas nous qui possédons tel ou tel objet, ce sont le plus souvent les objets qui nous possèdent; en ce sens il ne faut pas se laisser abuser par la grammaire, car avec ce verbe faussement appelé auxiliaire, en réalité titulaire, l'objet est bien le sujet et le sujet, l'objet.
    La conjugaison est en revanche plus proche de la réalité, qui est commandée par l'objet. Le sujet ne commande rien, l'objet dicte tout.

    Ou bien c'est que, possédant, nous mettons de notre "moi" dans l'objet possédé, qui devient comme parti du moi, mais extérieur au moi. Il s'ensuit une extrême fragilité, puisque le moi se retrouve dispersé, fragmenté hors du moi - et donc une aggressivité plus grande pour protéger ce qui apparaît faible. Les objets nous possèdent donc par l'acte même de les posséder. Plus j'ai, plus épars mon être, moins je suis.

    Plus on possède, plus on risque de perdre, plus on se couvre de chaînes pour protéger ces possessions. Seuls ceux qui n'ont rien sont parfaitement libre. Eux, leur joug est léger, et leur fardeau, un baluchon de plumes.
    Pourtant, voici ce qu'écrit Dostoïevski dans "Souvenir de la Maison des Morts', qui raconte son expérience des goulags tsaristes : "Sans travail, sans loi, sans rien qui lui appartienne en propre, l'homme s'avilit, il redevient une bête."

    Cependant, l'homme possèdant, possède un besoin de posséder : c'est donc qu'anthropologiquement, il y a un manque qu'il doit combler - mais qu'il comble mal. Peut-être alors la question est : "que posséder, qui comble notre manque, mais qui ne nous couvre pas de chaînes ?".

    Bien tard je t'ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle,
    Bien tard je t'ai aimée !
    Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors
    et c'est là que je te cherchais,
    et sur la grâce de ces choses que tu as faites,
    pauvre disgracié, je me ruais !
    Tu étais avec moi et je n'étais pas avec toi ;
    elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant,
    si elles n'existaient pas en toi, n'existeraient pas !

    Saint Augustin, Confessions X, 27, 38

    Ô douceur non décevante, ô douceur heureuse et sûre, qui rassemble les lambeaux epars de mon être déchiré et, en se détournant de toi, l'unité fondu dans le multiple.

  • Tue-mouches

    Les écrits de Nietzsche sont comme ces longs rubans attrape-mouches couleur de merde, qui pendouillent aux plafonds suifeux des masures campagnardes. Se prennent donc dans ces filaments poisseux les mouches charmées par l'insubstance de même couleur - ou par l'odeur sulfureuse.

    Tuez Dieu, ils adoreront un âne. Il faut voir alors comment ces gens qui ont tout perdu se collent à Nietzsche par énergie et désespoir de cause. Voyez donc comment ils défendent leur idole : il suffit d'affirmer sur Nietzsche pour les voir s'agiter et vrombir de toutes leurs petites ailes pathétiques. Dites : "Nieztsche est amoral". Ah ! Offuscation ! Air indigné  ! Mains qui se tordent, têtes qui se couvrent de cendre et les corps de sacs ! Horreur de l'abomination ! Passé l'épuisement de l'agitation, les doctes haussent leurs sourcils, s'épongent, soupirent, ajustent leur pince-nez, et d'un ton  aigrillard vous disent : "cher ami, vous ne comprenez rien à Nieztsche, retournez sur les bancs d'une fac de philo et revenez nous voir." Ou, s'ils daignent quand même vous instruire, pauvres hères que nous sommes, ils vous sortent un raisonnement qui laisserait un jésuite pantois et un alchimiste hurler à la sorcellerie.

    Première erreur de ces Nietzschologues, ils sont persuadés que Nietzsche peut s'enseigner. Comme du Kant ou du Schopenhauer. Or, pour trois ou quatre intuitions, il est impossible d'enseigner Nietzsche, à moins de passer pour ces sophistes faussaires qui affirmaient pouvoir enseigner la vertu contre rétribution.
    - première intuition : la fac est un lieu de masse, de la plèbe (nous n'y voyons aucun inconvénient), et Nietzsche s'adresse à l'aristocrate.
    - la deuxième intuition est que Nietzsche exige la probité, chose impossible dans une fac de philo (en  vertu de l'intuition précédente). On essaiera à coup sûr de rendre sa philosophie acceptable : on arrondira les angles, on exégètera modérément, on herméneutiquera de même, on se gardera de l'excès - comme tout bon philosophe qui connait ses oracles - mais on y enseignera donc point Nietzsche.
    - la troisième c'est que Nietzsche ne s'enseigne pas, il se sent. On rencontre Nietzsche de la même façon que deux chiens se rencontrent dans la rue.
    - la quatrième, c'est que Nietzsche ne voulait pas être compris, en cohérence avec les deux points précédents. Il voulait être cru, ou senti.
    C'est ainsi que Nietzsche voulait égarer les gens sérieux,  les âmes roturières. Je parle ici on l'aura compris de ces Nietzschologues, de ceux qui font de Nieztsche un placement.
    Les Nazis, en bons chiens enragés, n'ont senti que le nauséabond de son derrière-cuisine. "Deviens ce que tu es", disait Nietzsche dans "Par delà Bien et mal". Lui devint et fut légume, et les Nazis enragés.

    La deuxième erreur, et non la moindre, ces doctes prennent Nietzsche au sérieux. Or Nietzsche n'est qu'une vaste blague, seulement trop vaste pour tenir sur un papier Carambar. Nietzsche est un éclat de rire, celui du facétieux qui, échangeant les poteaux indicateurs, faussant les boussoles, s'amuse au spectacle du niais errant (celui qui croit tout ce qu'on lui dit du moment que "Dieu" n'est pas prononcé).

    Troisième erreur de ces Nietzschologues, qui découle des deux précédentes : ils s'évertuent à rendre raison de Nietzsche. Or il n'y a rien de plus étranger à la raison que les écrits de Nietzsche. Nietzsche se montre, mais ne se démontre pas.

    En résumé, si vous voyez de ces gens aux airs anachorètes, qui prétendent vous faire la leçon sur Nietzsche, ou tentent d'en rendre raison, prenez place au côté du moustachu qui se bidonne sur son banc, et bidonnez-vous de concert.

  • La métaphysique de Nietzsche, ou pourquoi Nietzsche est mort

    Nietzsche se défend, s'il faut en croire ses écrits, d'être métaphysicien. Il se disait anti-métaphysicien et fustigeait la métaphysique, comme il se disait "immoraliste" et fustigeait la morale (chrétienne en fait). Mais, sauf faiblesse de traduction, être "immoraliste" n'est guère qu'une autre façon d'affirmer l'existence de la morale (puisqu'on croit qu'il existe une anti-morale) ; il en est de même pour la métaphysique.

    Or donc :
    1° postulat métaphysique : Dieu est mort.
    2° postulat métaphysique : le monde est cyclique, de toute éternité. Nous sommes donc amenés à revivre la même vie indéfiniment.

    Où l'on voit que Nietzsche ne peut nier - même à son corps défendant - qu'il fait parti génétiquement de la même famille des métaphysiciens. Peut-être fut-il même l'un des  tout premiers 'pataphysicien.

    Sur ses deux postulats, et de son système d'outre-homme qui en découle, Nietzsche nous demande de le croire sur écrit, an ihm Glaube zu haben. Pour être plus précis, de croire que son corps et en conséquence son instinct sont parfaitement sains, performants, en forme olympique, fiables, et donc que ses fameux aphorismes sont justes, à défaut d'être vrai.

    Le problème est que cet homme, qui se prenait pour un messie athée, vécu malade. En 1889, le philosophe sombre dans la folie et bientôt la prostration la plus totale. Le destin le tint coi, estimant peut-être qu'il avait trop abusé du verbe et de ses tympans ainsi martyrisés. "Tais-toi, conjura le destin, tu as suffisamment vomit d'insanités pour le siècle fou qui va suivre."

    Toujours est-il que sa maladie fatale infirme toute son oeuvre : comment faire foi aux instincts et pulsions d'un homme au corps malade (sans même parler de son esprit) ? Comment être sûr que ses ouvrages n'aient pas été écrits sous l'influence non d'un instinct infaillible à son grand midi, mais de la maladie dégénérescente ? Les prédateurs recherche la bête malade aux instincts affaiblies, celle qui commettra le plus d'erreurs de jugement. Peut-être l'aurions nous cru, ou au moins aurions-nous eu de l'estime, s'il avait vécu comme il écrivit. Il n'en fit rien. Il aurait au moins pu vivre en Verbrecher, voire en Gewalttäter (en créateur comme il disait), et nous épargner à nous, société, le fardeau de sa maladie. Voilà qui eut été noble, aristocrate. Mais il vécut finalement comme la plèbe (comprendre le commun, vous et moi).

    Le messie des athées, qui proposa une religion de l'homme parfaitement inhumaine, est pourtant encore cru alors qu'il n'a jamais validé lui-même ce qu'il écrivit, par sa mort ou par sa vie. Il vécut l'opposé de ses écrits, tel le dernier et le plus petit des hommes. Humain, trop humain dirions nous.
    A contrario le messie des chrétiens valida toujours ce qu'il proclama, par sa vie et bien plus par sa mort. On en déduira en qui il faut avoir foi.

    Il s'ensuit que ce philosophe n'a probablement jamais pris au sérieux sa philosophie ; qu'il trouvât sans doute, sur un coup à la tête,  amusant de jouer quelque bon tour à quelques uns suffisamment nigauds pour prendre son oeuvre au sérieux.
    Mais c'est de la pure philosophe d'école qu'il proposa, un pressage de jus de cerveau en soi d'assez bon cru. Son crime est d'avoir laissé penser qu'on pouvait le prendre au sérieux.

    Bref, si on vous demande pourquoi vous réfutez Nietzsche, dites : "en vertu de Nietzsche et de ses coliques néphrétiques."

    Note : un jour il faudra que je rende le marteau que j'ai emprunté par distraction - me souvenir à qui le rendre...