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Aius Locutius - Page 61

  • Avoir raison d'avoir tort

    Vendredi dernier, les Irakiens se sont rendus en masse à des élections législatives libres et multi-partis. L'Irak est le premier pays arabe à dominante musulmane, dotée d'une démocratie moderne et fonctionnelle.

    Dimanche le jeune ambassadeur français en Irak faisait la promotion du pays pour des investisseurs potentiels : en gilet pare-balles, entouré de gardes du corps armés de la puissance de feu d'un croiseur et de flingues de concours, se promenant au milieu d'un dédale de protections en  béton. "Venez et investissez en Irak, c'est secure !" Pas un grand communicateur, mais une bonne gueule d'atmosphère.

    Et si l'Histoire donnait raison à Bush Jr ? Question affreuse et révoltante : et si Bush avait eu raison d'avoir tort ? Que l'Irak ne soit pas la moindre des réussites de ses mandats, voilà qui serait délicieusement ironique. Les gands maux de Villepin d'un côté, les bienfaits de Bush de l'autre.
    Enfonçons-nous dans le crâne une bonne fois pour toute l'un de ces churchilliens aphorismes : "Vous pouvez toujours compter sur les Américains pour faire ce qu'il faut... Après qu'ils ont essayé tout le reste."

  • Mercenaires

    Pour la journée des dupes de la femme, une dinde écervelée a décrété, pour lutter contre la baisse dramatique des avortements, de revaloriser l'acte IVG. Pécunièrement ; impossible de revaloriser un tel acte autrement. Ceci devrait, par un effet transvaseux, résoudre une désaffection croissante des médecins vis-à-vis de cet acte. Du moins est-il mis fin à une hypocrisie : cela fait bien longtemps que les médecins se vendent aux plus offrants, et  ils prononcent leur serment dans un amphi comme le chrétien moyen  sa profession de foi à la messe du dimanche : sans y comprendre un traitre mot sur deux et en pensant au volatile qui rissole doucement dans son four*.

    Mais quelle piètre idée se fait-on du médecin !  Correction : quelle piètre idée cette dinde se fait des médecins, pour les penser si vénaux ! Au fait, autrefois le barbier faisait office de chirgurgien et de dentiste. Pourquoi ne pas enrôler les tripières dans cette affaire ? Plutôt que de rabaisser une noble profession à ce genre de pratique saigneuse, élevons-en une  ! Quoique.

    Quelle pitié ! Quelle affliction  que ceux qui gouvernent. En vrai, les médiocres et les ratés de toutes sortes ont pris le pouvoir ; est-ce là le sort d'une démocratie ?
    Et nunc, reges, intelligite, erudimini qui judicatis terram. Entendez, ô grands de la terre; instruisez-vous, juges du monde.  (Ps 2, 10)
    Mais quand la tête est pourrie, quand le pouvoir est aux mains  de petits caïds frustes, incapables faute d'intelligence basique d'idées cohérentes, qu'espérer ? L'insensée encourage d'une main l'avortement, de l'autre la natalité : journée des blondes ! Il ne reste alors que le cynisme : on a peut-être raison de taire sa conscience et de prendre l'argent, la tête basse et le regard fuyant, comme un vulgaire mercenaire.

    Mais ceci est un rappel à ceux qui gouvernent : entendez l'oraison funèbre d'une reine d'un Bossuet (vendrait-on son âme pour l'entendre de sa bouche). Cela pourrait être à l'occasion, à force d'injustices et d'inpeties de cette sorte, celle d'une démocratie. Il y aurait juste quelques mots à interchanger.

    * Mea culpa pour le volatile.

  • Le nouveau millénaire

    Un millénaire n'est pas sans millénaristes. Ceux-là vous prédisent un jugement dernier à effet de serre : repentez-vous, consommateurs pécheurs, craignez le courroux de la troposphère : en vérité ces pécheurs, faute de se courroucer contre eux-même, s'amassent un trésor de courroux pour le jour du courroux !

    Eh bien ! L'homme a-t-il une seule fois empêché la pluie de tomber ? Ou le soleil de chauffer ? Ou la terre de geler ? Ou les pôles magnétiques de s'inverser ?
    L'on voudrait pourtant qu'il arrête le climat de se réchauffer, dès demain. Deux choses l'une : ou bien effectivement il y a réchauffement dû principalement à l'activité humaine (anthropique), et il est trop tard ou vain d'espérer renverser la tendance à court terme, ou le réchauffement est dû à d'autres paramètres et il ne sert à rien de s'exciter, de se tordre les mains et de se couvrir de cendre. Ou, autre hypothèse, il n'y a pas réchauffement climatique, seulement de quelque esprit.

    Dans tous les cas de figure, quelle utilité de revêtir des mines déconfites à la fonte des glaciers ? J'entends qu'on projette de prendre des mesures contre la fonte des glaces : mais d'où vient cette déraison ? Les glaciers meurent, et alors ? Laissons ces morts inertes enterrer leurs morts, et utilisons notre pathos à meilleur escient. La fonte des glaces n'est pas une première géologique, ni la perspective de voir un jour le Groënland redevenir un land groen.
    Le changement climatique n'est d'ailleurs pas une première. Le climat change tout le temps. Il y a lieu ni de s'en réjouir, ni de s'en lamenter, seulement d'en prendre acte.

    Par ailleurs la certitude qu'ont quelques uns à nous prédire le climat qu'il fera dans deux-trois dizaines d'années, aussi sûrement qu'Evelyne Dheliat nous annonce le temps qu'il fera d'ici trois jours, ne peut que laisser interrogatif. Il n'existe aucun modèle fiable en climatologie. Il y a beaucoup de trop de paramètres à la fois inconnus et imprévisibles. Dès lors, nous asséner dogmatiquement des courbes de températures à base d'extrapolations statistiques est pour le moins hasardeux. Et très peu scientifique. La prédiction climatologique relève de la même science que la prédiction astrologique. Nous préférerions plus d'astronomie, et moins d'astrologie. Plus de science et moins de loghorrée.

    Est-ce à dire qu'il ne faut pas réduire notre consommation d'énergie fossile ? Certes non. Personne ne dira qu'il est bon pour l'homme de gambader le nez dans les pots d'échappement, ni qu'on puisse impunément massacrer la faune et la flore dans une logique de tout-consommation. Géopolitiquement, l'indépendance énergétiques est aussi un atout précieux. Mais ces millénaristes prennent une bonne cause, la défende avec de mauvais moyens, pour des fins pour le moins troubles. On en voit déjà de ces prophètes de malheur qui expliquent qu'il y a trop d'hommes sur terre, qu'il conviendrait d'en exterminer quelques-uns - et si possible des "caucasiens", puisque ce sont eux qui rejettent le plus de Co2, objet de tous les tourments. Ils vous disent sérieusement, ces bouffons inquiétants, que puisque l'Africain rejette moins de Co2 que l'Européen, un excellent moyen de lutter contre le réchauffement serait de remplacer ces Européens par qui tout les maux arrivent par des Africains par qui le salut arrivera (ceux-là craignent sans doute moins les températures hivernales). Passons sur ces cerveaux malades.

    D'autres nous annonce un "Christ vert", après nous avoir promis un "Christ rouge" il n'y a pas si longtemps. De quel couleur ces peintres en bâtiment vont-ils nous peindre le Christ demain ?
    Le rouge de l'aube radieuse s'avéra un sanglant crépuscule, le vert d'aujourd'hui en fait d'espérance est celui des enragés. Le vert n'est en dans ce cas pas une vertu, et limiter le Christ à une  partie au lieu de le considérer dans sa totalité, voilà précisément la défintion d'une hérésie*.

    Soyons écolo par bon sens, au nom de la raison et du bien pour l'homme ; n'en faisons pas une nouvelle superstition.
    J'entends bien toutefois que maintenir une tension anxiogène dans la population peut avoir des bénéfices politiques.

    Tentative de débat scientifique sain ici : http://www.lefigaro.fr/environnement/2010/02/23/01029-20100223ARTFIG00434-rechauffement-climatique-les-theses-s-affrontent-.php

    Note :
    * Empr. au lat. haeresis « doctrine, système », eccl. « doctrine contraire aux dogmes de l'Église catholique », du grec  « action de prendre; choix ».

  • Le cri

    « Je me promenais sur un sentier avec deux amis — le soleil se couchait — tout d'un coup le ciel devint rouge sang — je m'arrêtai, fatigué, et m'appuyai sur une clôture — il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir et la ville — mes amis continuèrent, et j'y restai, tremblant d'anxiété — je sentais un cri infini qui se passait à travers l'univers. »
    Munch

    cri-munch.jpg

    Le cri est celui de l'homme informe et déconstruit, dynamité par une anthropologie contre-nature : celle des prédicateurs du néant. Notre époque n'a pourtant d'oreilles que pour cette lignée de jacteurs insensés : ils sévissent depuis plus d'un siècle, ont depuis apporté la preuve scientifique de l'inanité de leurs thèses chaque fois qu'ils crurent bon les mettre en pratique, ont plongé l'humanité avec persévérance dans les ténèbres les plus profondes, mais ils sont toujours applaudis par une sorte de conspiration irrationnelle. 
    Voici donc le cri du dépouillé : il n'a plus rien et il n'est plus rien. Tout son être maltraité se rebiffe : sa conscience lui jette en pleine face informe à la fois sa finitude pathétique et son néant absolu. "Celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera enlevé." 
    Il est bien au bord d'un gouffre .
    Les vaches se moquent de vivre au bord d'un gouffre, elles n'ont pas d'yeux pour le voir. L'homme ne sait pas ne pas voir.

  • De la création

    Question : est-il seulement possible à l'homme de créer ? Ou plutôt : l'homme peut-il véritablement "créer" autre chose qu'un mensonge ?
    Comment du reste l'homme peut-il échapper à la réalité ? Soit il énonce fidèlement, soit il ment (et il ment toujours par rapport à une réalité). Il dit ce qui est, ou bien il dit un néant. S'il dit : ce néant, voilà la vérité, alors il créé une distorsion avec le réel, et le salaire de cette distorsion, en bout de logique, c'est la mort.

    Il est intéressant ici de s'attarder sur l'un des domaines privilégiés de la soi-disant "création", l'art. En peinture, le paradigme fut longtemps d'énoncer, ce qui impliquait nécessairement le formalisme, puisqu'ici-bas la l'être s'exerce dans une forme. Culte de la forme : on n'échappe pas à la forme, et à l'énonciation de celle-ci. Ce qui est prend obligatoirement une forme, le génie est d'en rendre compte par une sorte de fidélité, de confiance, de "fides".
    De nos jours on trouve la forme insupportable, obstacle à la créativité de l'homme (comme si l'homme pouvait créer quoi que ce soit.) La forme est donc reniée au profit de l'informe. D'une décomposition, pour ne pas dire d'une pourriture, il est demandé au spectateur, au mieux, de reconstruire une forme et de faire le travail de "l'artiste". Voici : l'art dit abstrait n'est que culte rendu à l'informe, par orgueil de pseudo-créateur ou hypocrisie de ratés. Ceux-là n'ont aucun talent ni génie à revendre, sauf le bagout des marabouts : ils habillent la nudité de leur génie d'un verbiage pédant et amphigourique. L'on se paye de mots, et de la tête de quelques pigeons roucoulants.
     Mais que l'on considère : l'informe n'est-il pas une propension au néant ? La pourriture et la corruption, n'est-ce pas une privation de forme, et les premiers symptômes du néant ? L'art abstrait est un art de néant.
    Cela reste néanmoins un art, en négatif. On dira ainsi de l'art contemporain qu'il n'est pas "art", l'usurpateur, mais simple bouffonnerie. Il est un divertissement, à l'égal de Mickey.
    Siècle qui inventa la prime à la médiocrité, par haine du beau et du génie.

     "Dieu, créateur de toute chose, écrivait saint Augustin, tout puissant à remettre en forme le difforme, notre ouvrage." - Confessions l. IX