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Aius Locutius - Page 60

  • Le fléau démocratique

    La presse, très prompte en ce moment à la grande geste pathologique, s'enfonce jour après jour dans un avilissement assumé. Aucun recul. Aucun sens critique. Juste l'instinct des prédateurs excités par l'odeur du sang.
    On le voit actuellement avec l'acharnement contre Benoît XVI.
    On l'a vu récemment avec "l'affaire" Najlae LHIMER, qui est tout sauf d'une clareté absolue. Y-a-t il un seul journal en France qui ait tenté d'éclaircir les zone d'ombres de cette histoire ? D'effectuer, pour ainsi dire, un travail de journaliste, et aller ne serait-ce qu'une seul fois au-delà du pathos et de la simple apparence ?
    Cette affaire ne grandira sans doute pas la profession ; il y a de grandes chances qu'une fois de plus celle-ci se soit laissé berner et manipuler comme un enfant de cinq ans.
    Il y a de grande chance aussi qu'un voile pudique sera jeté sur ce probable fiasco médiatique. On ne se refait pas.

    Le problème est peut-être culturel, sans doute aussi lié à la situation financière de nos organes, guère reluisante : la presse française est aux abois, et à besoin de tirage. Or, le pathos fait le tirage. Mais plus la presse donne dans la démagogie du pathos, moins elle se crédibilise et se légitime, et plus elle perd de tirage. Et plus elle est aux abois. Et plus elle donne dans le pathos.

  • L'ami qui vous veut du bien

    Il faut rendre grâce à la presse : le zèle avec lequel elle corrige si fraternellement l'Eglise, pour ses erreurs et travers dans les affaires de pédophilies, est digne d'éloges.

    Ainsi le dévouement avec laquelle elle ressort de ces dossiers d'il y a trente ou quarante ans, quoiqu'il leur en coutât de crédibilité à rappeler que nombre de ces organes faisaient alors sans pudeur la promotion ouverte de la pédophilie. *
    Ou de l'obstination à vouloir impliquer Benoît XVI quoiqu'il leur en coutât sept fois de ridicule : héroïque vraiment, comme sortir par un curieux jeux de coïncidences une histoire de pédophilie vieille de 20 ans, le lendemain de la lettre du Pape aux évêques d'Irlande.

    Bref, la voilà qui une fois de plus met en péril avec rage sa crédibilité et objectivité, uniquement pour aider l'Eglise à être toujours plus irréprochable, toujours plus sainte, toujours plus à l'image de son Créateur. Nous leur savons très gré, conscients que d'autres institutions n'ont pas eu cette chance : éducation nationale, clubs sportifs, de vacances, etc. toutes celles-là doivent vivre encore avec leur abcès, faute de couverture médiatique appropriée.

    * Extraits, partie "La Révolution sexuelle des seventies : le temps de la plaidoirie"

    Une des grandes nouveautés dans cette sortie du silence et de l'opprobre, c'est la place nouvelle faite à l'enfant : le voici enfin au cœur du débat, présenté comme une victime manipulée, abusée, souffrante et possiblement détruite par ceux qui condamnent la pédophilie, défini comme un être autonome et conscient, capable de discernement et de choix, et surtout habité de désirs par ceux qui défendent la pédophilie. Non que la parole soit donnée aux enfants par la presse, mais au moins sont-ils évoqués comme des personnes et des sensibilités et pas seulement comme les purs objets sur quoi est perpétré un délit ou un crime.

    Cette position vaut à Libération quelques ennuis. En mars 1979, le journal titre triomphalement sur « les outrages de Libération » et annonce que, depuis 19 mois, il a subi 9 inculpations pour outrages aux bonnes mœurs et incitations à la débauche. Ces poursuites sont présentées par Serge July comme des manœuvres visant à obtenir du journal « qu'il s'autocensure et revienne à une conception plus classique de la presse », c'est-à -dire au respect du partage traditionnel entre politique et sexe. Ce que visent le garde des Sceaux et le Parquet, c'est le dessèchement et la sclérose d'une presse trop innovante, une presse qui, en l'occurrence, « respecte le mouvement, les mouvements contradictoires et multiples de la vie », affirme-t-il. C'est la liberté de la presse qui est ici mise en péril, et Jean-Luc Hennig a cette formule : « on n'a pas eu Libération par la politique on l'aura par le cul » . Petites annonces demandant des mineurs de 12 à 18 ans, témoignages de lecteurs, dessins, ainsi qu'un article annonçant la naissance du Front de libération des pédophiles, paru en mai 1977, ont en effet été attaquées par le Parquet, au nom de la protection de l'enfance. Cette rafale judiciaire est interprétée par le quotidien comme la riposte des censeurs, de la société oppressive, de l'ordre moral à sa lutte révolutionnaire, le triomphe de France Soir ou de Minute, journaux bien pensants et réactionnaires.

    Libération n'est pas tout à fait isolé, cependant, dans cette défense de la pédophilie ; Le Monde, quoique plus prudemment, s'y livre aussi. Et plus prudemment, parce que le biais est ici plus strictement littéraire : c'est souvent via la critique de livres que la pédophilie émerge de l'océan de silence et de réprobation où elle gisait. En octobre 1976, un album publié par Schérer et Hocquenghem est ainsi salué : « les auteurs ne cachant pas que le corps des enfants – sexué, désirant, désirable, ludique – les intéresse. Leur livre n'est pas « à mettre entre toutes les mains » aurait-on dit naguère. On serait bien embarrassé, aujourd'hui, de préciser lesquelles. Celles des parents, peut-être.

    Faut-il, en bon samaritain et juste retour charitable,  rappeler la longue litanie des fiasco de la presse (Timisoara, guerre du Golfe, affaire Dominique Baudis, Outreau etc.) Promis, juré-craché, on ne nous y reprendra plus, disait-elle à chaque fois. On entend ça dans tous les prétoires de correctionnelles. Nous saurons quant à nous nous souvenir de cette application, de cette apostolat, de cette croisade de la presse toute entière contre la pédophilie. Nous ne manquerons pas de la rappeler en temps opportun. Nous avons nous aussi à coeur d'aider la presse à rester juste et objective. Par exemple en ne l'achetant plus !

  • Les bagnards du fantasme

    On parle beaucoup en ce moment de l'affaire Zemmour et du lien, peut-être, sans doute, encore que, sait-on jamais, théorie d'école, qui existerait entre immigration ou issus de l'immigration, et la délinquence.
    En 2008, un article du Washington Post ("En France, les prisons sont remplies de Musulmans") tentait de savoir pourquoi les musulmans* étaient sur-représentés dans les prisons françaises.
    Réponses :
    - une conséquence directe de la faillite du système d'intégration en France, d'après un sociologue.
    -  reflet d'une profonde division ethnique et sociale.
    - la pauvreté des nouveaux immigrants, d'après la directrice de l'intégration et des groupes religieux auprès de l'Administration pénitentiaire française de l'époque.
    - la politique sociale du gouvernement, d'après des responsables musulmans.
    - un système judiciaire et carcéral discriminant, d'après un type du CNRS.
    En tout cas, une certitude :
    "Ce qu'il faut souligner de plus important, c'est qu'il n'y a pas de liens entre l'islam et la déliquence." (Réflexion étonnante, qui en dit long sur la probité de l'analyse de la personne interrogée : pourquoi oser imaginer une telle correspondance ? Mignonne, allez prestement cacher ce sein que je ne saurais voir...)

    Donc, on l'aura compris, si nos prisons sont surpeuplées, ce n'est certes pas la faute des déliquents, uniquement de ceux qui les y mettent. On le sait au moins depuis 1968, et même depuis Rousseau et sa société corruptrice de nouveaux-nés. C'est donc, faut-il rappeler l'évidence, à cause de la France : elle seule est coupable, parce qu'ailleurs la situation est très différente, chiffres et pourcentages ** à l'appui :

    L'article, d'une profondeur toute journalistique, explique ainsi que 60 à 70% de la population carcérale en France est musulmane, alors que cette religion représente au total environ 12% de la population. Soit, en proportion, toute chose égale par ailleurs, un rapport de 1 à 5.
    Dans les autres pays européens, la situation, explique la journaliste d'une haute tenue et probité intellectuelle, n'est en rien comparable : ainsi l'Angleterre (ah, l'Angleterre, son Londonistan si... British ?) :
    11% des prisonniers sont musulmans. Constraste saisissant. Les musulmans représenteraient 3% de la population, soit un rapport de 1 à 4 environ. Rien à voir avec la situation en France, CQFD.
    Autre pays, autres moeurs, autres fromages, la Hollande : 20 à 25 % des prisonniers musulmans, pour une part dans la population de 5,5% ; là aussi le chiffre est impayable, rapport de 1 à 4.
    Et la Belgique ? Et la Belgique ? lisè-je dans vos yeux assoiffés de chiffres : 16% de Marocains et Turcs dans les prisons, quand ils ne représentent que 2% de la population. Rapport de 1 à 8, histoire belge pas très drôle.

    Démonstration très convaincante de la journaliste donc, mais pas obligatoirement dans le sens du coin-coin de ce canard. Etonnante faculté de l'homme de préférer si obstinément se raconter des contes de fées, plutôt que d'affronter une réalité qui ne correspond pas à un fantasme. Il préfère le pays des merveilles, plutôt que le pays réel. Quitte à nous prouver l'exact inverse de sa démonstration : on atteint un certain degré de sophisme dans cet article, où la journaliste se bouche les oreilles par crainte d'entendre ses propres propos.

    Il convient cependant de préciser : les populations dites "musulmanes" sont d'origines diverses en Europe : en France une grande majorité vient d'Algérie, du Maroc ou de la Tunisie ; en Belgique ou en Allemagne de Turquie ; en Angleterre du Pakistan ou du Moyen-Orient etc. Elles présentent donc une grande diversité ethnique. Le point commun est l'installation récente - ces quarante dernières années - de ces populations en Europe, et leur religion.
    Etre Noir ou Arabe ne vous prédispose évidemment pas plus qu'un autre à devenir criminel : il se trouve, en France, que les populations soit immigrées, soit issues de l'immigrations récentes, donc noires ou arabes, sont sur-représentées en prison. Il se trouve aussi, mécaniquement, puisque venant de pays islamiques, qu'elles sont aussi musulmanes. 
    La réthorique post-rousseauiste habituelle, débitée par exemple dans cette interview (pauvreté, alcoolisme, conditions de vie misérables) présente sans doute une circonstance atténuante, mais pas une excuse. La rethorique du mépris envers le non-musulman dans l'Islam et du mépris de "l'indigène" dans certains milieux sociaux-politiques présente, quant à elle, des circonstances aggravantes. De fait, on est en droit de se demander si être musulman et de culture islamique est un frein à l'intégration dans une société qui ne l'est pas, par la faute d'un "racisme" religieux latent constatable, ainsi que d'une pression sociologique leur expliquant qu'ils n'ont pas besoin de s'intégrer, la France s'intégrera (cf l'idéologie multi-culturaliste).

    Note :
    * il n'est pas encore intellectuellement malhonnête de faire le constat que les musulmans en Métropole sont apparus significativement à la faveur de l'immigration de ces 40 dernières années.
    **  tous les chiffres cités sont repris de l'article original.

  • De l'abdication de l'âme

    Voici ce qui a toujours paru intolérable au pouvoir temporel : empire, royauté, république, tyrannie, dictature, le discours est même :

    "Il y a au fond des âmes, depuis que Jésus-Christ en a pris l'empire, cette parole plus forte que la puissance de tous les rois : Non possumus. Vous nous demandez de placer notre conscience sous le sceptre d'un homme : Non possumus. Vous demandez de sacrifier à la volonté d'un homme une seule pensée de Jésus-Christ : Non possumus. Vous demandez à partager avec lui cet empire qui n'appartient qu'à lui : ô rois ! prenez-en votre parti : Non possumus. Nous pouvons abdiquer ce qui est de nous ; mais abdiquer ce qui est de Jésus-Christ, jamais ! Non possumus.

    Père Célestin Joseph Félix, Conférences, 1859.

    C'est ainsi qu'au Slavador, dans les années 80, on écrivait sur les murs : "Soyez patriotes, tuez un prêtre." *

    Et par chez nous :
    L'avortement ? Non possumus.
    L'euthanasie ? Non possumus.
    Le mariage galvaudé, ridiculisé ? Non possumus.
    La parentalité de carnaval ? Non possumus.
    La selection eugénique ? Non possumus.
    La dictature de l'hédonisme et du matérialisme ? Non possumus.

    Non possumus ! Non possumus ! Prenez-en votre parti : les attentats contre l'homme et la vie, nous ne pouvons pas - à moins d'abdiquer notre âme, empocher le prix de la trahison, et disparaître, engloutis dans ce siècle.
    "Nous ne pouvons pas, quant à nous, ne pas clamer ce que nous avons vu et entendu." (Ac 4:20)

    * Voir l'article de la BBC sur Monseigneur Romero

  • Les trente pièces d'argent

    Nos sociétés ont largement tort d'ignorer les témoignages des prêtres exorcistes. Le Diable n'est certes pas une métaphore, il n'est pas non plus de l'imagerie moyen-âgeuse. Mais le Diable est furieusement réel.
    Les témoignages de ces prêtres sont rares, d'autant plus précieux. Aussi cette interview par CNN de Gabriele Amorth, exorciste principal du Vatican et de Rome, est-elle saisissante. Il rappelle une évidence, comme autrefois un célèbre général rappela que "le feu tue" : le Diable tente. Une première remarque toutefois : le père déclare à plusieurs reprises : "it's his job to tempt" (d'après la traduction en anglais de l'italien), ou : "c'est son boulot de tenter". Il convient sans doute de préciser : le Diable a pris la liberté de se donner à lui-même pour tâche de tenter. En aucun cas il ne faudrait imaginer que Dieu lui a confié un job de tentateur ; il serait impie de le penser - et simplement déraisonnable.
    Une deuxième remarque : cette interview est donnée dans le contexte des affaires de pédophilie, qui tourmentent violemment l'édifice catholique. Le père dit : "les coupables ont été tentés par le Diable, mais ils ne sont pas possédés". N'imaginons pas un instant que les voilà ainsi dédouannés de leurs responsabilités. Tentés peut-être. Complices de la tentation et agents du mal, sûrement. Mais il n'y a pas de liens mécaniques entre la tentation et l'entrée en tentation. Il y a toujours moyen de ne pas céder. Le passage s'effectue par un acte de volonté propre, et ces actions sont troublantes, au sens évangélique, donc vigoureux, du terme :

    "Mais si quelqu'un doit troubler l'un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d'être englouti en pleine mer. 
    Malheur au monde à cause des scandales ! Il est fatal, certes, qu'il arrive des scandales, mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive ! 
    Si ta main ou ton pied sont pour toi une occasion de péché, coupe-les et jette-les loin de toi : mieux vaut pour toi entrer dans la Vie manchot ou estropié que d'être jeté avec tes deux mains ou tes deux pieds dans le feu éternel. 
    Et si ton œil est pour toi une occasion de péché, arrache-le et jette-le loin de toi : mieux vaut pour toi entrer borgne dans la Vie que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne de feu. 

    Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits : car, je vous le dis, leurs anges aux cieux voient constamment la face de mon Père qui est aux cieux."  (Mt 18-6)

    Qu'ajouter de plus ? Comment des prêtres ou des religieux peuvent-il être au moins triplement oublieux à la plus simple des lois, à la plus élémentaire morale, à la plus limpide des Paroles ? Il existe donc des prêtres et des religieux sans foi ni loi. Finalement rien de plus nuisible et stérile qu'une foi avariée, figuiers desséchés et candidats pour la cognée ; sacerdoce marron qui jette la suspicion et l'opprobre sur la véritable et magnifique. Comme un signe positif malgré tout, nous notons la presse et la société toute entière dénoncer la pédophilie d'une voix - même si pour la première, nous ne sommes pas naïfs au point de croire qu'il n'y a pas d'arrières-pensées guère plus reluisantes que l'acte dénoncé. Derrière le ton outragé, l'on ricane de la bouche, l'on hoche de la tête, l'on cligne de l'oeil : mais dans cette affaire, le bâton ne fut-il pas offert à nos ennemis ?

    Alors, l'édifice va-t-il se ruiner ? Allons-nous abdiquer et capituler après une telle trahison ? Certains imprudents et irréfléchis se l'imaginent volontiers, prennent plus volontiers encore leurs désirs pour la réalité, mais ils ne connaissent pas le bâtisseur, celui qui posa les fondations. Quelques pierres branlantes basculent, quelques pans malséants, pourris et clandestins s'effondrent, mais la pierre d'angle restera, comme de toute éternité, immuable.