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Aius Locutius - Page 45

  • Le visage de Janus

    janus.jpg Deux dépêches de l'agence Zenit :

    a) Un chrétien tué toutes les cinq minutes dans le monde :

    D’après Massimo Introvigne, représentant de l’organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) pour la lutte contre l’intolérance et la discrimination contre les chrétiens,105.000 chrétiens sont tués chaque année dans le monde au seul motif de la foi qu’ils professent.

    « Si ces chiffres ne sont pas hurlés au monde, si ce massacre n’est pas arrêté, si l’on ne reconnaît pas que la persécution des chrétiens est la première urgence mondiale en matière de violence et de discrimination religieuse, alors le dialogue interreligieux * ne produira que de belles conférences mais aucun résultat concret », a-t-il déclaré.

     

    b) Les évêques européens encouragent un « islam plus religieux que politique »

    [Les délégués des Conférences épiscopales pour les relations avec les musulmans en Europe soulignent] « l’intérêt avec lequel l’Église catholique suit les dynamiques d’insertion des résidents et citoyens de religion musulmane dans le contexte européen, tant au niveau individuel que communautaire ».

    Un processus complexe, reconnaissent les délégués, qui « n’est pas exempt de contradictions » ** et où émerge « le défi, qui est en train de devenir une réalité, de l’inculturation progressive de l’islam en Europe, avec une tendance à manifester davantage sa dimension religieuse et morale, que sa dimension politique ».***

    Les délégués se sont ensuite penché sur le terme « islamophobie » **** utilisé pour décrire les réactions d’hostilité à l’égard de l'islam apparues dans la société européenne. Ils ont confirmé la volonté de l’Église de contribuer à surmonter « ce genre de réactions qui conduisent à l’intolérance ». Ils exhortent les musulmans à « nouer des relations positives et transparentes dans les différents contextes et à rejeter publiquement ces interprétations ».

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    On renverra à l'article sur les "idiots utiles". Par essence, un islam apolitique n'existe pas ; ou alors il s'agira d'un islam mutilé, un peu comme le christianisme positiviste d'un Renan et cie. Autant dire une lubie qui ne saurait être fondée ni dans l'histoire, ni dans la théologie de l'islam.

    * Inutile d'expliciter quelle religion est ici implicitement désignée. Indice : ce n'est pas le judaïsme.
    ** Apparemment les délégués sont adpetes du langage mystique.
    *** C'est une évidence : pour l'instant on a pas donné à l'islam le choix en Europe autre que de se cantonner à la sphère religieuse. Il y est contraint, non de sa propre volonté. 
    **** On se demande toujours pourquoi diable, et sur quels préjugés, l'islam fait l'objet d'un tel rejet par chez nous...

  • Le lit de Procuste

    procuste.jpg C'est une erreur de n'entendre le libéralisme que sous sa composante économique. Le libéralisme est un système, une totalité d'autant plus pernicieuse qu'elle prétend rendre compte des aspirations fondamentales de l'être humain (ce qu'en morale on appellerait loi naturelle*), selon un schéma inverse au socialisme : conservation de l'être, aspiration à la liberté, à une vie affective. Mais en niant farouchement les dimensions sociales de l'être humain - le bien commun et l'exigence de vérité - le libéralisme est, au sens technique du terme, une véritable hérésie **: un choix , une partialité qui se veut un tout. Les erreurs qui possèdent une part de vérité sont les plus perverses et sont celles qui ont la peau dure. Bref, comme tous les faussaires, cette idéologie veut nous faire prendre la partie pour un tout, quitte à mettre l'homme et sa réalité sur son lit de Procuste (mais c'est le même lit qui sert à toutes les idéologies - il est bon de mutualiser les moyens).

    Faire le distingo entre libéralisme et ultra-libéralisme n'a donc pas de sens : une logique a pour vocation d'être poussée à son terme le plus ultime. En ce sens, l'autre flibusterie de cette idéologie est de faire croire que dans un système capitaliste de libre entreprise, elle est la seule possible et raisonnable. Ce qui est grossièrement faux, si l'on se donne la peine d'étudier tous les textes de l'Eglise à ce sujet - qui eux rendent compte de toutes les aspirations de l'homme.

    Dostoïevski le pressentait, comme il pressentit toutes les autres falsifications de son siècle : "Le libéralisme (...) n'est pas une attaque contre l'ordre existant, mais une attaque contre l'essence même de notre vie, de tout ce qui en fait l'objet. Le libéral en est au point qu'il renie [sa patrie], c'est-à-dire qu'il hait et flagelle sa propre mère ***. Il en écarte et en proscrit jusqu'à la notion même comme étant nuisible et futile."
    (L'Idiot, 3° Partie chp 2)

     

    * Thème stoicien par excellence - non pas la loi de la nature évidemment, mais la loi naturellement présente en tout homme, ou, pour reprendre une définition de Réal Tremblay, de l'Académie Pontificale, : "la loi naturelle , c'est ce qui fait que l'homme "est"".
    ** du grec αἵρεσις / haíresis, choix, préférence.
    *** Il peut paraître inconvenant d'associer une patrie à une mère - peut-être une faiblesse de traduction... (en fait non - cf commentaires ci-dessous !)

  • service temporary unavailable

    N'ayant plus grand chose d'essentiel à ajouter à tout ce qui a été publié jusqu'à présent, le blog est mis en sommeil - il se réveillera en temps voulu, lorsqu'il aura qqch de vraiment neuf à dire.

  • Le syndrome du boxeur thaïlandais

    "Cinquante Millions de Consommateurs" en rêvait, "Science & Vie Junior" l'a fait. Dans le numéro 260 de mai 2011, page 92, un test et comparatif sur les préservatifs avec classement et notation. S&V ne fournit pas le protocole des tests : sans doute ont-ils fait appel à quelque boxeur thaïlandais. Nous ne voyons pas d'autres alternatives.

    Ce magazine a un gros problème avec la partie "Vie" de son titre. Il devrait se limiter à "Science".

  • De la provoc

     Deux affaires culturelles s'entrechoquent :l'une à Avignon, bien connue à présent, l'autre à Leeds, en Angleterre. Ce qui est intéressant, c'est qu'elles utilisent à peu de chose près le même schéma. L'objectif (inavoué) est d'obtenir une résonnance médiatique, et le parfum de scandale nécessaire au couronnement (entendez la cote) d'une oeuvre contemporaine. La différence avec le XIX° notamment : le scandale est délibéré, prémédité, et s'inscrit dans une fin en soi - c'est la rançon de la médiocrité.

    1) On provoque la controverse (de préférence avec l'Eglise catholique, l'excommunication étant moins risquée qu'une fatwa).
    2) On attend les réactions légitimement indignées
    3) On proteste de sa bonne foi (et éventuellement de sa bonne catholicité) - insistant que l'oeuvre en question a été mal intrépétée par la partie adverse.
    3b) On se place dans le camp des victimes (face à l'obscurantisme de Talibans qui ne comprennent rien à l'art). Ce dernier point est le plus important ; toute la com repose sur ce statut de victime qui permet d'inverser la charge.

    Il est extraordinairement compliqué de s'opposer à ce schéma, les média ayant pour la plupart choisi leur camp à l'avance. Il est par exemple  primordial, lorsque l'on veut dérégler ce mécanisme, de faire achopper le point n°3b.

    Voici le dilemme, bien connu : si l'on se tait, on risque de se faire complice. Si l'on agit radicalement, on est d'autant plus complice qu'on contribue au succès du schéma. Il y a donc une stratégie très fine à adopter, qui, je dois l'avouer, reste à déterminer. Probablement que le flegme, l'esprit conjugué à l'ironie et au sarcasme dans la réponse à donner (qui aura pour but de ridiculiser sans le faire ouvertement, et de mettre l'adversaire dans l'embarras de ses contradictions *) sont des pistes inévitables.

    Ainsi j'aime beaoucoup la réponse de cet évêque anglais :
    "I feel sure that such a profound insult to people of Christian faith and sensibilities was not intended by your company, but I would urge you now as a matter of courtesy to remove the offensive advertisement from public view.”

    La première proposition est un régal d'antiphrase. La seconde fait appel à la bonne foi - et piège l'intercoluteur dans sa contradiction.
    Voilà : ce qu'il faut dans ces cas, ce sont des rhéteurs hors norme sachant manier les figures de style comme personne. C'est bien ainsi qu'on confondra tous ces escrocs sans talent qui n'ont plus que la provoc comme argument de vente.
    Ainsi est-il écrit :"Tu es pur avec qui est pur, mais habile avec le fourbe (toi qui sauves le peuple des humbles, et rabaisse les yeux hautains." (Ps17,27)

    * L'intention de la provocation étant avéré, sauf à faire preuve d'une naïveté pathologique, et la protestation de bonne foi également, c'est là-dessus qu'il est possible de les piéger et de les démasquer, à l'image de la réponse habile de l'évêque anglais.