Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Aius Locutius - Page 55

  • Foi, science, et déraison.

    galilee-vincenzo-viviani.jpg  On reprochera à l'Eglise catholique, sans doute éternellement, le procès Galilée. C'est plutôt, après réflexion, un bon signe. Et cela est très peu de chose comparé aux incessants procès d'intentions intentés à l'Eglise catholique.

    Parmi les innombrables notons, blasés, la déclaration du scientifique Stephen Hawkin dans son livre "Une brève histoire du temps" :
    "[Le Pape Jean-Paul II rappela que] nous avons raison d'étudier l'évolution de l'univers depuis le Big Bang , mais nous ne devrions pas explorer le Big Bang car il s'agit de l'instant de la Création et donc l'oeuvre de Dieu".

    Chacun jugera : il se trouve que le discours de Jean-Paul II à l'Académie des sciences, auquel fait référence Hawking, est disponible sur le site du Vatican. Il se trouve aussi qu'il n'y a nulle part cette assertion. Il se trouve par surcroît qu'aucun autre scientifique invité ne releva cette énormité. Il se trouve enfin qu'elle serait en contradiction avec le discours même que tint Jean-Paul II ce jour-là :

    "La cosmogonie et la cosmologie ont toujours suscité un grand intérêt chez les peuples et dans les religions. La Bible elle-même nous parle de l’origine de l’univers et de sa constitution, non pas pour nous fournir un traité scientifique mais pour préciser les justes rapports de l’homme avec-Dieu et avec l’univers. L’Écriture Sainte veut simplement déclarer que le monde a été créé par Dieu, et pour enseigner cette vérité elle s’exprime avec les termes de la cosmologie en usage au temps de celui qui écrit. Le livre sacré veut en outre faire savoir aux hommes que le monde n’a pas été créé comme siège des dieux, comme l’enseignaient d’autres cosmogonies et cosmologies, mais qu’il a été créé au service de l’homme et à la gloire de Dieu. Tout autre enseignement sur l’origine et la constitution de l’univers est étranger aux intentions de la Bible: celle-ci ne veut pas enseigner comment a été fait le ciel, mais comment on va au ciel.*"


     En revanche, Jean-Paul II ajoute ceci :
    "Toute hypothèse scientifique sur l’origine du monde, comme celle d’un atome primitif d’où dériverait l’ensemble de l’univers physique, laisse ouvert le problème concernant le commencement de l’univers. La science ne peut par elle-même résoudre une telle question: il y faut ce savoir de l’homme qui s’élève au-dessus de la physique et de l’astrophysique et que l’on appelle la métaphysique; il y faut surtout le savoir qui vient de la révélation de Dieu."

    Et il continue ainsi :
    "J'ai une ferme confiance dans la communauté scientifique mondiale, et d’une manière toute particulière dans l’Académie pontificale des Sciences, certain que grâce à elles les progrès et les recherches biologiques, comme du reste toute autre recherche scientifique et son application technologique, s’accompliront dans le plein respect des normes morales, en sauvegardant la dignité des hommes, leur liberté et leur égalité. Il est nécessaire que la science soit toujours accompagnée et contrôlée par la sagesse qui appartient au patrimoine spirituel permanent de l’humanité et qui s’inspire du dessein de Dieu inscrit dans la création avant d’être ensuite annoncé par sa Parole."

    Stephen Hawking est un brillant scientifique, à n'en pas douter. Il cherche donc, comme tout scientifique, quelque chose comme une consécration, une empreinte historique. Hawking écrit qu'il se sent une identité très proche avec Galilée : il ne rêva sans doute que d'une chose : finir comme lui au tribunal inquisitionel, le panthéon des fantasmes, et qu'ainsi il eut gravé sa statue de marbre pour l'éternité.
    Il ne pardonnera probablement jamais à l'Eglise de ne pas lui avoir fait subir le même sort - il ne lui reste donc plus qu'à prendre ses désirs pour la réalité.

    Cette sortie d'Hawking fut évidemment reprise à réplétion, et jusqu'à indigestion sonore, par toutes sortes de trompettes mal embouchées : ainsi sur un site dédié à Stephen Hawking, on peut y lire : "En posant sa théorie, comme tous les cosmologistes Hawking se met en porte-à-faux avec le dogme et la religion chrétienne."

    Comme l'abbé Georges Lemaître, l'inventeur de ce qui sera appelé la théorie du Big-Bang ? D'où vient cette chimère que l'Eglise catholique serait hostile aux sciences, alors qu'en réalité l'Occident lui doit tout (qu'on songe seulement ici aux travaux des Jésuites) ? Il n'y a guère que les ignorants ou les malveillants pour affirmer de telles balivernes : qu'il suffise pourtant de regarder objectivement l'histoire de la science. N'y a t-til donc même pas la crainte du ridicule lorsque quelque bouffon morose s'échine à éreinter l'Eglise dans ce domaine ? Il croit donner le bâton; c'est seulement pour se faire battre.

    * DISCOURS DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II Á L'ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES Samedi, 3 octobre 1981.
    ( «Spiritui Sancto mentem fuisse nos docere quomodo ad coelum eatur, non quomodo coelum gradiatur», mot attribué à Baronius.)

     Note : paragraphe 159 du Catéchisme de l'Eglise Catholique :
    Foi et science. " Bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de vrai désaccord entre elles. Puisque le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi a fait descendre dans l’esprit humain la lumière de la raison, Dieu ne pourrait se nier lui-même ni le vrai contredire jamais le vrai " (Cc. Vatican I : DS 3017). " C’est pourquoi la recherche méthodique, dans tous les domaines du savoir, si elle est menée d’une manière vraiment scientifique et si elle suit les normes de la morale, ne sera jamais réellement opposée à la foi : les réalités profanes et celles de la foi trouvent leur origine dans le même Dieu. Bien plus, celui qui s’efforce, avec persévérance et humilité, de pénétrer les secrets des choses, celui-là, même s’il n’en a pas conscience, est comme conduit par la main de Dieu, qui soutient tous les êtres et les fait ce qu’ils sont " (GS 36, § 2).

  • L'exo-tropisme ou la haine de soi

    "Les partisans du multiculturalisme sont très souvent des séparatistes éthnocentriques qui ne voient dans l'héritage occidental que les crimes de l'Occident.
    Ils veulent débarrasser les américains d'un héritage européen honteux et cherchent la rédemption dans les cultures non-européennes."

    (Arthur Schlesinger : The disuniting of America : reflexion on a multicultural society. cité in Le Choc des Civilisations, Samuel P. Huntington, p338)"

    On a les même en Europe et bien sûr en France : le plus caricatural était imbattable sur la dynastie Ming, mais était incapable de donner la la date du baptême de Clovis. Il haïssait l'histoire de son pays, s'abîmait en repentances obscènes et cherchait le réconfort dans une érudition exotique.  On lui doit aussi le musée des "Arts premiers" (Sexe, mort et sacrifice dans la religion Mochica, absolument palpitant).
    On l'a élu président, sur un énième malentendu.
    Reste que nos multiculturalistes sont bien plus dangereux que ceux des Nouvelles Terres : à ceux-là qui renient l'héritage européen, il ne leur reste plus rien : ils en sont réduits à rêver à de nouvelles tours de Babel qui ne manqueront pas de s'effondrer - ils contruisent en faisant semblant de croire que la gravité n'existe pas. Ces pauvres idiots seraient simplement pathétiques s'ils ne risquaient d'entaîner tout le reste dans leurs éboulements intellectuels.

  • Les canards décapités

    daffy-duck.jpg

     

      Il est très drôle de voir la société civile en appeler à l'éthique et rappeler le bien commun (c'est-à-dire, pour employer un mot obscène, la morale), tandis qu'elle fit tout pour la détruire il y a quelques années, et tandis qu'elle ne cesse elle-même d'en donner le contre-exemple depuis toujours. Encore un exemple d'ineptie bien propre à notre époque, qui dénonce un fait encouragé et promu à toute force par ailleurs.
    La société reconnait donc une nécessité qu'elle rejette absolument pour elle. Ces contradictions permanentes sont dûes à une fausse image de l'homme : pour être plus précis, son anthropologie, sorte d'anthropologie chrétienne athée, est fausse. Aucune chance que ça marche, puisque l'anthroplogie chrétienne est à l'image de Dieu et découle de Dieu - on fait donc comme si. Et on se contente de pousser des hurlements quand ça marche pas (ie, quand on s'aperçoit qu'une société ne peut fonctionner sans éthique, sans morale - sans foi en résumé).

    Canards décapités.

  • Clysterium donare, Postea seignare, Ensuita purgare.

    clystère.jpgBienheureux ceux qui auront le privilège d'étudier nos sociétés agonisantes, et le soin particulier qu'elles prennent à se suicider méthodiquement, dans un état de conscience stupéfiant.

    Prenons l'exemple des paris et jeux en ligne, libéralisés depuis peu : la société est parfaitement consciente, avant même l'ouverture de ce marché, que ces activités entraînent de l'addiction, et au final un coût inhumain. D'où les pieux messages d'avertissements devant accompagner les publicités fleurissant avec la coupe du monde de foot : il s'agit d'encourager les paris, et de les décourager incessamment. On encourage donc en exhibant des gens qui jouent, et, le hasard faisant bien les choses, gagnent, tandis qu'un vague bandeau décourage par ailleurs : "jouer comporte des risques de (se) perdre."
    Efficacité et cohérence garanties. Où l'on ne craint pas de superposer la thèse et l'antithèse (on fait de la pub pour jouer en donnant toutes les bonnes raisons de ne pas jouer), en s'épargnant toute synthèse.
    Même chose pour l'industrie agro-alimentaire, qui nous excitent avec leurs produits saturés de sucre et de graisse, tout en nous déconseillant fortement de manger trop gras, trop salé ou trop sucré. Donc de ne surtout pas toucher à leur vaccin pro-diabétique.
    Même chose pour la cigarette.
    Même chose pour l'alcool.
    "Le vice ? Ah pouah ! Achetez le."
    La pornographie quant à elle dispose d'une singulière impunité : on cligne de l'oeil, on affecte l'air entendu du "ah, galopin !" Que la courbe des déliquants sexuels puisse suivre celle du chiffre d'affaire de cette industrie, qu'importe ? Et les victimes, qu'importe ? On leur laissera quelque première page à l'année pour les crimes les plus odieux. On se laissera en transports, on criera vengeance et au lynchage ; au final, simple haussement d'épaule.

    Singulière société, qui connaît mieux que personne les maux qui la ronge, et qui les encourage et les développe comme bouillon de culture, avec la rage et la constance de celle qui se hait. Ses remèdes sont : "toujours plus de maux, ils effaceront bien les précédents."

    Sçavantissimi doctores :
    Clysterium donare,
    Postea seignare,
    Ensuita purgare.

    Chorus :
    Bene, bene, bene, bene respondere.
    Dignus, dignus est intrare
    In nostro docto corpore.
    ...

    Chirurgus :
    Puisse-t-il voir doctas
    Suas ordonnancias,
    Omnium chirurgorum
    Et apothicarum
    Remplire boutiquas!

    Chorus :
    Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat,
    Novus doctor, qui tam bene parlat!
    Mille, mille annis, et manget et bibat,
    Et seignet et tuat!

    Chirurgus :
    Puissent toti anni
    Lui essere boni
    Et favorabiles,
    Et n'habere jamais
    Quam pestas, verolas,
    Fievras, pluresias,
    Pluxus de sang, et dysenterias!

    Chorus
    Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat,
    Novus doctor, qui tam bene parlat!
    Mille, mille annis, et manget et bibat,
    Et seignet et tuat!

    Le clystère, puis la saignée, ensuite la purge. Que le grabataire mette aussi longtemps à crever, voilà le plus grand mystère. C'est pourtant ce traitement que l'Occident entend répandre sans vergogne de par le monde.

  • No pain, no gain

    rembrandtdissection.jpg Voici les conclusions d'un rapport du Royal College of Obstetricians and Gynaecologists :

    "There is no new evidence to show foetuses feel pain in the womb before 24 weeks, and so no reason to challenge the abortion limit, UK doctors say.
    The Royal College of Obstetricians and Gynaecologists' review said foetuses are "undeveloped and sedated".

    Ca se dispense de traduction. Voilà la douleur devenue critère ultime, par delà bien et mal. Mais se sont-ils bien relus ? Sont-ils conscients de l'inanité de leurs propos ?
    Nous voilà tirés quatre siècles en arrière ; nous revoilà forcés de refaire le débat sur l'animal-machine * du XVII° siècle : et le rejet actuel et unanime de ce mécanicisme appliqué aux animaux, l'on ricane, l'on hausse l'épaule et l'on cligne de l'oeil quand la question se pose à propos des foetus humains. Société de naufragés, qui a plus de considération et commisération pour la bestiole que l'humain.**

    Voici le raisonnement, nous laissons juge :
    Il n'y a pas de preuve que le foetus ressente de la douleur, DONC aucune raison de remettre en cause le délai légal de l'avortement.
    Quelques remarques sur le fond :
    1° L'absence de preuve n'est pas une preuve d'absence.
    2° la douleur n'a d'ailleurs rien à voir dans ce débat : l' être humain n'est pas parce qu'il souffre, ou peut souffrir. Si donc le critère ultime est la douleur, qu'il suffise de lobotimiser à tout âge pour ôter toute prétention à un être humain de faire valoir son droit à la dignité - puisqu'ainsi il est jugé inférieur à la bestiole capable de ressenti. 
    => Il y  a donc un problème de logique qu'un élève de septième verrait du premier coup d'oeil : il n'y a pas d'articulation possible entre la proposition A "absence de ressenti de la douleur" et la proposition B "aucune raison de remettre en cause le délai de l'avortement". L'articulation par le "DONC" est parfaitement artificielle et non avenue. Le sophisme par excellence.

    Cette recherche désespérée d'un critère objectif pour fixer un délai à l'avortement n'est que la manifestation d'un désarroi patent : celui pour nos scientifiques de s'extraire de l'arbitraire qui définit tout entier la pratique de l'avortement, qui est pour le coup la preuve d'un acte moralement, objectivement mauvais. Quoiqu'on la recouvre d'une surabondante rhétorique à peine scientifique, aucunement raisonnable.
    C'est là un symptôme de plus d'une époque qui délaisse la raison pour le technicisme - nous faisant même accroire, escamoteurs, que le technicisme est la raison.

    * Extrait : "Malebranche, à qui Fontenelle reprochait de battre son chien, répondait: «Eh! quoi, ne savez-vous pas bien que cela ne sent point?»
    ** La sagesse nous souffle qu'un embryon humain, a fortiori un foetus humain, ne donnera jamais rien d'autre qu'un humain, et non point quelque veau, vache, ou cochon, par quelque étrange coup d'infortune. Ou, comme l'écrivat déjà Tertullien : "A nous chrétiens, l'homicide est expressément défendu ; il ne nous est donc même pas permis de faire périr le fœtus dans le sein de sa mère. Empêcher une naissance, c’est un homicide anticipé. Peu importe qu'on arrache la vie après la naissance ou qu'on la détruise au moment où elle naît : ce qui va naître est déjà un être humain. Tout fruit est déjà dans son germe". (Apologétique, chapitre IX)