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Aius Locutius - Page 59

  • Il rira, ou le gai savoir

    Nietzsche, dans un accès habituel de mauvaise foi mélangée à un indéniable sens de l'observation, écrivit : "Jusque dans leurs discours [ceux des prêtres] je sens l'odieux relent  des chambres mortuaires. Il faudrait me chanter de meilleures chansons [ Requiem, Magnificat, Stabat Mater, Passion, Messe en si mineur ?] pour me faire croire à leur sauveur ; il faudrait que ses disciples eussent l'air un peu plus sauvés."

    Que n'allait-il à la messe de l'épiscopalien Mgr Tutu, ce fils de Lutherien ?

    Le seul vrai gai savoir pourtant, la religion de la joie et de la danse, c'est le christianisme, assurément. Le marqueur infaillible de la foi, c'est la joie : l'enthousiasme pour être précis, cette exaltation poussant à agir avec joie (étymologiquement "possession divine", être saisi par Dieu).  
    Point de joie, point de foi : les tristes sires et les pisse-vinaigre, voilà peut-être les plus acharnés des récalcitrants à la bonne nouvelle.

    Faut-il pour autant nier les pleurs et les grincements de dents ? Certes non : il est simplement un devoir pour  ceux qui croient à la Vie de danser à temps et non à contre-temps :
    - Il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel. 
    - Un temps pour pleurer, et un temps pour rire; un temps pour gémir, et un temps pour danser (Qo 3:1).

    Il convient alors de ne pas se tromper sur ces paroles de Jésus : "Malheur à vous qui riez maintenant! car vous connaîtrez le deuil et les larmes." Et ne disait-il pas juste auparavant : "Malheur à vous, qui êtes repus maintenant ! car vous aurez faim." Quel insensé comprendra qu'il est bon d'être triste, et qu'il est bon d'être affamé ? La lettre tue, l'esprit vivifie, et en effet, malheur à celui qui entend littéralement ces paroles. Le rire dont Jésus se rit, c'est le rire écervelé, de l'insensé qui dit dans son coeur : "Dieu n'existe pas" ; les pleurs, ceux qui sont  victimes de ces gens qui hochent de la têtes, clignent de l'oeil, et mettent à mort les envoyés. Les repus, ce sont ceux qui s'emplissent la panse des biens de ce monde à mesure qu'ils jeûnent des biens de leur âme. Malheur donc à ceux qui dansent à contre-temps
    Jésus quant à lui allait aux noces et au désert, à temps. Et la preuve que le christianisme est religion de joie, Dieu transforme au final matière à pleurer en rire, à temps et contre-temps : "Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux : c'est bien ainsi qu'on a persécuté les prophètes, vos devanciers" (cf Luc 6:17 et Mt 5:1). Etre dans la joie et l'allégresse à cause des heurts et malheurs, n'est-ce pas le plus haut des gais savoirs, la logique du rire poussée à son plus ultime ? Simple rappel ici que la vie ne se termine pas avec la mort.

    Voici encore : le rire est terme de l'alliance de YHWH avec Abraham, partant, avec toutes les nations : "Ta femme Sara te donnera un fils, tu l'appelleras Isaac [Il rira]. J'établirai mon alliance avec lui, comme une alliance perpétuelle, pour être son Dieu et celui de sa race après lui". Et cette alliance est étendue à toutes les nations : "Par ta postérité se béniront toutes les nations de la terre, parce que tu m'as obéi." Toutes les nations rient à présent de joie à la suite d'Isaac, à cause d'Abraham et grâce au Christ. Alors, par pitié, que ses disciples prennent donc un air un peu plus sauvé à la sortie de la messe :

    Der Himmel lacht! die Erde jubilieret
    Und was sie trägt in ihrem Schoß;
    Der Schöpfer lebt! der Höchste triumphieret
    Und ist von Todesbanden los.
     -
    Cieux, riez ! Terre, exulte,
    Et tout ce que tu portes en ton sein ;
    Le Créateur vit ! Le Très-Haut triomphe
    Libéré des chaînes de la mort.

    Voilà bien la preuve qu'on peut être Lutherien et rire.
    Enfin quoi ! Dieu n'est pas un Dieu de morts, mais de vivants ; et Dieu n'est certes pas mort : Il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête. Et il juge à présent Nietzsche, fils de pasteur luthérien, sur ses pas de danse, lui qui se prétendait bon danseur : "Tu as chanté ma mort, pauvre insensé ? Eh bien danse maintenant !"

    Note philosophique : "Le rire est triste infirmité de la nature humaine, dont toute tête pensante s'efforcera de se délivrer."
    Hobbes est mort lui, et c'est tant mieux pour nous. 

  • L'inhumanisme

    L'humanisme tranché du Christianisme, privé de racines et de sève, se révèlera au final l'oppresseur le plus implacable et impitoyable de la race humaine.
    La grande différence avec les oppressions passées, c'est qu'elle ne prendra point le visage de criminels, mais ceux de parfaits innocents.

    Baal change de nom et de face, mais il a toujours faim.

  • Les crachats

    Un exemple, parmi d'autres, de la façon dont les media en général et la BBC en particulier couvre, médiatiquement, ces affaires de pédophilie. Elle reprend ainsi la question du célibat dans l'article suivant :
    "Does Catholic celibacy contribute to child sex abuse?"
    La question n'est pas impertinente.
    L'article commence par mettre en relief les dissensions dans l'Eglise, en nous ressortant l'inévitable "père" Hans Kung (sic !) : il faut bien montrer que ces crétins de catholiques ne sont même pas d'accord entre eux et se chamaillent comme des chiffonniers ; donc que l'Eglise n'est pas une institution très sérieuse, et ce truc du célibat, quelque chose de douteux.

    Le paragraphe suivant fait intervenir un psychiatre, le Dr Lütz. Il est le seul à mettre un peu de substance dans l'article en niant fermement le lien entre le célibat et la pédophilie :
    "Catholics are free to talk about it. Celibacy is no dogma. But I think when we have a discussion about abuse, then this is not the moment to discuss celibacy, because then we make the same strategies as the offenders do.
    The offenders always say 'we are not the guilty ones; society is guilty, the church is guilty, celibacy is the problem, not us'".

    Vient alors le feu d'artifice : face à la déroute annoncée de la ligne éditoriale, il s'agit d'exposer en conclusion la voix de la sagesse, qui va mettre tout le monde d'accord : l'on recueille alors l'oracle de madame Michu quand elle visite la cathédrale. Argument massu : comme on ne peut apporter de preuves scientifiques, et bien on nous sert l'argument d'autorité démocratique, l'avis du public, celui qui condamna Socrate à boire la cigüe. Evidemment pour madame Michu, le célibat, c'est à ranger aux greniers avec tout l'arsenic et la vieille dentelle : faut faire moderne, c'est J-PP et CC qui nous l'ont dit un jour à la télé. Et voilà bien une rare perversité : on recueille l'avis innocent d'une personne au cerveau lessivé par celui-là même qui l'interroge...

    On trouve donc dans cet article école un Dr Lütz, qui représente l'argument de raison, coincé entre un "père" Küng et une madame Michu qui représentent à leur manière des arguments d'autorité - ceux-ci étouffant le premier soit de leur pathétique, soit de leur pathos. Comment ne pas voir dans cet article, sur le fond et la forme, des intentions  malveillantes sous un air respectable (je me donne un vague air honnête en produisant les arguments des différents partis) ? Le titre est : "Does Catholic celibacy contribute to child sex abuse?", et l'on conclut que la question n'est pas là, car le célibat est de toute façon source de bien d'autres problèmes - dixit la vox populi (parce que le mariage ne pose jamais de problème non plus, c'est trop connu pour qu'on se fatigue à le signaler.) Bref, on termine hors-sujet sur les élucubrations de la ménagère de moins de cinquante ans, et là où la réponse à la question est clairement "non", ils embrouillent de mauvaise aloi.

    Conclusion : avec les media, ni naïveté, ni paranoïa. Mais par leurs outrances, ils en arrivent à mettre les victimes, les enfants, au second plan. C'est bien la preuve que seul leur petit agenda les intéresse. Ils n'en ont strictement rien à foutre du reste . Et, finalement ils en arrivent à tout couvrir de leur mépris et de leurs crachats, y compris les victimes, une troisième fois victime.

  • Ridicule

    Voici enfin les solutions proposées pour obliger le méchant climat à se refroidir, de force :

    - Blanchir les nuages au dessus des océans
    - Recouvrir les déserts de bâches en aluminium
    - Envoyer des boucliers solaires dans l'espace
    - Injecter du soufre dans la stratosphère (si on pouvait expédier les scientifiques inutiles à la place...)
    - Fertiliser les océans avec du fer

    Sous ces projets délirants se cache le nom pompeux de "géo-ingénierie". La Royal Society de Londres émet quelques réserves : le britannique est flegmatique, courtois, blasé des excentricités, et adepte de l'euphémisme, en parfait gentleman.
    Je frissonne en me représentant la trogne des futurs historiens de la science, quand ils étudieront l'hystérie millénariste de ce début de XXI°. On aura l'air de quoi, sans blague ?

    Article du Figaro ici. Nous avons bien vérifié, il date du 03/04. N'empêche que tout de même, il subsiste un doute...

    Dans un autre article de ce même canard, on tente de faire bonne figure sur l'ouverture des magasins le dimanche, en regardant du côté des "Quatre Temps" de La Défense :
    « Le dimanche est devenu pour de nombreuses enseignes la deuxième journée de ventes après le samedi, avec 12% à 15% du chiffre d'affaires ».
    Calculons : sachant qu'une semaine ouvrée comporte à présent 7 jours, une moyenne lissée donne 14%. Evidemment on fait plus de business le samedi que le lundi, mais enfin, pas de quoi faire péter le champagne. On ne pipe mot en revanche de l'évolution globale du chiffre d'affaire, ni si l'ouverture du dimanche a fait reculer le CA des autres jours, par exemple celui du samedi...

  • Le sépulcre béant

    "Non, rien n'est sûr dans leur bouche, et leur fond n'est que ruine, leur gosier est un sépulcre béant, mielleuse se fait leur langue."

    Une pétition pour rappeler que le journalisme est censée être une profession, c'est à dire une activité exercée avec professionalisme où seul devrait compter le vrai.

    Pascal regrettait avec un certain fiel qu'on trouvât, à son époque, plus de moines que de raison. Il y a de nos jours plus de journalistes encore, au moins autant d'intellectuels, et même une quantité qui se réclament des deux sans être en réalité ni l'un, ni l'autre.
    Symptôme d'une époque : les ratés et les médiocres ont pris et verrouillé le pouvoir ; ils ont mis savamment au point les usines à crétins, de sorte que plus personne ne puisse prétendre posséder les outils de la raison pour démasquer leur imposture. Ceux qui ont échappé à leur attentat contre l'intelligence se voient, quant à eux, traqués et pourchassés par une police de l'orthodoxie moraleuse : elle lâche à leurs trousses la meute-populace dressée au pathos comme un berger allemand à coup de triques, toute prête à déchiqueter.

    "Des chiens nombreux me cernent, une bande de vauriens m'entoure; comme pour déchiqueter mes mains et mes pieds."